Andy Goldsworthy

Andy Goldsworthy est un artiste britannique qui s’intéresse à la sculpture et au Land Art. Il crée des installations dans la nature qui utilisent des matériaux naturels tels que des branchages ou des feuilles.

Biographie

Il est né le 26 juillet 1956 en Angleterre, dans une ferme de Cheshire, et il a grandi à Yorkshire. Il a travaillé au sein des fermes du Yorkshire depuis ses treize ans, ce qui a particulièrement influencé sa démarche artistique. Il a étudié au Bradford College of Art (1974/1975) et au Preston Polytechnic College (1975/1978), où il a obtenu le diplôme de Bachelor of Arts. En 1993 il a reçu le doctorat Honoris Causa de l’université de Bardford.

En 1980 il participe à l’exposition collective : La Nature comme matériau : une exposition de sculpture et de photos achetées pour The Arts Council Collection par Andrew Causey, The Atkinson Art Gallery, Southport, Lancashire. Sa première exposition personnelle se tient la même année au LYC Museum and Art Gallery, Banks, Cumbria, et propose aux visiteurs un journal visuel de chaque journée de travail de l’artiste, accompagné d’une série de photos des œuvres éphémères. Durant les années 1980 il expose seul à plusieurs reprises en Angleterre, en France, en Hollande et au Japon. Il participe ensuite à la Biennale de Venise et à des expositions collectives en Allemagne et aux Etats-Unis. En 1990 se tient la première grande rétrospective consacrée à son œuvre à Henry Moore Center for the Study of Sculpture, Leeds City Art Gallery.

Les galeries qui le représentent en ce moment:
– Haines Gallery, San Francisco
– Michael Hue Williams Fine Art, Londres
– Galerie Lelong, New York et Paris
– Galerie S65, Aalst, Belgique

Démarche artistique

Ce qui distingue Andy Goldsworthy des autres artistes du Land Art, c’est l’affinité particulière avec la nature. Il dit qu’il sent la même énergie qui coule en lui et en chaque élément naturel. Il est conduit par un désir de comprendre la nature dans sa croissance et dans son déclin. Les idées fondamentales de sa démarche sont la croissance, le changement, la transformation et la temporalité. Il sort de la condition de l’homme pour comprendre la condition de la nature elle-même. Andy Goldsworthy n’idéalise pas la nature du….. Le travail dans l’agriculture lui a permis de voir le côté brut de la nature et pourtant il arrive à dégager tout ce qui est beau en elle. Il y a de l’harmonie et de la compréhension de la nature dans son œuvre, sans pour autant d’avoir du blanchissement.

L’artiste s’inspire du contexte et improvise en travaillant in situ. Il interroge l’essence de lieu dans lequel il intervient. Il sculpte directement dans le paysage avec l’aide des matériaux naturels disponibles au gré des circonstances (lieu, saison, conditions climatiques). Il utilise tous les matériaux qu’il trouve dans la nature : feuilles, branches, glace, neige, roches, pierres, terre, sable.

Woven branch arch, Langholm, Dumfriesshire, April 1986

L’artiste a commencé par travailler avec des œuvres éphémères, mais au fur et à mesure de la compréhension des matériaux naturels il a appris à faire des œuvres stables. Il ne travaille pas uniquement dans la nature, il fait aussi des installations dans les galeries et réalise des commandes publiques.

Andy Goldsworthy n’aime pas voyager. Il se sent déraciné chaque fois qu’il quitte sa ferme en Ecosse, où il habite depuis une dizaine d’années. L’intérêt principal de l’artiste est de pénétrer au cœur de la nature, et pour se sentir en affinité avec le lieu, il faut y vivre depuis longtemps. « Demeurer un lieu me rendre plus conscient des changements », dit l’artiste. « Le vrai changement se comprend mieux en restant dans un endroit. Quand je voyage, je vois des différences plutôt que du changement » (Goldsworthy A. Le Temps, p.7).

Les titres qu’Andy Goldsworthy donne à ses œuvres montre à quel point l’artiste est en connexion avec la nature, qu’il travaille non seulement dans la nature mais avec elle. Il crée ses œuvres dans le paysage et son ressenti des changements climatiques et du passage du jour à la nuit entrent dans le titre de l’œuvre. Ses titres ressemblent à des haïkus japonais. Son travail est intégralement poétique.

Il existe plusieurs motifs qui reviennent constamment dans son travail :
– des arcs des pierres suspendues en équilibre et des roches en équilibre

– des cairns de pierres

Cairn à Chaumont sur Loire

– des murs de pierres

Le mur de Storm King, 1997-1998, Storm King Art Center, Etat de NY, Etats-Unis

– des oeuvres de glace

Le plus grand froid que j’ai connu en Grande-Bretagne
Possibilités nouvelles de travailler la glace
Commencé tôt
Travaillé tout le jour
Entouré un arbre de glace
Fini tard l’après-midi
Attrapant le soleil

Glenmarlin Falls, Dumfriesshire
28 décembre 1995

– des ombres de pluie

Allongé sur le sol jusqu’à ce qu’il pleut

– dialogue entre la pierre et le bois

La maison pour une pierre
Digne-Les-Bains, France

– dialogue entre la pierre et les feuilles

Feuilles jaunes d’orme appliquées sur un rocher
Scaur Water, Penpont, octobre 1991

Place de la photographie dans l’art d’Andy Goldsworthy


Andy Goldsworthy a commencé à prendre les photos de ses œuvres quand il faisait les études à l’Ecole de Lancaster. Il partait travailler dans la nature et les photos étaient indispensables pour montrer les travaux réalisés aux professeurs. Aujourd’hui, bien que l’art d’Andy Goldsworthy soit irréductible à la seule reproduction photographique, la plupart de temps il ne se donne que sous cette forme. La partie considérable de son œuvre consiste en interventions directes dans la nature et l’accès à des tels travaux est souvent très difficile. En plus, le moindre changement météorologique se révèle destructif pour les œuvres éphémères. Andy Goldsworthy prend généralement lui-même les photographies de ses œuvres. La photographie ne joue pas un rôle d’un simple médiateur. Dans ses photographies Andy Goldsworthy réalise les potentialités des effets de lumière. « J’espère que l’image exprime cette intensité qui se dégage d’un travail à son apogée ». La photo finit par se substituer à l’œuvre. Elle rend aussi l’idée du passage du temps qui est au cœur de la démarche artistique d’Andy Goldsworthy.

Le rapport de la nécessité de photographie peut bien être illustré par les formes obsessionnelles des trous noirs. Andy Goldsworthy commence à réaliser les trous noirs dès 1977. Le système n’est pas très simple à mettre en œuvre : il creuse un trou profond dont l’étroite ouverture ne permet pas l’éclairage des parois internes. L’effet n’atteint son intensité que dans la photographie. « La noirceur d’un trou est comme la flamme d’un feu. Les flammes rendent visibles l’énergie du feu. La noirceur, dans la flamme de la terre ? c’est l’énergie ». Andy Goldsworthy se sent mal à l’aise quand il regarde à l’intérieur d’un trou. Ainsi il remet en question son sens de stabilité (comme à travers la décomposition immédiate de ses œuvres).

Feuilles de sorbier disposées autour d’un trou
Recueillant les dernières feuilles
Presque achevé
Chien qui bondit dans le trou
Tout recommencé
Disposé dans l’ombre par une journée ensoleillée et venteuse

Yorkshire Sculpture Park, West Bretton
25 octobre 1987

La photographie capte les moments d’une beauté extrême où l’œuvre devient vivant qui peuvent ne durer que quelques secondes. La temporalité est ainsi anéantie par la photographie.

Pics de glace assemblés sous une nouvelle forme
Deuxième essai (le premier a fondu)
Travaille dans le froid de la nuit jusqu’au matin

9 février 1999
Fox Point, Nouvelle-Ecosse, Canada

Connexion entre les œuvres


Une tendance particulière d’Andy Goldsworthy est qu’un ouvrage conduit souvent au suivant. On peut illustrer ce mouvement par son travail avec l’argile. En 1992, l’artiste a exposé pour la première fois le sol recouvert avec de l’argile à Hue-Williams Gallery à Londres. En 1996, il a recouvert avec de l’argile le mur de Haines Gallery à San Francisco. C’est là qu’il s’est rendu compte que les craquelures ne tombaient pas du mur et en plus se formaient en fonction de la forme de la surface sur laquelle l’argile était appliqué. Il a fait la même exposition en 1998 au Musée National d’Ecosse. L’année suivante cette recherche a abouti à un projet plus complexe de la

Rivière de Terre

La cohérence entre ses œuvres reflète la cohérence de la nature elle-même. Selon la propre vision de l’artiste, toutes ses pièces forment un œuvre unique, elles reflètent l’écoulement du temps et de sa propre vie.

Rivière de terre

Lancers


En 1976 Andy Goldsworthy travaillait sur le bord de la mer à côté des pêcheurs. Ils attrapaient les mouettes qui les dérangeaient et c’était Andy qui relâchait ensuite les oiseaux dans le ciel. Ce moment de lancer a été fort senti par l’artiste comme une « libération de l’énergie dans l’espace, avec tous ses hasards et ses imprévisibilités » (Hand to Earth Andy Goldsworthy Sculpture 1976-1990). Andy Goldsworthy a effectué le premier lancer de sable la même année. Depuis ce moment, il lance des bâtons, des cailloux, des feuilles et de la terre. Les matériaux proviennent du paysage où le lancer s’effectue. Selon l’artiste, les lancers manifestent l’énergie de l’espace. Le seul enregistrement photographique peut témoigner de ce genre de performance. Les photos sont prises au moment de suspension entre la montée et la descente. « Je veux aborder en tant que sculpteur l’atmosphère, la lumière, l’énergie, la vie, qui sont traditionnellement du domaine de la peinture. L’espace, la lumière, l’atmosphère, lesquels constituent à mes yeux des éléments essentiels de la sculpture. Je veux me libérer du poids de la sculpture pour me consacrer à l’atmosphère afin que l’espace devienne la principale composante de la sculpture ». (C. GROUT, « Andy Goldsworthy. Une esthétique pragmatique », trad. Frank Straschitz, in Art Press, n°192, juin 1994, p.31).

Les lancers de la lave du mont Fuji -(1993)

Ecrans

L’écran est une sculpture qui se développe en deux dimensions. Elle peut être suspendue à un arbre, ancrée à des parois, posée ou fichée dans le sol ; réalisé à l’aide de tiges, de bambous ou construite avec de la neige. L’écran donne à voir le paysage qui forme l’arrière-plan. L’image se compose dans l’écran et avec lui. Le fond et l’écran sont deux parties constituantes et égales de l’œuvre.

Calme au petit matin
tiges de polygonum poussées au fond du lac
forme achevée par son reflet

Derwent Water, Cumbria, 8 et 9 mars 1988

Before the mirror est une installation d’Andy Goldsworthy, conçut en 1987 sur les rives d’un lac japonais. Cette réalisation constituée de bambous révèle le site où elle se trouve, la forme circulaire centrale invitant au regard. La disposition des branches révèle un procédé d’assemblage long et complexe. La réalisation qui semble être un don de la nature, laisse apparaitre une démarche et une intention profonde de l’artiste. L’agencement nette du centre pousse le passant à regarder à travers, comme on regarde dans un cadre. Quant aux contours irisés, tel une multitude de flèches indique où l’on doit regarder. Par son encadrement à la nature et son invitation à la contemplation, l’artiste exhorte les retrouvailles de l’homme et de la nature.

Woven bamboo, windy…, Before the Mirror, Kiinagashima-cho, Japan, 1987

Expédition Touching North

Touching North est une œuvre de quatre sculptures réalisée par Andy Goldsworthy au Pôle Nord. L’artiste est parti en expédition dans le Fjord Grise au Nord du Canada durant un mois (avril 1989), où il a réalisé des œuvres éphémères avec de la glace et de la neige, et au pôle Nord durant trois jours (22-24 avril 1989). L’expédition s’est ensuivie d’une exposition photographique. L’oeuvre sculpturale

Touching North contient quatre arches de neige rondes, chacune environ 3 mètres de haut, orientées dans quatre directions différentes. Comme le soleil ne couche jamais au Pôle Nord, quatre arches captent la lumière chacune à un moment différent.

Projet Refuge d’Art

Refuge d’Art est un itinéraire d’art conçu par Andy Goldsworthy en partenariat avec le Musée Gassendi et la Réserve géologique de Haute-Provence. Cette traversée de 150 km en Europe réunit des paysages exceptionnels et les oeuvres de l’artiste. L’itinéraire relie les trois cairns en pierre ayant une fonction de sentinelles et se situant dans trois vallées de la randonnée avec l’armoire forte pour armes. Ce projet est une belle tentative de réconcilier l’homme avec la nature par la médiation de l’art. C’est un parfait exemple comment un projet artistique peut contribuer à la valorisation du patrimoine et au développement économique de la région. Les petits villages montagnards attirent maintenant les touristes passionnés par la nature. Le projet a suscité la rénovation des neuf bâtiments abritant désormais les œuvres d’Andy Goldsworthy. L’artiste a également réalisé plusieurs oeuvres éphémères dans cet endroit. L’œuvre totale le Refuge d’Art nécessite la présence et la participation des hommes. « Tous les Refuges d’Art gagneront en force chaque fois qu’ils seront visités. Ils ont besoin de ceux et celles qui passent et déposent leur présence, de la même façon qu’il nous arrive de percevoir la présence de quelqu’un dans une maison même s’il n’est pas là? », écrit l’artiste dans son journal. Le Refuge d’Art offre plusieurs maisons où les visiteurs peuvent rester pour dormir au cours de route. Dans chaque maison il y a une sculpture, et l’artiste est fasciné par l’idée que les visiteurs peuvent dormir avec les sculptures. Cela créer un lien particulier, un autre rapport que dans une galerie d’art ou dans le musée, beaucoup plus chaleureux et intime. Le simple visiteur devient alors un hôte, il participe, il abandonne son rôle d’un spectateur éloigné.

Extraits du documentaire Rivers and Tides de Thomas Riedelsheimer

Partie 1 du film intégral

Partie 1 (intégrale) du film Rivers and Tides

Citations de l’artiste


« Je travaille avec une feuille en dessous d’où elle est tombée. »

« La nature va au-delà du simple paysage, de la campagne : tout vient de la terre. Ce qui dans mon œuvre se fait en intérieur ou avec des matériaux urbains ou industriels est une tentative pour découvrir la nature également de ces choses. Il est plus difficile d’y parvenir avec des matériaux aussi éloignés de leur source d’origine, et je ne peux rester longtemps sans avoir besoin de travailler directement avec la terre – les mains dans la terre. L’important pour moi, est qu’au c’ur de tout ce que je fais, se trouve une compréhension de plus en plus grande et une perception de plus en plus aiguë de la terre comme pays. »

« J’ai soif d’une beauté que les mots ne peuvent exprimer. Elle est trop durement acquise pour pouvoir être décrite en termes conventionnels. Je suis attiré par la beauté comme un arbre par la lumière ou un animal par l’eau. C’est une nourriture et une réalité qui n’ignorent pas ces qualités que l’on qualifie de laides, mais qui atteignent la vérité sur la nature des choses. »

Bibliographie


– AUQUIERE Ch., La nature photographique d’Andy Goldsworthy, Bruxelles, ed. La Lettre volée, 2001, 92 p.
– Rivers and Tides, (Andy Goldsworthy, L’œuvre du temps), T. Riedelsheimer, A. Goldsworthy, Allemagne, Finland, Royaume-Uni, 2001, documentaire, 90 min.
– GOLDSWORTHY A., Refuges d’Art, Digne-les-Bains, ed. Artha, 2002, 128 p.
– GOLDSWORTHY A., FRIEDMAN T., Bois, Arcueil, 3ème ed. Anthèse, 2009, 115 p.
– GOLDSWORTHY A., Passage, Arcueil, ed. Anthèse, 2004, 168 p.
– GOLDSWORTHY A., Andy Goldsworthy crée avec la nature, Arcueil, ed. Anthèse, 1990, 124 p.
– GOLDSWORTHY A., FRIEDMAN T., Le Temps, Arcueil, 4ème ed. Anthèse, 2008, 202 p.
– GOLDSWORTHY A., PUTNAM J., Murs et enclos, Arcueil, éd. Anthèse, 2008, 189 p.
– GOLDSWORTHY A., Pierres, Arcueil, éd. Anthèse, 1994