Wolf Vostell

Wolf Vostell est un artiste allemand né a Leverkusen en 1932 qui a ouvert le monde à une nouvelle ère de l’art contemporain : celle de l’image télévisuelle, desmédias, destechniques mixtes.

Il est l’un des pionniers de l’art vidéo, de l’installation et adepte du mouvement Fluxus et Happening. Il sera le premier artiste à intégrer un téléviseur dans une œuvre d’art, dès 1958. Des techniques comme l’estompage ou le décollage sont des caractéristiques des œuvres de Wolf Vostell, de même que l’encastrement dans du béton et l’utilisation de postes de télévision.

Il meurt à Berlin en 1998 et demeure encore aujourd’hui comme une des principales figure de l’art contemporain.

Premières œuvres

Wolf Vostell réalise ses premières idées artistiques à partir de 1950.

C’est un homme profondément marqué par son siècle, il a l’aptitude de rendre compte des événements historiques à travers son art. Vostell a ressenti de plein fouet les horreurs du Troisième Reich, vécu la Guerre Froide, la guerre du Viêtnam, la construction puis la chute du mur de Berlin.

Spectateur de l’Histoire, Vostell se devait de l’exprimer dans son art. On revient de l’œuvre de Vostell imprimé d’une profusion parfois malsaine. Les techniques se chevauchent, les images lacérées en dévoilent quantité d’autres, les événements se mélangent. Son art est inhabituel. La violence y est montrée sans fard, la critique y est ouverte.

En 1953, il commence une formation en lithographie et se rend à Wuppertal à la Werkkunstschule École des Arts et Métiers. Impressionné par un voyage à Paris en 1954, Wolf Vostell fait son premier Décollage. Il a souvent raconté comment l’idée lui est venue. Il lit le 6 septembre 1954, la Une du Figaro qui annonce le crash d’un avion de ligne au décollage. L’artiste y lit le collage et les Dé-coll/age des images et des mots. Il décide d’utiliser la presse comme premier matériau de travail.

Wolf Vostell et l’Art vidéo

En 1958, il participe au premier happening européen à Paris. De là, va lui venir l’idée d’intégrer à son art des téléviseurs et des pièces de voitures. L’œuvre Deutscher Ausblick est la première de l’histoire de l’art à fonctionner au moyen d’une télévision.

L’oeuvre est un morceau de bois brûlé enroulée dans du fil de fer barbelé, on y trouve collé des coupures de presse au sujet de l’armée soviétique et l’organisation militaire de la force de police d’Allemagne de l’est. C’est donc une œuvre en lien étroit avec la situation politique de l’époque et l’existence de deux États allemands.

Deutscher Ausblick dispose d’un téléviseur intégré avec un programme qui défile en boucle, ainsi que des os et un jouet pour les enfants. Cinq ans après l’effondrement du Troisième Reich, il est le premier à oser se référer directement à Auschwitz et Treblinka.

Pendant longtemps Wolf Vostell et Nam June Paik , artiste sud-coréen , ont été considérés l’un et l’autre et tour à tour, comme les inventeurs de l’art vidéo.
En effet, ils avaient produit la même année, 1963, en Allemagne, deux œuvres fondatrices d’un nouveau champ.
D’un côté, Nam June Paik avec « 13 Prepared TV sets », une installation de « télévision expérimentale ». Elle était composée de téléviseurs « préparés » sur le modèle des « piano préparés » de John Cage.

Quant à Wolf Vostell, il s’agissait d’un « film d’artiste » qui reprenait sur une pellicule des images de télévision déformées, lacérées, déchirées, sur le fameux modèle des décollages d’affiches, et qui étaient diffusées sur un assemblage de téléviseurs.

Cette œuvre a été baptisée : Sun In Your Head

Ces deux artistes travaillent sur une certaine appropriation de la télévision comme matière, objet, sujet, cible’

Ainsi Vostell avant d’utiliser un téléviseur diffusant des programmes tout à fait habituels, triturait et détraquait les boutons de réception afin de le rendre complètement instable, pour créer des images « images froissées ». Il les nomma « décollages électroniques » en écho au décollage d’affiche qu’il prônait antérieurement.

Le rapport de Vostell à la télévision est la clé de son rapport à la peinture. Cette télévision qui finalement semble pour Vostell une : « bombe d’instantanéité capable de reproduire à flot continu le réel aux milles coins de la planète et sans limite de durée, 24h/24h, à l’infini« .

Ainsi, Vostell envoie des messages chargés de sens, béton sur télés, télés dans voitures, noeuds de routes autour d’une télé monumentale, télé dans sexe, dans dindons. Il s’est toujours affiché en dénonciateur des horreurs de ce siècle.

Winde

Wolf Vostell ? Ruhender Verkehr

Ruhender Verkehr , Sculpture dans les rues de Cologne

Vostell entreprend à partir de 1958 des assemblages, des installations et des environnements qui interrogeraient de manière explicite et sans doute pour la première fois dans l’art du XXème siècle, la télévision et la radio même s’ils ne sont pour l’instant présents qu’entant qu’objets.

En 1963, Wolf Vostell a filmé un dé-coll/age intitulé Sun in your Head directement à partir d’un écran de télévision. Durant le tournage dans son atelier de Cologne, le programme de télévision fut aussi détruit et modifié électroniquement.

La même année il construit aux États-Unis, à la galerie Smolin de New York, le premier environnement télé, constitué de 6 téléviseurs. Il était intitulé

6TV Dé-collage

Les 6 téléviseurs étaient brouillés directement et différemment (noir et blanc).

En 1964, lors de son deuxième grand happening, intitulé You, à Great Neck, aux États-Unis, il réalisa les premières déformations couleurs en utilisant 3 des meilleurs téléviseurs américains.

En 1969, il construisit un nouvel environnement doté de 20 téléviseurs, qui fut intitulé Sauterelles. Le spectateur était amené à réaliser son autoportrait électronique, par le truchement d’une caméra vidéo, qui l’ intégrait à l’environnement visible dans les 20 écrans.

Heuschreken

En 1976, lors de son premier happening espagnol, Detras del arbol, chaque participant apprenait la technique vidéo et devait réaliser un documentaire vidéo sur lui-même en tant qu’acteur des actions en cours de réalisation. Le cameraman était devenu inutile. Par cette œuvre, il démontrait que tous le monde pouvait savoir tourner un documentaire, ce qui fut très apprécié dans le monde de l’art et fut d’ailleurs longtemps considéré comme le sommet de l’art électronique.

Dans un autre domaine, W.Vostell a également travaillé avec des neurologues spécialisés dans l’étude du cerveau, afin de lier directement l’écran de télévision aux ondes du cerveau, sans caméra et sans l’intervention de quelque interprète.
Il s’agit de rendre visible le processus de la pensée humaine, de faire un documentaire sur la production esthétique telle qu’elle s’élabore dans le cerveau. Démarche qui annonce la prochaine grande révolution artistique : la Télévision Psycho, esthétique de Vostell.

Fluxus

Happennings et autres dé-coll/ages

Vostell théorisait son art au travers de différentes phrases qui marquèrent sa particularité. Il explique par exemple le happening par ce paragraphe :
« Pour ressentir la vie comme un art, un processus d’esthétique doit s’établir ». L’artiste l’atteint au moyen de l’Happening: il s’agit d’une mise en place particulière de la réalité liée à des événements de la vie, qui se traduisent par un « langage d’images d’action » et « une action de langage imagé »
Ou encore sa vision de l’art en général :
« La comparaison de l’homme à une œuvre d’art est multiple et ambiguë », comme l’explique plus en détails Vostell : cet homme, qui est déjà artiste, ne l’était pas au début. Il s’agissait plutôt d’une « structure unique », qui peut devenir créative grâce aux qualités esthétiques de ses simples fonctions, en les utilisant en tant que phénomènes rencontrés et au travers desquelles il s’épanouit.

Même s’il est précurseur sur de nombreux points, Vostell reste également un artiste de son temps qui lacère des affiches, incise des toiles, utilise happening et installations, lorsque finalement il hurle avec le reste du monde, un mécontentement, un éc’urement, un ras-le-bol d’un trop plein d’ânerie planétaire. Il n’évoque alors pas dans ses œuvres les choses qui lui plaisent, mais il répond aux événements de son époque.
En exact parallèle avec le monde dans lequel il vit, Wolf Vostell, décide d’inventer un œuvre en action qui capte l’énergie même de la vie. Cette œuvre, est donc un véritable tremplin à une réflexion de la part du public sur leur monde tellement similaire en fait, rapiécé après moult chaos et destructions, après le 20éme siècle…

C’est grâce au mouvement Fluxus et à l’Happening qu’il invente le concept de «dé-coll/age» en image. Ainsi, il décide d’opposer esthétiquement les actualités et le résultat de la compréhension de ses œuvres.
Vostell, qui se considère comme le descendant du dadaïsme, a découvert plus qu’un simple principe artistique avec le dé-coll/age, comme Max Ernst dans le Collage: il a donné naissance à la base de sa propre théorie de l’art.
Dans un café, il entend par hasard une information du «Figaro» selon laquelle un avion se serait écrasé juste après son «décollage». D’autres présages de détachement de choses collées, de séparations, de départs, de morts étaient le fondement de ses œuvres constituées de coupures de journaux, de morceaux transposés et de peinture, associant des montages d’objets réels et de photographies rendues méconnaissables en utilisant de la craie et de la gouache.

Vostell et l’art vidéo

Au début des années 1960, Vostell commence à créer des dé-coll/ages sur différents thèmes socio-politiques, comme, par exemple, la disposition sérielle et la peinture d’un exemplaire du Life-Magazin avec en couverture «Fidel Castro» (1963), ou l’œuvre

Wochenspiegel / Beatles// (1961/66) recouverte d’affiches collées les unes aux autres.

Pendant longtemps Vostell et NamJunePaik ont été considérés l’un et l’autre et tour à tour, comme les inventeurs de l’art vidéo.
En effet ils avaient produit la même année, 1963, en Allemagne, deux œuvres fondatrices d’un nouveau champ.

NamJunePaik : « 13 Prepared TV sets », une installation de « télévision expérimentale ». Elle était composée de téléviseurs « préparés » sur le modèle des « piano préparés » de John Cage.
Quant à Wolf Vostell, il s’agissait d’un « film d’artiste » qui reprenait sur une pellicule des images de télévision déformées, lacérées, déchirées, sur le fameux modèle des décollages d’affiches. Ces deux artistes travaillent sur une certaine appropriation de la télévision comme matière, objet, sujet, cible, …
Ainsi Vostell avant d’utiliser un téléviseur diffusant des programmes tout à fait habituels, triturait et détraquait les boutons de réception afin de le rendre complètement instable, pour créer des images « images froissées ». Il les nomma « décollages électroniques » en écho au décollage d’affiche qu’il prônait antérieurement.

Dans la suite de cette recherche, c’est dans les années 80 que NamJunePaik et Vostell mirent au point la généalogie de l’art vidéo.

Si l’art vidéo se définissait comme l’appropriation de la télévision par un artiste, alors Vostell devait être reconnu le premier à avoir fait autre chose avec un téléviseur, alors qu’il revenait à NamJunePaik d’avoir inventé comment injecter dans le téléviseur d’autres images que celles initiales.

Cependant Vostell n’a pas produit d’images électroniques, il n’a pas truqué des kilomètres de bande et n’a pas tourné. Dans cette bataille contre la télévision, Vostell souhaitait au contraire, ne surtout pas augmenter le flux d’images, il voulait le stopper.

Le rapport de Vostell à la télévision est la clé de son rapport à la peinture. Cette télévision qui finalement semble pour Vostell une « bombe d’instantanéité », « capable de reproduire à flot continu le réel aux milles coins de la planète et sans limite de durée, 24h/24H, à l’infini ».
Chez l’artiste l’activité vidéo n’est pas un secteur de création comme les autres. Il est le ressort, le tremplin de toutes ces entreprises. Cette présence (de télévision) irradie tout. « Télé-dé-coll/age pour des millions//» amorcera le dérèglement d’émission…

Ainsi Vostell envoie des messages chargés de sens, béton sur télés, télés dans voitures, n’uds de routes autour d’une télé monumentale, télé dans sexe, dans dindons. Il s’est toujours affiché en dénonciateur des horreurs de ce siècle.
Sa vidéo semble donc proclamer que la vie n’est plus à représenter et que l’art est à vivre.
Pour lui, la finalité de son travail « ce serait d’arriver à transcrire en temps réel les images qui se forment dans le cerveau. A les mettre directement sur le papier ».

Les œuvres de Vostell

Le théâtre est dans la rue

C’est le premier Happening de Wolf Vostell. Il consiste en une réalisation avec un téléviseur et des pièces de voitures. Il eut lieu en 1958 dans le Passage de la Tour, à Paris.
Il était le premier artiste à ajouter une télévision dans ses objets et à intégrer ainsi son travail au monde extérieur . Selon une déclaration de Vostell, ces impulsions étaient inspirées des premières expérimentations de

NamJunePaik avec la vidéo. Les allemands de Cologne étaient donc les pionniers de ce nouveau média, bien avant les New-Yorkais.
Vostell utilise d’abord la télévision comme une sculpture d’information, qu’il intègre à son environnement de manières multiples.

Plus tard, il crée plusieurs vidéos et films, dans lesquels il applique sa technique du dé-coll/age et l’enrichit (voir Die Nackten und die Toten, 1983 et TV-Cubisme Liège). Après ces tableaux-objets qui comprenaient des pièces détachées de voitures et de postes de télévision parfois derrière des toiles déchirées.

Schwarzes Zimmer (chambre noire). 1958-1959

Cette «chambre noire» est composée de trois œuvres :

La première :

Treblinka

est constituée d’objets, de dé-coll/age, d’une partie de motocyclette, de bois, d’un film et d’un transistor.

La seconde :

Deutscher Ausblick

1958-1959 est elle aussi constituée d’objets, de dé-coll/age, de fil de fer, de fil barbelé, de tôle, de journal, d’ossements, ainsi que d’un poste de télévision.

La troisième et dernière :

Auschwitz-Scheinwerfern, 1958-1959, comprends du dé-coll/age, de l’estompage, du bois, du métal, et un projecteur. Ces œuvres exposées à la galerie Parnass de Wuppertal, sont présentées sur des socles dans une salle obscure, simplement éclairées par un projecteur que l’artiste à trouvé à Auschwitz. Cet éclairage provoque l’aveuglement chez le spectateur. Le titre de cette série

La chambre noire annonce une aire obscure du national-socialisme ainsi qu’un trou noir dans l’oublie, du blackout vis à vis des crimes nazis.

Deutscher Ausblick offre un point de vue trouble, déformé, obscurci, refoulé et oublieux. Sous les feux de la rampe et de l’oubli ce qui à été refoulé. Tous les objets trouvés à Auschwitz. L’artiste les confronte aux médias technologiques que sont la radio et la télévision, ces gestionnaires de l’indigence spirituelle.

Deutscher Ausblick, œuvre composée d’une plaque de bois brûlée, d’un fil de fer barbelé, de tôle, de coupures de presse sur l’armée soviétique, et du partis populaire d’Allemagne de l’ouest. La présence d’un jouet, amène le spectateur à se remémorer les massacre des innocents durant l’Holocauste. La télévision encastrée et allumée qui ne cesse de donner les dernières nouvelles du monde, constitue le fond sonore quotidien de l’anéantissement de l’information par les médias.

Schwarzes Zimmer

Quant à elle est une œuvre qui se réfère à la responsabilité des Allemands dans l’extermination des Juifs… Le choix des matériaux, les objets eux même sont tous issue du camp de concentration d’Auschwitz. Ici, nous comprenons donc pourquoi dans une telle œuvre, la radio et la télévision ne font qu’obscurcir encore plus la scène qui à la base n’était déjà pas des glorieuses…

Sun in your head

Est un petit film de 16 minutes, uniquement composé d’images de télévision enrayées.

Zébrures, froissements, lacérations, autant d’actions qui frappe au c’ur du dispositif même d’émission du flux le plus massif d’images du XXème siècle. Mais Sun in your head est aussi composé de son. Sa piste sonore enfonce un peu plus le clou de la tétanisation par le blocage d’une seule note, stridente répétée. Ce geste radical et décisif, sera le premier et le dernier que Vostell accomplira. Il ne le répétera plus. La machine était lancée.

Son œuvre s’identifie au moment de sa création et si une œuvre échappe à cette coïncidence, il est rare qu’elle ne contienne pas dans un de ses replis, le sceau d’un téléviseur.

Liens:

http://www.artvideo.free.fr/musee/biographie/vostel.html