Rodrigo Garcia

Rodrigo Garcia, est un écrivain metteur en scène, dramaturge et scénographe dans le domaine du théâtre contemporain. Né en 1964 à Buenos Aires en Argentine, il fonde la compagnie La Carniceria Teatro en 1989 à Madrid (théâtre boucherie) référence à la boucherie de son père dans laquelle il a grandi. À sept ans il voit sa première pièce de théâtre une mise en scène de Victoire Garcia : c’est pour lui une révélation, un bras tendu vers l’extérieur professionnel de son entourage familial.

Carrière de Rodrigo Garcia

Il commence sa carrière dans le domaine de la publicité pour des raisons plus financières, et par la suite il prend des cours de pratique théâtrale basés les théories de Stanislasky (théoricien du 20e siècle, professeur notamment de Craig et Meyerhold) mais va rapidement tomber dans une opposition aux principes qu’on lui enseigne et va commencer à vouloir se démarquer dans le milieu.

D’une manière plus générale, sa carrière artistique est influencée par les grands artistes BECKETT, IONESCO et PINTER mais aussi INDA LEDISMA et EDUARDO PAULOSKY dont il va se servir à fin de composer sa propre poétique de la mise en scène et poésie du théâtre. Suite à plusieurs déceptions artistiques notamment en Espagne, il décide de créé avec son collaborateur Carlos Marquerie un espace de création interdisciplinaire entre arts plastiques, danse, musique et théâtre. C’est alors qu’il s’inscrit rapidement comme un chercheur en laboratoire d’expérimentation du spectacle vivant, et va nouer un intérêt particulier quant à la plasticité de son environnement artistique. L’art pour lui étant une matière brute, la possibilité de l’exprimer dans une forme plastique est avant tout une possibilité de rendre compte de l’objet envers son public autant qu’à l’objet lui-même comme nous le montre ses idées dans sa création Daisy.

Aujourd’hui grande figure de ce théâtre contemporain, il élargit dans son travail le champ lexical des possibles avec une facette provocatrice à qui il doit une partie de son large succès, mais reste aussi un homme qui travaille avec soin son image. A Montpellier avec son rôle de directeur du théâtre Humain trop humain (HTH), succédant alors aux treize vents il affirmera sa volonté d’ouvrir les spectateurs à une vision actuelle du monde, Garcia est un progressiste. En refusant de s’enfermer dans un théâtre écrit uniquement pour des spécialistes, et qui fonctionnent par codes et par dogmes. Il s’inspire du quotidien, de la rue où il a grandi, dans cette banlieue populaire de Buenos Aires au milieu de copains destinés à devenir ouvriers ou maçons. Son écriture est un prolongement du réel dont il s’inspire fortement l’éloignant donc d’un point de vue de toute esthétique naturaliste de ces avant-gardes, il se met en avant avec une écriture de plateau. Un système connu aussi avec des metteurs en scène comme Joël Pommerat, facilitant cette interaction avec l’instant et la volonté de capturer ce moment-là, à la manière dont le dit Petter Brook, Garcia joue d’un théâtre aussi bien immédiat que brute ou l’action physique prime souvent plus que le texte dans cette volonté d’amener le spectateur a un choque affectif direct, et qui met ses comédiens dans une position de latence entre arts du comédien et art performatif.

Théatre de Rodrigo Garcia

Son théâtre provient de cette esthétique de la déconstruction inspirée d’Heiner Müller, et utilisée dans une forme publicitaire. Rodrigo García explore toutes les possibilités pour mettre en scène cette déconstruction. Son écriture de plateau participe à cela au fait qu’il écrit sans aucune sacralité du texte. Il n’y a chez lui, aucun rapport sacré au texte. Il utilise le texte comme un matériau et un outil pour servir le propos se construisant sur la scène, le matériau principal et essentiel était l’acteur. Son histoire ne cesse de s’alimenter de l’histoire littéraire et plastique : grande tradition littéraire et philosophique, celle d’Olive, d’Eschyle, de Shakespeare. Son écriture fait exploser les codes traditionnels de l’espace théâtral. C’est pour cela qu’il refuse la présence de toutes didascalies qui dicteraient les lois de la scène. Les textes doivent parler d’eux-mêmes et trouver leur propre traduction scénique. Son esthétique est dirigée par un principe qui est de se référer à la culture mais de parler hors d’elle. Cela en raison du fait que le monde actuel n’est pas autre chose que cet écart. 

Rodrigo Garcia n’est pas seulement dramaturge, il est également cinéaste et associer cette dimension à plusieurs de ses œuvres. Il va tourner le dos à la narration dramatique en approfondissant le sillon d’une critique de consommation. García est absolument littéral. On lui reproche même de ne pas être un poète. Il utilise donc la prose littérale et s’interdit tous les tabous ce qui paradoxalement créer a son image d’homme de théâtre un certain champs lexicale lié a une poésie presque personnelle qui définit le caractère qu’il exprime dans son art.

Rodrigo Garcia ne met pas en scène les conflits mais seulement leurs effets. Ce type de pratique est comparable à celles de Brecht. En effet, cette esthétique a pour conséquence de faire réfléchir le spectateur sur sa propre condition par l’intermédiaire d’un phénomène de distanciation. Toutes les pièces proposées demandent quelque chose au spectateur avec des niveaux d’exigence différents. Rodrigo García provoque par son esthétique et cherche à être subversif. On peut remarquer l’importance des titres de ses pièces qui sont explicites et qui sortent du registre de la fable, de la figure héroïque de toute narration dramatique. Par leurs aspects réactif,nombre de ses pièces ont su lui coûter scandale notamment l’an dernier avec

Accidents (matar para comer) qui suit Flame, lui donnant un juste sourire lorsque des jeunes activistes défendant l’écologie et la protection animale sont venues lui barricader l’entrée de son théâtre.

C’est aussi ça Garcia, cette provocation voulue dans les faits mais pas dans ces intentions puisqu’il est avant tout le résultat a la fois d’un choc culturel que d’une stupéfaction quant à l’évolution de nos générations. Par ailleurs la culture est son centre d’intérêt, son fil de conduite esthétique qu’il remet en cause dans ses spectacles,

Avec 4, se posent de véritable enjeux sur son intégration en France et ses interrogations sur nos fonctionnement en société aussi bien dans les relations symbolique que l’on entretien avec la fierté Française (l’image du coq) , mais aussi dans un premier refus de l’étranger. Il pose la question des évolution technologique qui finalement fait aussi partie de l’héritage de son éducation passée.

En seulement dix ans depuis la formation de la Carniceria teatro, Rodrigo García réussit à s’imposer comme l’une des figures majeures de renouvellement sur la scène théâtrale européenne. Ce qui implique une forte réception publique de ces œuvres, portant le germe d’un théâtre vivant. Pourtant, à ses débuts, la réception publique reste très minoritaire dans son pays, l’Espagne, réputé comme très conservateur sur le plan théâtral. La critique est alors uniquement péjorative, ne considérant pas son œuvre comme «vrai théâtre». C’est sa rencontre avec la France, et particulièrement en Bretagne au Théâtre National de Rennes, et plus tard au Festival d’Avignon, qui changera la donne au niveau de la critique. Ses pièces étant plus acceptées, il peut alors développer pleinement son travail.

Au croisement de deux siècles majeurs dans l’évolution théorique, esthétique et pratique du théâtre, Rodrigo Garcia fait partie de cette élite artistique contemporaine qui se voue à la création ainsi qu’à la diffusion de ses œuvres. Deux point en sa faveurs de son renom en Europe. Plasticien, metteur en scène, dramaturge, scanographe, il est de cette mouvance de l’art qui se revendique hybride autant par son fond que sa forme en vue d’un espace de création totalement libre ou il se propose d’y inviter la culture et la connaissance en un point qu’est le jugement et le spectacle vivant.