Le Cinema d’Avant-Garde

L’avant-garde est un mouvement formé par un groupe de personne dans les domaines intellectuels, techniques ou encore artistiques. Ils se détachent donc des normes conventionnelles et sont en avant du reste de la population ou de ce qui est proposé par les autres. Ils sont des précurseurs de nouvelles idées, nouvelles formes qui enseignent un autre regard. Ils expérimentent et produisent des créations non conformes à ce que le public est habitué à voir, ainsi, ils sont souvent rejetés, expulsés ou malmenés.
Il regroupe plusieurs sortes de mouvements tels que le dadaïsme, le surréalisme, le cinéma abstrait ou l’impressionisme. Ces courants se veulent contestataires et satiriques, s’éloigne du récit, de la narration en proposant une éloge de la vitesse, du mouvement et du rythme.

LES PRÉMISSES DE L’AVANT-GARDE

C’est un cinéma en avance sur son temps qu’on appelle le cinéma abstrait en visant à être purement graphique, qui débute premièrement dans les années 10 puis plus particulièrement dans les années 20. Il arrive en peinture et sculpture avec entre autre le futurisme italien de Arnaldo Ginna (et son frère, qu’on appelle les frères Corradini).

Arnaldo Ginna

Ensuite, le cinéma abstrait se déplace vers l’Allemagne dans les années 20. On découvre ainsi les artistes suivants qui sont des produisent de réels films abstraits et impressionistes. On assiste à l’expérimentation d’une musicalité filmique et d’un paysage graphique à travers de nouvelles façons de traiter le cinéma.

Hans Richter

(1888-1976)

C’est un artiste peintre, sculpteur et cinéaste allemand et abstrait mais aussi considéré comme un des précurseurs du mouvement dada. Il passe par plusieurs courants tels que l’expressionnisme et le cubisme. Il est très contestataire contre l’ordre social établi et a donc pour objectif de redéfinir l’art.

Rythmus 21, 1921

Walter Ruttmann (1887-1941)

Il commence à étudier la peinture et l’architecture en Allemagne. Dans les années 20, il rencontre notamment Hans Richter et Viking Eggeling mais colabore aussi avec d’autres grands du cinéma comme Fritz Lang et Dziga Vertov. Il est aussi pionnier du cinéma absolu.

Lichtspiel Opus 1, 1921
«  »

Viking Eggeling

(1880-1924)

Peintre et cinéaste suédois immimgrant à 17 ans en Allemagne. C’est dans les années 20 qu’il collabore avec Hans Richter à travers des expérimentations soutenus par le département des trucages de l’UFA.

Symphonie diagonale, 1925

LA PREMIÈRE AVANT-GARDE, L’APPROCHE IMPRESSIONNISTE

L’avant-garde c’est l’art de faire un cinéma radicalement neuf en mixant les autres autres tels que le théâtre, la peinture et la littérature, ainsi il y a beaucoup d’adaptations de scénarios pour l’écran.
Il y a plusieurs changements brutales entre l’ancien cinéma et le cinéma d’avant-garde qui sont l’aspect naturaliste qui apparaît avec une utilisation des décors réels et une réalisation fictionnel ressemblant presque à un documentaire, la dimension plus psychologique avec l’illustration de la psychie des personnages à l’image et les expérimentations visuelles comme des déformations ou des surexpositions. Ainsi, dans ce courant-ci, on représente beaucoup l’état d’esprit des personnages et on exploite le rythme à travers le mouvement des corps, des danses ou les véhicules.

Louis Delluc

(1890-1924)

L’avant-garde est une forme d’impressionisme français qui réellement débuter avec Louis Delluc, un journaliste, critique et surtout théoricien de cinéma qui a inventer la notion de « cinéphile », le passionné et amoureux de cinéma. De part son amour pour le cinéma, il réalise alors La femme de nulle part en 1922 avec la célèbre actrice Eve Francis et également son autre chef-d’oeuvre Fièvre.

La femme de nulle part, 1922

Germaine Dulac (1882-1942)

Elle est critique et journaliste, et écrit quelques pièces de théâtre. Mais comme Delluc, elle finit par réaliser La fête espagnole, film adapté d’un des romans de son ami. Elle fonde une maison de production en 1916 mais le parlant empêche son indépendance totale.

La fête espagnole, 1919

Jean Epstein (1897-1953)

Considéré comme un disciple de Delluc, romancier et théoricien puis réalisateur avec notamment Coeur fidèle en 1923 et La chute de la maison Usher en 1928, a aussi monter sa maison de production et est mise en avant pour ses innovations formelles qui préfigure une forme de « réalisme poétique ».

Coeur fidèle, 1923

Abel Gance (1889-1981)

Il commence par le théâtre, écrit un recueil puis réalise son premier film en 1911 en fondant sa société Films Français. Reconnu pour ses œuvres J’accuse, La roue et Napoleon, il s’impose dans le cinéma français en recevant des prix, un hommage et de l’admiration.

La roue, 1923

Marcel L’Herbier (1888-1979)

Réalisateur français, mais aussi poète, juriste, théoricien, acteur majeur de l’organisation du cinéma français au sein des syndicats de cinéma et pionnier de la télévision française. Influencée par la littérature (notamment la littérature symboliste), il passe de l’écriture à la réalisation après la projection de Forfaiture de Cecil B. DeMille en 1915. On le connait pour El Dorado en 1921, Feu Mathias Pascal en 1926 et L’argent en 1928.
Mais on reconnaît aussi son succès et son importance dans le cinéma d’avant-garde française pour L’Inhumaine. Ce film, datant de 1924, reste dans l’esprit du mélange des arts puisqu’il fait appel aux artistes à la mode tel que Fernand Léger pour les décors, Le Corbusier pour les bâtiments, et fait de même pour le mobilier, la musique et les costumes. C’est donc un film qui se veut moderniste et qui fait le lien entre cette première avant-garde impressionniste et la deuxième avant-garde dadaïste.

L’Inhumaine, 1924

LA DEUXIÈME AVANT-GARDE, LA DIMENSION DADAÏSTE ET SURRÉALISTE

Le dadaïsme est un mouvement intellectuel, artistique et littéraire. Il a pour but, pendant la Première Guerre mondiale, de dédramatiser grâce à l’humour et la créativité en osant l’extravagance et la dérision. Comme à son image, le nom donnait à ce mouvement, « dada » n’a absolument aucune signification et assume son aspect d’absurdité. Les fondateurs sont des anarchistes et provocateurs qui se détachent complètement de ce qu’ils appellent l’abrutissement social et se revendiquent incompris.
Ainsi, c’est en 1918, avec le peintre et scultpeur Marcel Duchamp qui se ralit à un groupe d’artistes notamment musiciens et poètes zurichois, que ce mouvement qui se dit contestataire née.

Marcel Duchamp (1887-1968)

Très célèbre pour son art d’inventeur avec le dadaisme, le ready-made, qui a su être un inspirateur du pop art et qui a largement influencé les courants d’arts contemporaines du XXème siècle. Après un an dans une académie, il publie des caricatures dans des journaux français puis commence à peindre. Il débute en étant fortement influencé par l’impressionisme, puis le fauvisme, le cubisme et symbolisme. Il est connu dès 1912 avec son œuvre

Nu descendant un escalier exposée à New York qui provoque évidemment un scandale.

Nu descendant un escalier, 1912

C’est entre 1913 et 1915 qu’il développe le ready-made, une transformation d’objet usuel en œuvre d’art en le plaçant hors contexte, qui permet de faire appel à l’oeil et le sens critique du spectateur.

Fontaine, 1917

C’est alors qu’après la fondation du dadaïsme qu’il réalise Anemic Cinema en 1926.

Anemic Cinema , 1926

Man Ray (1880-1976)

Il est réalisateur mais aussi photographe et peintre surréaliste et dadaïste, en révolutionnant la photographie avec la « solarisation » qui est une technique qui permet d’apporter une sorte d’aura autour de ses modèles avec notamment

Le violon d’Ingres, son plus grand succès.

Le violon d’Ingres, 1924

Ainsi, avec L’Herbier, il est l’initiateur de la dérivé de l’impressionnisme au dadaïsme avec Retour à la raison, sorti en 1923, qui est un court métrage expérimental silencieux, réalisé avec des bouts de ficelles et autres objets posés à même l’objectif, sans récit mais basé sur une réelle recherche formelle sur le mouvement.

Retour à la raison, 1923, Fernand Léger (1881-1960)

Homme moderne et doué pour le dessin, il fréquente quelques écoles d’arts puis commence l’art du cubisme dans les années 10, au cours de ses rencontres, jusqu’à des expositions à Paris, Moscou ou New York mais il est interrompu par la guerre. Suite à cela, il est profondément marqué entre l’horreur qu’elle procure mais aussi la fraternité avec les autres soldats qui procure une nouvelle force à son œuvre.
Il débute alors des collaborations avec notamment Dudley Murphy, un réalisateur américain, avec qui il réalise Ballet mécanique en 1924. C’est un film construit sur la répétition et le rythme cyclique et Léger traite le sujet de la personne humaine en tant qu’objet.

Ballet mécanique, 1924

René Clair (1898-1981)

Passionné de littérature et auteur de vers de jeunesse et plus tars de romans, après la guerre pendant laquelle il sert sept ans, il débute dans le journalisme puis se tourne vers le cinéma en commençant comme acteur avant de devenir assistant. Ainsi, en 1923, il se lance dans la mise en scène et la réalisation. Il connait beaucoup de succès avec ses films tels que

Sous les toits de Paris en 1930, A nous la liberté en 1931, Le Millionen 1931 mais encore Entr’acte, son œuvre expérimental de 1924, qui est une suite des scènes surréalistes, multipliant les éléments de provocation et d’innovation esthétique, divisé en deux parties.

Entr’acte, 1924

Luis Bunuel (1900-1983)

Grand artiste d’origine espagnol mais naturalisé mexicain, entre à 19 ans dans le groupe des dadaistes en rencontrant Dali et à 25 ans arrive à Paris et se fait embaucher par Epstein comme assistant réalisateur pour un de ses films. Il est très vite attiré par cette réflexion artistique parisienne des années 20 en joignant un groupe surréaliste dont André Breton. C’est en 1928 qu’il réalise son œuvre

Le chien andalou, basé sur ses rêves et ceux de Dali sous forme d’un cadavre excquis et deux ans après avec L’âge d’or. Il remet en cause la continuité du récit et la lisibilité de la mise en espace, ainsi il utilise le rêve, le quotidien comme les fantasmes.

Le chien andalou, 1928

Jean Vigo (1905-1934)

Fils d’un anarchiste politique et pacifiste qui finit par se suicider, il devient vite orphelin et va vivre chez son oncle photographe à Montpellier. Il part en internat en 1922 où il écrit son premier film de fiction Zéro de conduite. Il est profondément révolté et passe à travers son œuvre un appel à la résistance et la désobéissance mais garde tout au long de son film une certaine poésie avec peu de dialogue mais de belles images comme le célèbre ralenti. On lui connait peu d’œuvres mais reste très influent et remarqué avec ses films comme

A propos de Nice, en 1929,

L’Atlante, en 1934.

Zéro de conduite, 1922

Jean Renoir (1894-1979)

Fils d’Auguste Renoir, le célèbre peintre impressioniste, il a donc évolué dans un milieu artistique mais aussi dans la difficulté de trouvé sa voie dans l’ombre de son père. Ainsi, après beaucoup d’essai comme la sculpture, la céramique, le théâtre et les poèmes, il commence le cinéma pour son épouse Catherine Hessling. Il est beaucoup marqué par le cinéma américain notamment par Erich Von Stroheim et trouve sa singularité en tant qu’auteur. On le connait par Partie de Campagne etLa bête humaine en 1938, mais surtout La grande illusion en 1937. Puis quitte la France pour Hollywood en 1941 où il y tourne 4 films et expérimente aussi la télévision.

La grande illusion, 1937

BIBLIOGRAPHIE

François Albera, L’avant-garde au cinéma, Armand Collin, 2005
Nourredine Ghali, L’Avant-garde cinématographique en France dans les années vingt, Paris Expérimental, 1995, Marcel L’Herbier, Intelligence du cinématographe. Corrêa, 1946
Jean Epstein, Bonjour Cinéma. La Sirène, 1921