Lettrisme

Le lettrisme est un mouvement né en 1945 avec l’arrivée en France de son créateur, Isidore Isou. Le lettrisme, renonçant à l’usage des mots, s’attache au départ, à la poétique des sons, des onomatopées, à la musique des lettres.

Isidore Isou

Définition du lettrisme

« Art qui accepte la matière des lettres réduites et devenues simplement elles-mêmes (s’ajoutant ou remplaçant totalement les éléments poétiques et musicaux) et qui les dépasse pour mouler dans leur bloc des œuvres cohérentes. »

Définition que donne Isou du lettrisme en 1947 dans Bilan lettriste

Les premiers poètes lettristes sont, avec Isidore Isou : Gabriel Pomerand, François Dufrêne, Maurice Lemaitre, Jean-Louis Brau, et GilWolman. Par la suite, le lettrisme se définira comme un mouvement culturel fondé sur la novation dans toutes les disciplines du savoir et de la vie, au moyen notamment de La Créatique ou la Novatique, ouvrage rédigé par Isou entre 1941 et 1976.

Le lettrisme est l’un des principaux mouvements d’avant-garde depuis le dadaïsme et le surréalisme. Il représente une tentative extrême de dépassement de l’activité créatrice, fondée sur une connaissance rigoureuse des domaines abordés (la kladologie, du grec klados, branche qui signifie littéralement Science des branches de la culture et de la vie, et qui se propose de faire une description profonde et complète de la culture, qu’elle divise en domaines de l’Art, de la Science, de la Philosophie, de la Théologie et de la Technique, dont elle précise les secteurs de recherche et de découverte).

Repères historiques et chronologie du lettrisme

Le lettrisme apporte en 1950 l’hypergraphie (d’abord nommé « métagraphie »), art fondé sur l’organisation des lettres et des signes, et considérée comme un dépassement à la fois de l’art plastique figuratif et abstrait, et aussi du roman à mots. Cet art sera, par la suite, dépassé par l’Art infinitésimal (1956), qui envisage n’importe quel élément (textes, images, objets…), au-delà de sa signification immédiate, comme support à l’élaboration d’œuvres purement mentales, imaginaires ou inconcevables, l’Art supertemporel (1960), fondé sur les interventions créatives, concrètes ou mentales du public pendant un temps indéterminé (créant ainsi des œuvres perpétuellement changeantes) et l’excoordisme (1992), considéré comme l’au-delà de l’Infinitésimal, qui s’appuie sur les extensions et les coordinations de particules esthétiques concrètes, imaginaires ou inimaginables.

Bulletin d’information du mouvement lettriste, juin 1969

Le groupe lettriste s’est attaché à toutes les formes de l’art, y compris le cinéma (Traité de bave et d’éternité, d’Isidore Isou, 1951, Le film est déjà commencé ?, de Maurice Lemaître, 1951), la danse (Sonnet gesticulaire (1959), de Maurice Lemaître) et la peinture (peintures hypergraphiques d’Isou, Gabriel Pomerand, Maurice Lemaître, Roberdhay, Gil J Wolman, Jean-Louis Brau, Jacques Spacagna, Roberto Altmann, Roland Sabatier, Micheline Hachette, Alain Satié, Gérard-Philippe Broutin, Jean-Pierre Gillard, François Poyet, Anne-Catherine Caron…).

Bande d’annonce de Traité de Bave et d’Eternité, D’Isidore Isou

Oeuvres du mouvement lettriste

Gabriel Pomerand, Le Voyage – 1951
Maurice Lemaitre, Révolte – 1954