Yayoi Kusama

Yayoi Kusama née en Préfecture de Naganoau Japon en 1929. En 1957 à l’âge de 28 ans elle part au États-Unis. Mais c’est à l’âge de 10 ans qu’elle commence a créer des peintures fantastiques aquarelles, pastels et huiles à l’aide de motifs comme les pois.

Les pois sont pour elle la matérialisation dʼhallucinations qui remontent à lʼenfance. Lʼartiste dit avoir ce genre de troubles depuis lʼâge de 10 ans : « Un jour, après avoir observé sur une table la nappe décorée dʼun motif de petites fleurs de couleur rouge, jʼai porté mon regard vers le plafond. Là, partout, la vitre comme les poutres, les murs se trouvaient subitement submergés par les fleurettes rouges. Toute la pièce, tout mon corps, tout lʼunivers en étaient remplis. ». Elle organise des expositions et événements dans différent pays d’Europe. En 1968, le film Kusama’s Self-Obliteration, qu’elle produit et dans lequel elle joue a remporté un prix au quatrième Concours International du Film Expérimental de Belgique et au deuxième Festival du Maryland ainsi que le deuxième prix au Festival du film de Ann Arbor.

Elle retourne au Japon en 1973. Tout en continuant à produire et à exposer des œuvres d’art, Kusama a écrit un certain nombre de romans et de recueils. En 1983, le roman The Hustlers Grotto of Christopher Street a remporté le dixième prix littéraire pour les nouveaux écrivains du magazine Jidai Yasei.

En 1986, elle organise des expositions individuelles au Musée Municipal, Dole et le Musée des Beaux-Arts de Calais, en France, en 1989, des expositions personnelles au Centre for International Contemporary Arts de New York et le Musée d’Art Moderne, Oxford, Angleterre. En 1993, a participé à la 45ème Biennale de Venise.

Elle commence à créer des sculpture en pleine air en 1994. Elle produit en plein air des pièces pour le Centre de Fukuoka Kenko, le Fukuoka Municipal Museum of Art, le Bunka-mura sur Benesse île de Naoshima, Kirishima Open-Air Museum et Matsumoto City Museum of Art, en face de Matsudai Station, Niigata, le TGV gare Lille-Europe, en France, les jardins de Beverly Park, Beverly hills, Pyeonghwa Park, Anyang et une peinture murale pour le couloir à la station de métro à Lisbonne.

Elle a commencé à montrer des œuvres essentiellement dans des galeries à New York en 1996. Une exposition personnelle à New York la même année a remporté the Best Gallery Show en 1995/96 et the Best Gallery Show en 1996/97 de l’Association internationale des critiques d’art en 1996.

De 1998 à 1999, une grande rétrospective des œuvres Kusama a ouvert à la Los Angeles County Museum of Art celle-ci c’est rendu au Musée d’Art Moderne de New York, the Walker Art Center et au Musée d’Art Contemporain de Tokyo.

En 2000, Kusama a remporté The Education Minister’s Art Encouragement Prize et Foreign-Minister’s Commendations. Son exposition solo qui a commencé au Consortium en France la même année, s’est rendu à la Maison de la culture du Japon à Paris.

A reçu le prix Asahi en 2001, la médaille avec ruban bleu marine foncé en 2002, l’Ordre des Arts et des Lettres (Officier) français, et le prix du gouverneur de Nagano (pour la contribution dans l’encouragement de l’art et de la culture) en 2003.

En 2004, Son exposition solo KUSAMATRIX a commencé à Mori Museum de Tokyo. Cette exposition a attiré un total de visiteurs 520.000 personnes. Dans la même année, une autre exposition solo a eu au Musée National d’Art Moderne de Tokyo en 2005, il a voyagé au Musée National d’Art Moderne, Kyoto, Hiroshima City Museum of Contemporary Art, Musée d’art contemporain, Kumamoto, Musée de la ville de Matsumoto Art.

Elle a reçu en 2006 nationaux Lifetime Achievement Awards, l’Ordre du Soleil levant, Rayons d’or et Losette Le Praemium Imperiale Peinture en 2006.

Le Centre Pompidou à Paris lui consacre sa première rétrospective française du 11 octobre 2011 au 9 janvier 2012. L’exposition présente un choix de cent cinquante œuvres réalisées entre 1949 et 2010. Plusieurs séries majeures de l’artiste y sont mises en avant permettant ainsi une archéologie du célèbre dot : tout part d’un auto-portrait de 1950 où Kusama se représente sous la forme d’un gros pois, forme qui la hantera toute sa vie, à travers ses monochromes de la série Infinity net, les œuvres de la self-obliteration, ou encore les fameuses Infinity Mirrored Rooms plongeant le spectateur dans un univers où tous repères s’effondrent. À la suite, elle collabore avec la Maison Louis Vuitton pour la création d’une courte collection majoritairement rouge et blanche.

The Spirits of the Pumpkins Descended into the Heavens » (2015)
Exhibited at the National Gallery of Australia in Canberra,

À l’occasion de l’ouverture de Marseille Provence 2013, Capitale Européenne de la culture. Le lieu emblématique de la ville d’Aix-en-Provence, le cours Mirabeau a été revisité et transformé par Yayoi Kusama et son oeuvre

Ascension of Polka Dots on Trees (Ascension des pois sur les arbres).
Les platanes centenaires ont été revêtus de pois, ouvrant le cours Mirabeau vers l’univers pop et métaphysique de l’artiste qui avec ses pois cherche toujours, comme la perspective elle-même, à atteindre l’infini.
Les pois sont des motifs récurrents des oeuvres de l’artiste japonaise où se mêlent art et folie. « Ma vie est un pois perdu parmi des milliers d’autres pois? »dit-elle.

Oeuvres et films

Kusama’s Self-Obliteration :

Infinity nets, 1959-1963

Un an à peine après son arrivée sur le nouveau continent, elle organise à la Brata Gallery une première exposition présentant ses infinity nets. Dans ces œuvres aux dimensions parfois gigantesques, Yayoi Kusama peint de manière obsessionnelle des centaines de milliers de petits points, plus ou moins alignés, plus ou moins empâtés, parfois jusqu’à l’épuisement : il lui est arrivé de devoir être hospitalisée à la suite de ces conduites parfois dangereuses.
Cette infinité de pois, recouvrant des surfaces diverses, n’est pas sans rappeler l’hallucination première qu’elle a eu : les pois viennent se coller sur la toile, telles les fleurs sur la rétine de l’artiste, pour représenter l’infini. Ils peuvent être vus comme une tentative presque désespérée de l’artiste de pouvoir peindre sans limites, voire de se fondre et de disparaître totalement dans son art : l’artiste le dit elle-même dans Manhattan Suicide Addict, comme nous le verrons plus tard dans le commentaire de l’ouvrage ainsi que dans le concept de self obliteration, c’est à dire de « disparition de soi-même ».
Mais cela peut aussi-être une tentative de représenter l’irreprésentable, ce que l’art ne saurait pouvoir montrer : l’infini. En effet, le propre d’une toile est de montrer quelque-chose de terminé, ce qui pose un problème lorsque ce que l’on vise à montrer n’est ni quelque-chose de fini, ni de finissable. Or sur ces toiles, qui peuvent paraître vide au premier abord la multitude de petits points ne représente pas de motifs précis : on peut voir dans cette représentation des multitudes de petits points, les cellules, les molécules, voire des organismes plus petits encore, qui composent le monde. L’infinité est là : ces toiles pourraient montrer la composante de n’importe quelle chose sur cette terre, le spectateur est libre d’y projeter ce qu’il y voudrait.
Le motif du pois n’est pas anodin : le pois, le rond, est une figure relativement simple qui comprend une infinité de diagonales et pas d’angles : tout comme l’absolu, qui ne saurait avoir quatre, cinq, six voire plus d’angles. C’est peut-être pourquoi elle y attache autant d’importance, même encore aujourd’hui dans son œuvre : aucune forme géométrique ne saurait si bien mettre en abîme l’ensemble de la démarche de l’artiste.
De même, elles semblent donner plus d’importance au procédé qu’au résultat final. En effet, on peut se dire que n’importe qui doté d’un pinceau et d’un bout de toile pourrait obtenir un rendu similaire, car faire des points sur une toile ne nécessite pas de grande maîtrise technique. C’est la manière de faire qui donne une partie de son sens à ces œuvres, le temps passé à répéter inlassablement, jusqu’à se perdre, se fondre dans son œuvre. La self obliteration, ou la disparition de soi-même, est en effet une part importante de l’œuvre de Yayoi Kusama. Ainsi, en peignant jusqu’à l’épuisement, elle s’oublie totalement elle et les besoins de son corps, jusqu’à devenir un pois parmi les autres de sa toile.
Cette tentative de représentation semble pouvoir être mélangée à d’autres : par exemple, la japonaise n’hésite pas à faire des accumulations d’infinity nets, ce qui semble être paradoxal, et vise peut-être à montrer les limites de ce médium : comme des filets de pêche qui ne récoltent pas la totalité des poissons de la mer mais seulement ceux présents sur un périmètre défini, ces filets ne peuvent saisir qu’une petite parcelle d’infini et non ce dernier dans sa totalité, d’où le fait qu’ils puissent être accumulés.

Accumulations et sculptures molles

Cependant, Yayoi Kusama est aussi à l’origine de sculptures molles : les formes évoquent un motif phallique, répété en très grand nombre. La plupart du temps, il s’agit de morceaux de tissus cousus que l’artiste rembourre afin de leur donner la forme que l’on sait. Il faut savoir que pendant la guerre, Yayoi Kusama travailla en tant dans la confection de parachutes, qu’elle cousait à la chaîne. Des critiques, notamment dans l’ouvrage xx, disent que le temps passé à coudre tout ce tissu rappelle l’élaboration incessante de parachutes que l’artiste avait pu faire à cette période. Certains y voient une sorte de « négatif » des infinity nets. Il est donc possible de voir dans ces protubérances une nouvelle tentative de représentation de l’infini. Ces agrégations sont parfois mélangées à d’autres travaux, voire des infinity nets. Par exemple, dans One Thousand Boat Show, Yayoi Kusama coud et installe sur un bateau une accumulation de formes phalliques sur un bateau. Ce bateau est ensuite pris en photo, qui est imprimée en 999 exemplaires et affichées à un mur, devant lequel le bateau originel est exposé. Ainsi, plusieurs mediums sont mélangés : l’accumulation de sculptures molles, présente sur le bateau ; la photographie, ainsi que son accumulation puisque la même image est reproduite un grand nombre de fois et placée et arrière-plan. La combinaison des mediums va même encore plus loin, puisque l’artiste va jusqu’à se mettre en scène avec l’œuvre pour lors de la prise en photo de cette dernière, comme pour montrer qu’elle en fait partie à part entière.

Elle réalisa également d’autres accumulations de sculptures molles, comme celle-ci, placée sur ce qui semble être un canapé : sur l’artiste qui prend la pose nue des pois sont peints absolument partout, même sur les chaussures, ou apposés dans la chevelure. Ici aussi, l’artiste semble être au centre de l’œuvre, à laquelle elle est pleinement intégrée. Au sol se trouve une multitude d’objets qui rappellent l’accumulation centrale, tandis que derrière le canapé se trouve un immense infinity net. Finalement, les différents aspects de l’œuvre de Yayoi Kusama semblent se compléter et être absolument compatibles entre eux, puisqu’elle peut les mêler dans une seule et même œuvre. Cela semble également se retrouver dans une œuvre plus tardive, comme In Phalli’s Field (1965) qui mélange encore une fois mise en scène photographique de l’artiste et sculpture molle, mais cette-fois ci avec une mirror room et non un infinity net. Ces œuvres, à la dimension érotique très forte à cause de l’aspect phallique des sculptures molles au milieu desquelles trône l’artiste ? dont le titre de la dernière, Phalli’s Field, n’est pas sans évoquer le mot anglais phallic soit un champ de choses phalliques ? semble rappeler discrètement que Yayoi Kusama hébergeait des homosexuels lorsqu’elle était à Manhattan, et qu’elle était parmi eux la seule femme.

Cet aspect phallique se retrouve de manière détournée dans d’autres de ses sculptures, comme The Moment of Regeneration (2004), qui nous présente plusieurs tentacules. Si cela n’apparaît pas clairement aux occidentaux que nous sommes, il faut savoir que les tentacules sont un motif très connoté au Japon, puisqu’il apparaît dès l’époque d’Édo (1600-1868) dans l’estampe Le rêve de la femme du le pécheur (蛸と海女)de Hokusai (1814), qui représente une femme impliquée dans un acte de sexe oral avec une pieuvre. Cela est repris dans l’esthétique de ero-guro-nansensu (エログロナンセンス), une esthétique mêlant érotique, gore et absurde), et cela se retrouve aussi dans la littérature hentai (mangas pornographiques japonais) qui propose une profusion d’ouvrages sur le thème.

Parmi ses autres accumulations, on peut aussi compter Narcissus Garden (1966), présentée pour la première fois à la Biennale de 1966 à Venise et aujourd’hui conservée à la Glass House dans le Connecticut. Yayoi Kusama y est au milieu de l’eau, entourée de miroirs ronds flottants dans l’eau, ce qui évoque directement le mythe de Narcisse qui est tombée dans le lac en admirant son propre reflet. Il est ici contre carré puisque l’artiste flotte au milieu des miroirs, au lieu de plonger et de couler fatalement comme dans le mythe originel. On retrouve ici encore une fois le motif de l’étendue de pois ; ils peuvent représenter l’infini car un miroir peut refléter tout ce qu’on lui présente, et donc une infinité de choses, pourvu qu’elles se trouvent devant lui. Ici, Yayoi Kusama est étendue au milieu de l’eau comme un pois parmi d’autres pois, qui sera reflétée par les autres et entrera donc dans leur réseau. Finalement, le thème du narcissisme devient l’occasion pour l’artiste de montrer quel est pour elle le véritable fonctionnement des hommes : certes, il reste possible de se démarquer, mais nous ne sommes qu’une partie du tout.

Mirror Rooms, Infinity Rooms

Cette quête d’infini se traduit aussi par d’autres moyens, notamment par la création d’infinity rooms (pièces d’infini) ou de mirror rooms (pièces de miroir). Les deux n’utilisent pas le même procédé, bien qu’il soit un peu similaire. Dans le cas des infinity rooms, le visiteur entre dans une pièce intégralement peinte en un fond rouge, jaune etc. uni, sur lequel est placé des polkas dots. Si des éléments se trouvent dans la pièce, ils seront alors tapissés de la même façon que les murs, comme pour les sculptures gonflables.

Il existe cependant d’autres variantes de ces infinity rooms, comme celle présente dans The Obliteration room (2002), qui se compose de meubles, de peinture blanche de d’autocollants en forme de Polka dots. Le décor et le positionnement des pois peuvent évoquer l’hallucination que Yayoi Kusama a eût enfant, ce qui expliquerait le titre (la pièce de disparition). En y entrant, le spectateur disparait, devenant comme un des innombrables pois qui s’y trouvent.

Pour finir là-dessus, cette idée de disparaître au profit de l’infini se retrouve dans d’autres installations, comme dans I’m here but I’m nothing, qui représente un nouvelle fois un séjour, mais dont les pois sont représentés de manière différente et évoquent plutôt un ciel étoilé.
Enfin, dans le cas des Mirror Rooms il s’agit, comme leur nom l’indique, de pièces dont les murs, voire les plafonds sont intégralement remplis de miroirs, ce qui fait que les choses qui y sont présentes s’y reflètent à l’infini. Il peut y avoir ou non des motifs, des sculptures, des lumières? Dans certaines, le spectateur peut naviguer à sa guise tandis que dans d’autres, il ne peut regarder que par un petit interstice parmi d’autres, ce qui peut donner un aspect presque voyeur à la chose.

D’autres sont mélangées à des accumulations : c’est par exemple le cas de All the Eternal Love I have for Pumpkins (Tout l’amour éternel que j’ai pour les citrouilles) on trouve un très grand nombre de citrouilles entourées de miroir, ce qui montre l’infinité de l’amour de l’artiste pour cette courge ainsi que son éternité. De part leur disposition, les miroirs se portent en effet particulièrement bien à la représentation de l’infini ; les motifs, souvent recouverts de pois, rappellent ses premiers infinity nets. Mais, grâce à l’illusion de grandeur qu’ils arrivent à créer, ils se prêtent aussi particulièrement bien à la représentation de l’univers et de son immensité, et dans lequel les points arrivent finalement comme une infinité d’étoiles. Les lanternes dans Aftermath of Obliteration of Eternity (2009), que l’on pourrait traduire grossièrement par Suite à la destruction de l’éternité, ne sont pas sans rappeler cela. Néanmoins, on peut voir que les points lumineux sont en fait de nombreuses petites lanternes : ces dernières ont une signification très particulière pour les japonais, puisqu’elles sont disposées pour guider les morts vers l’au-delà, ou pour rendre hommage aux âmes en peine lors de festivals donnés à des périodes spécifiques de l’année. Après que l’éternité ait disparu, tout ce qui a existé semble ici transformé en une multitude d’âmes errant dans le néant.

Autres installations

Yayoi Kusama a aussi réalisé de nombreuses installations en plein air, comme The Flower of Shangri La (présentée en image 14), ou une autre présentant des tulipes dans la ville de Lilles. Elle a aussi exposé en 2013 à Aix-En-Provence The ascension of Polka Dots on Trees, qui où des polka dots on été apposés sur les platanes de la ville. Le magazine Inferno rapporte les paroles de l’artiste quant au choix du Platane comme il suit : « il symbolise la régénération car il perd sa peau une fois l’an comme le serpent ». L’image des polka dots escaladant et envahissant les arbres a aussi un côté comique. De par leurs couleurs vives et leurs formes, on peut dire que ses installations ont un petit côté pop.