Jim Denevan est un artiste contemporain américain né en 1961. Il fait partie de la tendance du Land Art. Il créait ses sculptures à partir de la nature et elles sont tellement gigantesque que l’on doit avoir un point de vue aérien pour la voir et la comprendre dans sa totalité.
Jim Denevan, artiste de la terre et de la performance
Né en 1961 en Californie à Santa Cruz, Jim Denevan va se diriger vers la cuisine. Homme aimant le mouvement, il se découvrira aussi une passion pour le surf. Les cotes californiennes vont alors lui montrer un aspect nourricier de la mer qui inspirera sa cuisine et aussi son art : le Land-Art.
Ce mouvement découle de « l’Arte Povera » ; ou encore « l’art pauvre ». En effet, le but de cette pratique artistique va être de créer avec ce que la nature, notre environnement nous offre, avec humilité.. Ainsi ce chef cuisinier va utiliser les fruits de cette mer qu’il côtoie tant pour sculpter et peindre d’immenses étendues terrestres. Ces nouveaux terrains de jeu que sont les plages, déserts, (etc) vont lui permettre de mettre à profit son flux créateur incessant afin de s’inscrire dans des œuvres d’apparences démesurées et pourtant de nature modeste. Jouant avec les marées il récupère des bâtons, bois flottés et autres végétaux polis par l’océan et va tracer sur le sable des dessins aux dimensions ahurissantes. Par exemples, la plupart de ses œuvres requiert 7 heures d’un travail pénible, éreintant qui lui demande de marcher environ 30 kilomètres.
Mais l’un des aspects les plus intéressants de son travail reste le coté éphémère de ses œuvres. En effet, qu’il grave sur le sable le sol ou la glace, chaque œuvres de Denevan est vouées (selon différents cycles naturels) à disparaître, emportées par les marées, fondues par le soleil ou balayées par le vent. Pour lui, ses œuvres permettent de prouver son passage dans un lieu vide, inoccupé. Il va ainsi personnifier des surfaces immenses pour un certain temps. D’ailleurs, seule la photographie aérienne nous permet de voir et de croire en son travail. Il faut ajouter que ces photos nous apportent, en plus de tout cela, une compréhension qui est impossible lorsque l’on regarde ces œuvres du sol.
Ce qui est presque incroyable c’est que cette homme n’utilise aucun instrument de mesure pour tracer et dessiner ses toiles de terre.
Tout ceci induit plusieurs questionnements vis-à-vis du Land-Art. Par exemple, ce genre d’œuvres jouant sur le point de vue (tels l’arbre aux voyelles de Pénone) sont ?elles vraiment faites avec le souci de la visibilité humaine ? N’est-ce pas plutôt une ode à la nature et pour la nature, comme adressée à une divinité ancienne ? D’ailleurs ces travaux de land-artistes s’inscrivent dans une sorte d’ère primitive, tel un retour aux âges de la représentation animale sur les immenses murs des cavernes préhistoriques ou nos ancêtres utilisaient, comme Denevan, des bouts de bois brûlés, etc. Cela nous appelle à réfléchir aussi quant au passage momentané de l’homme sur terre et les marques qu’il y laisse. Ici, les dessins sur sable du cuisinier/surfeur ne sont ?ils pas une mise en abîme du temps lui-même ? Tout redeviendra poussière certes, mais que dire de dessin tracés sur et dans la poussière ? S’inscrivent-ils dans le temps ?
On peut donc penser que cet artiste de l’immense et du vaste, de la durée et de l’effort nous propose en réalité une réflexion sur l’homme. En effet, et malgré tous les efforts physiques qu’il peut déployer, Denevan ne peut fixer ses œuvres. Il a donc recours à la technologie pour en garder une image (qui finira par disparaître aussi un jour). Mais malgré tout, l’artiste produit quand même, acceptant la force mais aussi l’inexorabilité des œuvres du temps associé aux éléments. Les productions de cet hommes permettent ?elles de nous sensibiliser quant à notre impact sur la beauté de la nature ?
Je pense que c’est en effet le cas, et ce en observant un autre genre de performances du même artiste. Ainsi, ce chef cuistot va organiser des dîners dans des paysages particuliers et magnifiques. Ces grandes tablées artistiques mêlent des gens d’origines, pensées et actions diverses et variées afin de faire naître une proximité inattendue en pleine nature en ces hommes et femmes qui pourront s’émerveiller de la beauté de ce qui les entourent. Ces happenings culinaires de grands airs s’inscrivent bien évidemment dans une branche du land-art, toujours présent à la table de Jim Denevan. Alors, on peut remarquer qu’ici aussi, cet artiste en appel à nos sens afin de savourer les fruits visuels, gustatifs et olfactifs de la terre nourricière. On pourrait croire que ce n’est que lorsque est éloigné de la ville et de ses différents stress que l’homme parvient à contempler et aimer la nature.
Ainsi donc, nous pouvons dire que l’homme passionné qu’est Jim Denevan essaie de nous transmettre une conscience quant à la nature, ses bienfaits mais surtout sa fragilité. Il va nous ouvrir les yeux sur le facteur temps et notre court passage sur terre. C’est avant tout par sa cuisine et son land-art que cet innovateur d’happening culinaire nous prouvera que la nature est grande et respectable.