Ben Vautier

Ben, de son vrai nom Benjamin Vautier est un artiste français d’origine suisse, né à Naples en juillet 1935 et qui vit à Nice où sa famille c’est installée quand il avait 14 ans.

C’est grâce à sa boutique de disque d’occasion dont il décore la façade qu’il rencontre de 1958 à 1972 de futurs grands noms de l’art contemporain comme César, Martial Raysse, Arman, Ives Klein. Bien que très proche du nouveau réalisme qui nait en 1960 sous la plume de Klein, Ben est très influencé par le lettrisme de Isidore Isou des années 1945. Trop jeune à la naissance de ce mouvement, cette influence reste une des plus remarquable de son œuvre.

Installation de Ben Vautier au Centre Pompidou

Après la transportation de son magasin au musée d’art moderne, il fait de sa maison, chef d’œuvre d’art brut, le nouveau lieu de rendez-vous et rencontres du non sens qui le définit si bien.

Dans les année 1980 il sera l’origine du nom donné au groupe formé autour de Robert Combas en France : Figuration libre, et qui correspond, aux Etats Unis, au Bad Painting de Keith Haring et Jean-Michel Basquiat.

Ses réflexions, déplacements, illustrations, projets, activités sont notés sur son site internet de 1996 à nos jours, de manière narcissique et ironique, ce qui inscrit sa relation avec l’art technologique.

Ben et Fluxus

Ainsi influencé par le lettrisme, le surréalisme et dada qui touchent aussi bien la poésie, les mots, que la peinture, il adhère en 1960, en Allemagne, au groupe Fluxus. Celui-ci correspond à sa soif d’humour et surtout à l’abolition des barrières entre vie quotidienne et art.

Comme des perturbations de la vie quotidienne, il se sert de la poste et des réseaux de communications traditionnels pour diffuser sa vision et jouer librement avec les lettres, la phonétique et la poésie.

Ses tableaux, bien que peints sur toile et de format raisonnable, restent en marge de la peinture traditionnelle car ils ne représentent rien d’autre que ce que l’on peut lire.
En revanche, son style nait bien de cette époque, où il illustre l’école et le tableau noir sur lequel un enfant écrit. Il illustre même ce qu’il affirme quand cela lui est possible:

Je peut tout me permettre, 1971 Acrylique sur toile, 86 x 116 cm, collection particulière.

On peut ici parler de performance dans le sens où le dire équivaut à le faire. Parallèlement il multiplie les actions en signant tout ce qui lui tombe sous la main. Il dénonce de ce fait la mégalomanie des artistes, et la compétition entre eux pour se démarquer.

«Je signe tout ce qui m’entoure. Les objets, les filles, n’importe quel caillou sur la plage».

Ben

Grand disciple de Duchamp, et en ce sens grand provocateur, il exposera un flacon d’urine étiqueté au Grand Palais lors de l’exposition  »72, douze ans d’art contemporain en France »; ce qui enterrine l’œuvre dans le contexte institutionnelle.

Son œuvre s’incarne le plus souvent dans des objets. Comme avec Dieu, mis en boîte (qu’il signe et jette à la mer).

Je soussigné Ben Vautier déclare authentique œuvre d’art : l’absence de l’art, 1963

Avec cette oeuvre il poursuit le chemin emprunté par Duchamp et déconstruit l’art. Il contribue à faire éclater l’œuvre d’art, ou ce qu’elle signifie, et invite l’objet à sortir du musée pour s’en servir.

Dans sa pratique de performance, notons le début du traumatisme infligé au corps avec en 1969  »Se taper la tête contre les murs » jusqu’à ce que le sang de Ben tache le mur, et que sa douleur soit intolérable.

Son écriture

Ses messages humoristiques ou sarcastique sont des maximes auxquelles il croit, ou des pensées qui traversent son esprit à un moment précis, et dans lesquels chacun peut se reconnaître. Son humour aide à poétiser la vie qui nous entoure et à poser un regard neuf sur elle.

Elles se caractérisent par un respect limité de la syntaxe et de l’utilisation systématique du texte manuscrit blanc sur fond noir. Son médium est froid et ne prend pas en compte un esthétisme particulièrement touchant, il échappe à toute forme traditionnelle d’art.
Son écriture attachée et enfantine, lisible par tous est généralement composée de peu de mots qui forment un appel au lecteur. En ce sens son message s’adresse surtout au regard et non à la pensée. Il apostrophe le spectateur dans la foule de visuels autours de lui, et l’exploite en multipliant l’imprimé de ses textes.

Tableau de Ben Vautier

Il illustre de nombreux agendas, calendriers, trousses d’école et autres objets de papeterie, ce qui donne un aspect commercial à son travail, qu’a rarement une œuvre d’art. Poétisation de la vie ou banalisation extrême de l’art, on peut se demander où est passé la question sociale ou l’utopie qui anime chaque artiste, dans la pratique de Ben aujourd’hui.

Citations de Ben

« Je signe tout ce qui m’entoure. Les objets, les filles, n’importe quel caillou sur la plage », Ben Vautier, 1962

« Je soussigné Ben Vautier déclare authentique œuvre d’art : l’absence de l’art. » 1963, Ben Vautier
« Fluxus aurait aimé être un cactus dans le cul de l’art », Ben Vautier

Bibliographie

  • Catherine Millet  »l’art contemporain en France » 2005 FLAMMARION
  • Gérard Durozoi  »Dada et les arts rebelles » 2005 HAZAN
  • je peux tous me permettre
  • Pas d’art sans vérité, 1990
  • Ben, ma vie et mes conneries, 2000
  • Je cherche la vérité…, avec MAMAC Nice, Flammarion, 2001
  • Poésies, prose et ruminations, 2002
  • J’emmerde l’art, Z’Éditions, 2002
  • Fluxus, Z’Éditions, 2003
  • Frédéric Altmann, avec Jacques Simonelli et Georges Vercheval, 2003
  • « En ce temps là, Ben vint et dit… », par Aurélie Barnier, collection Opus Délits, Critères Éditions, 2009
  • Ben. Strip-tease intégral, avec Jon Hendricks et Hans Ulrich Obrist, 2010
  • « Ben Par Ben », par Sylvie Boulloud, 2010
  • « 50 ans de performances de Ben », 2012, éditions Favre.
  • Manuscrit pour « la première internationale ethniste », 1986
  • L’ethnisme de A à Z : Pour un nouvel ordre mondial, Z’Éditions, 1991
  • Mes démangeaisons Le mot et le reste, 2007

Liens internet

Le site de l’artiste
L’article Wikipédia sur Ben.