Médée et Jason

Opéra remix d’après Corneille, Carolet et Romagnesi
Musiques de Charpentier, Lully, Rameau…

19 juillet 2023 au Festival Radio France Montpellier

Direction musicale, Louis-Noël Bestion de Camboulas
Mise en scène et Scénographie, Pierre Lebon
Création lumière, Bertrand Killy
Costumes, Floriane Breau
Conseiller musical, Benoit Dratwicki
Direction de projet : Juliette Guignard
Administration Générale : Delphine Naissant
Production et logistique : Eléonore Minot

Distribution
MÉDÉE, Lucile Richardot
JASON, Flannan Obé
CRÉUSE, Ingrid Perruche
CRÉON, Matthieu Lécroart
CLÉONE, une Actrice, Eugénie Lefebvre
ARCAS, Pierre Lebon
deux danseurs, Xavier-Gabriel Gocel et Gabriel-Ange Brusson

Ensemble Les Surprises, 9 instrumentistes sur scène : violons, viole de gambe, contrebasse, théorbe, guitare, hautbois, flûtes, basson, clavecin, percussions

(Faire) le pitch

Médée, cette figure mythique, a en effet inspiré de nombreux artistes à travers les siècles et dans divers domaines artistiques tels que la littérature, la peinture, le théâtre et l’opéra. Sa première version connue remonte à Euripide en 641 av. J.-C. !

Originaire de Colchide, région géographique chevauchant la Géorgie et le nord-est de la Turquie, Médée rencontre Jason sur ses terres et l’aide à récupérer la Toison d’Or, gardée par son père. Après avoir réussi cette quête, ils s’enfuient à bord de l’Argos, en tuant le frère de Médée et en dispersant son corps en morceaux derrière eux pour ralentir leur poursuivant.

Ils retournent ensuite à Iolcos, en Thessalie actuelle, pour découvrir que le trône de Jason a été usurpé. Médée tente alors de le récupérer indirectement en persuadant les filles de Pélias de tuer leur propre père, en pensant qu’il sera ainsi rajeuni. Suite à ces événements tragiques, le couple est de nouveau banni.

Ils trouvent refuge à Corinthe, chez le Roi Créon, où se déroule notre intrigue. Sous la protection du Roi, ils ont deux fils, Mérmeros et Phérès. C’est alors que Créon propose à Jason d’épouser sa propre fille, Créuse, afin de consolider l’héritage du trône de Corinthe.

Cependant, cette proposition déchaîne la fureur de Médée, qui décide de se venger en tuant Créuse. Elle offre alors une tunique magique à la jeune princesse, qui s’enflamme sur elle, brûlant ainsi Créon et mettant le palais royal en feu.

Mais l’acte le plus irréparable est à venir : Médée commet un double infanticide en tuant ses propres enfants, Mérmeros et Phérès. Cet acte choquant soulève des questions profondes sur la vengeance, la folie et les limites de l’amour maternel.

L’histoire de Médée est riche en émotions fortes et en dilemmes moraux, ce qui en fait une source d’inspiration intemporelle pour les artistes qui cherchent à explorer les profondeurs complexes de la nature humaine à travers leurs œuvres.

Un opéra-remix tragi-comique de Médée

Médée, à travers son destin tragique empli de trahisons, de poisons, de magie et de meurtres, peut également nous faire rire de manière magnifique ! Tel est le défi de ce spectacle, tout comme l’étaient les parodies d’opéra très courantes à l’époque baroque. En effet, c’était grâce à ces parodies que le succès d’un ouvrage lyrique était mesuré, et les opéras célèbres donnaient lieu à de nombreuses parodies jouées par des troupes de théâtre dans toute la France, notamment au Théâtre des Italiens ou à la Foire Saint-Laurent à Paris.

Ainsi, plusieurs parodies de Médée et Jason virent le jour, se moquant aussi bien de la tragédie de Corneille que des opéras de Marc-Antoine Charpentier et de François-Joseph Salomon, ce dernier étant moins connu. Ce spectacle tourne en dérision tant l’anti-héros Jason que Créon roi mégalo, ainsi qu’une actrice se prenant pour une célèbre cantatrice.

Cette représentation invite à un mélange des genres, combinant le tragique et le comique, le théâtre, la danse et la musique, des vaudevilles légers et des airs sérieux, des airs de démons et des airs de marins. Ainsi, les parodies d’opéra des XVIIe et XVIIIe siècles préfigurent ce qui deviendra plus tard l’opérette voire la comédie musicale.

Crime et déracinement

Il est vrai que le mythe de Médée soulève des questions profondes et intemporelles qui restent pertinents de nos jours. Deux des principaux thèmes abordés dans cette tragédie sont le déracinement et le crime, ainsi que les conséquences et le jugement de ces actes.

Le déracinement de Médée est un élément central de l’histoire. Elle est une étrangère partout où elle va, ayant dû fuir sa propre patrie, la Colchide, en raison de son aide à Jason dans l’obtention de la Toison d’Or. Cela met en lumière les difficultés et les défis auxquels les personnes déplacées peuvent être confrontées lorsqu’elles sont forcées de quitter leur pays d’origine. Ces questions de migration, d’exil et d’intégration sont toujours d’actualité, en particulier dans un contexte mondial où de nombreux individus sont confrontés à des déplacements forcés en raison de conflits, de catastrophes naturelles ou d’autres circonstances.

Le thème du crime est également au cœur de l’histoire de Médée et Jason. Les actes atroces commis par Médée par amour pour Jason soulèvent des questions sur la moralité, la culpabilité et la responsabilité des individus lorsqu’ils sont poussés à agir par des émotions extrêmes. Le meurtre du demi-frère de Médée, du roi Pélias, de la princesse Créuse et de ses propres enfants est un exemple frappant de l’intensité des actions entreprises par Médée.

L’absence de jugement de ces crimes est un autre point marquant de l’histoire. Les dieux eux-mêmes semblent hésiter à juger l’infanticide de Médée, et dans certaines versions du mythe, ils ne lui infligent qu’une punition symbolique en l’acceptant aux Champs-Elysées. Cela soulève des questions sur la notion de justice, sur la façon dont les crimes sont traités dans différentes cultures et sociétés, ainsi que sur la compréhension complexe des motivations et des responsabilités humaines.

La scénographie inspirée d’un théâtre de tréteaux (Théâtre ambulant, de saltimbanque, de farceur), avec les éléments de l’Argos en tant que bateau naufragé entaché de rouge, évoque visuellement la tragédie et la violence présentes dans l’histoire. Les systèmes de machinerie baroque qui convoquent les vents, les enfers et les monstres renforcent le caractère épique du récit et soulignent l’influence des forces surnaturelles sur les actions humaines.

Dans l’ensemble, le mythe de Médée continue d’être une source de réflexion sur des questions psychologiques, morales et sociales, et son exploration sur scène peut permettre au public de se confronter à ces thèmes toujours pertinents de manière captivante et provocante.

Le défi du patchwork musical, drame et amusement

Le travail musical nécessaire à cette création est un beau défi puisqu’il s’agit de reconstituer une fresque musicale capable de soutenir une telle histoire. Cette partition croise des vaudevilles drôles et cocasses (airs populaires), des passages de mélodrame, ainsi que des airs dramatiques et des danses de M-A Charpentier (extraits de l’opéra Médée), J-B Lully (extraits des opéras Atys, Armide), J-P Rameau (extraits des opéras Hippolyte et Aricie, Les Indes Galantes).

Les vaudevilles drôles et cocasses, représentant des airs populaires, ajoutent une touche de légèreté et d’humour à certains passages de la pièce. Ces airs entraînants et faciles à retenir sont utilisés pour les scènes comiques et les moments de détente dans le récit.

Les passages de mélodrame, quant à eux, intensifient les moments de tension émotionnelle et dramatique. Ils accompagnent les scènes les plus tragiques et captivent l’attention du public en soulignant les conflits intérieurs des personnages.

Les airs dramatiques jouent un rôle crucial dans la mise en valeur des émotions fortes des protagonistes, notamment Médée et Jason. Ces airs puissants et émouvants permettent d’explorer la complexité des sentiments et les dilemmes moraux auxquels les personnages sont confrontés.

Les extraits d’opéras de compositeurs renommés tels que Marc-Antoine Charpentier, Jean-Baptiste Lully et Jean-Philippe Rameau apportent une dimension supplémentaire à la création musicale. Leur musique baroque apporte une ambiance historique authentique à la pièce et renforce le caractère épique de l’histoire de Médée.

Il est essentiel pour le compositeur de s’immerger dans l’essence de chaque style musical et de les fusionner de manière harmonieuse pour créer une partition cohérente et captivante. L’utilisation intelligente de la musique dans la scénographie et la mise en scène aide également à renforcer l’impact émotionnel des scènes et à immerger le public dans l’univers tragique et magique de Médée.

« Nous vous apportons cette Médée reconstituée depuis son outrage antique jusque sur ces planches de salut, arrachées à l’Argos qui serviront à transformer cette galère en une machine convenable à raconter les malheurs ! »
« Entre ici ! Jason, fils d’Éson, roi d’Iolcos, qui était fils de Créthée, lui même fils d’Éole, le fils d’Hellen, fils de Deucalion, le fils de Prométhée…
Voilà un héros!
Un vrai héros accompli!
Tout pétri de chair millénaire!
Il poursuit son labeur de héros, manipulant l’amour comme on manie une arme de précision.
Ah, L’amour….
Mais l’habitude de jouer avec les passions expose à en subir l’attirance ou la pante. Il n’est pas besoin d’avertir le public que les actions de cette tragédie ne sont pas à imiter puisque nous espérons qu’elles paraissent assez à découvert pour n’en faire envie à personne ! »

Pierre Lebon, mise en scène

Pierre Lebon, metteur en scène, a débuté sur scène à l’âge de huit ans, interprétant des rôles solistes à l’Opéra de Paris et sur des scènes internationales. Il est diplômé de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon et de l’École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg, où il s’est perfectionné dans les techniques de la menuiserie, de la tapisserie, de la serrurerie, de la peinture et de la machinerie. Il a également été l’assistant de nombreux metteurs en scène et décorateurs tels que Rodolfo Natale, Jean-Guy Lecat, Pierre-André Weitz et Olivier Py, travaillant aux États-Unis, en Europe et dans de nombreuses scènes nationales françaises. Parallèlement, il a dansé au sein de différentes compagnies.

Depuis lors, il a exercé son talent tant devant que derrière le rideau de scène : il s’est produit notamment dans Alceste, où il dessinait les décors en direct à l’Opéra de Paris. Il a également travaillé sur l’écriture de sa nouvelle pièce intitulée Les désastres. De plus, il a chanté dans les opéras-bouffes Les Chevaliers de la Table ronde et Mam’zelle Nitouche, mis en scène par Pierre-André Weitz et en tournée pendant quatre ans. Il a également joué dans l’opéra Amour vainqueur, écrit et mis en scène par Olivier Py lors du festival d’Avignon 2019, et cette production est en tournée mondiale jusqu’en 2022.

En 2020, Pierre Lebon a mis en scène « Le docteur Miracle », une production coproduite par l’Opéra de Tours et l’Opéra de Saint-Étienne, en collaboration avec le Palazzetto Bru-Zane. Son parcours polyvalent et son engagement dans divers domaines artistiques témoignent de son talent et de sa passion pour l’art scénique.

Ensemble Les Surprises

Direction artistique, Louis-Noël Bestion de Camboulas

L’ensemble Les Surprises s’est affirmé comme un authentique spécialiste de la musique du XVIIIe siècle français, avec un sens du rythme, de la couleur et une identité sonore vraiment très séduisante, comme l’a souligné Musicologie.org. La direction charnelle et engagée de Louis-Noël Bestion de Camboulas a été particulièrement remarquée, mettant en avant les solos de vents sensuels, les cordes chantantes aux basses profondes et le percussionniste illusionniste, comme l’a décrit Marie-Aude Roux dans Le Monde.

Créé en 2010 par Juliette Guignard, violiste, et Louis-Noël Bestion de Camboulas, organiste et claveciniste, l’ensemble Les Surprises tire son nom de l’opéra-ballet Les Surprises de l’Amour de Jean-Philippe Rameau, s’inscrivant ainsi sous l’inspiration de ce grand compositeur et se dédiant à l’exploration de la musique d’opéra sous toutes ses facettes.

Sous la direction artistique de Louis-Noël Bestion de Camboulas, l’ensemble s’engage dans la redécouverte du répertoire baroque, en proposant de nouvelles interprétations et en explorant les richesses sonores de l’instrumentarium baroque.

Le travail de l’ensemble Les Surprises repose sur une démarche de recherche musicologique et historique. Louis-Noël Bestion de Camboulas s’efforce de mettre en valeur des partitions souvent oubliées, retrouvées dans les fonds musicaux de la Bibliothèque Nationale de France, certaines n’ayant pas été jouées depuis le XVIIIe siècle, comme le témoignent les dernières productions autour d’Issé et Les Éléments de Destouches.

En 2014, l’ensemble a été honoré du prix « Révélation musicale », décerné par le Syndicat professionnel de la critique de théâtre, musique et danse, marquant ainsi la reconnaissance de leur talent et de leur contribution à la musique baroque, une première en cinquante ans de palmarès.

Avec six enregistrements déjà réalisés pour le label Ambronay Éditions, l’ensemble Les Surprises a entamé en 2021 une collaboration avec le label Alpha. Deux nouveaux disques sont prévus cette année, consacrés à Purcell et à Lully, ce dernier en partenariat avec la soprano Véronique Gens. Ces réalisations illustrent leur engagement continu à partager leur passion pour la musique baroque avec le public et à explorer les trésors musicaux du passé dans un esprit de créativité et de recherche.

Durée du spectacle : 1h15 sans entracte

CRÉATION ET TOURNÉE Saison 2023/2024
Coproduction Opéra de Limoges
Centre de musique baroque de Versailles – Festival Sinfonia en Périgord
Office artistique de la Nouvelle-Aquitaine – IDDAC
Abbaye de Royaumont – Ferme de Villefavard
Centre Culturel de l’Entente cordiale – Château d’Hardelot
Ensemble Les Surprises

21 avril 2023 : sortie de résidence à la MECA (Bordeaux)
30 juin 2023 : Première représentation, Midsummer festival (Hardelot)
19 juillet 2023 : Représentation, festival Radio France Montpellier
20 août 2023 : Représentation, festival Sinfonia en Périgord (Périgueux)
15 février 2024 : 2 représentations, Grand Manège (Namur – BELGIQUE)
6-7 mars 2024 : 2 représentations, Opéra de Limoges
3 décembre 2024 : 2 représentations, Atelier lyrique de Tourcoing