Georges Méliès

Georges Méliès, né Marie Georges Jean Méliès (8 décembre 1861-21 janvier 1938), est un réalisateur français. Connu notamment pour avoir transposé le trucage au cinéma, il est considéré comme le premier à réaliser des fictions avec des éléments fantastiques et magiques. Il est aussi le créateur du premier studio de France, à son domicile de Montreuil. Il apparaît, dans les dernières années du XIXème siècle, comme l’une des figures les plus étonnantes du cinéma naissant.

Tour à tour peintre, sculpteur, caricaturiste (cette activité ludique lui donne le goût de la fantaisie, qu’il cultivera par la suite dans ses films) prestidigitateur, directeur du théâtre Robert-Houdin, Méliès apporte au cinéma son expérience multiple de scénographe, d’illusionniste, de régisseur, de machiniste et d’acteur. Il a le mérite de concevoir le cinéma comme un spectacle original.

Scène du fim Le voyage dans la Lune de George Mélies

C’est lors d’une projection des frères Lumière qu’il tombera amoureux de leur système de caméra, et fera tout pour s’en procurer une, décelant le potentiel spectacle énorme que propose l’invention. Il fondera ensuite la Star film, et tournera des dizaines de films, où son génie du spectacle et de la prestidigitation lui vaudra plus tard le surnom de « père des effets spéciaux ». Il connaît un succès énorme mais malheureusement, la première guerre mondiale le plongera dans la dépression, et il finira par brûler une grande partie de son oeuvre, un soir de folie.

Georges Méliès en train de peindre un décors

Ce n’est que plusieurs années après la guerre qu’il sera redécouvert. Si une grande partie de son oeuvre a pu être sauvé, beaucoup de ses films ont été détruit pour l’effort de guerre, et sont perdus à jamais. Ses films sont désormais libre de droits, et le réalisateur Martin Scorsese a réalisé un film romançant sa vie dans « Hugo Cabret » (2011) avec Ben Kingsley dans le rôle titre.

Étude du film Le voyage dans la Lune

George Méliès est l’inventeur du cinéma de science-fiction avec  »  »Le Voyage dans la lune » « . Ce film a entièrement été tourné dans son studio à Montreuil-sous-Bois. Il a été écrit, photographié, réalisé, interprété et produit par Méliès (par la société de production Star Film). Il se compose de 30 tableaux utilisant des décors peints à la main, d’objets peints en trompe-l »il sur des plaques de bois découpées, éléments de décors en carton-pâte posés au premier et à l’arrière plan.

Jusqu’en 1902, les films de science-fiction n’excèdent guère une ou deux minutes. Ce film ayant demandé trois mois de tournage et une figuration importante, il peut être considéré comme la première superproduction de l’Histoire du cinéma : il dure 16 minutes, une durée peu usitée jusqu’alors. L’œuvre produite reste très personnelle et remplie d’humour, de fantaisie et de poésie : la Lune à un visage de femme, le clair de Terre ou l’obus qui percute l’oeil de la Lune.


Pour le scénario, Georges s’est inspiré du roman de Jules Vernes, De la Terre à la Lune.
(Lorsque, aux États-Unis, le président Barbicane annonça son intention d’envoyer un projectile sur la lune, l’enthousiasme fut général dans le monde entier. Mais lorsque le français Michel Ardan émit l’idée que le projectile pouvait être habité, l’enthousiasme se transforma en délire. Et c’est ainsi qu’après avoir résolu les problèmes techniques les plus ardus, trois hommes s’embarquèrent à bord d’un énorme obus qui allait être tiré par un gigantesque canon. Destination : Lune !)
Du roman de H.G. Wells,  »Les premiers hommes dans la Lune » (Un scientifique excentrique met au point un métal révolutionnaire non soumis à la pesanteur. Accompagné par un jeune aventurier voulant faire faire fortune, il s’embarque dans un astronef conçu dans ce métal et se dirige vers la Lune. Arrivé là bas leur séjour s’avère plein de découvertes aussi passionnantes que périlleuses, dont la civilisation Sélénite.)

Résumé du film

Le film commence par la réunion des membres de l’institut d’Astronomie. Ils attendent avec impatience (puisque les personnages apparaissent plutôt vifs et agités dans cette scène) la communication du célèbre Professeur Barbe-en-fouillis. Le Professeur Barbe-en-fouillis leur présente son projet de voyage qui consiste à atteindre la Lune à l’aide d’un obus lancé par un canon géant. (Nous comprenons cette intention de voyage dans le film par le croquis que le Professeur est en train de dessiner sur un tableau).


Cette annonce suscite beaucoup de contestations de la part des membres de l’institut d’Astronomie (ceci étant démontré par les mouvements effectués par les personnages, traduisant un refus). Ce sera finalement cinq courageux membres qui accepteront de le suivre dans cette folle idée. Viens ensuite la construction de l’obus, qui permet aux cinq membres de partir en compagnie du Professeur Barbe-en-fouillis. Une rampe de lancement est installée au dessus des toits de la ville, quelques signes de la main en guise d’au revoir et l’obus est enfin lancé. Les voici arrivés tous les six sur la Lune, apercevant au loin le clair de Terre.


Après une nuit à la belle étoile animés de nombreux rêves, voilà qu’ils ont à faire à une tempête de neige. Ils décident alors de se réfugier à l’intérieur de la Lune, en entrant par un cratère. Ils découvrent des champignons géants et finissent vite par se retrouver nez-à-nez avec des Sélénites. Ils vont devenir prisonniers du Roi de la Lune mais ces six héros courageux vont finalement lui échapper et rejoindre leur obus. L’obus fait une longue chute dans le vide avant de tomber dans l’océan. Il sera finalement ramené au port à l’aide d’un bateau. S’ensuivent les réjouissances publiques et une grande fête.

Le film est composé des 30 tableaux suivant

  • 1/ Le Congrès scientifique du Club des Astronomes.
  • 2/ Le plan du voyage expliqué aux savants. La désignation des explorateurs et de leurs assistants. Enthousiasme général. Au revoir.
  • 3/ L’usine monstre. La construction du projectile.
  • 4/ Les fonderies, les hauts fourneaux, fonte du canon géant.
  • 5/ Les astronomes s’embarquent dans l’obus.
  • 6/ Le chargement du canon.
  • 7/ Le canon monstre. Défilé des grenadiers. Salut au drapeau.
  • 8/ La course dans l’espace. La Lune approche.
  • 9/ En plein dans l »il.
  • 10/ Chute de l’obus dans la Lune. Le clair de Terre, l’aspect de la Terre vu de la Lune.
  • 11/ La plaine des cratères. Eruption volcanique.
  • 12/ Le rêve (les bolides, la Grande Ourse, Phoebé, l’étoile double, Saturne’)
  • 13/ La tempête de neige.
  • 14/ Quarante degrés au-dessous de zéro. Descente dans un cratère lunaire.
  • 15/ A l’intérieur de la Lune, la grotte aux champignons géants.
  • 16/ Rencontre des Sélénites. Combat héroïque.
  • 17/ Prisonniers.
  • 18/ Le Roi de la Lune, l’armée Sélénite.
  • 19/ Evasion.
  • 21/ Poursuite endiablée.
  • 21/ Les astronomes retrouvent l’obus. Départ de la Lune.
  • 22/ Chute verticale dans le vide.
  • 23/ L’obus tombe dans l’océan.
  • 24/ Dans les profondeurs maritimes.
  • 25/ Sauvetage. Retour au port.
  • 26/ Grande fête. Marche triomphale.
  • 27/ Couronnement et décoration des héros du voyage.
  • 28/ Grand défilé des marins et des pompiers.
  • 29/ Inauguration de la statue commémorative par le maire et les conseils municipaux.
  • 30/ Grande réjouissances publiques. Le Sélénite amené prisonnier de la Lune est exhibé comme un phoenomène.
Scène montrant l’obus tombant dans l’océan.

Premier trucage

« Le truc par substitution » : Ce trucage est le premier inventé par Méliès et donc le premier de l’histoire du cinéma. Il a été découvert par hasard par Méliès alors qu’il filmait une scène de la vie de tous les jours à Paris. La caméra de Méliès était un modèle mécanique simple mais fragile, les problèmes étaient fréquents, et ce jour là, la caméra s’est bloquée en pleine prise de vue, le problème fut rapidement solutionné par Méliès qui reprit le tournage de sa prise de vue; après le développement de la pellicule il fut étonné de voir l’omnibus Madeleine-Bastille se transformer en corbillard et des femmes se transformer en hommes, le cinémagicien venait de découvrir le truc par substitution.
Georges Méliès utilise ce « truc par substitution » dans le film lorsque les explorateurs débarqués sur la lune se battent contre leurs habitants, les Sélénites, un simple coup de parapluie les fait exploser (transformation de l’acteur costumé en une nuage de fumée).
Il l’utilise également lorsque dans une scène du film, nous voyons un obus apparaître dans l’oeil de la Lune. La lune, petite et dessinée arrive vers la caméra. Première coupure, la lune a une tête humaine, Deuxième coupure, un obus apparaît dans son ?il, la lune grimace.

Les décors


Dans ses films, Méliès a très peu travaillé en décors naturels. Il a commencé par cette voie au début, tournant des scènes de la vie de tous les jours (place de l’opéra, port du Havre…), puis a rapidement commencé a tourner des fictions, auxquelles il a ajouté des décors peints à la main, en extérieur d’abord, retenus par des câbles, puis rapidement dans son premier studio de Montreuil inauguré en 1897. Il faisait 17m sur 7m, c’était un « théâtre de prise de vue ».


Avant, Méliès travaillait dans le théâtre Robert-Houdin, consacré à l’illusionnisme. dès 1896, il y projetait des petits films où il réalisait tout lui-même. Puis, son théâtre de prise de vue était totalement vitré pour faire passer la lumière naturelle. La caméra était immobile et se trouvait dans un renfoncement placé à l’extrémité. Les décors étaient peints, avec des techniques de décoration de théâtre. Ces dessins étaient en trompe l’oeil pour obtenir un effet de relief et donc de profondeur de champs. Il gérait tout des décors à la mise en scène.
Au sol, la toile était broquetée, clouée au sol avec des clous à tête plates. Il y déposait une première couche de colle puis le décorateur traçait le dessin au fusain.


Les décors sont d’abord conçus à l’état de croquis par Méliès, puis une maquette est produite dans le cas de décors plus complexes. Ils sont ensuite construits en menuiserie et en toile dans l’atelier se trouvant à coté du studio. Les décors sont peints exclusivement en noir et blanc, en passant par toute la gamme des gris; en effet la couleur passait très mal à l’image, le bleu devient blanc, les rouges, jaunes et verts deviennent noirs. La peinture est extrêmement soignée, bien plus que celle d’un théâtre, le trompe l »il doit être parfait du point de vue de la caméra afin d’abuser le spectateur. On apprécie la finesse du décor dans les films de Méliès.

A 69 ans, Martin Scorsese a voulu lui rendre Hommage avec le film Hugo Cabret. Ce film d’aventures rocambolesque se déroule dans le décor reconstitué d’une gare Montparnasse où, dans les années 1920, Georges Méliès, retraité du cinéma ayant rejoint la foule des anonymes, tenait avec sa femme (et ancienne actrice), Jeanne d’Alcy, une boutique de jouets. Quelques années plus tôt, il n’avait plus les moyens de tourner et il décide de brûler toutes les copies qui lui restaient de ses films. A travers deux enfants orphelins, Hugo et Isabelle, Scorsese interroge le mystère autour de Méliès ce geste fou tout en rendant un splendide hommage à ce cinéaste magicien, inventeur de l’illusion cinématographique. Au cours de leurs pérégrinations, les enfants découvrent non seulement les films de Méliès mais aussi ceux des frères Lumière, d’Harold Lloyd, de Buster Keaton, de Georg Pabst…, et permettent à leur auteur (Ben Kingsley, parfait en vieille statue de cire indéridable), qui les croyait détruits à jamais, de les voir à nouveau projetés devant une salle pleine à craquer.

Filmographie

Georges Méliès est le précurseur de la science-fiction au cinéma. Directeur du Théâtre Robert-Houdin, il a l’occasion d’expérimenter un certain nombre de trucages. Avec l’avènement du cinéma, il perçoit très vite la puissance et les énormes possibilités de l’image, il conçoit, dans ses propres studios à Montreuil, de petits courts-métrages où la fantaisie et l’imaginaire se mêlent au grand étonnement des spectateurs. De 1896 à 1914, il réalise une série d’environ 500 courts métrages appelée ‘Voyages à travers l’impossible’, projetés principalement dans des foires. En voici quelques-uns en quelques dates :

  • Escamotage d’une dame au théâtre Robert Houdin, 1896
  • Le Manoir du diable, 1896
  • Faust et Marguerite, 1897
  • L’Hallucination de l’alchimiste, 1897
  • L’Auberge ensorcelée, 1897
  • Un homme de têtes, 1898
  • La Tentation de Saint-Antoine, 1898
  • La Damnation de Faust, 1898
  • Guerre de Cuba et l’explosion du Maine à La Havane, 1898
  • L’impressionniste fin de siècle, 1899
  • Cendrillon, 1899
  • L’Affaire Dreyfus, 1899
  • Cléopâtre, 1899
  • Nouvelles luttes extravagantes, 1900
  • L’homme-orchestre, 1900
  • Le Malade hydrophobe, 1900
  • L’Homme à la tête de caoutchouc, 1901
  • Barbe-Bleue, 1901
  • Le Voyage de Gulliver à Lilliput et chez les géants, 1902
  • Le Voyage dans la Lune, 1902
  • Illusions funambulesques, 1903
  • Le Puits fantastique, 1903
  • Le Revenant, 1903
  • Le Mélomane, 1903
  • Le Chaudron infernal, 1903
  • Le Cake-walk infernal, 1903
  • La Flamme merveilleuse, 1903
  • Le Royaume des Fées, 1903
  • Le Monstre, 1903
  • Le Mélomane, 1903
  • L’Auberge du Bon Repos, 1903
  • La Lanterne magique, 1903
  • Le Rêve du Maître de Ballet, 1903
  • Faust aux Enfers, 1903
  • Les Cartes vivantes, 1904
  • Le Thaumaturge chinois, 1904
  • Le Bourreau turc, 1904
  • Le Juif errant, 1905
  • Le Roi du Maquillage, 1904
  • Le Voyage à travers l’Impossible, 1904,
  • Le Tripot clandestin
  • Les Affiches en goguette, 1905
  • Le Palais des Mille et Une Nuits, 1905
  • Le Raid Paris-Monte Carlo en 2 heures, 1905
  • Les Chevaliers du chloroforme, 1905
  • Les 400 Farces du Diable, 1906
  • L’Alchimiste Parafaragamus ou la Cornue infernale, 1906
  • L’Éclipse du soleil en pleine lune, 1907
  • La Prophétesse de Thèbes, 1907
  • 20.000 lieues sous les mers, 1907
  • Le Rêve d’un fumeur d’opium, 1908
  • Tartarin de Tarascon, 1908
  • La Fée libellule, 1908
  • Le Locataire diabolique, 1909
  • Le Mousquetaire de la reine, 1909
  • Le Secret du Médécin, 1910
  • Les Hallucinations du Baron de Münchausen, 1910
  • À la Conquête du Pôle, 1912
  • Le Chevalier des neiges, 1912
  • Cendrillon ou La pantoufle mystérieuse, 1912
  • Le Voyage de la famille Bourrich, 1913

Sources

Extraits des films

Le Manoir du diable, 1896
L’Auberge du Bon Repos, 1903
L’Affaire Dreyfus, 1899
Cléopâtre, 1899
Le Revenant, 1903
Le Chaudron infernal, 1903
La Flamme merveilleuse, 1903
Le Royaume des Fées, 1903
Le juif errant, 1905
Le tripot clandestin
Le Locataire diabolique, 1909
Le chevalier des Neiges, 1912