Gregory Crewdson

Gregory Crewdson est né le 26 septembre 1962 à Brooklyn, New York. Il est un photographe qui réalise des œuvres qui tournent en dérision le rêve américain. Pour ce faire, il photographie des scènes surréalistes sur les foyers et les quartiers américains.

Avant rocker, Gregory Crewdson en 1985, étudie la photographie à la SUNY à Purchase de l’État de New York. A ses débuts, il photographie l’Amérique rurale, puis, après avoir fait son master en Beaux-Arts de l’Université Yale à New Haven il devient enseignant à cette même université.


En 2004, il reçoit la médaille Skowhegan de la photographie à l’école de peinture et de sculpture de Skowhegan.


A l’heure actuelle, il vit et travaille à New York où il dispose d’un studio. Ses photos sont représentées par la galerie Luhring Augustine à New York et par la White Cube Gallery à Londres.

La démarche artistique de Gregory Crewdson

Son inspiration lui vient de son enfance où il écoutait en secret les confidences des patients de son père qui était psychanalyste. Les patients étaient reçus dans la cave aménagé par son père qui exerçait son métier dans la maison familiale. Cet endroit, séparé de lui, l’intriguait beaucoup et en réalité, il n’entendait rien mais il imaginait les récits de ces patients, aux allures névrosés qui contrasteraient avec l’image de l’Amérique rurale, ce qui l’intéresse particulièrement.
Il va mettre en scène des sujets ou personnages placés au milieu de leur environnement, l’ensemble ressort dans un style inquiétant et ces personnages semblent être déconnectés de ce qui les entourent.

Gregory Crewdson série Dream house

Au départ, le parti est le même que celui de Jeff Wall : on est dans une scène de film. Il y a une histoire en cours à laquelle on ne comprend rien parce qu’on a raté le début. Gregory Crewdson cherche à capturer la magie d’un instant.

Gregory Crewdson série Dream House

5.1.2

L’image qui est présentée est celle d’une solitude captée au moment de sa plus grande intensité. Une image comme congelée dans le silence d’après ses dires.

Gregory Crewdson série Beneath the roses

Le fait que l’interprétation soit obscure incite à examiner avec attention le sujet central de l’image pour mesurer l’angoisse et donc évaluer le danger
et à promener le regard de partout sur l’image aux fins d’éclaircir la situation.

Les détails peuvent faire mouche et notre regard va courir d’une zone éclairée à l’autre, pour tenter de mettre en place les éléments du puzzle et lui donner sens.

Mais généralement, les détails encombrant viennent à faire ressentir au spectateur un écoeurement, et ce sentiment semble être aussi celui que ressentent les personnages dans les scènes. Entourés d’objets qui semblent véritablement les envahir.

Gregory Crewdson série Twilight

Cette longue circulation du regard tentant l’éclaircissement du mystère est ce qui œuvre dans le travail de Crewdson. Dans les meilleures images, il y a une sorte d’équilibre entre la puissance du mystère et la quantité de détails donnés à l’analyse.
Il semblerait alors que l’étrangeté de la nuit bleue, jamais très loin, puisse constituer pour l’auteur une solution possible, un remède violent, sexuel et inquiétant, que ses personnages, toutefois, ne se sont pas résolus encore à utiliser.

Ces scènes photographiques font l’objet d’une mise en scène rigoureusement élaborée. Les budgets pour la production sont énormes car les mises en scènes sont faites en studio où tout est reconstituer, comme les lieux intérieurs par exemple. Mais l’artiste insiste sur le fait qu’il veut garder les décors extérieurs vrais, il recherche les lieux en voiture, prend des notes, se laisse imprégner de l’endroit car il veut que quelque chose se passe entre l’endroit qu’il choisit et lui. Tout cela combine un univers, ça créer des continuités. Gregory Crewdson recherche des lieux ordinaires pour avoir des images vraisemblables.
Dans certains cas, il fait usage d’un éclairage supplémentaire et des effets de montage sont utilisés, afin d’améliorer un moment naturel du crépuscule. Dans d’autres, l’effet du crépuscule est entièrement créé artificiellement.
L’ensemble de la mise en scène est confié à des décorateurs, des maquilleurs, des éclairagistes et des stylistes. Des acteurs plus ou moins connus jouent aussi sur des mises en scène comme Julianne Moore dans la première photographie présentée, Femme assise sur le lit.
Ce qui pourrait expliquer pourquoi le spectateur pourrait éventuellement se croire dans une scène de film. Le style de Gregory Crewdson est aussi très cinématographique, surtout dans le genre fantastique-horreur-science-fiction.
Ses oeuvres possèdent une énorme charge mystérieuse et la quantité de détails nous mènent à l’analyse. Il aime d’ailleurs ce mystère qui selon lui, se crée par l’incomplétude d’une photo. Incomplétude se traduisant par l’absence d’un début de ce qui semblerait être une histoire dans la scène qu’il photographie. L’artiste le fait exprès, aussi pour que le spectateur puisse lui-même se créer cette histoire, comme lui le faisait plus jeune avec les récits des patients de son père.
Gregory Crewdson construit un tableau où il y a plus de questions que de réponses et emmène ainsi, le spectateur à la réflexion.

En vingt ans, Grégory Crewdson a réalisé six grandes séries photographiques où il s’inspire notamment d’Edward Hopper pour la peinture ; Jeff Wall pour la photographie et la tradition documentaire américaine ; Stephen King pour la littérature ; Steven Spielberg, David Lynch, Wes Anderson et les films d’épouvante et de science-fiction pour le cinéma.

Au total, Crewdson ne ménage ni sa peine ni les effets : « La collusion entre mes échecs et la compulsion de faire quelque chose de parfait crée une anxiété qui m’intéresse ».

Quelques œuvres

  • Early Work (1986-1988) dans cette série, il travaille l’ennui dans les familles américaines. Un jeune joueur de baseball cherche sa balle perdue dans des bosquets alentours. Le jeu lui-même transpire l’ennui et la vacuité. Ici, le rêve américain d’autonomie et de liberté tourne au cauchemar.
  • Natural Wonder (1992-1997) ici le photographe zoome sur les micro-événements monstrueux de la petite vie animale de nos jardins privés : charognes rongées par les vers, cadavre d’homme en décomposition, etc. Dans cette série il s’agit bien, là encore, de montrer l’envers du décor, l’autre côté d’une vie quotidienne sans problème et sans histoire.
  • Hover (1996-1997) met en scène une batterie d’événements qui viennent s’insérer dans une quotidienneté banale. Les photos prises de haut, montrent des vies de quartiers temporairement bouleversées par un incendie, les ravages d’un ours perdu, une présence policière, etc.
  • Twilight (1998-2002) est une série où l’artiste a voulu retranscrire une atmosphère angoissante et étrange qui rappelle les films de Spielberg comme E.T, Rencontre du troisième type et de Lynch avec Blue Velvet, Twin Peaks, Lost Highway, Mulholland Drive.
  • Dream House (2002) et Beneath the Roses (2003-2005) prolongent le travail de Twilight. Des scènes de la vie quotidienne sont bouleversés et basculent vers le fantastique et l’onirique, à l’occasion d’apparition d’élément surréel. Chaque œuvre reproduit d’une façon unique cette atmosphère étrange, sur fond de fausse quiétude de la vie de famille américaine moyenne.