Gustav Metzger est né en 1926 à Nuremberg, en Allemagne et mort le 1er mars 2017, artiste et activiste politique allemand qui a développé le concept d’auto-destruction de l’art et de Grève de l’art.
Né dans une famille juive d’origine polonaise, puis exilé en Angleterre en 1939, sauvé par miracle des camps de la mort mais pas sa famille, Gustav Metzger placera au cœur de son art l « expérience limite » mise en œuvre et vécue en Europe au cours de la seconde Guerre Mondiale, caractéristique de la capacité de l’homme à s’auto-détruire.
Depuis 1943 il est considéré comme apatride. Élève et associé de David Bomberg il agit en tant que témoin de son temps en adoptant dans son art la destruction et la violence pour créer selon ses termes une esthétique du dégoût. Inexplicablement lié à ses convictions politiques.
A la fin des années 50 il participe au mouvement pour le désarmement nucléaire et figure parmi les membres fondateurs du comité des 100, il élabore la théorie et la pratique d’un art auto-destructeur susceptible d’incarner simultanément les forces de création et de destruction. Critiquant violemment le système capitaliste gouverné par les lois du marché il organise à Londres le Colloque sur la destruction en art 1966 : événement qui exercera une influence majeure.
Une de ses actions les plus représentatives fut ainsi la grève de l’art, qu’il mena de 1977 à 1980 en cessant de produire des pièces, pour résister à la marchandisation croissante des œuvres. Il confie dans les Inrock : «le principe était d’appeler les artistes à être très actifs dans la compréhension de la marche du monde, et plus spécifiquement du monde de l’art. Gustav Metzger en a profité pour devenir historien de l’art, un spécialiste de Vermeer, convaincu que ces études feraient de lui un meilleur peintre.
Il dit utiliser toute sa vie, y compris son art, pour changer le monde, changer la société.
A Rochechouart, un film montre l’artiste, masque à gaz sur la tête, peindre une toile de nylon blanc à petits coups d’acide : le support se délite, se déchire et il n’en reste bientôt plus rien. Dans une autre salle, quatre arbres sont plantés à l’envers, racines à nu et en l’air, dans une dalle de béton. Ailleurs, une pauvre plante dans un caisson de Plexiglas se meurt, asphyxiée par les gaz d’échappement d’une voiture. No future?
Quand Pete Townshend des Who fracasse sa guitare en plein concert, c’est sur l’arrière- plan d’une projection lumineuse de Metzger, faite de cristaux liquides et de filtres colorés. Cette œuvre, reprise dans l’expo, est le pendant optimiste d’un travail qui n’en finit pas de se dévorer. Des images mises en scène nous tirent de manière abrupte.
En fait, devant certaines, on ne voit rien. L’une, notamment, est scellée entre deux plaques d’acier. Seul l’intitulé en révèle le contenu : Hitler passe en revue les jeunes nazis. Toute la série des Historic Photographs vise ainsi à redonner un impact presque terrifiant, une épaisseur brute à des images vues et revues, diluées dans le déferlement médiatique. Les piles de journaux entassées à côté redonnent aussi du poids, de manière littérale, à l’information : Metzger les archive tous chez lui, comme une énorme masse qu’il faut saisir à bras le corps.
Son attitude critique face au monde (de l’art) a pris plus récemment la forme d’une campagne incitant le milieu de l’art, pris lui aussi dans une économie destructrice et dispendieuse, à moins prendre l’avion : Reduce Art Flights.
Bibliographie : Performance, l’art en action de Roselee Goldberg
Article des inrock sur une rétrospective de Gutsav Metzerg
Information sur des expositions de l’auteur.
https://www.tate.org.uk/art/art-terms/a/auto-destructive-art