L’homme dans les draps

Critique Arte video night 2009

L’homme dans les draps 4 , de Alain Fleischer (2003)

Cette vidéo en noire et blanc constituée d’un stop motion animant en plan fixe un drap blanc. Ce drap se contorsionne en agissant sur sa propre ombre qui évolue progressivement vers son état final qui est une tête humaine de profil.

Dans l’émission arte video night 2009, l’auteur déclare ceci : « Les images de la vidéo sont éminement plastiques. Dans cette mesure elles nous donnent à voir que les formes peuvent rêver, elles nous montrent le rêve des formes, et nous révèlent aussi à quoi nous font rêver les formes. »
Cette citation apporte un éclairage particulier à cette vidéo. Tout d’abord elle confirme l’importance plastique apporté par le vidéaste. En effet, toute la vidéo repose sur un jeu de clair/obscur. Les formes, toutes blanches, ne sont visibles que par les pliures et les ombres. Et la chute elle même repose sur ce jeu, la tête est formé par l’ombre. Mais également dans le mouvement opéré par le drap, qui semble se rétracter sur lui même. Le mouvement évoque une certaine sensualité, tout en donnant au spectateur l’impression d’observer l’accélération du mouvement des pétales d’une fleur se refermant avant la nuit. Ensuite, la notion de rêve des formes, et des rêves que nous suscitent les formes. De fait, un drap est une matière inanimé seule. Lorsque cette matière s’anime, c’est en échos au mouvement vivant qu’elle recouvre. Ainsi, voir le drap se tordre, bien qu’il ne recouvre absolument rien, renvoi dans notre esprit à l’être vivant, et par conséquent à ses activités dans les draps : le repos, les rêves et la luxure.
La fin de cette vidéo, qui devient une chute lorsque le visionneur réalise la forme prise par l’ombre, semble montrer que les draps sont imprimés de souvenirs, de vie ; leur propre vie, ou bien celle de ceux qui habitent ces draps la nuit. La symbolique de cette vidéo et la pensée du vidéaste prennent forme en même temps que les draps se transforme, et que naît le visage par l’ombre.