Malevitch

Kazimir Severinovitch Malevitch né à Kiev, en Ukraine le 23 février 1879 de parents d’origine polonaise et décédé le 15 mai 1935 à Leningrad, est un des premiers artistes abstraits du XXe siècle. Peintre, dessinateur, sculpteur et théoricien, Malevitch fut le créateur du courant artistique le Suprématisme

Malevitch précurseur de l’art technologique et du Technoromantisme.

Malevitch est l’un des premiers artistes qui s’est intéressé à l’esthétique de la machine et des techniques, à la vitesse, à la disparition du lointain. (Stéphan Barron,  Technoromantisme, L’Harmattan, 2003) Son système de référence est la terre, ses recherches portent sur le système planétaire et l’infini.Le blanc est pour lui, plus que le bleu (que Yves Klein choisira), l’image de l’infini.
« Une toile suprématiste est une représentation de l’espace blanc – et non pas bleu. La raison en est simple : le bleu ne nous donne pas une bonne représentation de l’infini. C’est comme si les vagues de la perception rencontraient un dôme et ne pouvaient pénétrer dans l’infini. Le blanc suprématiste infini permet aux vagues de la perception d’avancer sans rencontrer de frontière ».

Malevitch s’intéresse ainsi à la disparition de l’objet, d’une autre façon que Duchamp. Si Duchamp montre que l’objet d’art est secondaire, que l’attitude de l’artiste prime sur l’objet, Malevitch s’intéresse au phénomène de la perception. Duchamp crée des machines symboliques comme Le Grand Verre

Malevitch porte sa réflexion sur la modification de l’espace et du temps provoqué par les nouvelles techniques, et sur l’idée de quatrième dimension.

« Le suprématisme contient l’idée d’une nouvelle machine sans roue, sans énergie venant de la vapeur ou de l’essence » .

Malevitch en s’intéressant à la perception, à l’immatériel, à des machines symboliques dessine ce que seront les problématiques des artistes planétaires et technoromantiques.

Malevitch un précurseur

 

Carré noir sur fond Blanc

Alors que le carré noir a fait table rase du passé et de la mimesis, Malevitch franchit une autre étape dans sa quête de l’absolu avec Le carré blanc sur fond blanc et déclare même vouloir abandonner la peinture qu’il juge périmée. Il va lutter contre un académisme qu’il dénonce mortifère. C’est le divorce avec l’art des siècles passés. Malevitch s’intéresse à l’immatériel, à une nouvelle vision du monde avec à une dimension spirituelle, une démarche qui ne nous est pas étrangère, car proche de celles d’artistes qui nous sont contemporains tel que James Turrell.

James Turrell, The Wolfsburg Project

Cet art voulu pur, pour un homme universel, marquait le début d’une nouvelle culture. Par ailleurs les artistes de l’abstraction se sont particulièrement intéressés aux autres arts, à la musique en particulier et aux sons, une dimension largement investie dans l’art technologique.

Biographie

Après une formation de dessinateur technique à Moscou en 1902, Malevitch développa en autodidacte son œuvre plastique qu’il déclina au cours de sa vie dans une dizaine de styles différents : Réalisme, Impressionnisme, Symbolisme, Cezannisme, Fauvisme, Néoprimitivisme, Cubofuturisme, Cubisme alogique, Suprématisme, Supranaturalisme.

En 1913 il peignit le célèbre Carré noir sur fond blanc qui ne fut exposé que deux ans après.
Avec la Révolution de 1917, Malavitch accepta des fonctions d’enseignant et lutta pour la démocratisation.

En 1918 Carré blanc sur fond blanc est considéré comme le premier monochrome de la peinture contemporaine.

En 1927, Malevitch part en voyage en Allemagne, il y laisse 70 tableaux et un manuscrit Le Suprématisme ou le Monde sans objet, publié par le Bauhaus. Une partie de ses tableaux se trouve au Stedelijk Museum d’Amsterdam et une autre au MoMA de New York.

En 1929, il fut traité par le pouvoir soviétique de subjectiviste et de rêveur philosophique. Au cours des années 1930, Kazimir Malevitch est attaqué par la presse, perd ses fonctions officielles – il fut même emprisonné et torturé. Même si les autorités lui décernèrent des funérailles officielles en 1935, la condamnation de son œuvre et du courant suprématiste s’accompagna d’un oubli de plusieurs décennies.

La reconnaissance de cet artiste intervient à partir des années 1970,où il est consacré comme l’un des maîtres de l’art abstrait.

Son œuvre

Ses premiers tableaux figuratifs, inspirés de la vie paysanne, marqués par l’expressionnisme, le fauvisme, et le protocubisme, sont des hymnes à l’homme et à l’humanité. Il expose plusieurs fois à l’Association des artistes de Moscou et se montre très sensible aux icônes. « Tout le peuple russe m’apparaissait en elles dans toute son émotion créatrice ».

Son âme russe ressort dans les paysages et les scènes de la vie quotidienne avec une dominante du rouge et du vert, couleurs des dites icônes.

De 1907 à 1935, il participe à 35 expositions d’avant-garde en Russie et à l’étranger, dont la célèbre 0,10 en 1915. Il est, avec Kandinsky et Mondrian, l’un des fondateurs et des théoriciens de l’art non figuratif. Il côtoie Chagall, Matiouchine, El Lissitzky, Rodtchenko.

Dans les années 1912-1913, il produit des toiles cubistes et futuristes. Puis il fonde en 1920 l’ounovis (ou-nov-is=affirmation du nouveau art).

Parallèlement à son œuvre plastique, Malevitch écrit des textes théoriques sur l’art. Une vingtaine d’entre eux parurent entre 1915 et 1930, mais de nombreux manuscrits restent non publiés.

Le Suprématisme est un engagement à repousser les murs et les définitions.

En 1913, Malévitch peignit les trois éléments fondateurs du suprématisme : le Carré noir, la Croix noire et le Cercle noir.
Maniant des formes simples à caractère géométrique et unicolores disposées sur la toile ou érigées dans le réel nommées architectones , le suprématisme montre le caractère infini de l’espace, la relation d’attraction et de rejet des formes.
En décembre 1918, au Xe Salon d’État de Moscou, Malevitch expose son Carré blanc sur fond blanc. L’artiste écrit dans le catalogue du Salon :  »À présent, le chemin de l’homme se trouve à travers l’espace…J’ai percé l’abat-jour bleu des limites de la couleur, j’ai pénétré dans le blanc ; à côté de moi, camarades pilotes, naviguez dans cet espace sans fin. La blanche mer libre s’étend devant vous. « 

Il y a trois catégories de couleurs chez les suprématistes. Premièrement, le fond est blanc, afin de représenter l’espace infini. Le noir est réservé à la figure emblématique du carré et les couleurs primaires pour le reste. Malevitch représente dans ses œuvres un univers infini en blanc dans lequel flottent, montent ou chutent des formes géométriques. Malevitch remet la responsabilité au spectateur pour la compréhension de ses compositions.

Pour Malevitch, l’art est un processus amenant le rapport de l’artiste au monde à se concrétiser en œuvre grâce à un module formateur étranger au support, « l’élément additionnel », qui structure la masse picturale ou les matériaux.

Œuvres

 »Toit rouge » (1906), où on reconnaît l’influence de Monet.

 »Autoportrait »(1908-1910).

 »Composition suprématiste »(1910) – MoMA.

 »La Rentrée des moissons » (1911) – Stedelijk Museum, Amsterdam.

 »Frotteurs de parquet » (1911) – (gouache sur papier inspiré de la toile de Caillebotte).

 »Sur le boulevard »(1911) – (gouache sur papier).

 »Le Matin à la campagne après l’orage » (1912) – Musée Solomon R. Guggenheim, New York.

 »Récolte de seigle »(1912) – composition cubo-futuriste.

 »Le faucheur » (1912) – Musée National des Beaux-Arts, Nijni-Novgorod.

 »La Victoire sur le soleil » (1913), série de dessins pour le spectacle éponyme.

 »Carré noir sur fond blanc » (1913 )ce carré entouré de blanc symbolise le monde sans objet.

 »Le Fossoyeur » (1913), aquarelle où apparaît le premier carré noir.

 »L’Aviateur »

 »La Vache et le Violon »

 »Un Anglais à Moscou » (1914)

 »Autoportrait à deux dimensions » (1915)

 »Carré blanc sur fond blanc réédition de la toile de 1915 » (1918).

 »Les Architectones » (1923), sont des constructions blanches constituées d’éléments collés à base cubique.

 »Paysanne au visage noir » (1930), en forme de cercueil.

 »Deux Figures d’Hommes » (entre 1928 et 1932).

 »Déportées » (1930-1931), coupées en deux.

 »La Charge de la cavalerie rouge » (vers 1932)

 »Maison rouge » (1932), une prison aux murs aveugles pour montrer la souffrance russe.

 »Pressentiment complexe ou Buste avec une chemise jaune » (1932)

Malevitch crée les oeuvres graphiques suivantes :

Avion, 1914,

Avion en vol, 1915,

Suprématisme Aérien, 1917-1918,

Masses de couleur dans la quatrième dimension

 

Écrits du peintre

 »Écrits », présentés par Andréi Nakov, traduits du russe par Andrée Robel, illustrations, Paris, éditions Champ Libre, 1975

 »La Paresse comme vérité effective de l’homme », trad. Régis Gayraud, Allia, 1995, nombreuses rééditions.

 »Écrits sur l’art », tome 1 : De Cézanne au suprématisme, L’Âge d’Homme, 1993

 »Écrits sur l’art », tome 2 : Le Miroir suprématiste, L’Âge d’Homme, 1993

 »Écrits sur l’art », tome 3 : Arts de la représentation, L’Âge d’Homme, 1993

 »Écrits sur l’art », tome 4 : La Lumière et la Couleur, textes inédits de 1918 à 1928, L’Âge d’Homme, 1993

Monographies

 »Kazimir Malévitch et le Suprématisme » : 1878-1935, Gilles Néret, Taschen

 »Kasimir Severinovitch Malevitch : J’ai découvert un monde nouveau », Frédéric Valabrègue, Images en manoeuvre, 1999

 »Malévitch », Jeannot Simmen et Jolja Kohlhoff (trad. Catherine Makarius), Könemann, Cologne, 2000

 »Malévitch : Aux avant-gardes de l’art moderne », Andréi Nakov, collection Découvertes Gallimard, 2003

 »Shishanov V.A.Vitebsk museum of the modern art history of creation and collection. 1918-1941 ». – Minsk: Medisont, 2007

 »Kazimir Malevitch le peintre absolu », Andréi Nakov, Thalia Édition, Paris, 2007. – 4 vol., 1 596 p., 1 642 illustrations

 

Sources

http://fr.wikipedia.org/wiki/Kasimir_Malevitch

http://collection.centrepompidou.fr/

Livres

Technoromantisme de Stéphan Barron http://www.technoromanticism.com/livre_technoromantisme/

 »Qu’est ce que l’art moderne »’ Denys RIOUT folio essais

 »Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier » KANDINSKY folio essais