Neil Harbisson est un compositeur, artiste visuel et fotographe atteint d’une pathologie rare appelée l’Achomatopsie. Né le 27 juin 1982 à Belfast en Irlande du Nord d’un père Irlandais et d’une mère catalanne, il grandit à Mataro en Catalogne où il étudia la musique et l’art dès son plus jeune âge. Il commença à composer ses premiers morceaux au piano à l’âge de 11 ans et entra à L’institut Alexandre Satorras à 16 ans.

Là-bas, il créa ses premières œuvres visuelles avec l’autorisation de n’utiliser pour seules couleurs le noir, le blanc et le gris. Puis, en 2001, il partit pour Dublin dans le but de finir ses études de piano à la Walton New School of Music avant de déménager en Angleterre pour étudier la composition au Dartington College of Arts un an plus tard.

Une année après, sa Cyborg Life débuta avec sa rencontre avec Adam Montandon lors d’une conférence donnée sur la cybernétique au Dartington College of Arts. A la suite de cette rencontre, ils décidèrent de commencer le projet de l’eyeborg ensemble dont le but est de capter les couleurs directement face à la personne, et les convertit en temps réel en ondes sonores. Ce projet remporte l’Europrix Award in Content Tools and Interface Design à Vienne en 2004. Ainsi, il développe la Pure Sonochromatic Scale avec laquelle son Eyeborg fonctionne , étant une échelle logarithmique (système de graduation sur une demi-droite particulièrement adapté pour rendre compte des ordres de grandeur dans les applications. De plus elle permet de rendre accessible une large gamme de valeurs de même signe) et microtonale (intervalle musical plus petit qu’un demi-ton. Une note microtonale ne figure pas sur le clavier d’un piano classique dont l’accord est dit de tempérament égal) avec 360 notes dans un seul octave. Puis, il développe également la Sonochromatic Musoc Scale, étant une échelle non logarithmique basée sur la transposition de fréquence de la lumière en fréquences sonores. Cette échelle ne peut pas franchir les limites de la perception humaine. Neil a appris cette échelle pour dissocier les couleurs.

Suite à cela, Neil décide de porter l’Eyebord, qu’il considère à présent comme un prolongement de son corps, de façon permanente et devient officiellement le premier Cyborg au monde. Harbisson utilise d’ailleurs les termes sonochromatisme ou sonochromatopsia pour définir sa nouvelle condition. Il explique que l’achromatopsie ne peut plus définir son état parce la personne achromatopsique ne peut ni percevoir ni distinguer les couleurs. Il explique également que la synesthésie ne définit pas avec précision son état parce que la relation entre la couleur et le son varie en fonction de chaque personne, alors que la sonochromatopsia est un sens supplémentaire qui se rapporte à une couleur de manière objective et égale pour tout le monde.


Puis, en 2007, lors d’un voyage à travers l’Europe, il rencontre Peter Kese, un déverloppeur de logiciels, à Ljubljana, qui lui propose d’améliorer l’Eyeborg en permettant à Neil de percevoir jusqu’à 360 teintes à travers des mico-sons et des variations de volumes. Deux ans plus tard, Matias Lizana, un étudian espagnol de l’Université polytechnique de Catalogne fait de l’Eyeborg son projet de fin d’études, et le développe sous forme de puce permettant à l’artiste d’entendre toutes les couleurs, y compris celles allant au-delà de la perception humaine comme les ultraviolets et les infrarouges.

Video de présentation de Neil Harbisson et son Eyeborg

A partir de l’installation de l’Eyeborg, Neil Harbisson a entrepris divers projets artistiques concernant les couleurs, l’art et la musique :

En 2004 il réalise sa première performance de la couleur au son avec la chanteuse et violoniste islandaise Maria Huld Markan Sigfùsdóttir au Centre Ariel à Totnes en Angleterre. La même année, il crée ses Colour Scores, soit des peintures de morceaux musicaux.

En 2005 il commence à créer ses premiers Sound Portraits. Ce sont des portraits qu’il crée en écoutant les couleurs du visage. Chaque visage crée différents accords sonores en fonction de ses couleurs. Pour réaliser ces portraits, l’artiste se tient en face des personnes et pointe son antenne sur les différentes parties du visage.

En 2007 lors de son voyage autour de l’Europe en auto-stop, il trouve les principales couleurs des capitales du continent en les scannant jusqu’à ce qu’il soit capable de représenter une ville avec deux principales teintes (en fonction des deux principales notes entendues) et crée City Colours. Le but de cette oeuvre étant de montrer que contrairement aux apparences, les villes ne sont pas grises mais bien colorées.

En 2008 lors de sa collaboration avec le musicien Pau Riba, il réalise le projet Avigram à Sala Luz de Gaz à Barcelone. Le projet consiste en une structure de 12 séquences, avec une séquence pour chaque demi-ton à l’octave qu’il installe sur le toit d’une ferme. Le temps crée alors une mélodie dépendant des cordes où les oiseaux se sont posés. De plus il réalise son Piano Concerto n°1, performance durant laquelle il peint un grand piano en utilisant son oeil artificiel pour capter les différentes fréquences des couleurs. Puis plus tard, il réalise le Pianoborg Concerto lors duquel l’artiste utilise son oeil artificiel pour capter les fréquences des couleurs qu’il avait peintes au préalable sur le grand piano.

Grâce à une installation informatique, le piano joue la note captée par l’eyeborg.
Couleur → fréquence captée par l’eyeborg → ordinateur → production d’une note par le piano.

« The piano is playing the pianist, which is what I wanted to achieve ».

Neil Harbisson à propos de Pianoborg Concerto

En 2010, il crée la Cyborg Foundation. C’est une organisation à but non lucratif dans le but d’aider les personnes à devenir Cyborg,défendre les droits des cyborgs, et promouvoir l’utilisation de la cybernétique dans les arts.

En 2012, il participe au congrès de la communauté TED MED, dédié aux processus innovants et catalyseurs concernant la santé et la médecine. Il y réalise plusieurs conférences dont celle-ci, ainsi qu’un Coulour Concert.

En 2014, il crée ses Sonochromatic Records à partir de vieux vinyles trouvés à New York. La note dominante de chaque morceau a été physiquement transposée en une fréquence de couleur correspondante.

« I can now hear the records by looking at them. Visitors can listen to them by using the Eyeborg App »

Neil Harbisson

Sources