Olafur Eliasson est un personnage emblématique de l’art et de la culture Danoise. Il est né en 1967 à Copenhague, ville où il fit ses études à l’Académie Royale des Beaux Arts du Danemark jusqu’en 1995, date à laquelle il obtient son diplôme.

En 1993, il s’établit à Berlin, ou il installe son atelier. Olafur Eliasson qualifie son atelier de studio-laboratoire où le questionnement, la recherche et l’expérimentation constituent la base essentielle de sa démarche artistique. Eliasson y développe et produit des travaux artistiques, de grandes installations et photographies au caractère fortement expérimental. Il forme alors un groupe de personnes n’aillant jamais cessé de progressé; il est aujourd’hui composé d’une équipe d’architectes, d’historiens de l’Art et d’experts des matériaux et de la lumière.

C’est aussi en 1993 que ce dernier créa l’une de ses premières œuvres appelée Beauty.

Cette oeuvre consiste en un tuyau d’arrosage crevé par des trous duquel s’écoule de l’eau, l’objet étant éclairé de manière à ce que sous certains angles, le spectateur aperçoive un arc-en-ciel. Cette oeuvre est basée sur la technologie de la diffraction de la lumière. Olafur Eliasson met en relation la nature, la technologie et les éléments pour créer une sculpture naturelle.

Depuis les année 90 Eliasson poursuit une démarche atypique : inspiré vraisemblablement par le courant du Land art, il réalise des installations ayant la particularité de mettre en évidence des phénomènes naturels au cœur d’un environnement urbain ; bâtiments ou villes.

Dix ans après, en 2003, Olafur Eliasson représenta le Danemark lors de la 50ème Biennale de Venise et il exposa, la même année, The weather project dans le Turbine Hall du Tate Modern à Londres. Puis il proposa des expositions uniques, entre autre au Hara Museum of Contemporary Art de Tokyo, au Musée Boijmans van Beuningen à Rotterdam ou encore au Musée d’art de Wolfsburg. Take your time : Olafur Eliasson, une large rétrospective de son oeuvre, a été organisée par le Museum of Modern Art de San Francisco avant d’être présentée, en avril 2008, au Museum of Modern Art de New York et au P.S.1 Contemporary Art Center. En mai 2009, l’exposition prendra une autre forme au Museum of Contemporary Art de Chicago.

Olafur Eliasson s’est engagé dans une série de projets de l’espace public avec notamment Green river (1998) qu’il a transporté dans différentes villes jusqu’en 2001. Aux côtés de l’architecte norvégien Kjetil Thorsen, il a conçu la Serpentine Gallery (2007), un pavillon temporaire installé dans les Kensington Gardens de Londres.

Le pavillon de la Serpentine Gallery à Londres, 2007
Photo prise par Jim Osley

The New York City Waterfalls, commissionnées par le Public Art Fund, ont été construites de juillet à octobre 2008 sur les rives de l’Hudson, entre Brooklyn et Manhattan.

Après avoir reçus le prix Miro de 2007, il continue de mettre en scène des actions métrologiques, géologiques ou physiques. Sa visibilité sur la scène internationale de l’art contemporain se cristallise par de nombreuses expositions.

En tant que professeur à l’Université des Arts, il ouvre en avril 2009 l’Institut des expériences sur l’espace à Berlin. Ce dernier est un projet de recherche qui expérimente des bases intermédiaires dans le contexte de la formation de l’art.

En 2013, le « Kaiserring », prix artistique international qui a été créé en 1975 par la ville de Goslar et est remis par cette dernière à des artistes visuels contemporains (Matthew Barney en 2007, Andreas Gursky en 2008 et Bridget Riley en 2009), a été remis à Olafur Eliasson pour ses recherches artistiques. « l’artiste danois se place selon le jury dans la lignée de Léonard de Vinci. » d’après un article du Journal des Arts.

Nature et technologie

L’œuvre d’Olafur Eliasson semble balancer de façon subtile entre la technologie et la nature: il présente une nature artificielle recréée par la technique. Bien que l’illusion soit parfaite, l’artiste l’assume et ne cherche pas à la camoufler.

Par la création de micro-climat il met en scène des événements climatiques, naturels et météorologiques.

The Weather Project (2003) réalisé dans le Turbine Hall de la Modern Tate de Londres reste à ce jour le projet le plus emblématique des recherches d’Olafur Eliasson. Un écran semi-circulaire de 14 mètres de diamètre est suspendu sous un faux plafond en miroir. Derrière cet écran, 200 ampoules monofréquence illuminent le hall plongé dans l’obscurité comme un soleil prisonnier. Le plafond réfléchissant l’écran restitue la forme circulaire de l’astre et des buses sur les bas-côtés diffusent un brouillard artificiel ajoutant à l’ambiguïté de ce microclimat lui-même contrôlé et catalysé par des pressions atmosphériques et des courants froids.

L’installation devant offrir l’expérience de proximité avec le soleil, The Weather Project tient aussi du décor dans la mesure où rien n’est fait pour tromper le visiteur. Toute la technique est visible, des ampoules aux buses. Et s’il y a expérience du soleil, celle-ci se situe davantage sur un axe symbolique et d’ordre critique.« Il faut perdre ses repères pour découvrir, avoir une expérience, comme lorsqu’on regarde un train traverser la montagne. Sentir avant de penser. Garder ses sens en éveil et son esprit critique »

En 2001, Eliasson expose notamment au Kunsthaus Bregenz

The Mediated Motion, installation sur quatre niveaux où culture de champignons sur bûches de bois, brouillard et étang reconstitué intra-muros se succèdent dans un parcours de pontons ou de ponts suspendus. Cette oeuvre fait preuve d’une étude des couleurs, Olafur Eliasson montre les différentes gammes de verts que l’on peut trouver dans cette nature retravaillée.

En 2006 il réalise Your Waste of Time, qui est une installation dans laquelle plusieurs blocs de glace issus du glacier islandais de Vatnajökull d’un poids total de six tonnes sont exposés à la Neugerriemschneider de Berlin. Le spectateur dans toute ses réalisations étonnante et souvent spectaculaire, subit une expérience sensible de l’ordre du choc de l’artifice, en recréant des univers naturels il pousse le visiteur à regarder la nature d’une autre façon ou à la regarder une bonne fois pour toute. Ici l’idée de nature nous renvoie à la nature elle même.

« Exposer « la nature » dans un musée, ou tout au moins ce qui pour nous relève de la nature, c’est interroger nos filtres culturels et par là interroger les limites de nos perceptions vis-à-vis d’elle. »

Marco Costantini, Historien de l’art.

En Novembre 2015, Eliasson fait une apparition très remarquée lors de l’organisation de la COP21 à Paris (conférence sur le climat). En effet, l’artiste a voulu s’exprimer sur ce sujet et sur la nécessité d’agir rapidement pour trouver une solution au réchauffement de la planète. Il décide donc de créer une oeuvre qui se prénommera Ice Watch.

Il s’est alors lancé le défi de ramener de la mer du Groenland 12 blocs de glace qu’il va exposer en rond de manière à créer une horloge géante.
Pour Eliasson, bien au delà de représenter la nécessité d’agir rapidement, c’est aussi une manière de reconsidérer l’espèce humaine, puisque rappelons-le, « le genre Homosapiens est apparut dans la Savane Africaine avec le début des périodes glaciaires, on peut donc dire que l’humanité doit son existence à la glace et à ses mouvements ». (O.E)

De plus, nous pouvons noter que le volume total de ces 12 blocs de glace est de 100 tonnes, ce qui équivaut au volume de glace qui fond chaque centième d seconde dans le monde.

Nature artificielle

Dans toute les réalisations d’Eliasson la notion d’artifice est prépondérante, la nature y est représentée, tout y est fabriqué et recréé. Eliasson nous donne à voir une nature technologique qui tend à en recréer toutes ces manifestations, c’est à dire tous les signes qui nous prouves l’existence de cette dernière. En nous montrant des phénomènes naturels; météorologique et climatique, il nous délivre l’essence de la nature, ce qui participe a son fonctionnement.

The Light Setup, 2005 en est une parfaite illustration. Cette installation pour le Konstahll de Malmö en Suède se constitue d’un ensemble de quatre écrans de projection de grande dimension dont deux rétro-éclairés par des tubes fluorescents, et deux laissant filtrer la lumière naturelle du jour. Deux écrans sont installés face à face, l’un éclairé par les tubes fluorescents, l’autre par la lumière naturelle et les deux autres écrans sont accrochés de manière identique au plafond. Un thermostat modifiait en permanence l’intensité et la brillance de tubes et incite le spectateur à différencier la lumière artificielle de la lumière naturelle se diffusant à l’intérieur du centre d’art.

Une des toutes dernières expositions de Olafur Eliasson s’appelle Riverbed. Cette exposition au __musée de la Louisiane de l’art moderne__ au Danemark retrace la vie paisible d’un cour d’eau. A une exception prés, cette rivière est à l’intérieur du bâtiment…
Entremêlant la terre, les pierres, Eliasson recrée d’une façon extraordinaire la naissance d’un cour d’eau. Il s’agit d’une exposition et le public est donc invité à la visiter. Ce public a alors la possibilité de crée une interaction directe avec l’oeuvre d’art. Le concept évoque la nature au sens le plus large mais met aussi en relation les concepts d’art de d’architecture.

L’importance de la lumière

One way colour tunnel, 2009

La lumière est une récurrence dans l’œuvre d’Olafur Eliasson, ce phénomène naturel est présent dans de nombreuses installations comme dans l’une de ses première ou il avait reconstitué grâce a un tuyau d’arrosage un arc-en-ciel. En 1999, à Utrecht dans les Pays-Bas, Eliasson expérimente un dispositif avec Double Sunset, écran circulaire jaune de 38 mètres de diamètres simulant un second disque solaire et fixé sur la toiture d’un bâtiment industriel. Le soir venu, les projecteurs d’un stade de football voisin éclairent cet écran donnant l’illusion d’un nouveau coucher de soleil qui n’en finirait plus. Simple écran de tôle jaune, Double Sunset fait quasiment office de miroir sur lequel le reflet du soleil serait resté fixé. Cette installation est intéressante car elle invoque la notion de la lumière , mais aussi celle de la dualité, dont le miroir serait l’essence. En 1997, à la Marc Foxx Gallery de Los Angeles, il découpe une simple ouverture dans le plafond afin de laisser entrer la lumière du jour. Au fil de la journée, le rayon lumineux trace sa trajectoire sur les parois de la galerie et le visiteur se retrouve invité à admirer une manifestation visible du mouvement de la terre et du soleil. Il ramène ici l’image du monde extérieur dans le monde intérieur comme le principe de la camera obscura.


 »Toutes les installations lumineuses d’Eliasson s’adaptent également aux contraintes architecturales, quand elles n’en sont pas les éléments de départ. La perception se trouve dès lors tributaire des questions d’espace et de luminosité régnante et constitue le sujet principal de l’ensemble de son travail: les dispositifs souvent complexes mis en place n’étant que des micro-territoires sur lesquels s’opposeraient la nature et la technologie, l’organique et la machine, l’expérience physique et le raisonnement. L’approche phénoménologique chez Eliasson a donc bel et bien comme objectif premier de nous rendre attentif aux stimulations visuelles comme à notre conditionnement pré-personnel lié à l’exercice du regard, de l’approche de la nature, et de l’art. »

Marco Costantini

Architecture

Le lien entre architecture-installation-nature semblent être d’une grande visibilité dans l’œuvre d’olafur Eliasson. En effet la plupart de ses œuvres sont soit intégrées dans une architecture, elles peuvent être insérées dans un bâtiment, dans un espace in muros ( the weather project), soit l’œuvre est installée dans l’environnement urbain il fait corps avec ce dernier, il s’y inscrit, dans se cas, l’œuvre devient in situ (The New York city Waterfalls (2008)).
Par ailleurs Eliasson questionne l’espace, le spectateur évolue spatialement autour de l’œuvre pour en percevoir ses données intrinsèques; Ces éléments acquièrent par ce jeu de mouvement et de déplacement un statut de sujet qui oblige le spectateur à s’interroger sur les notions essentielles de couleur, de lumière et du lieu.  » »L’architecture devient alors un élément constitutif de l’œuvre d’art, ce dispositif entraine un engagement visuel et physique du spectateur. Les jeux de lumières devant conduire à une illusion spatiale et les installations immergeant littéralement le visiteur dans une couleur. Remagine (2002) fait partie du premier cas de figure. Une douzaine de spots lumineux projettent des formes géométriques sur le mur d’une salle obscure. La
projection des formes est contrôlée par un ordinateur et à chaque superposition de formes, une nouvelle perspective semble se dessiner. L’espace dans lequel le visiteur se trouve donne ainsi l’illusion de ne pas être stable et de se modifier à chaque instant. Là aussi, un
instrument optique est à la base de cette expérience, il s’agit du kaléidoscope qui à chaque tour de main crée de nouvelles formes, une nouvelle profondeur.

Projet Starbrick

« J’ai essayé de développer un module qui, bien qu’il fonctionne comme un objet en lui-même, puisse aussi être assemblé pour former de multiples éléments architecturaux de base tels que des murs autoportants ou intégrés dans une structure globale, des plafonds suspendus, des colonnes de diverses formes, tailles et différents volumes – en théorie, vous pouvez construire une maison lumineuse toute entière avec des Starbricks ! Le principe extensible est un principe généreux qui permet d’acheter un système de lampe pouvant être relié à ce qu’il y a autour de lui. En fonction du contexte, vous pouvez changer et reconstruire le système; dans un petit bureau ou dans une grande salle de concert, le module peut être utilisé comme une unité de construction architecturale mélangeant lumière et volume. En continuant à développer le prototype actuel avec Zumbotel, j’espère pouvoir adapter ce module de lumière à une utilisation quotidienne. Cela pose des questions centrales que partagent l’art contemporain et la société : Comment la lumière définit-elle l’espace? Quelles politiques de lumière nos environnements les plus proches inffluent-ils ?

La Starbrick est une expérience portant sur la modulation de la lumière et de l’espace. Dans mon studio, nous nous sommes tout d’abord intéressés aux défis de l’espace impliqués dans la formation d’une brique géométrique complexe. Ceci nous a amené à développer des modules en forme d’étoile, basés sur un principe superposable qui produit trois types d’espace : la structure solide du module lui-même, l’espace négatif en son c’ur ayant la forme d’un «cuboctaèdre» et les sphères polyédriques qui apparaissent entre les modules lorsqu’ils sont empilés. Ces dernières années, mon studio a conduit un certain nombre d’expériences basées sur la lumière, en collaboration avec Zumtobel. Pour réaliser cette expérience, nous avons décidé de tester différentes qualités et teintes d’éclairage à LEDs, placées à l’intérieur des modules individuels. Ceci a finalement donné naissance à l’actuelle Starbrick. Les LEDs de la Starbrick sont préparées dans le but d’émettre une lumière blanche et créant parallèlement un cœur kaléidoscopique, jaune et lumineux, ayant la forme du cuboctaèdre. Le corps du module se compose de deux sortes de polycarbonate : un type translucide qui optimise la qualité de la lumière provenant de la LED, et un type opaque et durable qui forme le corps du module, avec une surface noir mat qui contrebalance les volumes de lumière. Quand on empile les Starbricks, les surfaces opaques sont réduites jusqu’au point où la lumière blanche génère les sphères polyédriques entre les briques. Comme les LEDs sont capables de variations, le module dispose de différents réglages permettant d’offrir une lumière à la fois tamisée et fonctionnelle. » nous explique Olafur Eliasson.

Oeuvres, travaux et projets

The New York City Waterfall, 2008

The New York City Waterfall, 2008

Green River, 1998

Autres oeuvres marquantes d’Olafur Eliasson

  • Camera obscura, 1999
  • The mediated motion, 2001
  • Kaleidoscope, 2001
  • Your spiral view, 2002
  • The Weather project, 2003
  • La situazion antispettiva, 2003
  • Votre horizon noir, 2005
  • Eye see you, 2006
  • The New York city Waterfalls, 2008
  • Le parlement de la réalité, 2009
  • The collectivity project, 2011
  • Cold wind sphere, 2012

Liens