Esthétique de la communication

L'esthétique de la communication est une théorie artistique (esthétique), voir une pratique de l'art contemporain, liée au mouvement artistique de l'Art sociologique.
DEFINITION
  • L’esthétique de la communication est une théorie artistique (esthétique), voir une pratique de l’art contemporain, liée au mouvement artistique de l’Art sociologique.
  • L’esthétique de la communication est la suite du mouvement de l’Art Sociologique. Elle est une voie philosophique et sociologique de l’art contemporain créant son propre système de fonctionnement, à l’écart du système des galeries artistiques. Elle est une voie d’expression artistique à part entière, loin des sentiers battus.
ORIGINES

En 1983, à Salerne (Italie) Fred Forest crée en collaboration avec Mario Costa le  »Groupe International de Recherche de l’Esthétique de la Communication ». Cette pratique artistique s’inscrit dans le prolongement du ‘Collectif de l’Art sociologique (1974-1980).
Fred Forest publie le  »Manifeste de l’Esthétique de la Communication » et réalise un travail de thèse sur l’Art sociologique et l’Esthétique de la communication, dont la soutenance, en 1985, se voit transformée en performance vidéo. Dans les semaines qui suivent la création du collectif, les artistes et théoriciens suivants se joignent au groupe : Roy Ascott, Jean-Claude Anglade, Roberto Barbanti, Stéphan Barron, Bure Soh, Marc Denjean, Eric Gidney, Jean-Pierre Giovanelli, Philippe Hélary, Nathan Karczmar, Derrick de Kerckhove, Tom Klikowstein, Jean-Marc Philippe, Michel Saloff-Coste, Wolfgang Ziemer-Chrobatzek.

OBJECTIFS ET THEORIES

L’objectif de l’Esthétique de la communication, et ainsi des performances-actions de Fred Forest, est de montrer en quoi les nouvelles technologies de communication et transmission de données, en somme la société de l’information, modifient notre rapport au réel, à la réalité, au temps et à l’espace, faisant appel à des notions telles que : l’ubiquité, l’immédiateté, le temps réel, les réseaux, l’action à distance. Ce mouvement questionne des problématiques liées à notre perception du temps et de l’espace, à l’art comme modèle de simulation face aux pouvoirs – l’Esthétique de la communication se situe au-delà des systèmes marchand et institutionnel de l’art – à la réalité comme activité symbolique et esthétique, prônant enfin une esthétique de la relation, de l’échange.
Trente ans plus tôt, l’esthétique de la communication anticipe sur ce que sera plus tard l’esthétique relationnelle de Nicolas Bourriaud, qui se limitant à l’aspect de la relation de convivialité aura perdu en cours de route l’approche sociale, critique.

CONCEPTEURS ET ARTISTES

Fred Forest

Né à Mouaskar (Algérie), le 6 juillet 1933, est un artiste français.
Artiste du multimédia et des réseaux, il fut un des pionniers de l’Art vidéo(1967) puis du Net.art (1996) on lui doit aussi la paternité des « expériences de presse  » (Interventions sur les massmédias: Presse écrite, radio, TV, 1972).
Docteur d’État à la Sorbonne, professeur en Sciences de l’information et de la communication, il crée en France dès 1968 les premiers environnements interactifs utilisant l’informatique et la vidéo, mais aussi il a su intégrer dans sa démarche artistique tous les supports de communication : presse écrite, téléphone, fax, radio, télévision, films vidéo, câble, journaux lumineux et électroniques, robotique, réseaux télématiques et bien sûr toutes les possibilités du web. Fred Forest est co-fondateur de deux mouvements artistiques importants : L’art sociologique (1974) et l’Esthétique de la communication (1983) L’ensemble de son ‘uvre, toujours en cours de développement, a rejoint le patrimoine national au titre du dépôt légal en juillet 2005, sous forme de convention signée avec l’INA (Institut National de l’Audiovisuel) Il est le seul artiste français vivant d’art contemporain, à ce jour, à bénéficier d’un tel statut.

L’objectif des performances / actions de Fred Forest sont de montrer en quoi les nouvelles technologies de communication et transmission d’information modifient notre rapport au réel, à la réalité, au temps et à l’espace, faisant appel à des notions telles que : l’ubiquité, l’immédiateté, le temps réel, les réseaux, l’action à distance.Il est le fondateur du webnetmuseum.org.

En décembre 2005, il réalise avec le Bass Museum de Miami dans le cadre d’Art Basel Miami Beach le premier happening planétaire sur Internet. De mai à juillet 2006 le Paço das Artes de Sao Paulo consacre une rétrospective à son ‘uvre. Du 7 octobre au 15 décembre 2006, il organise la Biennale de l’An 3000 une biennale alternative et critique de la 27 ° Biennale officielle de Sao Paulo, implantée dans le MAC (Musée d’Art Contemporain de Sao Paulo). Une Biennale numérique, planétaire, participative et démocratique, qui a pour support l’espace virtuel d’Internet et des milliers d’internautes comme participants.Du 3 février au 17 mars 2007 la Slought Foundation de Philadelphie lui consacre une exposition rétrospective et la New York University, la Penn University et l’Université du Coonecticut, l’invitent à donner une série de conférences sur son nouveau concept d' » ‘uvre-système invisible « . En mai 2008, il présente à la Galerie Christian Depardieu de Nice son projet du Territoire expérimental et laboratoire social sur Second Life. En décembre de la même année, il organise avec le Professeur Mario Costa le colloque international Artmédia X à la BNF et à l’INHA. Lien[http://www.olats.org/projetpart/artmedia/2008/mono_index.php].

En mai 2009, dans le cadre de l’Année de la France au Brésil, il réalise cinq expositions personnelles au MAC, à l’USP et l’Ecole de Communication de l’université de Sao Paulo, à l’université de Porto Alegre et de Brasilia, après avoir lancé à son propre compte, l’Année de la France au Brésil par une conférence de presse à Itau Cultural, à la suite du conflit qui l’oppose à Cultures France. En juin 2008, il réalise deux actions à New-York, au Gerswhin Hôtel et à la White Box, organisées par Ferdinand Corte. La pratique artistique de détournement que Fred Forest mène depuis toujours constitue une réflexion critique sur l’art, la communication, leurs codes, leurs fondements idéologiques, symboliques et esthétiques.

Mario Costa

Son livre, Internet et la globalisation esthétique est un essai sur l’avenir de l’art et de la philosophie à l’époque des réseaux.

Théoricien de l’esthétique de la communication et du sublime technologique, il essaie de démontrer qu’aujourd’hui l’esthétique et la philosophie tout entières doivent tenir compte et se confronter à certains états induits par les technologie : l’existence d’une communication vide, le bouleversement radical de l’art et de l’esthétique, la présence dissimulée mais toujours prépondérante de la technologie dans la configuration de l’ontologie contemporaine.

L’esthétique de la communication n’a absolument rien à communiquer, elle ne communique ni sur le plan des intentions, ni sur celui des sollicitations issues de l’inconscient

  • Mario Costa, L’esthétique de la communication et le temps technologique, in Art Press N°285, décembre 2002

Pierre Restany, un soutien du mouvement.

Il faisait déjà partie du mouvement de l’Art sociologique. on le retrouve avec Fred Forest dans cette esthétique de la communication.

l’Autre Face de l’Art est un essai qu’il publie en 1978. Il retrace l’histoire du Futurisme et du Dadaïsme jusqu’à la problématique conceptuelle. Ce qui importe pour lui c’est la nature expressive de l’objet, son immatérialité dans le temps.
Toujours en 1978, il remonte le principal affluent nord de l’Amazone, à la frontière de la Colombie et du Venezuela. Il rédige alors « Le Manifeste de Rio Negro », en pleine forêt amazonienne. Se retour à la nature, fondamental à ses yeux, est une discipline fondamentale à adopter pour l’exercice de la pensée et de la sensibilité (l’importance des affects de l’artiste). Un manifeste planétaire. L’art doit s’intéresser à sa nature profonde, à ses racines, ce pourquoi il est et il existe. Il doit être une solution pour essayer de mieux voir les choses dans le chaos conceptuel présent, pour tenter d’affronter positivement le monde d’aujourd’hui.

A propos de l’utilité d’une sociologie de l’art : « Tous les moyens sociologiques sont bons (à commencer par l’usage diversif des mass media eux-mêmes) quand il s’agit d’éveiller l’homme à la conscience de sa massification psychosensorielle. Lorsque Hervé Fischer recouvre les panneaux de signalisation dans les rues d’inscriptions telles que » Art ! Qu’avez-vous à déclarer  » ou  » Attention peinture « , il nous rappelle que l’art s’identifie à la notion de frontière culturelle et correspond à un clivage social. Les œuvres qui passent la ligne de démarcation sont des marchandises à valeur déclarée. Lorsque Fred Forest publie dans tel ou tel quotidien un carré blanc (c’est-à-dire un espace vide) en invitant le lecteur à le découper et à le lui retourner dûment rempli (c’est-à-dire à s’en servir pour lui transmettre librement un message), quand ce même Forest offre aux vieillards d’une maison de retraite les moyens de faire un film où ils se racontent eux-mêmes, son but est de stimuler l’urgence expressive latente du public le plus anonyme et de lutter contre la passivité paralysante de la communication ». »

  • Pierre Restany,Une campagne « prophylactique à trois, Catalogue Musée Galliera, mai 1975 (Rédigé à Milan le 14 mai 1975)
Hervé Fischer, n’a pas fait partie de l’Esthétique de la Communication mais l’a soutenue.

Il avait participé activement au collectif d’art sociologique. En effet, il a rédigé Théorie de l’art sociologique en 1977. Il a soutenu tout autant l’esthétique de la communication mais il a créé sa propre version d’une esthétique de la communication, via un concept, celui de la mythanalyse. L’analyse par le mythe, la sociologie. Il y fait d’avantage de lien entre sociologie, culture et psychologie. Il reste dans la lignée de Fred Forest et Mario Costa, tout en proposant une approche légèrement différente, dans une esthétique de la communication.

« La crise de la psychanalyse et l’avènement de la mythanalyse sont des symptômes du passage de la société bourgeoise et individualiste à la société de classe moyenne. La mythanalyse cultive le même champ que la sociologie, mais change de stratégie, d’idéologie et de récit. La mythanalyse travaille sur la surface sociale; elle n’approfondit pas, mais elle cherche les corrélation, les interférences, les ensembles, les associations; elle tricote à l’endroit, à l’envers les mailles sociales, les informations, les idées, les évènements, les émotions, selon le désir et la nécessité. elle ne veut plus rien savoir des règles de démonstration, ni des appareils d’érudition. La mythanalyse est une danseuse. elle zape sur les surface et surfe sur les vagues. Elle est nomade. Elle est polythéiste. Elle n’est pas une science. Elle est un miroir ironique et dansant, qui dénonce les illusions qui s’y mirent. »

*Hervé Fischer, Mythanalyse, théorie fiction 2000, p320 version PDF http://www.hervefischer.net/mytha.php

Derrick De Kerckhove, un soutien et un acteur intellectuel du mouvement.

Derrick de Kerckhove est professeur du département français de l’université de Toronto et directeur du programme MacLuhan « Culture et technologie ».
Derrick De Kerckhove « Nous sommes en train d’inventer une nouvelle éthique ».

Tout comme les artistes de l’esthétique de la communication, il est évident pour lui que l’art est à un tournant des plus décisif. L’art devient un média à part entière par l’utilisation des technologie, il bouleverse l’ordre habituel des choses, chamboule l’idée que nous avons sur ses choses. Il nous ouvre une nouvelle conscience de notre monde, de notre relation avec. Il parle d’homme globalisé, concept désignant cette « mondialisation » que subit un homme en se rendant sur internet. par internet, nous nous immergeons dans l’immensité du monde en réduisant le temps et l’espace qui nous en sépare. les lois sont changées. Notre identité et notre intimité risquent d’en pâtir. La notion de collectif l’emporte. Il faut donc tenter de préserver l’individualité tout en profitant de cette opportunité que nous offre la communication.

*Interview par Pierre Tillinac, publiée dans le journal Sud-Ouest du Mardi 3 octobre 2006, in [http://www.cinum.org/fr/interview-derckhove/7-11-67.html]

Marshall Mc Luhan, un inspirateur

McLuhan a écrit dans les années 1960; ‘le prophète de l’âge électronique’. Sa théorie porte sur la nature qualitative du changement qui se déroule devant nos yeux. Son idée maîtresse est que « la structure d’un système social est fonction de la nature des médias ». Les nouveaux systèmes de communication changent la nature de la communication, des messages. Ce n’est plus tant de l’information qui est véhiculée mais de la technique pure. Ce n’est plus qu’un outils technique. La notion de participation y est très fort et prépondérante.

Pour résumer sa pensée, « Ce n’est pas le contenu qui affecte la société, mais le canal de transmission lui-même ». C’est pourquoi il est un personnage important pour l’esthétique de la communication.

MANIFESTE POUR UNE ESTHETIQUE DE LA COMMUNICATION

*Lien pour lire le manifeste en entier [http://www.webnetmuseum.org/html/fr/expo-retr-fredforest/textes_critiques/textes_divers/4manifeste_esth_com_fr.htm#text]

Je propose ici un résumé par thèmes pour avoir une idée et une approche globale de cette philosophie artistique

Esthétique de la communication et art comme modèle de simulation face au pouvoir

Fred Forest nous y donne sa vision de ce qu’est l’art, l’esthétique et leur fonction. En effet, il y développe l’idée que l’art a une influence directe sur notre perception de la réalité sociale. mais il fait également intervenir la notion de culture :  »la culture ne se satisfait plus d’être uniquement un élément de loisir, elle s’affirme comme une arme de combat ». L’art doit évoluer, il doit être un moyen d’agir et de penser la réalité et non plus une simple représentation. Le rôle de l’art est d’influencer les choses, il a un grand pouvoir sur notre manière de percevoir. Il convient de l’utiliser selon des lois nouvelles, des idées, des concepts novateurs à la hauteur de la réalité sociale dans laquelle nous nous trouvons. Fred Forest tout au long de cette première partie file la métaphore du « jeu » et de la « stratégie ». L’art est comme un jeu entre le spectateur d’une réalité proposée, et la stratégie développée par l’artiste à faire passer cette réalité sensible.

Esthétique de la communication, nouvelles sensibilités et notion de relation

Nous sommes une société de communication. L’essor des nouvelles technologies repousse chaque jour les limites un peu plus loin. C’est par cette idée maîtresse de notre actualité, que Fred Forest aborde cette deuxième partie. Il fait le constat que « l’art doit s’adapter, suivre son temps, la société qu’il représente », c’est à dire les nouveaux instruments de création : les nouvelles technologies de la communication. Il nous parle alors du clivage entre « culture acquise » et « culture qui se crée » : l’artiste doit évoluer, relever de nouveaux défis malgré la peur du changement. Qui dit communication, dit relation. Aussi Fred Forest s’intéresse-t-il a la notion de relation. Notion sociologique qui est pour lui également affaire d’art. Nous sommes tous pris dans un « réseau communicationnel », quel qu’il soit. L’art doit être au fait de ses réseaux de communication. Le problème est de situer les frontières de l’art. Pour Fred Forest, il n’y en a pas. L’art est synonyme d’expression et de représentation libre : « l’art est une attitude, une façon de se positionner vis à vis des choses plus qu’une chose elle-même ». Le nouveau support de l’art doit être l’information, électrique, intangible mais tellement puissante.

Esthétique de la communication et état de l’art dans notre société

Fred Forest commence ce chapitre par cette phrase pleine de sens : « le rôle de l’artiste c’est de donner à sentir ce que les autres, dans le même moment, ne perçoivent pas encore ». En effet, dans le domaine des communications, « traduire la nouvelle réalité du monde » est le rôle de l’artiste. Il doit le faire selon de nouveaux codes, de nouvelles lois. Mais le plastique traditionnel ne peut convenir : il doit être innovant. Bien sûr, de telles révolutions artistiques ne sont pas à l’abri des critiques et des scandales. Mais l’artiste doit se concentrer sur son but : réinventer du langage. L’artiste est un expérimentateur, un chercheur, il doit tester de nouvelles idées, de nouvelles représentations loin des sentiers battus. L’avancée rapide dans le domaine des sciences doit attiser la curiosité de l’artiste.

Mais Fred Forest ne se contente pas de définition. Cette partie comporte des idées bien plus politiques. En effet, il y dénonce l’immobilisme de l’art dû aux pouvoirs marchands qui ont emprise sur les contenus artistiques, ont le monopole de la manipulation de la demande artistique et de sa production.L’artiste de l’esthétique de la communication doit s’en écarter.

« De la physique moderne aux techniques de l’exploration spatiale, en passant par la biologie, la génétique, l’intelligence artificielle, l’informatique, le développement des communications et la pensée écologique », toutes ces découvertes doivent être le lieu de la sensibilité moderne. Le lieu de l’inspiration artistique, loin des « productions conditionnées de l’art ».
Fred Forest se pose la question de pourquoi ne se passe-t-il rien dans l’art quand tout se bouscule autour de nous ‘ Pour lui, l’art tel qu’on le connaît convertit la sensibilité en marchandise. Forest veut s’en éloigner. Vidéo et performance ne sont plus que des vitrines d’objets d’art déjà côtés en bourse. De plus, les formes traditionnelles de l’art sont inadaptées à l’esthétique de la communication. Leur structure matérielle est un obstacle à l’expression.

Tout au long de ses écrits, Fred Forest nous montre à quel point, pour lui, l’art est en retard sur le développement de la pensée humaine.

Esthétique de la communication : participation interactive et systèmes artistiques

Donner de l’importance et faire comprendre cette importance de la participation du spectateur à la production artistique est essentiel. L’artiste doit inventer des structures multimédia d’échanges d’informations. Mais la sensibilité moderne entre la cybernétique et la vie quotidienne lui fait défaut. L’artiste doit y parvenir.

Dans cette partie, Fred Forest donne une citation de Frank Poper qui avait participé avec lui au collectif d’art sociologique.

La mise en forme traditionnelle est abolie. Une tendance se manifeste vers une culture plus globale, où la distinction entre les catégories de la science et la catégorie artistique de la créativité perd son sens. Une nouvelle définition de ces relations triangulaires suscitent nécessairement une nouvelle pensée esthétique… C’est un nouvel art qui est en train de naître, fondé sur les aspirations et les besoins créatifs de l’homme et qui, par conséquent, englobe son environnement : c’est un art qui permet de dépasser le stade de l’art conceptuel comme celui de propagande… Malgré la diversité de ses origines et de ses modes d’apparition, l’art d’environnement présente une unité d’orientation. Il tend implicitement à une dimension plus large, qui serait celle d’un  » espace sociologique  » authentique, une aire privilégiée d’investigation.

*Frank Popper, Art action participation Ed. Klincksieck, Paris, 1980.

Il lui reprend l’idée d’espace sociologique. Mais pour Forest, aujourd’hui cet espace doit être plus abstrait que géographique. L’artiste doit tenir compte avant tout du « champ privilégié de l’interactivité ».
L’environnement artistique n’est plus physique ; il est informationnel.

Architectes et architectures de l’information

« L’artiste de la communication utilise le téléphone, la vidéo, le télex, l’ordinateur, le photocopieur, la radio, la télé ‘ il ne se contente pas de les utiliser un à un, séparément, il les organise en systèmes et en dispositifs ». Car l’artiste doit composer en fonction de nouveaux comportements perceptuels. L’artiste n’est plus le « fabricateur », mais il devient un lien entre lui-même, le spectateur et l’environnement. Ses ‘uvres doivent être des systèmes de communication.

Ici, Fred Forest nous démontre que l’art se doit de suivre d’évolution technique, il doit en être un acteur. Pour se faire, il s’appuie sur :
*une citation de Edward T. Hall, La nouvelle Communication, p. 212, Le Seuil, Paris, Current Anthropology Vol. 9, No 2-3 (1968) 95-108-NdE , 1981.

 » Et quand l’image eut envahi le monde jusqu’à le sursaturer, ceux qui avaient la fonction de produire des images les plus signifiantes et les plus riches n’ont d’autres alternatives que de disparaître ou de déplacer le champ de leur pratique. C’est ce qui explique que les créateurs d’aujourd’hui aient moins besoin de produire de nouvelles images que de savoir qu’en faire, en interrogeant leur pouvoir de communication et de relation. A ce stade du développement culturel, l’oeuvre d’art ne peut que changer de fonction. Désormais, elle doit moins véhiculer une conception ou une idéologie qui lui sont extérieures qu’imposer une interrogation sur son statut, de ses composantes et de son pouvoir relationnel. Quant les médias ont sorti l’image de l’exemplarité des modèles des muses, les artistes ne peuvent plus que faire son procès, la relativiser… La question du relationnel dans l’art va donc se poser autrement… « 

*une citation de J.L. Daval, La relation comme interrogation ,in Relation et relation, page 102, Yellow now, Liège, 1981.

 » Les psychologues transactionnels ont démontré que la perception n’est pas passive, mais apprise et en fait hautement structurée. Elle constitue une véritable transaction à laquelle le monde et celui qui le perçoit participent tous deux. Une peinture ou une gravure doit donc être conforme à la Weltanschauung de la culture à laquelle elle fait adresse et aux structures perceptuelles de l’artiste au moment de la création de l’oeuvre. Les artistes savent bien que la perception est une transaction; et en fait ils considèrent cela comme évident. L’artiste est à la fois un observateur et un communicateur. Sa réussite dépend en partie de sa capacité à analyser et organiser les données perceptuelles en des formes significatives pour son public « 

Esthétique de la communication et phénoménologie de l’imaginaire contemporain

Dans cette courte partie de son manifeste, Fred Forest aborde l’idée qu’il faut fonder la théorie de l’esthétique de la communication : « construire la phénoménologie de l’imaginaire contemporain ».

Il nous parle d’une de ses œuvres exposée au centre Georges Pompidou : « la Bourse de l’imaginaire ‘ la Bourse du fait divers », qui est pour lui l’exemple de cette phénoménologie.

Circulation des messages

Ce que Fred Forest entend par circulation des messages, est que « le message de l’artiste n’est pas seulement subordonné au médium qui le véhicule ; il est également dépendant du système d’échanges ou médium social dans lequel il circule ».

 » Etre en face d’une  » oeuvre d’art  » dans l’organisation du sens produit par les marchands, le musée, le collectionneur, c’est donc essentiellement et surtout, être en face du système d’échange et de sens qui la soutient. Par système de sens, il faut entendre aussi tous les systèmes réflexifs dans lesquels l’existence de chaque élément se trouve justifiée et légitimée uniquement par l’existence des autres éléments du système sans que, d’aucune manière, soit justifiée et légitimée la signification du système dans son ensemble, ni dans ses éléments particuliers. C’est bien pour cela, qu’une fois admise la fonction constituante et dissolvante effectuée par le média et par le système d’art dans son rapport au message artistique, l’artiste détache alors complètement son intérêt des messages, pour le reporter justement sur les techniques et les mécanismes sociaux qui le génèrent. Ce qui veut dire qu’au lieu de s’attarder encore sur les informations et les significations comme a fait, ou a cru faire, la recherche artistique jusqu’à ce jour, l’artiste se trouve maintenant en position de devoir thématiser, investir et représenter une communication sans information et des systèmes de sens sans signification. Le problème abordé ici ne concerne pas seulement la production artistique, mais l’univers entier de la communication ainsi que la totalité des systèmes d’échange. Tout, en effet, peut être sujet à une investigation et à un traitement de caractère esthétique: le lieu de la pertinence d’une recherche esthétique s’élargit considérablement, désormais, et se propage aux médias technologiques comme aux médias sociaux. Le Collectif d’art Sociologique ainsi que certains représentants de l’Art Conceptuel, voire de la Post-Avan-Garde, ont déjà travaillé, d’une certaine manière, sur des données relatives à la communication et aux systèmes « 

*Citation de Mario Costa, conférence à Paris, 1982

Fred Forest, par cette citation, voulait nous montrer que lorsqu’on est en face d’une ‘uvre d’art, le message est finalement déterminé par l’argent en jeu, la galerie qui expose et une sorte de mode artistique. Il faut stopper le système des significations, du sens caché et des représentations. Il faut arrêter de chercher le message artistique pour se concentrer finalement sur le support, le moyen qu’emprunte le message pour nous parvenir. Fred Forest nous propose une sorte d’apologie pour une pratique sociale de l’art.

Pratique artistique de la communication, Esthétique de la communication et production de sens

« Par mes actions et interventions artistiques, par les dispositifs, signes et systèmes de signes que je mets en place, j’ai tenté (et je tente encore) de produire du sens ». »’ Je crois qu’il faut accorder énormément d’attention à ce que Fred Forest fait passer dans cette phrase. J’ai beaucoup aimé la modestie du « tenter ». En effet, peut-on vraiment réussir ‘ la question est-elle vraiment d’y parvenir ‘ N’est-ce pas mieux de toujours essayer de se dépasser ‘ Les messages, une fois libérés, ne peuvent se contrôler avec cette pratique artistique, ce qui est, il me semble, le plus intéressant.
Le but de Fred Forest, par la pratique, est l’élaboration de ce qu’il appelle le métalangage, réinventer notre langue, nos communication, toujours travailler sur l’échange d’informations. L’artiste ne doit plus avoir peur du concret, il peut partir loin dans les représentations immatérielles, un champ illimité de possibilités s’offre à lui.

La communication est créatrice de réalité. Cette idée, bien qu’ayant mis du temps à être admise, devient une notion de plus en plus partagée. Pour Fred Forest, cela tient au fait que la communication n’est pas un simple support de transmission. L’école de Palo Alto[http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cole_de_Palo_Alto], a à son avis beaucoup aidé à ce que cette conception de la communication et de la réalité soient plus partagées. La communication telle que l’entend Forest est à la fois, le lien et l’outils de la réalité.
Fred Forest aborde également dans ce chapitre la question de la disponibilité de ces technologies. En effet, il faut avoir les moyens financiers pour les avoir et intellectuels pour les faire fonctionner. Il ne partage pas l’avis de Mc Luhan qui est optimiste quant à sa mise à disposition raisonnable. Pour Forest, les conditions d’accès restent déterminées par le pouvoir. Nous sommes encore très « éloignées de ce village planétaire mythique ».

Il conclue : « L’essentiel maintenant, c’est d’être  » branché  » ou autrement dit  » connecté « , « commuté « . Commuté au réseau pour se sentir au coude à coude en communauté avec les autres.

Avec l’Esthétique de la communication, nous sommes entrés d’une façon irréversible dans l’ère de la modulation, l’ère organisationnelle des échanges et des réseaux, l’ère de la mise en relation, l’ère de la caresse électro-magnétique. Toute création aujourd’hui relève d’une créativité au niveau des structures de communication et de leur mise en forme avant de relever de leurs contenus intrinsèques. »

Esthétique de la communication, perception de l’espace et du temps

« Les nouvelles technologies, même si cette idée heurte notre héritage humaniste, modifient progressivement nos systèmes de valeurs, nos systèmes de pensées, nos perceptions, notre sens du Temps et de l’Espace. Le propos de l’Esthétique de la Communication ne consiste à aucun moment d’une façon naïve à dresser un tableau apologétique exaltant la puissance technique. »

Fred Forest insiste bien sur le fait qu’il n’invente pas un nouveau dogme artistique, mais bien un courant cherchant à mettre l’art au niveau de l’homme dans son évolution, de manière à ce que l’art s’insère dans les avancées humaines plutôt qu’être un art passé, il cherche un art du présent qui évolue avec son temps. Il tient à mettre en garde contre les risques de favoriser une position plutôt qu’une autre en écrasant tous les autres courants artistiques. La pensée unique est anti-communicationnelle.

Le temps et l’espace doivent être « la matière première » de l’artiste, au même titre que les autres matières premiers qu’il a connu pour la réalisation de son art. il faut sans arrêt réadapter notre vision du temps, de l’espace, de la perception linéaire du temps. Il faut faire un deuil de notre non-perception de l’immédiateté de notre présent, dans le sens où il faut inventer le présent du présent..

L’ordinateur prend une place importante pour l’élaboration des projets que Fred Forest a en tête. Il y consacre un paragraphe entier. Je ne m’étendrais pas dessus pour des raisons d’actualités : ce manifeste datte d’il y a vingt ans, les conceptions ne sont plus les mêmes, cette partie pourrait paraître inappropriée.

Esthétique de la communication, espace intérieur, préceptes zen

« Si l’homme moderne est à la recherche de la maîtrise de son univers physique, il est de plus en plus préoccupé de la conquête de son propre espace intérieur. »

Fred Forest attire notre attention sur les danger d’un monde aussi grand que celui que nous sommes en train de créer avec nos frontières géographiques toujours repoussées. Le temps, la vitesse ne sont plus ce qu’ils étaient il y a à peine 100 ans. Nous nous agrandissons. Quels dangers pour notre espace intérieur, indispensable à notre survie, à notre santé mentale ‘

Aussi faut-il se rattacher à des bases. Forest nous propose la culture Asiatique. Constater le monde sous un autre oeil, un exercice intéressant. Les média changent notre relation au temps et à l’espace. Ils ouvrent des voies vers d’autres formes de connaissances. Il y renforcement de notre conscience collective, ce nouveau présent à percevoir nous offre d’autres formes de conscience. A la fin de cette partie, Fred Forest nous propose de regarder la vision de Yves Klein [http://fr.wikibooks.org/wiki/Yves_Klein].

« Pour lui, comme pour nous, aujourd’hui, le problème de l’art n’est pas un problème d’objet, de forme ou de couleur, mais avant tout un problème d’énergie. D’énergie à localiser, à manipuler, à répartir, à représenter… La connaissance du sensible n’apparaît jamais comme l’interface médiatrice du concept et de la connaissance intellectuelle. La connaissance du sensible relève de pratiques spécifiques qui se fondent plutôt sur l’expérience vécue offerte sur le mode du partage et, quelque fois, de la participation active. »

Esthétique de la communication et crise de la perception

Fred Forest revient dans ce chapitre sur les bouleversements perceptifs qu’entrainent ses changements, ses bouleversements technologiques de la communication. Notre sensibilité est modifiée, cela nous emplit de frayeur et de doutes. Il revient notamment sur les notions de sensible, de perception et de communication déjà vues plus avant. Il nous restitue dans le temps et l’évolution. On pourrait résumer ce chapitre par l’ajout de cette phrase de Fred Forest :

« La représentation que s’efforcent de  » figurer  » les artistes de l’Esthétique de la Communication, c’est une représentation qui puise son origine au-delà du réel, au-delà des apparences et des cadres conceptuels habituels. La Technologie nous engage dans une  » saisie  » du monde où le repère perd son sens au profit des sources électroniques d’évaluation. Les représentations vidéographiques et infographiques se substituent à la matérialité des distances avec une telle force qu’elles sont en passe de dissoudre purement et simplement leur référent. »

Esthétique de la communication, sensualisation, sensibilisation

« Si la réflexion et le travail mené par l’Esthétique de la Communication nous aide à partager et à comprendre des processus encore complexes, à travers les artistes qui la représentent, elle contribue à mettre en évidence les rapports sensoriels que nous entretenons avec les nouveaux médias ».
Il faut que nous apprenions à gérer l’influence qu’ont les médias sur notre système nerveux, maîtriser les émotions et les sensations qu’ils peuvent générer. Nous sommes dans une grande bassine d’ondes électroniques qu’il nous faut comprendre, avec lesquelles nous devons nous familiariser et qui nous mènent à un certain degré de « sensualisation ». Nous allons vers de nouvelles perceptions, sensations, vers de nouvelles manière de faire sentir et de faire ressentir les choses.

Ainsi conclut Fred Forest.

LE TERRITOIRE ONLINE

Rédigé par Annick Bureaud ( janvier 1996),

http://www.webnetmuseum.org/html/fr/expo-retr-fredforest/textes_critiques/auteurs/bureaud_fr.htm

« La matière inanimée ne connaît pas de territoire, pas de territoire dans le cosmos, ni sur la terre considérée en tant que planète. La notion de territoire appartient au vivant et s’inscrit dans des frontières elles-mêmes synonymes de pouvoir. Le pouvoir, s’il se traduit dans la force et la coercition, s’incarne de manière beaucoup plus puissante dans les symboles.

Ceci est bien sûr évident dans les sociétés humaines qui ont élaboré toute une gamme de la symbolique du territoire et du pouvoir : douaniers et polices aux frontières, drapeau, hymne, monnaie, bâtiments officiels, etc. Mais c’est également vrai pour toutes formes de vie, animales ou végétales.

Le territoire, que l’on considère généralement comme une entité physique réelle et précise (la France, ma maison) ne relève en fait que de la symbolique et de l’immatériel. Jusqu’à présent le seul territoire intangible était celui du corps, enfermé dans les limites de sa peau, frontière apparemment très réelle entre le dedans et le dehors, le moi et les autres, mais également siège de toute une variété d’inscriptions qui le reconnaissent précisément comme territoire, les scarifications rituelles, le vêtement, l’éthique dans nos sociétés judéo-chrétiennes, etc.

Depuis près de 30 ans, Fred Forest inscrit son travail dans l’immatériel symbolique du territoire. De l’Art sociologique à l’Esthétique de la Communication, du « Space Media », « 150 cm de papier journal », « espace blanc » dans le journal Le Monde en 1972, au « Mètre Carré Artistique » en 1977, puis au « Territoire du Mètre Carré » depuis 1980, il questionne le territoire de l’art, celui de la société et de l’information.

Avec la mise en ligne du « Territoire », il met le doigt – ou plutôt en l’occurrence le pied – sur deux des aspects essentiels des réseaux électroniques, avec une acuité exceptionnelle et son humour (ou ironie) coutumier : le cyberespace comme espace essentiellement d’ordre symbolique, entièrement contenu dans l’espace physique et psychique de ceux qui sont connectés à un moment donné.

Le cyberespace, ou espace des réseaux, est constitué d’une réalité physique plus connue sous le nom d’autoroutes de l’information (les ordinateurs reliés entre eux par des moyens de communication), d’un espace culturel (l’ensemble des informations et des savoirs accessibles via les réseaux) et d’un mythe construit et véhiculé par toute une littérature, savante ou populaire, dont l’exemple le plus célèbre est le roman  » Neuromancien  » de William Gibson. Fondamentalement, le cyberespace n’est ni un espace physique, ni un espace cartésien, mais bien un espace symbolique dans lequel le travail de l’artiste trouve une place de choix, introduisant les signes de l’art, du territoire, du pouvoir, du social, occupant tous les interstices possibles.

Les actions de Fred Forest se sont toujours inscrites dans les intervalles laissés vacants par les institutions, que ce soit dans son utilisation  » officielle  » des médias (télévision, radio, presse écrite) ou dans les détournements des circuits de la communication et de l’information, Le cyberespace est un espace interstice de l’entre-deux : entre le monde physique et le monde virtuel, entre les êtres humains et les machines, entre les communautés culturelles.

Le « Territoire du Mètre Carré » mettait en exergue les signes du pouvoir : téléphone rouge, salle des commandes, gardiens électroniques, salles des communications, etc. Le  » Territoire en ligne  » introduit une méta-communication, des méta-signes dans l’espace immatériel et symbolique des réseaux.

Avec le « Territoire en ligne », Fred Forest passe de l’Art de la Communication à l’Art des Réseaux. Cette dernière pratique a deux directions essentielles : la  » webitude  » (webness dans la définition du jury du Prix Art Electronica) qui repose sur les hyper-liens créés ou mis en œuvre par des artistes au sein du World-Wide-Web. La seconde, à laquelle cette action appartient, est la mise en valeur d’une communauté mondiale.

L’Art de la Communication visait à faire percevoir au public le maillage de la planète par les nouvelles technologies de communication. Avec l’Art du Réseau, il s’agit plutôt d’occuper un espace où ce ne sont plus les humains qui voyagent mais les informations, forme contemporaine du nomadisme : où les individus ne se déplacent plus sur un territoire mais deviennent ce territoire. À la métaphore gibsonnienne de la matrice mathématique dans laquelle on navigue, se substitue celle d’un ensemble sans forme, sans fin, en constante évolution qui se reconfigure au gré des appels des individus connectés à un moment donné, espace différent selon les personnes et qui n’existe, sous une forme donnée que dans l’espace physique (ordinateur, appartement, bureau, etc.) et mental (donc corporel) d’un individu donné à un moment donné. Le psychisme et le corps des êtres humains est le siège du cyberespace. La peau n’est plus cette frontière hermétique d’un corps intangible. Fred Forest l’a magistralement compris en proposant à ses semblables d’envoyer, pour cette première action, un morceau symbolique d’eux-mêmes, le pied. Chacun pourra envoyer l’empreinte de son pied et, ainsi, devenir membre de cette nouvelle communauté mondiale en train de se construire. Mais chacun, en pouvant accéder au pied universel, symbolique, deviendra, représentera, à ce moment-là, l’ensemble des humains. Le choix de cette partie du corps par Fred Forest n’est pas innocent. Par-delà l’aspect trivial et humoristique de la chose, le premier pas relève de l’essence de l’humanité (de la station debout du singe à celle du petit enfant qui marche pour la première fois). Le rêve réalisé d’atteindre la Lune s’est incarné en une seule image forte pour l’ensemble de l’humanité : l’empreinte du pied d’Armstrong dans la poussière du satellite.

Après la conquête de l’ouest (américain) au XIXe siècle, la conquête de l’espace dans les années 60/70, le cyberespace est vécu comme la nouvelle frontière. Au moment où le cyberespace se précise, où le mythe s’ancre dans des rituels et embryons de traditions, Forest propose l’empreinte d’un pied virtuel. Un homme, avec un nom, Armstrong, a représenté l’humanité toute entière dans ce désir multimillénaire d’atteindre la Lune, même si des centaines d’autres avaient participé à la réussite de l’opération, Dans le « Territoire Online », des milliers d’anonymes, connectés ou non, seront les porte-parole des êtres humains dans l’aventure naissante du cyberespace, espace du signe et des savoirs, qui recouvre la planète d’une seconde peau, (enfin ‘) sans frontière. »

  • Annick Bureaud, « Manifeste pour une Esthétique de la Communication », publié en 1985 (origine : Manifeste de l’Art Sociologique, publié en 1974.)

L’ESTHETIQUE DE LA COMMUNICATION après 2000

Artmedia VIII – Paris
De l’Esthétique de la communication au Net art
Colloque – 29, 30 novembre & 1er décembre 2002
Centre Français du Commerce Extérieur

Mario Costa, des Universités de Salerne et de Naples, en collaboration avec Annick Bureaud et Fred Forest de l’Université de Nice Sophia-Antipolis ont organisé un colloque qui a réuni de nombreux artistes sur le thème : de l’Esthétique de la communication au Net art. Le mouvement semble toujours continuer, il évoluer dans le temps et avec les technologies. Mais il est toujours là car nous sommes des êtres vivants pour qui faire passer ce qui vient de l’intérieur de nous-même vers l’extérieur est primordial, de notre subjectivité vers cette intersubjectivité à laquelle nous ne pouvons échapper et ce vers quoi nous tendons toujours.

ANNEXES

L’art sociologique est un mouvement artistique, voire une méthode de recherche artistique, développé à partir de 1971 à Paris, par Hervé Fischer, Fred Forest et Jean-Paul Thénot, qui ont fondé en 1974 le « collectif d’art sociologique » et publié une série de manifestes (publiés dans le journal Le Monde).

Ils ont créé «L’école sociologique interrogative», participé ensemble et individuellement à des manifestations internationales 1, puis le mouvement s’est dissout en 1980 dans la dissension. De nombreux auteurs et critiques d’art y font référence, notamment françois Pluchart, Bernard Tesseydre, Pierre Restany, Wilhelm Flusser, Rainer Wick. On trouvera sur les sites web de Hervé Fischer et de Fred Forest de nombreuses références bibliographiques.

L’ Art sociologique se veut être une pratique qui emploie certaines méthodes de la sociologie (enquêtes, documentaires, etc.), afin de questionner de façon critique les rapports complexes entre arts et sociétés. Il s’agissait pour ce collectif de détourner les modes de communication et de diffusion de l’information selon une méthode de la perturbation : renvoyer au spectateur une image de son conditionnement, le faire participer, l’inciter à se rapproprier les médias et à porter sur eux un regard critique et contestataire.

Le mouvement d’art sociologique a été peu suivi par des artistes depuis. Il est précurseur de l’art dit «relationnel» théorisé par Nicolas Bourriaud à la fin des années 1990. Il s’est démarqué de l’art conceptuel, et de «Art Language», s’est rapproché du «body art». Il a croisé l’art «contextuel». Il a été radical dans sa critique de l’idéologie d’avant-garde des années 1970-80, et dans sa contestation des institutions et du marché de l’art.
Fred Forest a poursuivi son travail sous le signe de «l’esthétique de la communication», et Hervé Fischer avec la  »mythanalyse 2 » et avec les expositions «Images du futur» à Montréal

voir l’article sur wikibook [http://fr.wikibooks.org/wiki/Fred_forest]

BIBLIOGRAPHIE

*L’Esthétique de la communication, Opus International, n°94, Paris 1984

*Esthétique de la communication, Art Press, n° 122, Paris 1988

*L’art sociologique, Opus International, n° 55, Paris 1975

*Colloque International de l’Esthétique de la communication au Net Art organisé par Fred Forest, Mario Costa, Annick Bureaud au CNCE (Centre National du Commerce Extérieur)- Paris 29 novembre/2 décembre. Actes du Colloque publié intégralement par la revue LIGEIA N° 45-46-47-48 juillet/décembre 2003 « 


*Interview par Pierre Tillinac, sur Derrick De Kerkhove, publiée dans le journal Sud-Ouest du Mardi 3 octobre 2006,

*Fred Forest Manifeste pour une esthétique de la communication, Revue + – 0, numerà special 43, Bruxelles 1985

*Fred Forest, « Über Flüsser, Asthetik der Kommunikation »,Bolman Verlag, Düsseldorf, 1990

*Mario Costa, « L’esthétique de la communication et le temps technologique », in Art Press N°285, décembre 2002

*Mario Costa, « Internet et la globalisation esthétique »

*Pierre Restany, »Une campagne « prophylactique à trois » », Catalogue Musée Galliera, mai 1975 (Rédigé à Milan le 14 mai 1975)

*Pierre Restany, « Le manifeste du Rio Negro »

*Pierre Restany, « L’autre face de l’Art »

*Hervé Fischer, « Mythanalyse », théorie fiction 2000, p320 version PDF

*Hervé Fischer, « Théorie de l’art sociologique », 1977

*Frank Popper, « Art action participation », Ed. Klincksieck, Paris, 1980.

*Edward T. Hall, « La nouvelle Communication », Le Seuil, Paris, Current Anthropology Vol. 9, No 2-3 (1968) 95-108-NdE , 1981.

*J.L. Daval, « La relation comme interrogation » ,in « Relation et relation », Yellow now, Liège, 1981.

*Annick Bureaud, co-éditrice le recueil de textes « Connexions : art, réseaux, media », l’Ensba, 2002

*McLuhan , « le prophète de l’âge électronique »

*Derrick de Kerckhove, « Intelligence des réseaux », Odile Jacob

LIENS

*Fred Forest, « Manifeste de l’Esthétique de la Communication », http://www.webnetmuseum.org/html/fr/expo-retr-fredforest/textes_critiques/textes_divers/3manifeste_esth_com_fr.htm

*Fred Forest, « The Digital Street Corner » http://www.fredforest.com/

*Fred Forest, son cite personnel, http://www.fredforest.org/

*Hervé Fischer, page wikipedia, http://www.hervefischer.net/

*Derrick De Kerkhove, interview http://www.cinum.org/fr/interview-derckhove/7-11-67.html

*Derrick De Kerckhove, page wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Derrick_de_Kerckhove

*Pierre Restany, page wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Restany

*Ecole Palo Alto, page wikipedia, http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cole_de_Palo_Alto