Hamish Fulton

Hamish Fulton est un artiste majeur du land art. Il nait à Londres en 1946. Après avoir fait ses études à la Saint Martin School Of Art (1966-1968), il participe à des cours de photographie au Royal Collège (1968-1969).

Hamish Fulton émerge ensuite dans les années 60, au côté d’artistes tels que Richard Long, avec qui il organise différents voyages. La particularité des travaux de Hamish Fulton réside dans sa manière d’intégrer l’art et la nature. Ce sont ses nombreuses marches qui inspirent ses oeuvres. Elles sont le fondement, l’entité même de son travail artistique. Son corps lui est le principal outil de son œuvre.

« Si je ne marche pas, je ne peux pas faire une œuvre »

Hamish Fulton

Son travail ne consiste pas seulement à photographier le paysage qu’il parcourt sinon à créer un «lien entre l’art et le paysage», et un rapport entre «l’expérience et la nature». Souvent inclus dans le mouvement du Land Art, il s’y différencie de par sa douceur, son intimité, et l’économie de ses moyens.

Son projet graphique, qui rapproche son travail de la poésie concrète, prend la forme de cartes, photos, dessins, couleurs, de mots rigoureusement choisis et de sculptures. En voici un aperçu :

EXPOSITION A SETE

Voici une vidéo d’une interview d’Hamish Fulton. C’est au CRAC de Sète qu’il a exposé en 2013. Dans cette vidéo, il explique ses choix à propos du placement, de la taille de ses oeuvres qui compte beaucoup pour lui.

Oeuvres d’Hamish Fulton

SCULPTURES MENTALES

L’art et la nature ont joué un rôle important dans ses travaux.
Cet artiste a parcouru différents lieux qu’il a photographiés.
Sa sculpture s’identifie dans la photographie par des éléments naturels dont il décrit la beauté de l’agencement. Hamish Fulton propose des formes sculpturales. En effet, avec des cadrages contenant des hors-champs, ou usant de lignes déjà existantes, de faux formats de tirage et d’un choix étudié de points de vue (comme l’effet de sol par exemple), la sculpture d’Hamish Fulton n’est plus simplement photogénique, elle est photographique. Certains parlent de « sculpture mentale », en raison notamment de l’importance de l’espace, de la durée et de la matière, qui restent propres au sculpteur.

Dans les années 70, il a déjà parcouru plusieurs millions de kilomètres à travers le monde. Les photographies prises en ces occasions sont exposées dans différentes galeries de renommée internationale (Paris, Hiroshima, New York). Ses photographies sont présentées sans artifice, montrant dans la grande majorité des paysages, la nature. Il propose ce qu’il ressent et voit : son expérience de la nature.

Les photographies sont exposées sans légendes, hormis l’origine et l’endroit de la prise de vue ainsi que, quelques fois, des données topographiques, climatiques et naturelles. Voyageant généralement en solitaire, il partagera certains de ses voyages avec son ami Richard Long comme en 1972 en Bolivie, au Népal en 1975, ou encore à Mexico en 1979.

Son art connaît une certaine évolution en 1981. C’est, en effet, l’année où débute une nouvelle passion : la peinture. Ceci lui permettra, entre autre, d’accompagner des textes relativement brefs, donnant, de fait, un caractère poétique à ses œuvres. On retrouve la présence de cette peinture dans le livre intitulé Jet Car Owld Mud, Insel Hombroich, Neuss (1987) dans lequel il superpose la couleur rouge sur certaines photos floues.

Les sculptures que Hamish Fulton présente sont constituées de pierres qu’il trouve, photographie et expose, accompagnées de mots qui évoquent le périple accompli.

L’ART DE LA MARCHE

La marche est la base même de l’œuvre et de l’art développé par Fulton. Pour lui «l’implication physique de la marche crée une réceptivité au paysage». Il ajoute «Je marche sur la terre pour m’introduire dans la nature.» En effet, le fait de marcher à travers le paysage permet une meilleure perception de la nature et de ce qui l’entoure.
L’idée, qu’il développe par le biais de la marche, est que tout notre environnement est un espace cloisonné de vitres, de fenêtres, d’interfaces qui nous empêchent d’être en contact avec le monde extérieur, avec la nature. Lorsqu’il marche, Fulton est en contact permanent avec l’environnement et la nature.

Chaque marche a un début et une fin. Chaque marche commence et s’achève au point précis où l’artiste le décide : il est libre. Parfois, la marche est planifiée à l’avance, comme celle de Ten Hile Walk, parfois ce sont des décisions impulsives et spontanées.
Il est lui-même un être des plus spontané. Joueur, il aime les séries énigmatiques, s’amuse des chiffres et des lettres.

Le chiffre 7 ou ses multiples, par exemple, se retrouve dans nombreuses de ses peintures. Il a découvert que dans chaque culture fréquentée, ce chiffre renvoyait à une forte symbolique spirituelle ou divine. Certains de ses challenges sont également menés par le chiffre 7, tel que marcher 4 pas à chaque pleine lune de 2010, ou encore ne pas parler pendant 7 jours…

Les marches solitaires ont peu à peu ouvert la voie à des marches collectives, sous forme de performances, dans lesquelles l’expérience partagée de la marche silencieuse permet l’engagement du corps. Le 3 mars 2010, 198 personnes marchent 7 fois, dans le sens des aiguilles d’une montre, autour d’une piscine artificielle sur la plage de Margate en Angleterre, en file indienne en essayant de maintenir une distance d’un mètre entre elles. Le médium vidéo, utilisé pour la première fois par l’artiste, enregistre la transformation de l’espace par la ligne sans cesse mouvante des marcheurs. Une fois l’action passée et les marcheurs partis, la marée recouvre la piscine. « Une ligne marchée à la différence d’une ligne dessinée ne peut jamais être effacée ».

Les expositions de Fulton sont une manière de faire découvrir ses voyages, ses sens et son expérience avec la nature. Néanmoins, l’expérience de la marche, en elle-même se situe en dehors de l’œuvre, reliée certes, mais à l’extérieur. C’est-à-dire qu’il ne retranscrit qu’une infime partie de l’expérience vécue, il est impossible de faire paraître sur une photographie l’expérience des sens et d’une vision infinie et à 360° des paysages.

Les expositions de cet artiste ne vont pas être le reflet d’un enregistrement de son parcours, ou représenter la marche effectuée, mais d’avantage dans une mise en scène de celle-ci.
Hamish Fulton ne fait ni performance, ni Land Art, ni poésie concrète, mais touche à tous ces domaines ensemble par la production d’une réflexion sur le paysage et la place d’un corps dans la nature et la politique.

Bien que certaines de ses marches se déroulent en milieu urbain, aux côtés de la population, la plupart sont empreintes de solitude, sans aucun spectateur autre que la nature.

The Life of Scattered Stones, Seven One Day Walks in the Rain, Nikko, Japan

Deux grandes expériences de l’artiste furent ses marches au Japon et au Tibet. Il apprécie l’architecture japonaise pour son côté éphémère. L’importance de ne pas laisser de traces durant les marches de Fulton est primordiale. Tout comme ses œuvres qui, une fois l’exposition terminée n’ont plus d’existence que dans les souvenirs des spectateurs.

Chomolunga Tibetan National Flag
Chomolunga Tibetan National Flag
Chomolungma (Summit of Mount Everest)
Melting Glacier
Life Span of the 14th Dalai Lama, 1975

Son travail ne consiste pas seulement à photographier le paysage qu’il parcourt. Cette œuvre a été peinte sur un des murs d’une galerie, on remarque dans l’œuvre le nom d’un dissident tibétain qui a été emprisonné pendant 27 ans par les chinois.

CITATIONS DE L’ARTISTE

« En tant qu’artiste je ne cesse de remettre en question la photo en tant que médium, que moyen d’expression. Il en va même pour les mots car, quand on parcourt le paysage, il n’y a aucun mot nulle part, mais bien sûr il y a des rochers. Si on fait une sculpture avec des rochers et qu’on la transporte ensuite jusqu’à une galerie, alors on a des rochers extraits du paysage. »

« Souvent, on me considère comme un sculpteur ou comme un artiste du Land Art. Je ne suis ni l’un ni l’autre. Je suis un artiste qui marche. Je ne travaille pas avec un matériau précis. Travailler avec un seul élément me paraît douteux. Inféodé à aucune matière en particulier, je suis libre d’associer les médiums qui me plaisent, que ce soit du verre, du bois, de la vidéo. »

SOURCES