Les Levine

Les Levine est un artiste irlandais naturalisé américain, né le 6 octobre 1935 à Dublin. Réel pionnier des arts vidéos, il est l’un des premiers à juger la télévision comme un médium permettant la diffusion de ses projets au près du plus grand nombre.

Travaillant principalement par le biais du média et de la communication (affiches publicitaires, radio, téléphone, etc..), il relie son art à un certain contexte social, pour créer un univers en dehors de tout ce qui a pu être vu. Il dénonce beaucoup à travers ses projets, le système capitaliste accompagné par la consommation de masse.

Nous verrons par la suite qu’il a su tirer à travers l’idée de production de masse, des oeuvres uniques. Il ne s’intéresse pas concrètement à la physique d’une oeuvre, mais aux modifications émotionnelles qu’elles procurent.

Diplômé de la Central School of Arts and Crafts de Londres, il s’expatrie au Canada vers 1960, pays dans lequel il expose et vit. Il finit par s’installer à New-York en 1964, avant de devenir artiste-résident à la Nova Scotia College of Art and Design d’Halifax (Nouvelle-Ecosse) en 1973.

« Pour moi, la principale question, c’est l’esprit. Le principal aspect, c’est ce qui se passe dans notre esprit quand on contemple une œuvre d’art. Cette œuvre peut être très visuelle ou très conceptuelle, mais à long terme, ça ne fait pas de différence. Je m’intéresse à la manière dont la pensée est enrichie.« 

Les Levine

La substance de l’approche de Levine est essentiellement basé sur des choix esthétiques et des catégories dont les mesures écrasantes sont définies par les structures de communication.

Au début de sa carrière, Levine introduit l’idée d’un art jetable d’où lui viendra le surnom de «Plastic Man» (homme de plastique). D’autre part, les années 1960 ont marquées la commercialisation du Portapak ». C’est une camera de vidéo plus légère, permettant de filmer et enregistrer. Beaucoup d’artistes contemporains vont d’ailleurs s’en servir comme moyen d’expression.

En 1965, Les Levine, avec Nam June Paik, font partis des premiers acheteurs du Portapak. Le titre de sa première bande, Bum, montre l’importance de ce nouveau média.

Œuvres

De 1962 à 1967 , Les Lévine réalise des « disposable » , qui sont des œuvres créées à partir de matériaux jetables. Il expose ainsi des milliers de reliefs en plastique formés sous vide, de diverses couleurs. Il les vend entre 3 et 6 dollars chacun.

Cette démarche artistique est une réponse à la société de l’époque où on considère que l’art est fait d’objets uniques et précieux.

Il réalise aussi des « slipcover », qui sont présentés comme étant un circuit de télévisions fermé, où les gens pouvent s’y voir 3 secondes après y être entré.

A Process Assimilation, 1968

En 1968, « A Process Assimilation » consiste en 300 pièces de plastique blanc dispersées au sol. Chaque jour pendant 30 jours, 10 pièces sont enlevées, jusqu’a ce que l’oeuvre ait totalement disparue du terrain.

L’artiste accepte le hasard comme une partie de processus qui détermine les formes vu par le spectateur. C’est une oeuvre sans idée de forme orthodoxe préconçues, sans structure interne déterminé. Au lieu d’imposer la forme à la matière ou de façonner cette matière, il nous fait observer les formes qui s’y trouvent déjà et laisse les choses telles qu’elles sont.

En 1968, Levine produit sa première «sculpture de télévision» intitulée « Iris »

Il confronte le spectateur à la télévision en le faisant se déplacer dans un circuit fermé.
Debout face à cette sculpture, le spectateur se trouve face à trois objectifs gros plan, plan éloigné et plan moyen, où on peut voir sa propre image. Chacune de ces caméras avait son propre moniteur tandis que trois autres fournissaient des images déformées parfois reconnaissables, d’autres non. Ainsi, le spectateur pouvait avoir plusieurs points de vue différents de lui-même juxtaposés à d’autres informations aléatoire.

« En regardant Iris, » a-t-il fait remarquer, «beaucoup de gens sont très surpris de la façon dont ils regardent réellement. Ils se voient de la façon dont ils voient généralement d’autres personnes à la télévision, et ils doivent faire une sorte de jugement sur eux-mêmes comme s’ils étaient un morceau de l’information. C’est ce que Iris fait à la plupart des gens, il transforme le spectateur en information. Le spectateur doit reconsidérer ce qu’il pensait de lui-même avant. Il doit se penser, lui-même, en termes d’information. Vous remarquez alors que les gens, quand ils sont en face de Iris, commencent à ajuster leur apparence. Ils ajustent leurs cheveux, cravate, lunettes. Ils prennent conscience des aspects d’eux-mêmes, qui ne sont pas conformes à l’image qu’ils avaient d’eux-mêmes auparavant. « 

En 1969 Les Levine compose une œuvre intitulée « Iris Print Out Portraits ».

Il s’agit d’un portrait mécanographié , photogravure offset sur papier vélin plastifié 46.6cm par 65.1cm. Il décide de présenter son image sur un écran de télévision plutôt que dans un tableau avec un cadre comme le font les artistes en général.
Ainsi, il rappelle son œuvre vidéo tout en modernisant le traditionnel autoportrait destiné à des spectateurs, un public télévisuel qui ne cesse d’accroitre, et ne peuvent se passer de ces médias, gobant toutes leurs informations.

Le titre choisi Iris est appelé ainsi pour évoquer les lamelles mobiles qui font varier l’ouverture du diaphragme d’un appareil photo, permettant d’ajuster le temps de pose et la mise au point. De ce fait, grâce à l’iris, les trois prises de vues du portrait de Levine présentent un éclairage graduel et aboutissent progressivement au gros plan, jusqu’à occuper tout l’écran.

Electric shock consiste en une grille de fils électriques suspendu à 6 pieds de hauteur, dans une salle de 100 pieds carrés, fils qui donne un léger choc quand on les touche, d’où le titre de la pièce.

Ces fils chargés de vibrations électriques, avec tous les rappels d’un camp de concentration, créent une sensation de claustrophobie et transforment un espace quelconque en une espèce de cage.

« Ce que je cherche, c’est une réaction physique, non pas une préoccupation visuelle. »

Les Levine

Le spectateur est invité à se soumettre à l’œuvre, à pénétrer dans une situation esthétique, sans une première référence aux visuels, pour éprouver une expérience tout à fait fugitive.

« Les gens seront l’œuvre d’art, l’œuvre n’existe pas avant d’être soumise aux visiteurs. »

Les Levine