
Ana Mendieta est une artiste américo-cubaine, qui est née le 18 novembre 1948 à Cuba (La Havane). En 1961 elle a 12 ans et est exilée de Cuba avec sa sœur car leur famille s’oppose au gouvernement de Fidel Castro. Elle est très jeune quand elle arrive aux Etats-Unis.
Vers la fin des années 1960 elle commence à étudier l’ Intermedia à l’université d’ Iowa aux Etats-Unis.
Ana Mendieta est une des figures emblématique de l’éco-féminisme. Elle établi aussi une relation entre Land Art et Body Art.
Land Art : mouvance de l’art contemporain qui utilise des matériaux comme le bois, la terre, la pierre, le sable, la roche et d’autres.
Body Art : Ces mots anglais sont la traduction anglaise Art Corporel. C’est un ensemble de pratiques artistiques effectuées sûr et/ou avec le corps.
Parcours d’Ana Mendieta
C’est en 1972 qu’elle se tourne vers l’art performance, et c’est durant la période 1972 – 1978 que la plupart de ses œuvres vont voir le jour c’est à dire des films, des performances, et des interventions. Elle réalise près de 80 films. Ses performances sont encore aujourd’hui des plus radicales du mouvement artistique.
Son thème principal parle de la violence du corps féminin et de l’identité. Pour cela elle met en relation les aspects choquants de la représentation d’abus sexuels. Elle utilise également du sang animal dans certaines de ses œuvres. Ana Mendieta explore les questions d’identité et se bat sans cesse contre les déterminismes établis, qu’ils soient liés au fascisme, à l’oppression, au sexe ou aux origines sociales. A travers ses oeuvres, elle exprime de la douleur et une rupture provoquée par le déplacement culturel.
Ses travaux sont très autobiographiques, et parlent de la recherche de sa propre identité féminine, du destin des émigrants cubains et de sa quête permanente pour retrouver la culture perdue de sa patrie latino-américaine.
En 1972, elle fait d’ailleurs une performance à l’université où elle étudie. Cette performance s’intitule : Untitled (Death of a chicken). Ana Mendieta est dénudée et tient fermement une poule par les pieds. Elle s’inspire ici d’artistes viennois qu’elle a découvert grâce à son professeur Hans Breder pour exprimer son intérêt aux rites des anciennes civilisations mexicaines, mais aussi au rite vaudou cubain.

Death of a chicken, 1972
Ana Mendieta se livre dans ce petit texte : » C’est peut-être lors de mon enfance à Cuba que j’ai commencé à être fascinée par l’art et les cultures primitives. Il semble que ces cultures soient dotées d’une connaissance intérieure et d’une proximité des ressources naturelles. C’est cette connaissance qui donne sa réalité aux images qu’elles ont créées. C’est ce sentiment de magie, de connaissance et de pouvoir de l’art primitif qui influence mon attitude personnelle envers l’art. Pendant ces cinq dernières années, j’ai travaillé en extérieur, dans la nature, explorant la relation entre moi, la terre et l’art. En utilisant mon corps comme référence pour créer des œuvres, je suis capable de me transcender dans une submersion volontaire dans la nature et une identification totale avec elle. À travers mon art, je veux exprimer l’immédiateté de la vie et l’éternité de la nature « .
En 1972, Ana créée une série de photos intitulée Facial Variation, où elle colle son visage à un carreau de verre comme si elle voulait absolument passer au travers. La vitre est sensée représenter un mur transparent voire invisible où se heurtent les espérances féminines. C’est une manière de dire qu’elle veut détruire ses espérances mais aussi celles de toutes les femmes. Même en utilisant la violence, ce mur ne se brise pas

Entre 1973 – 1980, elle veut laisser une marque personnelle dans son environnement, et réalise donc une série intitulée Siluetas qui veut dire » Silhouette « . Dans cette série elle fait des impressions éphémères de son corps dans différents environnements territoriaux. Par exemple elle imprime sa silhouette sur le sable ou même la boue. Elle cherche ici, à établir un dialogue entre le paysage et le corps féminin.
Dans une autre série intitulée Arbol de Vida qui signifie » Arbre de vie » en français, elle couvre entièrement son corps nu de boue et pose contre un arbre. Son principal médium est la terre et l’utilise parfois comme de la boue. Dans cette série elle est visuellement unie à l’arbre.
L’arbre signifie l’arbre de la connaissance du bien et du mal et Ana Mendieta se fond à l’écorce par la couleur marron de la boue.

Arbre de vie, 1976
Elle utilise d’autres matériaux comme le feu qui nous renvoie à des rituels d’exorcisme et de purification. Mais aussi des fleurs faisant référence aux traditions folkloriques mexicaines.
Elle utilise rarement les armes à feu pour évoquer la puissance.
Ana Mendieta reçoit entre 1973 et 1980 plusieurs bourses et bourses d’études, et obtient en 1983 le prestigieux Prix de Rome. Et en 1985 elle quitte New York pour l’ Italie. La même année elle épouse le sculpteur minimaliste Carl André.
Neuf mois plus tard, le 8 septembre 1985, elle meurt d’une chute de trente-quatre étages à Manhattan, aux Etats-Unis.
Cette artiste-performeuse, n’a jamais connue de son vivant, le soutient d’une galerie d’art, ni même d’une institution. Aucun musée ne lui a ouvert ses portes.
Il faudra attendre les années 1990, pour que les œuvres d’ Ana Mendieta soient exposées dans les principaux musées internationaux. Ses tableaux, films et performances seront vues dans plusieurs pays comme le Brésil, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, l’ Espagne, la France, l’ Allemagne, l’ Autriche, l’ Australie, le Venezuela, la Grèce, le Japon, le Mexique, la Suisse ainsi qu’à Jérusalem.
Je terminerais cette biographie par une citation d’Ana Mendieta : » Je ne pense pas que l’on puisse séparer la mort de la vie. Tout mon travail se concentre là-dessus (Eros l’amour, la vie et la mort) « .