Benjamin Von Wong

« Mon art va-t-il changer le cours du monde? Probablement pas. Mais est-ce que toutes les petites actions comme les miennes contribuent à quelque chose qui peut changer le monde ? Je pense que oui. »

Benjamin Von Wong

Cette citation de Benjamin Von Wong illustre parfaitement sa philosophie en tant qu’artiste. Chaque œuvre, chaque projet compte et permet de faire progresser les choses, plus précisément dans le domaine de l’écologie qui est central dans beaucoup d’œuvres de Von Wong.

Biographie

Benjamin Von Wong est un artiste, militant, et photographe canadien d’origine cino-malaysienne né en 1986 à Toronto. Von Wong est passé par diverses passions telles le violon et le taekwondo avant de découvrir la photographie assez tardivement. En 2008, il obtiendra son diplôme d’ingénieur à l’Université McGill à Montréal. En 2007, juste avant l’obtention de son diplôme, il découvrit la photographie un peu par hasard. Sa petite-amie venait de rompre avec lui et il se dit qu’il devrait se trouver un nouveau passe-temps. Il s’est donc mis à photographier les étoiles, rêvant de devenir un de ces photographes nocturnes.

En 2012, Von Wong va stopper sa carrière d’ingénieur par ennui pour la discipline. C’est ainsi que, par défaut, il va se focaliser pleinement sur la photographie, qui va devenir sa grande passion. Depuis, sa photographie n’a fait qu’évoluer et Von Wong passe 6 à 9 mois par an en perpétuel mouvement, à la quête de différents sujets à photographier. Or, souvent, Von Wong crée lui-même des sculptures ou installations avec son équipe avant de les immortaliser par le biais de la photographie. Les œuvres de Von Wong dont nous allons parler dans ce dossier font partie de cette catégorie. Nous allons principalement détailler ses installations d’art écologique et les photographies conceptuelles qui les accompagnent. Bien que Von Wong soit devenu très connu pour ses œuvres écologiques, son art s’est toujours focalisé sur des sujets assez variés. Ses photographies conceptuelles à caractère fantaisiste et surréaliste peuvent non seulement avoir pour sujet ses installations écologiques, mais aussi des scènes représentant des protagonistes se trouvant dans divers lieux insolites, tels le fond de l’océan, par exemple. Dans toutes ses œuvres, y compris celles que nous allons présenter dans ce dossier, nous pouvons retrouver cette dimension fantastique juxtaposé avec le style hyper-réaliste sur lequel s’appuie Von Wong.

Benjamin Von Wong étant un photographe, son outil de travail proéminent de nos jours est sa caméra. Au fil des dernières années, sa caméra principale est la Nikon D700, un appareil photo reflex mono-objectif numérique professionnel. L’équipement de Von Wong, des appareils photos aux lumières et accessoires complémentaires, est très professionnel. Qui plus est, comme Von Wong voyage beaucoup pour ses photo-shoots, il dispose d’un arsenal photographique lui permettant d’aller n’importe où à n’importe quel moment pour réaliser ses projets. Mais son équipement photographique n’est que l’outil lui permettant d’immortaliser ses créations, ses scénarios fantastiques, qui eux peuvent employer des matériaux très hors normes par moment, notamment des déchets, ce que nous allons voir dans ses œuvres écologiques les plus connues.

L’inspiration selon Benjamin Von Wong

Dans une interview en 2012, Benjamin Von Wong est interrogé sur quelles sont ses sources principales d’inspiration pour ses œuvres. Von Wong répond en disant qu’il s’inspire de la vie, du monde qui l’entoure, des nouvelles rencontres qu’il fait, et en particulier des gens autour de lui. Il déclare que les aspects fantastiques et épiques de ses œuvres viennent du fait qu’il n’ai jamais vraiment grandi et qu’il voit encore le monde comme étant composé de « héros et de vilains ». Il construit des scénarios surréalistes, parfois en créant d’immenses sculptures avec divers objets, comme nous allons le voir dans ses œuvres écologiques les plus connues, d’autres fois en plongeant les protagonistes de ses œuvres dans des lieux surprenants et inhabituels, comme nous avons mentionné précédemment. Sa façon de capturer ces scénarios par le biais de la photographie permet de les immortaliser tels des peintures ou même des clichés sortis de films hollywoodiens. Ses œuvres photographiques, de part leurs sujets, leur caractère irréel et les messages qu’elles expriment symboliquement peuvent ainsi être catégorisées de « photographies conceptuelles », ce qui semble être le consensus parmi toutes les critiques d’art qui parlent de Von Wong.

Sur son blog, Von Wong va expliquer plus en détail comment il trouve constamment de l’inspiration pour la réalisation de ses œuvres dont les sujets se diversifient énormément. Selon Von Wong, « l’inspiration est essentielle car, sans elle, nous ne pouvons pas créer ». Il ajoute que l’inspiration est le drive, l’énergie qui contribue à la réalisation d’une idée, que c’est la première étape, celle qui précède même le fait de prendre sa caméra en main. Il est clair que Von Wong trouve de l’inspiration un peu partout et notamment, pour ses œuvres écologiques, dans des sujets d’actualité, des faits scientifiques, des statistiques concernant l’état en dégradation constante de notre planète, comme nous allons pouvoir le voir dans les œuvres que nous allons explorer dans plus de détails. Pour Von Wong, ses sources d’inspiration doivent provoquer une émotion en lui, que ce soit une émotion négative telle le chagrin, ou une émotion positive telle l’émerveillement, car cela lui permet ensuite d’exprimer cette même émotion dans l’œuvre qu’il va réaliser, et ainsi de la faire vivre au public qui va voir cette œuvre.

Œuvres Écologiques

De nos jours, les réseaux sociaux sont devenus de merveilleux outils facilitant le partage d’idées à un grand nombre de personnes. Il n’est donc pas surprenant de voir un artiste de renommée internationale tel Benjamin Von Wong se servir de sa plateforme en ligne afin de maximiser l’impact de ses œuvres, et plus particulièrement de ses œuvres écologiques. Grâce à sa popularité sur les réseaux sociaux tels Facebook, Twitter, Instagram et YouTube et ses collaborations avec de nombreuses organisations connues telles que Dell, Nike, Starbucks, etc., Von Wong a généré plus de 100 millions de vues sur les vidéos détaillant ses œuvres écologiques.

En effet, Von Wong aime collaborer avec des entreprises souhaitant s’engager écologiquement. Il apprécie le fait que des grandes organisations telles Starbucks commencent à prendre de l’initiative quand il s’agit de limiter le gaspillage ou la pollution, car il trouve que cela pourrait inciter le commun des mortels à changer ses habitudes. En collaborant avec des entreprises connues, Von Wong milite ainsi pour des causes environnementales qu’il estime très importantes. Ses œuvres les plus connues en ligne concernent des sujets tels le plastique dans les océans, la mode rapide (c’est-à-dire la mode à bas prix, produite dans des usines), les déchets électroniques, etc. Dans cette partie du dossier, nous allons nous focaliser sur quatre des œuvres écologiques les plus connues de Von Wong, deux d’entre elles étant issues de collaborations avec des entreprises connues, comme mentionné plus tôt.

œuvre 1 : Sculpture E-Waste (2018)

L’une des œuvres écologiques les plus connues de Benjamin Von Wong est sa récente collaboration avec l’entreprise Dell. Il s’agit de trois sculptures réalisées à partir d’1,8 tonnes de déchets électroniques, ou la quantité approximative de déchets électroniques (surnommé « E-Waste » en anglais) qu’un Américain produit au cours de sa vie, en moyenne. Selon un article publié en décembre 2017 par National Geographic, une famille Américaine de quatre personnes produit environ 80 kilos de déchets électroniques par an. En 2016, la quantité annuelle de déchets électronique générée dans le monde était de 44,7 millions de tonnes, chiffre qui est prédit d’augmenter de 17 % d’ici 2021, pour atteindre les 52,2 millions de tonnes. Les déchets électroniques constituent donc le flux de déchets dont la croissance est la plus rapide au monde.

Von Wong souhaitait créer une œuvre qui lui permettrait d’ouvrir une discussion sur le sujet, afin que plus de gens prennent conscience de la gravité de la situation et de la nécessité de plus en pus importante de recycler. C’est ainsi que Von Wong en est venu à collaborer avec l’entreprise Dell, grand producteur d’ordinateur, et a donc pu se procurer l’énorme quantité de déchets dont il avait besoin pour réaliser son œuvre. En effet, Dell, en plus d’être une énorme entreprise, est responsable de la création du plus grand programme de recyclage au monde, offrant des ressources de recyclage d’E-Waste gratuites dans 80 pays. Von Wong a ainsi pu emprunter quelques poubelles de déchets électroniques collectées par le programme de recyclage de l’entreprise afin de les utiliser pour la création de son œuvre d’1,8 tonnes. L’intérêt pour Dell à collaborer avec Von Wong était de pouvoir montrer au grand public que le recycle d’E-Waste pouvait être cool.

C’est ainsi que Von Wong et son équipe ont commencé l’assemblage de trois sculptures monumentales, en triant d’abord les 1,8 tonnes de déchets empruntées selon trois catégories : claviers d’ordinateurs, hard drives et ordinateurs portables. Une fois les trois sculptures réalisées au bout de 10 jours de travail acharné, Von Wong introduit le personnage d’une femme cyborg afin de produire une séries de photographies conceptuelles, immortalisant ainsi ses œuvres. En effet, les sculptures créées par Von Wong et son équipe ne furent conservées que l’espace d’une journée avant d’être démantelées pour être recyclées par Dell.

Les trois photographies conceptuelles produites avec les sculptures ont une qualité futuriste grâce notamment à l’incorporation de la femme cyborg et à la composition des images de façon à ce qu’elles aient l’air de sortir d’un film de science-fiction. Von Wong souhaitait créer quelque chose avec un grand impact visuel, afin d’impressionner le public avec la quantité immense de déchets mais également afin de rendre l’idée du recyclage des déchets plus attrayante grâce à l’aspect futuriste et irréel des trois photographies. Il s’agissait aussi de montrer aux gens que la vie d’un objet électronique n’est pas obligée de s’arrêter à sa mort, grâce au recyclage. Étant donné que la vidéo détaillant la réalisation de ces trois sculptures et photographies a amassé plus de 7 millions de vues, il est indéniable que ce projet a dû avoir un impact sur un grand nombre de gens.

« The Parting of the Plastic Sea » (2019)

La seconde œuvre écologique réalisée par Benjamin Von Wong dont nous allons parler est une immense sculpture et installation accessible au public qu’il a créé à partir de 168 037 pailles en plastique. Selon un article publié par The Guardian en 2016, la production de plastique a été multipliée par 20 depuis 1964, jusqu’à atteindre les 311 millions de tonnes en 2014. Il est prédit que ces chiffres vont encore doubler d’ici les vingt années à suivre, et quadrupler d’ici 2050. D’après Dame Ellen MacArthur, il risque d’y avoir plus de plastique que de poisson dans les océans d’ici 2050 si rien n’est fait pour améliorer la situation, car à ce jour seulement 5 % de tous les plastiques utilisés sont recyclés convenablement, le reste finissant soit dans des déchetteries, soit dans l’océan ou autres écosystèmes.

C’est en voyant ces statistiques effrayantes que Von Wong s’est décider à créer une installation artistique sur le gaspillage du plastique, en utilisant des pailles en plastique afin d’exprimer la taille du problème des plastiques à usage unique. Selon Von Wong, les pailles en plastique sont pratiquement impossibles à recycler dans la plupart des coins du monde en raison de leur petite taille et de leur légèreté. Mais il s’agit également selon lui de l’un des produits les plus facile à refuser dans un bar, un café ou un restaurant. Mais alors, pourquoi est-ce que plus de gens ne les refusent pas ? Von Wong pense qu’il s’agit d’un manque de conscience, que les gens ne sont pas forcément au courant du gaspillage et de la pollution que cette utilisation quotidienne cause. Son but avec cette installation artistique était donc de créer quelque chose d’une telle envergure que les gens ne pourraient plus rester indifférents. Il espérait ainsi inciter les gens à refuser la prochaine paille en plastique qu’on leur proposerait.

Une partie des pailles en plastique employées dans cette sculpture fut collectée grâce à une collaboration avec Starbucks, l’entreprise ayant installé des bacs de collecte de pailles usagées dans plusieurs de ses boutiques au Vietnam, pays où Von Wong souhaitait réaliser son œuvre. Une autre grande partie des pailles fut collectée sur une durée de 6 mois grâce à l’aide de centaines de volontaires de l’organisation environnementale à but non-lucratif Zero Waste Saigon. Leur collecte impressionnante de pailles se fit à travers plusieurs événements de nettoyage où les volontaires faisaient le tour de plusieurs grandes villes pour ramasser tous les déchets plastiques qu’ils voyaient.

Une fois les 168 037 pailles accumulées, Von Wong et son équipe ont entamé le travail de devoir nettoyer et trier les pailles par couleur avant de les assembler dans une sculpture immense. Von Wong voulait créer une sculpture représentant la séparation de la mer (d’où le titre « The Parting of the Plastic Sea ») pour révéler les plastiques cachés à l’intérieur, illustrant ainsi le problème de pollution des océans.

Von Wong déclare que ce problème du gaspillage du plastique et de la pollution qui s’ensuit est « soit invisible, soit omniprésent, soit tellement omniprésent qu’il en devient invisible ». Von Wong souhaitait aborder ces différents angles avec cette sculpture en créant quelque chose de beau et d’unique à partir d’une tragédie environnementale. C’est ainsi que cette immense sculpture est née, entrant dans le Guinness Book des records comme étant la plus grande sculpture jamais réalisée avec des pailles, sa taille étant de 3,3 m de haut par 8 m de long et 4,5 m de large.

La représentation des vagues avec les pailles permet de relayer le message de Von Wong de façon symbolique, le rendant facile à comprendre. La taille de la sculpture, elle, ajoute à l’impact visuel de l’œuvre, en tant qu’installation et dans les photographies conceptuelles que Von Wong va prendre. Von Wong dit de son œuvre qu’elle permet aux individus de traverser les deux murs de pailles et de ressentir une réaction émotionnelle face à l’énorme volume de déchets générés chaque jour au nom de la commodité. L’installation se déplace au Vietnam, résidant souvent dans des centres commerciaux où elle a déjà été visionnée plus de 100 000 fois. Accompagnant l’œuvre, Von Wong a également créé le hashtag #strawpocalypse afin de propager son message sur les réseaux sociaux et augmenter ainsi son impact, la vidéo de son œuvre ayant déjà dépassé les 2 millions de vues en l’espace d’un an. Grâce à la popularité de cette œuvre, nous pouvons espérer que plus de gens prendront conscience du gaspillage des plastiques à usage uniques tels les pailles en plastique.

« Plastikophobia » (2019)

La troisième œuvre écologique réalisée par Benjamin Von Wong dont nous allons parler tacle le même problème que l’œuvre « The Parting of the Plastic Sea » que nous venons de détailler. Il s’agit en effet d’une autre œuvre exprimant l’énorme problème des plastiques à usage unique, cette fois-ci avec une installation réalisée à partir de 18 000 gobelets en plastique à Singapour. Dans cette œuvre comme dans la précédente, Von Wong cherche à illustrer l’énorme quantité de déchets produite par nos sociétés et à inciter les gens à réduire leur consommation de plastique autant qu’ils le peuvent. Selon un rapport publié par le ministère de l’Environnement et des Ressources en Eau de Singapour en 2018, seulement 6 % des déchets plastiques du pays ont été recyclés en 2017. Les statistiques empirent encore en 2019 où, selon l’Agence Nationale pour l’Environnement de Singapour, seulement 4 % des déchets plastiques ont été recyclés.

Singapour a visiblement un énorme problème avec les plastiques à usage unique et, selon Von Wong, une grande partie de leurs déchets non recyclés est « tournée vers l’incinérateur », chose hautement nocive pour l’environnement. Von Wong va donc réaliser une œuvre écologique en collaboration avec Laura François, stratège en impact social basée à Singapour, par invitation de la Haute Commission du Canada. Pour cette œuvre, l’idée de Von Wong et François était de conceptualiser quelque chose qui pourrait évoquer différentes phobies. Ils souhaitaient créer un nouveau mot pouvant décrire une phobie du plastique, « plastikophobia ». Selon Von Wong, ce mot n’ayant pas encore été créé, il s’agissait donc d’une opportunité de « faire entrer un nouveau mot dans le lexique et d’encourager [‘] davantage de gens à prendre conscience du plastique. »

Avec l’aide de l’Agence Nationale pour l’Environnement de Singapour, Von Wong et François ont put collecter les 18 000 gobelets en plastique usagés nécessaires pour l’œuvre dans seulement 24 centres de déchets situés à Singapour en l’espace d’un jour et demi à peine. Puis, au fil des 10 jours qui ont suivi, le duo et un certains nombre de volontaires ont commencé à laver et trier les gobelets avant de pouvoir commencer l’assemblage de l’installation.

Comme mentionné plus tôt, l’idée de Von Wong et François étant de conceptualiser quelque chose qui pourrait évoquer diverses phobies, la configuration de l’installation était très importante pour maximiser l’impact de l’œuvre. Von Wong souhaitait créer une sorte de grotte avec les gobelets, de façon à invoquer une certaine claustrophobie chez les gens. L’installation une fois complétée fut parsemée de guirlandes à LED, ressemblant ainsi à une grotte cosmique imprégnée d’éléments de trypophobie (la phobie des amas de petits trous), mariant donc deux phobies en un pour une sensation déconcertante.

Les photographies conceptuelles que l’on peut voir de l’installation ont beau exprimer cette sensation déconcertante, elles ont aussi un aspect fantastique, voire magique (grâce notamment aux lumières). Von Wong va d’ailleurs commenter là-dessus, disant que tout en essayant de rester fidèle à l’idée d’invoquer un sentiment de peur et d’inconfort (l’idée des phobies), l’installation devenait au final « trop jolie ». Mais, au final, Von Wong dit s’être rappelé que ce n’était pas forcément une mauvaise chose si l’installation était trop jolie, car le message de gaspillage du plastique était toujours présent dans l’œuvre. Au final, peut-être est-ce ce conflit entre malaise et émerveillement que nous pouvons ressentir en visionnant cette œuvre qui ajoute à son impact émotionnel.

« World’s Tallest Closet » (2018)

Pour conclure cette exploration sur Benjamin Von Wong, nous allons détailler une quatrième œuvre écologique que ce dernier a réalisé, afin de cette fois-ci dénoncer l’énorme problème de l’industrie de la mode rapide. Pour ce faire, il a créé un placard géant remplit de plus de 3 000 habits, le titre de l’œuvre traduit de l’anglais étant « le placard le plus grand au monde ». Dans un concept similaire à celui de ses sculptures faites à partir du nombre de déchets électroniques qu’un Américain produit en moyenne dans une vie, Von Wong souhaitait représenter dans cette œuvre-ci la quantité d’habits qu’une personne américaine utilise en moyenne en une vie, soit environ 3 000 habits. L’œuvre fut réalisée au Caire, en Égypte, dans une autre collaboration avec Laura François. François a, au fil des années, fait du problème de la mode rapide une de ses priorités. Von Wong et François ont donc fait équipe afin de trouver un moyen de rendre ce problème plus réel au public. C’est ainsi que l’idée du placard géant est survenue.

François déclare que sa frustration avec la crise du vêtement dans le mode est « qu’elle se résume à une chose, peu importe le nombre de solutions durables que les gens proposent. » Selon elle, nous achetons tout simplement trop. En collaborant avec Von Wong, François espérait pouvoir créer une œuvre avec un grand impact visuel afin d’interpeller les gens de façon bien plus viscérale qu’avec de simples statistiques.

Les 3 000 habits utilisés pour concevoir cette œuvre furent tous acquis en l’espace de 5 jours par le biais de dons en Égypte, grâce notamment à l’aide d’un professeur et des étudiants de l’Université de Fayoum. Les milliers d’habits furent ensuite triés, et les plus inutilisables furent mis de côté.

Une fois le placard assemblé, l’installation ne dura qu’un certain temps avant que Von Wong et François ne s’associent à des organisations à but non-lucratif en Égypte telle Refuge Egypt afin de donner les habits à des réfugiés et demandeurs d’asile ayant désespérément besoin de vêtements. Donc, au final, cette installation a accompli deux missions : choquer les gens par rapport à la quantité d’habits que nous achetons, et donner des vêtements à des réfugiés en ayant vraiment besoin. Selon Von Wong, cette œuvre avait plus pour but d’exprimer une émotion plutôt qu’un message. Elle a permit de provoquer un choc électrique, d’éveiller les gens pour qu’ils prennent conscience de ce qu’ils achètent. L’industrie du vêtement vaut plus de 550 milliards de dollars, mais si l’on veut avoir un impact, cela commence un habit à la fois.

Cette œuvre, comme toutes les œuvres écologiques de Von Wong dont nous avons parlé précédemment, joue énormément sur son effet choc afin de potentiellement, faire changer les habitudes des gens. La taille du placard (et la quantité d’habits qu’il contient) paraît d’autant plus impressionnante lorsqu’il est visionné en personne. L’impact visuel d’une telle quantité de vêtements et indéniable, et le texte énorme qui dit, « ceci est le plus grand placard au monde, à l’intérieur se trouve tout ce que tu porteras en une vie » (comme nous pouvons le voir dans la photo au-dessus) ne peut qu’interpeller les gens, même les effrayer. Von Wong sait utiliser sa vision artistique pour inciter les gens à évaluer les diverses façons dont ils contribuent à l’endommagement de notre planète.

Impact

Au final, quand nous explorons le parcours artistique fructueux de Benjamin Von Wong, nous ne pouvons qu’être impressionné par sa créativité sans limites. En plus d’être un artiste contemporain sachant construire des installations et sculptures impressionnantes, il est très talentueux quand il s’agit de photographier ses installations de façon innovante. Ceci paraît d’autant plus évident avec ses œuvres écologiques. Comme nous avons pu le voir dans ce dossier, Von Wong use de ses talents en tant qu’artiste visuel afin de créer des œuvres pouvant invoquer des émotions chez les gens. Une œuvre à la fois, Von Wong tente de faire changer les attitudes des gens vis-à-vis de leurs actions quotidiennes qui, sans qu’ils ne le sachent parfois, ont un effet nocif pour l’environnement. En taclant des problèmes tels la surconsommation d’objets électroniques, le gaspillage du plastique et l’achat excessif d’habits, Von Wong ouvre la conversation sur des sujets malheureusement ignorés par un bon nombre de gens.

Grâce à sa popularité en ligne et à l’impact visuel des photographies conceptuelles qui accompagnent ses œuvres environnementales, Von Wong a indéniablement réussi à impacter un très grand nombre de gens. Dans une société telle que la nôtre, il est important d’utiliser tous les moyens possibles afin de faire prendre conscience aux gens l’état d’urgence dans lequel se trouve notre planète. L’art a un impact bien plus fort que bien d’autres formes de communication, car il fait appel à nos émotions par le biais de nos sens, chose que Von Wong a très bien comprit. Voilà pourquoi l’art écologique est si important : il permet de mettre en évidence des problèmes environnementaux tout en proposant des solutions accessibles à tous.

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Références

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Posté par Lisa Durdeyte (décembre 2019)