Bruce Nauman est un artiste, sculpteur et vidéaste américain né le 6 décembre 1947 à Fort Wayna en Indiana. Il est un artiste majeur du XXème siècle.
Artiste inclassable de part ses pratique multiples, il est à la fois proche de l’art minimal, l’art conceptuel et du funk art. Il déclare pratiquer un art qui agresse.
« Je veux qu’il soit véhément et agressif, parce que cela oblige les gens à y prêter attention.»
Bruce Nauman
Bruce Nauman étudie l’art et les mathématiques à l’université et poursuit par la suite son apprentissage dans le domaine artistique. Peintre abstrait à ses débuts, influencé par le mouvement Dada (mouvement intellectuel, littéraire et artistique qui se caractérise par une remise en cause de toutes les conventions et contraintes idéologiques, esthétiques et politiques), il refuse de se cantonner à une école artistique particulière. Après un parcours atypique, il installe son atelier dans une ancienne épicerie à San Francisco en 1966.
En rupture avec les questionnements artistiques de son époque, Bruce Nauman s’interroge sur le corps humain et ses mouvements. Il réalise des performances filmées dans lesquelles il expose des gestes du quotidien. Mais il ne se limite pas à une seule technique et explore plusieurs moyens d’expressions (support), tels que la sculpture, la vidéo, la performance, l’holographie, le dessin, les néons ou encore les installations.
Accordant autant d’importance au procédé utilisé qu’au message transmis, Bruce Nauman se questionne sur la finalité de ses créations. Il déclare présenter et non produire des objets. Une plus grande importance est ainsi accordée au processus créatif minimisant l’importance esthétique de l’objet final. C’est une vision artistique que l’on retrouve chez d’autres artistes tels que Vito Acconci et Eva Hesse. L’objet devient expression d’une volonté artistique.
Il commencera à travailler sur des supports organiques comme des moules en cire ou en fibre de verre afin de « fossiliser » certaines parties de son corps. Ainsi, il élabore une réflexion plastique et théorique à propos de son propre corps qu’il découpe en morceaux, tête en bas ou coupée, membres disloqués. Il réalise plusieurs modèles qui lui permettent de mettre en place un jeu de transparence et d’opacité entre les différentes sculptures. Dès ses premières réalisations Bruce Nauman s’intéresse à l’aspect brut et non fini de la matière.
Son travail sera exposé pour la première fois à la galerie Nicholas Wilder Gallery de Los Angeles en 1966, il expose des sculptures de fibre de verre représentant son propre corps.
Il réalise sa première exposition à l’age de 25 ans et entend provoquer et choquer afin d’attirer l’attention et la réflexion sur son travail. En 1967 il entame sa pensée esthétique à travers les membres éparpillés de son corps, moulés dans de la cire et du plastique. Il inaugure une réflexion plastique et théorique de son propre corps qu’il découpe en morceaux, tête en bas ou coupée, membres disloqués.
Il réalise ensuite sa première exposition collective »Eccentric Abstraction » à la galerie Nicholas Wilder de Los Angeles.
Deux têtes en cire creuse, moulage de modèles de Nauman. L’artiste travaille sur la relation entre l’identité et l’expression du visage, figé dans la cire. Le « bouchon » dans la bouche et dans le nez fait référence au bouchon utilisé par les modèle vivant pour respirer durant la conception des moulages. L’étrange posture des modèles semble refléter l’intérêt de Nauman pour la difficulté de communication entre les Hommes.
Bruce Nauman est l’auteur d’un grand nombre de performances vidéo. Vidéos dans lesquelles l’artiste se met en scène, s’interrogeant sur son propre corps et son mouvement. Cette recherche artistique se traduit par la publication d’une série de vidéos, de 1967 à 1969, dans lesquelles, il transforme son corps en matière manipulable, sujet à une gestuelle répétitive.
Il déambule dans son atelier en accentuant ses mouvements, il s’inspire du travail de Meredith Monk, musicienne, chorégraphe et auteur de happening d’avant garde depuis 1962. Après avoir tracé un second carré autour de celui qui servit pour Dance or Exercise’, plaçant un pied devant l’autre en suivant le tracé extérieur, Nauman déporte exagérément son poids d’une hanche sur
l’autre. Par moment, le reflet de cet exercice de contrebalancement peut être vu dans un miroir posé contre le mur du fond, offrant un angle de vue différent.
Lip Sync
Ces gestes, intimes et rendus presque inhumains du fait de leur réitération, peuvent aussi renvoyer à des rituels primitifs.
Bruce Nauman exprime l’intention d’interpeller le spectateur de manière angoissante pour provoquer sa réaction. Assister aux comportements répétitifs de ses performances crée effectivement le malaise. Pourtant, chacun instaure des rituels personnels dont le but est de se rassurer.
Clown Torture
C’est une série d’installations vidéos qui mettent en scène un clown dans des situations de stress et d’angoisse.
Intéressé par le corps humain, Bruce Nauman invite les spectateurs à participer à ses performances. Le corridor de 1969, exposé au Musée Guggenheim de New York, invite le « regardeur » à devenir acteur.
Celui-ci est amené à parcourir l’espace proposé par l’artiste, un couloir exigu ( 50.8×24.8×60.9) dans lequel son corps sera contraint à l’immobilité. Observé depuis une installation vidéo connecté à un écran, le performeur est spectateur de son propre corps. Confronté à l’étroitesse de l’installation, la sensation d’angoisse au sens étymologique du terme latin « angustu » (lieu étroit) est mis en scène. Créant un état de mal-être, Bruce Nauman expose sa volonté de provoquer le spectateur afin de dénoncer la condition humaine de son temps.
Le Corridor
« Hellman Gallery Paralellogram » où le visiteur est baigné d’une éblouissante lumière verte, ce qui implique une vision rose à la sortie.
Plus tard, au travers de ses montages vidéo se manifeste le concept du corps comme langage. Concept qui s’appuie sur les textes de Ludwig Wittgenstein, philosophe autrichien travaillant sur la philosophie du langage et la recherche de la vérité. Influencé par sa rencontre avec John Cage et Merce Cunningham, il répètera des fragments de gestes du quotidien ou des phrases simples, dans de nombreuses performances jouant ainsi sur le langage avec notamment des syllabes empruntées à son nom. Il jouera avec les lettres de l’alphabet à partir d’installations de néons.
Incarne l’expérience humaine, Symphonie visuelle, Jeux de mots, Relation entre les couleurs.
Phrase déformées pour les rendre saisissantes. L’éclairage néon capte l’attention, agresse et trouble le spectateur. Son bourdonnement peut aussi l’irriter et l’agacer. Nauman critique selon nous la société de consommation en rappelant ici les panneaux publicitaires.
Dans les années 1970 et 1980, on verra Nauman utiliser la spirale de néon qu’il associera à des situations violentes et/ou sexuelles et provocantes.
Il crée ensuite des carrousels.
En 1990, il revient au corps violent et filme en gros plan la tête d’un acteur tournant comme un gyrophare tandis qu’il prononce des déclarations violentes : « Hit me ! Beat me ! » etc.
Rinde Spinning
Lorsqu’il parle de son travail, il explique : « Fondamentalement, mon œuvre est issue de la colère que provoque en moi la condition humaine. Ce qui me met en fureur, c’est notre capacité de cruauté, la faculté qu’ont les gens d’ignorer les situations qui leur déplaisent. Ce qui me fascine aussi, c’est de voir comment la colère ordinaire, et même la haine que l’on peut ressentir pour quelqu’un, se transforme en haine culturelle. »
Dessinateur, il a aussi réalisé une œuvre graphique dans laquelle on retrouve sa passion pour les fragments de corps, les signes et l’écriture.
Nauman est l’un des artistes contemporains les plus influents, avec des idées novatrices et provocatrices. Il explore le langage et le corps avec sur des thèmes inhabituels.
L’autoportrait de l’artiste renvoie explicitement à la provocation de Marcel Duchamp, auteur en 1917 d’une iconoclaste Fontaine, le célèbre urinoir.ces oeuvres majeures sont oubliées svp les décrire etc…
Les inspirations de Nauman
A travers son œuvre il s’intéresse à la vie, à la mort, au plaisir et à la douleur, en s’attachant aux notions du corps et à celle de l’identité, à la fonction du langage, aux phénomènes de perceptions de l’espace, aux processus artistiques, et à la participation du spectateur. Après avoir obtenu sa maîtrise d’art, Bruce Nauman consacre aussi une partie de son temps à l’enseignement, notamment à « l’Art Institute de San Francisco » en 1966, puis à l’Université de Californie en 1970.
Il est également très inspiré par tout ce qui se rapporte au monde de la danse, l’expression du corps en mouvement sur une musique plus ou moins rythmé. Il est sensible à l’œuvre : de John Cage dont on retrouve l’influence dans certaines pièces sonores qu’il réalisera. Il s’inspirera aussi de Samuel Beckett et de Karlheinz Stockhausen.
Son travail le plus récent fut formé par des idées émergeant du Minimalisme de la fin des années 60 et plus particulièrement dans la manière dont il traite le corps, son corps qu’il montre dans nombreuses de ses vidéos. Il parle aussi du fait de lier le corps aux objets environnants. Il évoque alors l’influence des nouvelles idées minimalistes ayant un impact sur la relation entre celui qui regarde l’objet et la sculpture regardée. Nauman a l’habitude de fuir les représentations lisses du Minimalisme. Il préfère adopter une vision plus crue dans ses représentations.
Films et vidéos
- En 1967 : Thighing (Blue)
- En 1967-1968 : Dance or Exercise on the Perimeter of a Square (Square Dance)
- En 1967-1968 : Walking in an Exaggerated Manner around the Perimeter of a Square
- En 1992 : Anthro/Socio
- En 1997 : Clown Torture
- En 2005 : One Hundred Fish Fountain
- En 2008 : Drawings for Installations, Sperone West Water , New York (Etats-Unis)
- En 2008 : Drawings for Installations, Sperone West Water , New York (Etats-Unis)
- En 2010 : Vice et Volupté. Les 7 péchés capitaux de Dürer à Nauman – Zentrum Paul Klee et Musée des Beaux-Arts de Berne
- En 2010 : La collection oeuvres de Bruce Nauman – MAC Lyon
Thighing (blue) 1967 : Thighing, un mix en anglais de « thigh » (cuisse) et « sighing » (soupirant). Dans ce film, Nauman montre un gros plan de sa cuisse dont il pince la peau et manipule la chair de sa main. En fond sonore, le bruit de sa respiration.
- Dance or Exercise on the Perimeter of a Square (Square Dance), 1967-68 : Avec Playing a Note’, Bouncing two Balls’, et Walking in an Exaggerated Manner’, ce film fait partie des quatre premiers films enregistrant des activités d’atelier réalisés à Mill Valley au cours de l’hiver 1967-68. Bruce Nauman y exécute un pas de danse simple. Partant d’un angle d’un carré matérialisé par du ruban adhésif collé sur le sol,il se déplace sur son périmètre. Il tourne son corps alternativement vers l’intérieur du carré ou vers le mur, se présentant selon les cas de dos ou face à la caméra. Ses mouvements sont régulés par le battement d’un métronome.
- One Hundred Fish Fountain est composé de 97 poissons suspendus au-dessus d’un grand bassin d’eau, une des rares vidéos apaisante. cette installation fait écho à des souvenirs d’enfance de l’artiste, quand il pêchait avec son père au lac Michigan. L’eau circule à travers les poissons et jaillit de leur corps. La fontaine est programmée de telle sorte que le spectateur puisse entendre tantôt bruit et le mouvement de l’eau, tantôt le silence.
L’artiste Bruce Nauman est l’une des plus grandes figures de l’art actuel, c’est un artiste qui aime provoquer, susciter le malaise. Dans ces expositions nous avons l’impression de nous retrouver au coeur d’un film de science-fiction, lors de ces expositions il faut s’attendre à tout sauf au calme. A travers ces œuvres il nous transmet des propos claires et des message pertinents. C’est un artiste qui ne cesse de réfléchir à son rôle de créateur et à celui de l’art dans la société.
Citations de Bruce Nauman
«En art, il y a une tendance qui consiste à toujours en rajouter , de façon à ce que les gens puissent reconnaître qu’ils sont bien confrontés à de l’art; alors qu’il suffit d’exposer le travail tel quel.Exposer une idée de la manière la plus directe me semble être une des choses les plus difficiles qui soient. Dans un premier temps, j’essaye de visualiser quelque chose, ensuite je le fais et le re-fais plusieurs dois en déclinant toutes les possibilités et lorsque je persévère suffisamment, je reviens au point de départ.»
« compris que je ne développerai jamais un processus spécifique et que j’aurai toujours à le réinventer»
« grimage n’est pas nécessairement anonyme, mais en quelque sorte très déformé, quelque chose derrière lequel on peut se cacher. Il ne révèle vraiment»
Bibliographie
- Mc Luhan, Marchall : Message et Massage (Paris 1968).
- Art press : n°89 Bruce Nauman par Robert Storr.
- Michael Rush : les nouveaux Médias dans l’art. « l’univers de l’art » éd. Thames & Hudson.
- Wittgenstein, Ludwig : Investigations philosophiques, Paris Gallimard 1961/1986.
Liste de toutes les vidéos
- Thinking ,1967 Film 16 mm, sonore, couleur, 5′ diffusion: Castelli-Sonnabend Tapes and Films Inc.
- Violining, 1967 Film 16 mm, sonore, noir et blanc, 11 mn diffusion: Castelli-Sonnaben : J Tapes and Films Inc.
- Art Make Up n°1 White, 1967-1968 Film 16 mm, silencieux, couleur, 11′ production: Leo Castelli Gallery Diffusion: Castelli-Sonnabend Tapes and Films Inc.
- Art Make Up n°2 Pink, 1967-1968 Film 16 mm, silencieux, couleur, 11′ production: Leo Castelli Gallery Diffusion: Castelli-Sonnabend Tapes and, Films Inc.
- Art Make Up n°3 Green, 1967-1968 Film 16 mm, silencieux, couleur, 11′ production: Leo Castelli Gallery Diffusion: Castelli-Sonnabend Tapes and Films Inc.
- Art Make Up n°4 Black, 1967-1968 Film 16 mm, silencieux, couleur, 11′ production: Leo Castelli Gallery Diffusion: Castelli-Sonnabend Tapes and Films Inc.
- Bouncing Two Balls Between the Floor and Ceiling with Changing Rythms,1967-1958 Film 16 mm, sonore, noir et blanc, 9′ production. Leo Castelli Gallery Diffusion. Castelli-Sonnabend Tapes and Films Inc.
- Dance or Exercise on the Perimeter a Square, 1967 -1968 Film 16 mm, sonore, noir et blanc, 11′ Production: Leo Castelli Gallery Diffusion: Castelli-Sonnabend Tapes and Films Inc. et V. R.I.
- Playing a Note on the Violin While I Walk Around the Studio, 1967-1968 Film 16 mm, sonore, noir et blanc, 11 mn Production: Leo Castelli Gallery Diffusion: Castelli-Sonnabend Tapes and Films Inc. et V. R. I.
- Walking in an Exaggerated Manner Around the Perimeter of a Square, 1967-1968 Film 16 mm, silencieux, noir et blanc, 9’Production: Leo Castelli Gallery Diffusion. Castelli-Sonnabend Tapes and Films Inc.
- Bouncing in the Corner n° 1, 1968 Vidéo, sonore, noir et blanc, 60′ Diffusion: Castelli-Sonnabend Tapes and Films Inc.
- Flesh to Black to White to Flesh, 1968 Vidéo, sonore, noir et blanc, 60′ Diffusion: Castelli-Sonnabend Tapes and Films Inc.
- Pacing Upside Down, 1968 Vidéo, sonore, noir et blanc, 60′ Diffusion. Castelli-Sonnabend Tapes and Films Inc.
- Revolving Upside Down, 1968 Vidéo, sonore, noir et blanc, 60′ Diffusion: Castelli-Sonnabend Tapes and Films Inc.
- Slow Angle Walk, 1968 Vidéo, sonore, noir et blanc, 60′ Diffusion: Castelli-Sonnabend Tapes and Films Inc.
- Stamping in the Studio, 1968 Vidéo, sonore, noir et blanc, 60′ Diffusion: Castelli-Sonnabend Tapes and Films Inc.
- Violin Tuned D. E. A. D…, 1968 Vidéo, sonore, noir et blanc, 60′ Diffusion: Castelli-Sonnabend Tapes and Films Inc.
- Wall/ Floor Positions, 1968 Vidéo, sonore, noir et blanc, 60′ Diffusion. Castelli-Sonnabend Tapes and Films Inc.
- Black Balls, 1969 Film 16 mm, silencieux, noir et blanc, 8′ Production. Leo Castelli Gallery Diffusion: Castelli-Sonnabend Tapes and Films Inc.
- Bouncing Balls, 1969 Film 16 mm, silencieux, noir et blanc, 9′ Production: Leo Castelli Gallery Diffusion. Castelli-Sonnabend Tapes and Films Inc.
- Bouncing in the Corner n° 2 (Upside Down), 1969 Vidéo, sonore, noir et blanc, 60′ Production: Leo Castelli Gallery Diffusion. Castelli-Sonnabend Tapes and Films Inc.
Dernières expositions
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- En 2008: Drawings for Installations, Sperone West Water , New York (Etats-Unis).