Biographie de Camille Henrot
Camille Henrot est la fille de François Henrot, associé de David de Rothschild, un grand banquier d’affaires. Elle est née le 21 Juin 1978 à Paris, en France. Elle été scolarisé à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, où elle a étudié l’animation cinématographique et eu l’occasion de devenir l’assistante de Pierre Huyghe. Un artiste qui travaillait dans la publicité et la réalisation de clips musicaux. Camille vas même produire ses premières vidéos et graphismes pour ses films d’animation ou ses publicités.
Elle réalise ses premières expositions collectives en 2002. Après quelques années de performances, la galerie Kamel Mennour (une galerie d’art contemporain parisienne) la met énormément en avant, qui lui permet d’être nominée au prix Marcel-Duchamp en 2010.
En 2012, Camille Henrot s’en va habiter à New York, à l’International Studio and Curatoral Programs, mais continue de travailler entre la France et les États-Unis. L’Institut Smithsonian, une institution de recherches scientifiques, lui offre une bourse d’étude en 2013, qui a donné naissance à son film devenu un grand succès, qui été une réponse à la réalisation de Massimiliano Giono (conservateur au New Museum) qui était basée sur le « savoir encyclopédique ». Avec cette œuvre elle est récompensée du Lion d’Argent, la meilleure jeune artiste au Biennale de Venise en 2013.
Comment comprendre l’art de Camille Henrot ?
Ses oeuvres montrent une grande variété de support de travail, cela comprend l’installation vidéo, la sculpture, le dessin et l’assemblage. Elle a travaillé avec de nombreuses formes diverses de médias comme le film ethnographique, le zoetrope ou encore les lignes téléphoniques. Camille Henrot reconsidère sa connaissance en la matière et les types de l’objets.
« Les savoirs se présentent comme des autorités, or ce qui domine ma pratique, c’est la curiosité. J’aime assez l’idée d’être toujours étranger à son propre domaine de spécialisation. C’est une liberté de l’artiste de n’être pas tenu d’avoir raison et il doit user de cette liberté de penser de manière déraisonnable. Cela dit, j’aimerais qu’il y ait plus de possibilité d’échanges entre les chercheurs et les artistes »
Camille Henrot
Son parcours confirme cette curiosité, son intérêt pour les sciences et notamment pour l’anthropologie, elle explore constamment les champs d’activité et les créations humaines, en aimant surprendre, et se passionne pour les mythes anciens et modernes.
L’artiste fait référence à l’auto-assistance, à l’anthropologie culturelle, à la littérature, à la psychanalyse et aux réseaux sociaux pour s’interroger sur ce que signifie être à la fois une personne avec une vie privée et un sujet global.
Henrot s’intéresse à la confrontation des questions émotionnelles et politiques, et à la manière dont l’idéologie, la mondialisation, les croyances et les nouveaux médias interagissent pour créer un environnement d’anxiété.
L’évolution des styles d’informations et des connexions interpersonnelles, les relations entre les expériences individuelles et dynamiques, ainsi qu’entre les images et le langage, sont au centre de ses œuvres.
Mélangeant le rôle d’artiste et d’anthropologue, on observe dans l’art d’Henrot un processus de recherche intensif, dont elle utilise les résultats pour construire des récits multimédias qui explorent l’histoire de l’univers, la nature du mythe et les limites de la connaissance humaine.
La pratique de Henrot rassemble un ensemble de matériaux naturels et culturels en combinant la vidéo, la sculpture, la peinture, l’installation, le dessin et aussi la nature floral. L’alignement d’objets et d’images qui démontrent comment les systèmes de classification et de représentation changes la façon dont on comprend et vois le monde.
Ses oeuvres les plus marquantes
Grosse fatigue – 2013
Camille Henrot s’est lancé le défi de raconter l’histoire de la création de l’univers. Pour ça, elle réalise une vidéos de treize minutes tournée à Washington dans l’Institution Smithsonian dont elle a reçu une bourse d’étude. Elle appellera cette vidéo artistique Grosse Fatigue, elle qui se dit être condamnée à porter le poids du monde sur ses épaules…
La vidéo Grosse Fatigue est un long poème livré dans le style du « spoken word », la forme d’expression utilisée avec succès dans la musique New-Yorkaise dans les années 70. Elle mêle l’histoire scientifique à des récits de la Création appartenant à des traditions religieuses, hermétiques ou encore orales dans un style « syncrétisme ».
En arrière-plan de ces images passionnante, Camille Henrot réalise ce qu’elle appelle un » déploiement intuitif de la connaissance » à travers une série de plans dévoilant les trésors cachés des collections de l’Institution Smithsonian, retravaillés avec des images trouvées sur internet et des scènes filmées dans des lieux divers qui apparaissent comme des « pop-ups » à l’écran.
Cette vidéo rend saisissant les préoccupations primordiales de l’œuvre de Henrot. Fusionnant des images de la culture contemporaine et des mythes culturelles sur une bande sonore de hip-hop et de mots parlés…
D’un certain point de vue, le travail de Henrot exprime la simultanéité et la multiplicité sans fin de l’image dans la culture contemporaine, ce qui produit à la fois la possibilité de découvrir de nouvelles relations entre les choses mais aussi le risque que chaque objet perde sa signification en raison d’une « surcharge sensorielle ».
L’œuvre de Camille Henrot démontre également la dimension cosmique, la profondeur du monde… Puisqu’elle s’efforce d’encourager le spectateur à découvrir les universels qui relient les frontières artificielles entre nature, histoire et culture. Elle s’inspire de théories scientifiques et de récits religieux liés à la création pour montrer le désir commun de l’homme d’expliquer ses origines. Elle s’intéresse aussi aux impulsions qui continuent de stimuler les nouvelles technologies et la séduction de la construction de soi en ligne.
Toutes ses images qui défilent, à toute vitesse et la légèreté du monde numérique, met alors en évidence la lourdeur et l’épuisement provoqués par des flux de données écrasants. ‘Grosse Fatigue’ considère l’accumulation incessante d’objets, de spécimens d’animaux morts dans les musées et des dommages environnementaux qui s’en suivent, est ce qui alimente notre faim infinie de connaissances.
Ma montagne – 2016
Ma Montagne est une œuvre pour la commune de Pailherols et l’association « Sauvegarde des burons du Cantal » en hommage aux anciens buronniers, réalisée dans le cadre d’un partenariat entre la Fondation de France-action Nouveaux commanditaires et le ministère de la Culture et de la Communication au titre du soutien à la commande publique.
Enthousiaste, Camille Henrot réalise une série de sculptures disséminées dans la montagne de Pailherols, un village dans l’Auvergne. Elle dévoile une oeuvre qui témoigne d’une histoire humaine forte, d’un « mémoire » montrant le lien étroit entre l’homme/l’animal/le paysage.
Les sculptures s’inspirent de la forme d’une barrière utilisée par les vachers pour réunir le troupeau. Chacune d’elles invites à la mobilité de notre regard et au déplacement. L’ensemble lui décrit un alphabet inspiré des trigrammes du Yi King (Le Livre des Transformations). Pratique ancestrale de divination chinoise, le Yi King est un système de signes qui décrivent les états du monde et leurs évolutions.
Quand le parc où l’oeuvre à été réalisée se retrouve fermé, alors celle-ci se transforme en une sorte de constellation, comme une carte du ciel qui renvoie à l’infini de l’univers. Et cela juste le temps du printemps, car de couleur blanche, les barrières disparaissent sous la neige en hiver.
Testa di Legno – 2017
Camille Henrot a dévoilé l’oeuvre Testa di Legno à la galerie Kamel Mennour à Paris. Cette oeuvre est une installation en bois, métal et de boules de bowling qui montre sept personnages en bois emprisonnés. Plusieurs d’entre eux sont enchaînés à une clôture qui délimite un espace que l’on pourrait voir comme une cour de prison. En effet l’attitude des personnages, l’un portant un ballon de gym, l’autre soulevant des haltères fait penser à celle de prisonniers.
La façon dont Camille Henrot met en places les détenus nous démontre qu’ils sont maintenus sous observation constante. Les visiteurs qui se promènent, scrutent le groupe, à distance, sous tous les angles. Le public intègre l’installation en étant mis à la place de ceux qui observe et surveille, comme les chaînes et les clôtures. Dans cette optique, les personnages semblent être positionnés comme cela pour satisfaire les voyeurs, imitant un loisir innocent. Il est même tentant d’imaginer que si on les laissait sans surveillance, ils tenteraient de se libérer…
Le titre montre effectivement une signification … « Testa di Legno » est une tête de bois, comme une marionnette. Un personnage sans capacité de pensée, un corps créatif mais muet. En tant que marchandise dans le système social, ces marionnettes illustrent les inégalités d’argent, de pouvoir, et de liberté. Cela nous interroge aussi sur une étude sur la relation entre la liberté individuelle et les structures qui dictent la place de chaque personne dans la société.
Dans une société disciplinaire, comme dans une prison, même les activités les plus inoffensives sont observées et contrôlées. Apparemment en train de jouer, ces sculpture en forme de marionnette évoquent également des quilles de bowling et les sculptures polynésiennes qui décorent les bars Tiki, deux symboles des loisirs américains.
Days are Dogs – Exposition au Palais de Tokyo, 2018
En 2018, le Palais de Tokyo offre à Henrot l’intégralité de son espace pour exposer. Elle y expose un travail qui explore la manière dont la semaine de sept jours structure notre rapport au temps. Elle révèle la façon dont la notion de semaine nous rassure en nous donnant des routines. Mais aussi qu’elle créer un ensemble de contraintes et de dépendances.
Days are Dogs nous montre l’étendue du talent de Camille Henrot à travers les plusieurs oeuvres représentés entre sculptures, dessins, vidéos et installations. L’exposition est divisée en sept parties, chacune consacrée à un jour de la semaine. Les visiteurs découvrent des œuvres qui reflètent les émotions et les activités associées à chaque jour, pendant qu’ils passent d’une salle à l’autre.
En utilisant cette structure pour organiser son exposition, Henrot met l’accent sur l’impact des dépendances, des frustrations et des désirs qui se mettent en placent en vivant au rythme de la semaine. L’exposition explore des idées telles que la soumission et la révolte, tant sur le plan personnel, les relations sexuelles, par exemple, que sur le plan social, où le pouvoir économique et idéologique est en jeu.
La première pièce explore le samedi, avec le film Saturday. Un court-métrage qui a été réalisée par l’artiste, qui porte sur l’espoir de l’être humain, et les différentes façons utilisés par l’Homme pour maintenir et renouveler ce sentiment.
Pour le dimanche, elle présente une salle sur le thème de « l’Ikebana », un symbole du retour sur soi, du lien entre les livres et la pensée de l’artiste. Au centre, une sculpture, et sur les murs, des auteurs et des livres qu’elle aime. Elle nous partage sa bibliothèque personnelle pour le jour du repos.
Puis viens lundi, le jour de la Lune, le jour du changement du caractère lunatique. Mais c’est surtout le début de la semaine et le retour au travail, journée qu’on aimerait passer au lit et non au travail, d’où le lit en bronze posé en déséquilibre sur des chaises dans la salle d’exposition.
La semaine se poursuit avec Mardi, jour de Mars, Dieu de la guerre. L’installation représente un tapis de jiu-jitsu, qui renvoie à l’affrontement et au conflit. Dans ce lieu de combat on retrouve aussi une sculpture qui forme une tresse, renvoyant à l’idée de bien-être mais aussi de douleur comme le dicton « il faut souffrir pour être belle ». Le film « Tuesday »’, vient aussi compléter les installations.
Mercredi, jour de Mercure, est le jour de l’échange et de la communication. Pour questionner le pouvoir de la parole et surtout la nature de nos échanges, Henrot réalise l’oeuvre ‘Office of Unreplied Emails’ qui représente une centaine de courriels reçus par l’artiste, qui pour elle reflète le sentiment d’impuissance face à un monde en crise qui invente toujours plus de moyens de communication pour éviter de se rencontrer et de se confronter à la réalité.
La journée de Jeudi, jour de Jupiter, jour de puissance. L’artiste mêle la légende de la disparition de la ville d’Ys, avec la disparition d’une société indienne matriarcale de Louisiane. Camille Henrot invoque la puissance et le pouvoir de la nature sur notre existence. Elle mêle l’image de Mère Nature et l’argent avec le chemin de monnaie qui nous mène vers le jour suivant.
On finis la semaine avec Vendredi, jour de Vénus, Déesse de l’amour. Camille nous expose un herbier fait de fleurs récoltées dans les quartiers de New York avec un bijoux de la princesse Salima Aga Khan.