Eadward Muybridge

Eadward Muybridge de son vrai nom Eadward James Muggeridge est un photographe anglais qui est notamment connu pour ses travaux sur la décomposition photographique du mouvement.

Il est né le 9 avril 1830 à Kingston Upon Thames dans la banlieue de Londres et mort le 8 mai 1904 à 74 ans.

A vingt et un ans, il quitte l’Angleterre pour faire fortune aux États-Unis, il commence sa carrière en tant que libraire à New-York puis s’installe à San Francisco toujours en tant que libraire. En 1860, il est grièvement blessé à la tête dans un accident de diligence. Cet accident peut être vu comme l’explication de son tempérament fantasque et morne, au point que certains le considèrent comme dérangé. Il passe les années 1860-1865 en convalescence dans son Angleterre natale.

En 1866 il revient à San Francisco et entame une carrière de photographe paysagiste. Il rencontre sa future épouse en 1867 Flora Shallcross Stone.

À l’aide de son studio volant, il prendra des centaines de vues de San Francisco, publiées sous le pseudonyme d’Helios.

Panorama of San Francisco, Eadward Muybridge

En 1874, nait son fils Florendo Helio Muggeridge. Soupçonnant le major Harry Larkyns d’être le père de l’enfant il le tue. Il est acquitté grâce au talent de son avocat en tant que «homicide justifiable». Il consacre le reste de l’année à un reportage photographique en Amérique Centrale et en Amérique du Sud.

Ruines de l’église de San Domingo, Panama, 1875

A partir de 1877 il commence à photographier les chevaux, les humains et les animaux, à Palo Alto. Puis de 1880 à 1900, il se consacre à ses travaux scientifiques qui vont faire évoluer le monde du cinéma. Il meurt en 1904 alors qu’il reconstitue dans son jardin une maquette des Grands Lacs d’Amérique du Nord. Contrairement à ses contemporains les frères Lumière et Étienne-Jules Marey, son travail est rapidement oublié.

Travaux de Muybridge

Travaux photographiques

En 1859 Muybridge découvre les oeuvres de photographes paysagistes de l’époque tels que Charles L. Weed, Robert Vance et Carleton Watkins. C’est grâce à eux que Muybridge décide d’aller installer son matériel à Yosemite Valley. Contrairement à ses prédécesseurs il surprend par ses prises de vue qui dégagent une émotion particulière qui vont contribuer à son succès.

Canyon Tenaya, valais de Yosemite, Eadward Muybridge, 1872

De 1867 à 1873 Muybridge est très productif. Il travaille notamment sur des vues de la ville de San Francisco car veut en faire une vue panoramique. Il aime retoucher ses photographies et il met au point la technique du «ciel masqué» qui consiste à dissimuler sur les négatifs la zone du ciel pour pouvoir ensuite la remplacer par un autre ciel. Les commandes se succèdent et les services publics américains font régulièrement appel à ses talents. Il photographie le territoire de l’Alaska pour le compte du ministère américain de la guerre.


Bien que spécialisé dans le paysage, Muybridge, inclut très vite dans ses compositions des portraits. Ses reportages photographiques sur la guerre des Modocs durant laquelle les indiens conduits par le célèbre capitaine Jack opposent une résistance acharnée aux lois des hommes blancs et ses photographies de la Yosemite Valley font sensations.

La décomposition du mouvement

En 1872, le physiologiste Etienne-Jules Marey affirme qu’il existe un moment dans le galop du cheval où celui-ci ne touche plus le sol. Cette affirmation est non prouvée et vivement rejetée. Des paris s’engagent pour savoir si le cheval« vole ». Le gouverneur de Californie, Leland Stanford, demande à Muybridge de trancher la question grâce à une photographie instantanée. Il fait plusieurs essais qui sont des échecs. Il lui faut trouver le moyen d’exposer une plaque au collodion humide assez brièvement pour obtenir une image nette. Le collodion humide est un procédé chimique qui permet d’obtenir des clichés d’une grande finesse avec un temps de pose rapide. Il doit être préparé quelques minutes avant l’utilisation.

En 1878, Muybridge passe commande en Angleterre de 24 appareils photographiques qu’il dispose le long d’une piste équestre, déclenchés par des fils tendus. Il réussi à produire 12 images consécutives nettement définies d’un cheval au galop. Mais cette technique montre très rapidement ses limites.

Muybridge et les ingénieurs de la Central Pacific finissent par concevoir un mécanisme d’horlogerie automatique qui actionne successivement les différents obturateurs et permet la prise de vues instantanés de toutes sortes de sujets.


Ces photographies ont pu démontrer que la théorie du physiologiste français Étienne-Jules Marey était vraie. Après cet exploit photographique Muybridge reçoit un accueil chaleureux de la part de la presse internationale.

Muybridge s’intéresse de prés à la locomotion animale et donne de nombreuses conférences aux États-Unis et en Europe à ce sujet. A partir de 1884, il lance un projet en collaboration avec l’université de Pennsylvanie. Ce projet dure trois ans et consiste à prendre des photos d’hommes, de femmes et d’enfants en mouvement. Il les photographie lors d’actions plus ou moins complexes (femme en poursuivant une autre avec un balai, descendant les escaliers ou se jetant dans une meule de foin).


Si les travaux de Marey et de Muybridge sont souvent mis en relation, on peut remarquer que la démarche de ce dernier n’a rien de scientifique (les membres qui font l’objet de l’observation sont dissimulés par un drapé, plusieurs phases du geste manquent, numérotations contradictoires sur le négatif et sur le positif). Muybridge serait aller jusqu’à manipuler certaines images au sein d’une même série pour lui donner un aspect plus rigoureux et dissimuler les incohérences.

Le Zoopraxinoscope

En 1879, il invente un appareil qui décompose le mouvement: le zoopraxinoscope. Ce dernier peut être considéré comme le premier projecteur de cinéma au monde.
Il se compose d’un corps de lanterne et d’une lentille, entre lesquels est placé un mécanisme pour mettre en rotation un disque en verre monté à coté d’un obturateur fendu tournant en sens inverse. Sur le bord du disque est peinte la silhouette du sujet (cheval, vache, homme, femme’) à différents stades de son déplacement. Le cinématographe est né. Il présente son invention au cours de ses conférences 1881-1882.


En 1893 à l’exposition universelle de Chicago, Muybridge dispose d’un pavillon spécial, le « Zoopraxographical Hall » pour présenter le zoopraxinoscope, cette fois avec des images en couleur et animées. L’effet produit sur l’écran est semblable à un dessin animé. Cette représentation peut être considérée comme la première salle de cinéma. Un point commun était l’entrée payante.

L’influence de Muybridge

Ses travaux ont inspiré plusieurs artistes de notre époque dont :

  • Frederic Remington : en 1890, la série de photographies « Annie G. », qui décompose le galop d’un cheval, lui inspire Cowboy.
  • Marcel Duchamp qui en 1912 peint une femme descendant un escalier, inspirée du livre « Le Mouvement » d’Etienne-Jules Marey qui lui même s’est appuyé sur les travaux de Muybridge.
  • U2 : l’esthétique de leur clip pour la chanson Lemon, dans lequel les quatre musiciens Irlandais sont en action sur un fond noir quadrillé de blanc, est directement inspirée des travaux d’Eadweard Muybridge.
  • John Gaeta : les principes de base de Muybridge ont servi dans la réalisation de l’effet du « bullet time » dans le film Matrix.
  • Philip Glass compose en 1983 une pièce musicale en trois actes intitulée The Photographer en hommage à l’histoire personnelle mouvementée de Muybridge.

Publications de Muybridge

  • 1878 : Photographies de chevaux en mouvement
  • 1880 : Attitudes of Animals in Motion. Livre numérisé.
  • 1887 : Animal Locomotion. Livre numérisé.
  • 1891 : The Science of Animal Locomotion
  • 1893 : Descriptive Zoopraxography.
  • 1899 : Animals in Motion
  • 1900 : The Human Figure in Motion

Sources