Georges Rousse est un photographe plasticien dont le processus créatif relève de la peinture, de l’architecture et du graphisme.
Biographie
Lorsqu’il est étudiant en médecine à Nice, il décide d’apprendre chez un professionnel les techniques de prise de vue et de tirage puis de créer son propre studio de photographie d’architecture.
C’est avec la découverte du Land Art et du Carré noir sur fond blanc de Malevitch que Georges Rousse choisit d’intervenir dans le champ photographique établissant une relation inédite de la peinture à l’Espace. Il investit alors des lieux abandonnés pour les transformer en espace pictural et y construire une œuvre éphémère, unique, que seule la photographie restitue.
Dès le début des années 80, il présente ses images en tirages de grand format et son œuvre forte et singulière déplace les frontières entre les médias traditionnels .
Il expose et intervient dans le monde entier (en Europe, en Asie, aux Etats-Unis ?), il a participé à de nombreuses biennales.
Technique de création
première étape : montage d’une forme simple
Les lieux privilégiés sont les bâtiments désaffectés, la réalisation du volume est accomplie avec des assistants. Cela commence par une mise au noir du lieu, une projection diapositive est faite, elle permet l’inscription de la forme plate dans l’espace.Les assistants armés de crayons prennent les repères des bords de la forme choisie. D’autres éléments découpés peuvent être ajoutés pour venir compliquer un peu plus l’illusion visée.
deuxième étape : reproduction photographique
Lorsque la préparation de l’installation est achevée, une chambre photographique vient remplacer le projecteur de diapositive. L’illusion sera ainsi parfaite, et la qualité de la photographie, destinée à des agrandissements importants, sera optimale. La prise de vue est un moment important, puis lorsque la photographie est faite le décor qui a servi à sa fabrication peut être détruit.
L’espace
Son matériau premier est l’Espace. Il organise et met en scène l’espace de bâtiments abandonnés dans le but ultime de créer une image photographique.
Dans l’image finale trois espaces sont réunis : l’espace réel dans lequel l’artiste intervient, l’espace fictif qu’il imagine et construit patiemment dans le lieu et un nouvel espace qui n’advient qu’au moment de la prise de vue et n’existe que par la médiation de la photographie.
Ces lieux de précarité, rejetés, ignorés, souvent dégradés, dont la disparition est proche sont transfigurés en œuvre d’art par l’artiste plasticien qui leur offre une nouvelle vie éphémère.
Perception
Son œuvre transforme la perception du spectateur vis-à-vis de l’espace et de la réalité, c’est un jeu d’illusion auquel nous soumet l’artiste.
Georges Rousse travaille donc en illusionniste puisqu’il propose une vision particulière et renouvelée d’un lieu existant, par une intervention in situ dont le spectateur est exclus.
S’il est à la fois concepteur, installateur, peintre et à ce titre plasticien, son travail joue sur le point de vue et le passage de la réalité en trois dimensions à l’illusion en deux dimensions.
Le réel au service de la photo
Cette fusion énigmatique des espaces dans l’image met en abyme la question de la reproduction du réel par la photographie, de l’écart entre perception et réalité, entre imaginaire et réel. La photographie est la finalité de l’action picturale.
En mettant le relief au service du monde plat, il inverse la relation entre la photographie et le monde, ce n’est pas la photographie qui représente le monde, c’est le monde qui concourt à la photographie.