
Née à Biarritz d’un père italien et d’une mère autrichienne, Gina Pane passe une partie de son enfance en Italie. Elle revient en France pour faire ses études aux Beaux-Arts de Paris de 1961 à 1966 (section Peinture et Lithographie). De part sa formation classique aux Beaux-Arts, elle conservera un intérêt sans cesse renouvelé pour le corps. Elle sera enseignante à l’école des Beaux-arts du Mans de 1975 à 1990 et dirigera un atelier de performance au centre Georges Pompidou en 1978 et 1979 à la demande de Pontus Hulten. Elle meurt prématurément en 1990 des suites d’une longue maladie.
Gina Pane a réalisé des peintures géométriques (1962-1967) avant de s’investir dans les sculptures et les installations. La relation du corps à la nature détermine ses sculptures et surtout ses premières actions. Figure majeure de l’art corporel des années 1970, elle a composé une série d’actions minutieusement préparées et documentées, où chaque geste est accompli avec une dimension rituelle.
L’art corporel

Dans les années 1970, agissant souvent comme un faisceau d’actions artistiques, politiques et parfois subversives, une partie des artistes pratiquant le body art a repoussé certaines limites de représentation, en suscitant parfois les réactions négatives d’un public médusé. Une partie de ces artistes explorent la douleur avec des pratiques parfois violentes et/ou sadomasochistes.
Gina Pane se distingue sur la scène artistique française dès 68, avec une série d’actions (terme qu’elle préférait à celui de Happennings performance, trop démonstratif) qui en fait d’emblée une figure admirée du body-art français. Gina Pane fait de son corps un instrument de langage et non l’objet de son art. Un mode d’expression qui prend la forme de longues actions (rarement moins de 50 minutes) qu’elle chorégraphie à l’extrême, prévoyant le moindre geste, la moindre position, qu’elle conçoit sur des carnets par le biais de storyboards. Entièrement vêtue de blanc, couleur choisie pour sa neutralité, elle s’abandonne littéralement au public lors de mises en scène dramatiques. Son travail se présente comme une réflexion politique et se veut plus qu’une simple performance, Gina Pane utiliserais son corps pour inciter le public à faire face à des questions sur le monde. Ces interventions sont en ce sens une tentative de communication sur ses propres questionnements, questionnement qui passent en effet parfois par la souffrance.
Oeuvres
Gina Pane réalise des peintures géométriques avant de commencer à s’investir dans les sculptures et les installations. La relation du corps à la nature détermine ses sculptures, et surtout, ses performances. Elle compose en effet une série de performances, minutieusement préparées et documentées, où chaque geste, souvent lié à la dimension douloureuse du corps, est accompli avec une dimension rituelle.
Gina Pane distingue elle-même trois périodes dans son évolution artistique poussant la problématique de la souffrance jusqu’à son paroxysme.
– De 1968 à 1970-71, se distingue la 1ère période où, par ses interventions corporelles, elle met en question la relation personnelle à la nature : « Pierres déplacées » (1968), ou « Le riz » (1970). Ses actions ou ses installations se tiennent alors hors la présence d’un public.
– La seconde période débute avec la médiatisation de l’action « Escalade sanglante » qui la fait connaître du grand public. Cette seconde période pose la problématique du corps actif face au public. Le support du travail est l’espace-temps. Gina Pane met en scène son corps à l’épreuve de la perforation des chairs, escaladant l’échelle de la souffrance au cours de l’action. De l’œuvre d’art proprement dite, il ne reste que le relevé photographique d’un certain nombre de moments. La pratique élémentaire et quasi-primitive l’ont conduite à utiliser son corps comme champ d’expérience. Son art devient combat de l’art, dans sa relation avec le monde auquel la gestation des œuvres est liée. Les actions constituent une recherche d’un autre langage, d’une pratique biologique de l’existence par une tentative de transformation de l’individu à travers l’agression de la sensibilité. Mais l’automutilation n’est qu’un élément plastique utilisé à des fins picturales.
– Après la création de l’atelier de performances au centre Pompidou de Paris en 1978, Gina Pane arrête définitivement ses actions. Elle entreprend alors la troisième phase de son évolution artistique. Le langage mis en place par ses actions est utilisé dans un travail de création autonome. La représentation de la blessure devient symbolique. La matérialité du corps est traduite par le bois, le fer, le verre, le cuivre.
C’est en 1981 que Gina, Pane termine son cycle de performances et commence ses « Partitions », où le rôle du corps et sa relation au monde demeurent le sujet central. Elles mêlent des photographies de ses précédentes blessures à divers objets (jouets, verre, etc.) déjà présents dans ses actions.
Par ailleurs Gina Pane alterne la douceur comme se caresser le ventre avec des plumes, jouer à enterrer le rayon du soleil dans la terre, déplacer des pierres humides vers le versant ensoleillé d’une montagne et l’insupportable comme se couper le nombril, étouffer un feu de ses pieds nus, manger de la viande crue pendant 1 h 30, laper un mélange de lait et de menthe à l’eau le ventre à terre, ramper sur une paroi de sable à pic pendant 30 minutes. Elle entreprend ces actions comme une véritable catharsis de la douleur.
Gina Pane propose en fait un art de l’éphémère dont les seules traces sont des photographiques conçues comme de véritables oeuvres, de grands aplats de photos assemblées comme des tableaux. Et quelques films, réalisés d’après ses propres indications, très précises. Il y a notamment Death control, tourné en 74. On y voit Gina Pane gisant au sol, le visage couvert d’asticots. Difficilement supportable, le film montre les vers grouillant sur les joues, glissant dans les yeux et les oreilles. Une véritable image de mort, comme si le cadavre de l’artiste apparaissait brusquement sous les yeux du spectateur.

A travers toutes ces actions, Gina Pane interroge le corps. Lorsqu’il regarde les actions elles-mêmes, les dessins qui les précèdent, les photographies qui en naissent, le spectateur est amené à réfléchir sur la blessure, sur le dégoût; sur la douleur; sur les limites qu’il faut (ou qu’il ne faut pas) imposer à l’acte artistique
; sur le sang (qui est aussi la couleur rouge); sur la cicatrice (qui est aussi un dessin); sur les rapports du corps avec les nourritures, avec le feu, avec l’eau, avec le verre ou l’acier.
« Gina Pane mixait son corps vêtu d’une chemise et d’un pantalon blancs, et celui d’une partenaire, avec une bande-son qui débitait des prénoms italiens et des noms de villes et de pays, des diapos projetant des écrans lumineux où les corps se découpaient, un tableau noir prêt à recevoir des dessins enfantins, et des grandes lunettes aveuglées par du papier, la voix, juste un son, « è », répété jusqu’à l’épuisement, jusqu’au cri, mécaniquement, schizophrénique, bientôt déshumanisé. La photographe encerclait chaque mouvement »
Extraits d’un texte d’Hervé Guibert, titré « Happening : Gina Pane à Beaubourg »

Pendant la performance Psyché (essai), elle s’entaille la peau des sourcils, par petites touches, jusqu’à faire couler des larmes de sang sur ses yeux, qu’elle couvre ensuite d’un bandeau blanc. Sous l’étoffe apparaissent alors deux taches rouges, symboles de la double vue. Mais aussi de la vision qu’a le monde de la femme. On voit également cela lors d’une performance où elle se coupe le pourtour des ongles (pour symboliser le vernis à ongle) ainsi que les lèvres (rouge à lèvre) pour encore une fois dénoncer l’image de la femme. Car Gina Pane, reste une féministe engagé, elle en est d’ailleurs l’exemple dans les années 70.
Mais elle à également fait des performance beaucoup plus poétique. Elle a par exemple utilisé son bras comme une rose, où elle se plantait des épines dans l’avant bras et incisait sa paumes pour représenté cette fleur (qui a elle représente l’amour et la passion).
Née en 1939, artiste francaises d’origine Italienne, Gina Pane a été l’un des principaux représentants de ce que l’on appelle le Body Art (pratiques artistiques effectuées avec le corps). Ses performances peuvent paraitre choquantes et intriguantes, en effet, l’artiste utilise une tendance artistique peut courante, elle pratique l’auto-mutilation et le sadomasochisme. Gina Pane, avec un sang-froid et une attitude rationnelle, utilise la souffrance comme un moyen de représenter la spiritualité, porteur d’une charge émotionnelle et symbolique profonde. Elle emploie sa chair et son sang comme un média artistique. Elle met en avant la fragilité du corps humain, souvent mis à nu, un corps bléssé, salit, mutilé, en montrant le sens du danger et de la douleur. Performances dont on ne peut rester indifférent, car elles touchent au corps humain, au sacrifice ..
* Sur la photographie ci-dessus, Gina Pane mutile sa langue, en lèchant du verre coupé, image terrifiante, qui me laisse sans voix.
Rejetant tout esthétisme, la plupart des performers aiment se frotter à l’interdit et se mettre en danger. Si le language est le matériau privilégié de l’artiste conceptuel, le corps, est l’outil caractéristique du performer.
La performance implique souvent la durée, la préméditation et la conscience du destin particulier de l’enregristrement qu’il soit filmique ou photographique.
Expositions
De 1967 à 1990, Gina Pane s’est manifestée à travers de nombreuses actions, expositions personnelles dans le monde entier
– Galerie Stadler, Paris, 1973, 1974, 1975, 1976
– Galerie Isy Brachot, Paris et Bruxelles, 1978, 1980, 1983, 1987, 1988
– Dokumenta de Kassel, 1977
– Musée d’art moderne Georges Pompidou, Paris, 1979
– Musée d’Art Moderne de Villeneuve-d’Ascq, 1986