Opéra-féerie en 4 actes et 23 tableaux sur un livret d’Albert Vanloo, Eugène Leterrier et Arnold Mortier d’après Jules Verne, adaptation d’Olivier Fredj.
Création le 26 octobre 1875 au Théâtre de la Gaîté.

Voilà un paradoxe bien « terrien » : nos sociétés et nos cultures, en particulier occidentales, sont convaincues d’avoir fait le tour du monde, de tout connaître. Il nous est difficile d’envisager d’autres cultures et d’autres codes de valeurs.
Olivier Fredj, metteur en scène
C’est pour moi le sens profond de ce Voyage dans la Lune à sa création. Aujourd’hui, je souhaite éclairer notre monde d’une lumière nouvelle par ce qui dans l’oeuvre va nous faire rire ; parce que ce qui fait rire est à la fois grotesque et fantastique et sait moquer avec bienveillance l’humain et sa vanité, ses systèmes et ses peurs.

Faire renaître Le Voyage dans la Lune aujourd’hui, c’est d’abord raviver une partition d’inventivité pour mieux décrypter notre société. L’œuvre d’Offenbach, miroir grossissant de nos travers, nous invite à rire de nos certitudes, de notre anthropocentrisme et de notre quête effrénée de la nouveauté. Car si nous croyons avoir tout exploré, tout compris, l’Autre, l’étranger, vient nous rappeler notre petitesse et notre soif de reconnaissance. En découvrant un « clair de Terre » inédit, nous sommes invités à nous questionner sur nos valeurs et à redécouvrir le monde avec un œil neuf.
La fable féérique
Offenbach, avec son humour corrosif, dénonce les mécanismes de pouvoir et les résistances au changement. Dans Le Voyage dans la Lune, l’administration terrestre et les institutions sélénites sont des caricatures de nos propres bureaucraties. En ridiculisant ces systèmes figés, l’opéra nous invite à remettre en question nos certitudes et à adopter une attitude plus ouverte face à la nouveauté.

Plus qu’un conte, un opéra !
Le Voyage dans la Lune est bien plus qu’un simple conte : c’est un véritable rite de passage. Comme les héros des contes de fées, Caprice, le fils du roi V’lan, quitte le cocon familial pour un voyage initiatique vers l’inconnu. La Lune, cet astre mystérieux, représente ici le monde adulte, un monde où il devra affronter ses peurs et ses doutes pour devenir un homme accompli. Cette quête identitaire, universelle et intemporelle, trouve un écho particulier dans l’œuvre d’Offenbach, qui nous invite à nous interroger sur notre place dans l’univers.

Une œuvre révolutionnaire
Le Voyage dans la Lune est une œuvre à part dans l’œuvre d’Offenbach. En repoussant les limites des genres, le compositeur invente un nouveau type d’opéra, plus proche du spectacle total. Les quatre actes de cette féerie musicale sont autant d’occasions de surprendre le spectateur, avec des séquences chorégraphiques audacieuses et des airs d’une grande originalité.
Le Voyage dans la Lune est une œuvre pionnière qui anticipe les grands enjeux de notre temps. En mêlant science-fiction et satire sociale, Offenbach crée un univers où les révolutions technologiques et les bouleversements sociaux se côtoient. L’opéra est ainsi une véritable fresque de la modernité, où les personnages sont tiraillés entre leurs aspirations individuelles et les contraintes de la société.
Le Voyage dans la Lune est une œuvre qui se prête particulièrement bien à la mise en abyme. En montrant le tournage de l’opéra, nous créons une mise en scène dans la mise en scène, un jeu de miroirs entre la fiction et la réalité. Ce procédé, très contemporain, permet de renouveler le regard que nous portons sur cette œuvre et de la rendre plus accessible à un public contemporain.
Le succès du Voyage dans la Lune tient avant tout à sa nature hybride, parfaitement résumée par François Oswald dans Le Gaulois (1875) :
« Le secret du succès (…) tient à la fois de la féerie classique par la fantaisie des costumes, l’invraisemblance des personnages et le sans-gêne du dialogue, de la pièce scientifique, dont M. Verne est l’inventeur, par l’exactitude de certains décors, et enfin de l’opéra-bouffe par ses choeurs, par ses valses, par tous ces morceaux enfin dont le rythme entraînant accompagne si bien, sans l’encombrer jamais, la variété toujours nouvelle des tableaux»

Distribution
Victor Jacob, direction musicale
Olivier Fredj, mise en scène
Sheva Tehoval, Fantasia
Jennifer Michel, Flamma / Adja
Marie Lenormand, la reine Popotte
Marie Perbost, le prince Caprice
Florent Karrer, le roi V’lan
Yoann Le Lan, Quipasseparla
Carl Ghazarossian, Microscope
Thibaut Desplantes, Cosmos
Christophe Poncet de Solages, Cactus
Anouk Viale, chorégraphie
Jean Lecointre, direction artistique
Malika Chauveau, décors et costumes
Nathalie Perrier, lumières
Noëlle Gény, cheffe de choeur
Choeur Opéra national Montpellier Occitanie
Orchestre national Montpellier Occitanie