Maurice Jean Berger, de son vrai nom, est un danseur et chorégraphe français. Son nom de scène Maurice Béjart est un hommage à la famille de Molière, Béjart étant le patronyme de l’épouse de ce dernier, Amanda Béjart.
Il naît le 1er janvier 1927 à Marseille. Sa formation fut d’abord classique, et se déroula à l’Opéra de Paris, avec Roussanne, Léo Staats et Ljoubov Egorova.
Le début de son œuvre
Il entre en 1950 dans la compagnie de Birgit Cullberg, à Stockholm, et monte sa première chorégraphie : L’oiseau de feu de Stravinski. Mais c’est à Paris, pour les Ballets de l’Etoile en 1955, que Béjart est réellement reconnu en tant que chorégraphe, avec Une symphonie pour un homme seul. Cette chorégraphie est le début d’un langage chorégraphique bien maîtrisé, et d’un style propre à l’homme, prenant source dans la danse classique mais allant au delà, avec un un esprit novateur et théâtral.
Cette œuvre, créée le 26 juillet 1955 pour le Théâtre de l’étoile à Paris, marque le début de Béjart en tant que chorégraphe. Elle est un exemple de ce qui définira toute l’oeuvre de Maurice Béjart : un mélange entre langage classique et pas modernes, qui choqua le public de cette époque. Les thèmes abordés sont la solitude, l’angoisse, l’existentialisme, thèmes fétiches du chorégraphe.
Au sommet de son art
C’est en 1959 que Béjart connaît un succès énorme, avec Le Sacre du Printemps. C’est Maurice Huisman, directeur du Théâtre Royal de la Monnaie de Bruxelles, qui le remarque et qui l’invite à réaliser ce ballet. C’est donc tout naturellement que Béjart fait de Bruxelles sa ville d’adoption, où il fonde en 1960 le Ballet du XXème siècle, marqué par le
Boléro de Ravel, en 1961. Béjart commence alors à se produire dans des lieux populaires, rendant l’art du ballet plus accessible, comme avec Roméo et Juliette en 1966, donné dans plusieurs palais des sports et jardins.
S’ensuit une longue liste de ballets, ayant souvent pour thème la mort, de près ou de loin, et explorant l’Orient : Bhakti (1968), Opus V (1966), Golestan (1973), Ballade de la rue Athina (1984).
Le Sacre du Printemps est l’un des grands succès de Béjart. Un cinquantaine de danseurs évoluent sur scène, accompagné par la partition de Stravinsky. Ce ballet a inspiré de nombreux chorégraphes, comme Pina Baush, Preljocav ou Martha Graham. Bejart en offre une version intense, rythmée, tribale.
Maurice Béjart, à propos de son ballet :
«Qu’est-ce que le printemps, sinon cette immense force primitive longtemps endormie sous le manteau de l’hiver, qui soudain éclate et embrase le monde, que ce soit à l’échelon végétal, animal ou humain ?
L’amour humain, dans son aspect physique, symbolise l’acte même par lequel la divinité crée le Cosmos, et la joie qu’elle en retire. À un moment où les frontières anecdotiques de l’esprit humain tombent petit à petit, et où l’on peut commencer à parler d’une culture mondiale, rejetons tout folklore qui ne soit pas universel et ne retenons que les forces essentielles de l’homme, qui sont les mêmes dans tous les continents, sous toutes les latitudes, à toutes les époques.
Que ce ballet soit donc, dépouillé de tous les artifices du pittoresque, l’Hymne à cette union de l’Homme et de la Femme au plus profond de leur chair, union du ciel et de la terre, danse de vie ou de mort, éternelle comme le printemps!»
Maurice Béjart, parlant de la musique de Ravel :
«Musique trop connue et pourtant toujours nouvelle grâce à sa simplicité. Une mélodie ? d’origine orientale et non espagnole ? s’enroule inlassablement sur elle-même, va en augmentant de volume et d’intensité, dévorant l’espace sonore et engloutissant à la fin la mélodie». Et c’est tout à fait ce que le chorégraphe exprime à travers la danse, une chorégraphie augmentant en intensité, exprimant l’essentiel de l’oeuvre de Ravel.
IV. Au delà du chorégraphe
Mais Béjart ne s’arrête pas à la danse. Il met en scène des pièces de théâtre, comme La Reine Verte en 1963, ou a Tentation de Saint Antoine en 1967, des opéras, comme Les Contes d’Hoffmann, ou La Veuve Joyeuse en 1963.
Il écrit également des livres, comme Mathilde, en 1963, L’autre chant de la danse, en 1974, ou Ainsi danse Zarathoustra, paru en 2006, et réalise des films, Le Danseur en 1968 et Je suis né à Venise, en 1976.
Il fonde également en 1970, à Bruxelles, l’école Mudra. Il quitte la ville 17 ans plus tard pour monter à Lausanne, en Suisse, le Béjart Ballet Lausanne, en 1987.
La Reine Verte, chorégraphie et textes de Maurice Béjart, 1963.
Cette pièce se déroule en 3 actes, et met un scène le combat d’un homme contre la mort. « Mais quand tout semblera accompli, la vie éclatera puissante, neuve? Un homme meurt, mais l’Homme vit toujours et se dresse devant la Mort qui le fauche encore et toujours. »
Dans ce livre, Béjart offre au lecteur une réflexion sur la pensée de Nietzsche et sur son impact dans le monde de l’art. Son analyse est fortement orientée par l’idée de la danse, et le livre a pour but d’accompagner son dernier ballet :
Zarathoustra, le chant de la danse, dont la première représentation eu lieu à Lausanne, le 21 décembre 2005.
V. « Le tour du monde en 80 minutes »
C’est lors des réglages de ce qui sera sa dernière pièce, Le tour du monde en 80 minutes, que Maurice Béjart meurt à Lausanne, le 22 novembre 2007. Ses cendres furent dispersées sur la plage d’Ostende en Belgique.
C’est maintenant Gil Roman, désigné comme son successeur, qui dirige le Béjart Ballet Lausanne et la Fondation Maurice Béjart, créée en février 2007 par Béjart lui-même et dont la vocation est d’aider financièrement les artistes danseurs.
Dans cette ultime création, Béjart évoque les pays qu’il a traversé et nous propose un tour du monde de la musique et de la danse. 11 danseuses et 21 danseurs sont accompagnés par des musiques traditionnelles sénégalaises, indiennes, coréennes, tahitiennes et brésiliennes, et par de grands compositeurs, comme Wagner, Vivaldi, Mozart ou Tchaïkovski.
« La danse n’a plus rien à raconter, elle a beaucoup à dire ! »
Oeuvres principales
1955 : Symphonie pour un homme seul (Paris)
1957 : Sonate à trois (Essen)
1958 : Orphée (Liège)
1959 : Le Sacre du printemps (Bruxelles)
1960 : Boléro (Bruxelles)
1961 : Les Quatre Fils Aymon (Bruxelles)
1964 : e Symphonie (Bruxelles)
1966 : Roméo et Juliette (Bruxelles)
1967 : Messe pour le temps présent (Avignon)
1968 : Bhakti (Avignon)
1971 : Chant du compagnon errant (Bruxelles)
1972 : Nijinski, clown de Dieu (Bruxelles)
1975 : Pli selon pli (Bruxelles)
1976 : Heliogabale (Iran)
1976 : Isadora (Opéra de Monte-Carlo)
1976 : Le Molière imaginaire (Paris, Comédie-Française)
1975 : Notre Faust (Bruxelles)
1977 : Petrouchka (Bruxelles)
1980 : Eros Thanatos (Athènes)
1982 : Wien, Wien, nur du allein (Bruxelles)
1983 : Messe pour le temps futur (Bruxelles)
1986 : Arepo (Opéra de Paris)
1987 : Souvenir de Léningrad (Lausanne)
1988 : Piaf (Tokyo)
1989 : 1789? et nous (Paris)
1990 : Ring um den Ring (Berlin)
1990 : Pyramide (Le Caire)
1991 : La Mort subite (Recklinghausen, Allemagne)
1991 : Tod in Wien (Vienne)
1992 : La Nuit (Lausanne)
1993 : Mr C… (Tokyo)
1995 : À propos de Shéhérazade (Berlin)
1997 : Le Presbytère… (Bruxelles)
1999 : La Route de la soie (Lausanne)
2000 : Enfant-roi (Versailles)
2001 : Lumière (Lyon)
2001 : Tangos (Gênes)
2001 : Manos (Lausanne)
2002 : Mère Teresa et les enfants du monde
2003 : Ciao Federico, en hommage à Fellini
2005 : L’Amour – La Danse
2006 : Zarathoustra
2007 : Le Tour du monde en 80 minutes
Titres et distinctions
L’empereur du Japon, Hirohito l’a élevé à l’ordre du Soleil levant en 1986.
Le roi des Belges, Baudouin l’a nommé grand officier de l’ordre de la Couronne en 1988.
Il a été élu membre libre de l’Académie des beaux-arts française en 1994 au fauteuil occupé par Paul-Louis Weiller.
Il a été lauréat du prix de Kyoto en 1999.
Le président de la République portugaise, Jorge Sampaio, l’a nommé Grand Officier de l’ordre de l’Infant Dom Henrique en 1998.
Maurice Béjart était également citoyen d’honneur de la ville de Bruxelles et Bourgeois d’honneur de la ville de Lausanne.
Maurice Béjart s’est vu, en 2008, dédier la station de métro lausannois qu’il aurait pu voir de la fenêtre de son appartement.
Sources
- Fondation Maurice Béjart, soutient financièrement les artistes, et protège la propriété intellectuelle de l’oeuvre de Béjart.
- https://www.universalis.fr/encyclopedie/symphonie-pour-un-homme-seul-m-bejart/
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_B%C3%A9jart#.C5.92uvres_principales
- Le site de l’artiste.