Biographie
Sandy Skoglund, née en en 1946 dans le Massachusetts aux USA, est une photographe américaine. Elle a suivi des études d’histoire de l’art et d’art en studio au Smith College à Northampton jusqu’en 1968, puis a poursuivi ses études d’art à la Sorbonne à Paris pendant un an, et enfin été diplômée de l’université d’Iowa en 1972 en film et multimédia.
Elle s’installe à New-York en 1972 et commence son travail d’artiste conceptuelle et s’intéresse de plus en plus à la photographie en tant qu’objet d’études. Elle commence à enseigner la photographie à l’Université de Hartford en 1973 (elle y enseignera jusqu’en 1976), et crée en 1978 une série de photographies répétitives (caractéristique que l’on va retrouver dans ses œuvres les plus connues) de natures-mortes d’aliments (Voir ci-dessus, Nine slices of Marblecake, 1978). Elle est découverte par la suite à la Whitney Biennal avec Radioactive Cats (1980, voir ci-dessous),et Revenge of Goldfish (1981). Ses photos sont de type surréalistes.
Elle vit à ce jour dans le New Jersey et enseigne la photographie à l’Université Rutgers.
Expositions :
1992: Bon nombres d’expositions individuelles à Paris.
1995: Exposition à Arolsen
1998: Exposition à Northampton
2000: Exposition à West Palm Beach.
Quelques exemples de ses œuvres les plus connues :
Démarche technique et artistique
Les photographies de Sandy Skoglund mettent en scène des univers imaginaires, minutieusement composés. La mise en scène photographique est totale (elle constitue l’un des emblèmes de la « staged photography », c’est-à-dire la photographie mise en scène par des artistes plasticiens qui mettent leur savoir faire académique en peinture ou sculpture au service du médium photographique), elle présente un espace de part en part construit, souvent très anxiogène : des intérieurs monochromes, en apparence paisibles mais très vite violentés par la véritable invasion d’objets incongrus (
The Cocktail Party, 1992, voir plus haut, ou encore Raining Popcorn, 2001, voir ci-dessous) ou, pire encore, d’animaux qui semblent clonés à l’infini (Radioactive Cats, 1980, voir ci-dessus, Walking on Eggshells, 1997, voir ci-dessous) :
Sandy Skoglund n’utilise pas Photoshop pour réaliser ces photographies étonnantes. Elle est elle-même l’auteur de toutes les phases de la création de l’œuvre. Elle réalise d’abord une quantité de dessins préliminaires avant de réaliser les figurines (poissons, chats, chiens, écureuils…) ou les décors en terre cuite, en papier mâché, en plâtre ou en polyester. Elle construit ainsi l’atmosphère pas-à-pas, comme on élabore un scénario, choisit ses sujets (humains) parmi, selon les besoins, des danseurs professionnels ou non, avant d’installer sa grosse chambre 16×20, construire l’éclairage et enfin de déclencher.
Sandy Skoglund elle-même ne se considère pas davantage sculpteur que peintre ou photographe. Elle appartient à cette nouvelle génération d’artistes plasticiens qui mettent le savoir-faire académique qu’ils ont acquis dans le domaine de la sculpture ou de la peinture au service d’une stratégie créatrice que l’on connait depuis le début des années 80 sous le nom de » staged photography » c’est à dire « photographie mise en scène ». La démarche artistique de Sandy Skoglund utilise toutes les affinités qu’entretient l’artiste avec les arts de l’image, (cinéma et photographie) et lui permet d’endosser successivement les rôles de scénariste, décorateur, peintre, sculpteur, de metteur en scène et enfin de photographe.
Style et Influences
A coté de l’influence de Disneyland et de l’aspect très coloré de la photographie américaine de la côte Ouest, on y trouve des traces de film d’horreur américain; ajoutés aux peurs de la middle-class américaine que l’artiste soumet à un traitement non dépourvu d’humour. L’ombre de la banlieue petite-bourgeoise, avec son côté sinistre, plane sur sa production de façon évidente. « Le banal, l’ordinaire m’intéresse tout particulièrement » reconnaît l’artiste. « Et de ce point de vue la banlieue a été vraiment une expérience marquante ».
Chez Skoglund ce sont des chats, des renards, des écureuils etc.. qui envahissent l’image et transforment les rêves de la petite bourgeoisie en cauchemars. Ce qu’elle apprécie dans le design photographique, ce sont l’échaffaudage intellectuel et les manipulations que supposent le produit final , l’opposition entre l’être et le paraître, entre la réalité et l’artifice.
Sandy Skoglund avait en fait découvert une stratégie artistique qui répondait à la fois avec ses affinités avec les arts de l’image, le cinéma et la photographie, et lui permettait d’endosser successivement le rôle de scénariste, celui de décorateur, de peintre, de sculpteur, de metteur en scène et enfin de cameraman ou de photographe. D’où cette ambiguïté intéressante, dans la mesure où tous les spectateurs partent du principe que ce qui est photographié est bien réel, et qu’en y regardant de plus près ,ils s’aperçoivent qu’ils ont été floués. C’est sur cet effet d’inversion et de réversibilité que fonctionne toute la démarche.