Ai Weiwei est un artiste protéiforme chinois indépendant, aujourd’hui largement médiatisé par la presse internationale pour sa dissidence au régime communiste et ses problèmes avec la justice chinoise.
« L’artiste que Pékin veut réduire à néant » Le Monde, 2011
« Ai Weiwei, L’artiste qui fait trembler la Chine », Télérama, mai 2012
Il est difficile de séparer l’homme subversif, provocateur de l’artiste ou encore de l’homme médiatique. Cinéaste et designer de formation, tour à tour photographe, sculpteur et architecte, WEIWEI est l’un des 303 intellectuels chinois signataires de la Charte 08.
« C’est la manière la plus excitante pour moi de faire de l’art. Ça ne servirait à rien de lancer en l’air de belles idées, c’est beaucoup plus efficace de s’attacher à des cas concrets, auxquels les gens réagissent. Les responsables du gouvernement ne savent plus où se mettre. »
Ai Weiwei
Ai Weiwei a été sélectionné en 2010 par le site Sina.com dans la liste visant à élire l’« artiste de l’année » en dépit du gouvernement chinois mais subit rapidement (c’est à dire moins de deux heures après l’ouverture du compte) la répétitive censure de celui-ci. Accusé de mettre « en danger la sécurité nationale » puis arrêté en avril 2011 pour « évasion fiscale » par sa société d’architecture FAKE a fait couler beaucoup d’encre et soulevé une vague d’indignations à travers le monde ainsi que de nombreuses manifestations de soutiens . Ai Weiwei est libéré le 22 juin 2011, après 81 jours d’enfermement.
Ai Weiwei est le fils de Ai Qing qui a été denoncé comme « ennemi du peuple » après certaines remarques critiques du régime. Toute sa famille a été envoyée, en 1957, dans un camp detravail et de rééducation. Ai Weiwei y a donc vécu jusqu’à l’âge de 17 ans. En 1976, la famille est rentrée à Pékin.
Photographie
Au début des années 1980, Weiwei part au Etats-Unis, principalement à New York, où il est étudie le design à la Parsons School. C’est à cette époque qu’il commence à prendre des millions de photographie du monde qui l’entoure. En 87, il prend une part active à la fondation de la Chinese United Overseas Artists Association et joue un rôle majeur au sein du mouvement de l’East Village, premier collectif d’art expérimental. Il poursuit cette pratique à Pékin, où il revient en 1993, montrant les multiples aspects de la réalité urbaine et sociale de la Chine.
A partir de 1994, il lance avec Feng Boyi, un critique et commissaire d’exposition indépendant, une série de publications underground connues comme les livres du drapeau rouge (The red flag books). Certaines de ces publications ont alors une grande influence chez les artistes chinois. En particulier trois livres sur des artistes expérimentaux, Black Lover Book (1994), White Cover Book (1995) et Gray Cover Book (1997), faisant découvrir les œuvres et les personnages fondamentaux de l’art à un public chinois avide de connaissance. Depuis, il produit un travail très iconoclaste, à la fois malicieux, destructeur et profond se consacrant à la culture classique chinoise et à l’environnement populaire occidental, il s’attache à la représentation du système politique.
En 2000 il organise le : « Fuck Off » avec Feng Boyi à Shanghai, dans lequel il présente ses fameuses « Etudes de perspectives ».
Architecture
Ai Weiwei fonde en 1999 une agence d’architecture et réalise de nombreux projets tel que le Yiwu South Riverbank, les 9 Boxes-Taihe Complex à Pékin (2004), ou le Gowhere Restaurant aussi à Pékin (2004). Il a également été le conseiller artistique pour le cabinet d’architecture suisse Herzog&deMeuron lors de la réalisation du stade national de Pékin avant d’appeler au boycott de l’événement.
« En 2007, un an avant le début des jeux Olympiques, j’ai réalisé que le show qui se préparait n’était rien d’autre que de la propagande dans le plus pur style communiste. J’ai donc refusé de participer à cette mascarade »
Ai Weiwei dans une interview pour Télérama
Sculpture et Installation
So sorry, 2009
Sunflower Seeds, 2010
L’œuvre est constituée de 100 millions de graines de tournesol en porcelaine manufacturée venant de la ville de Jingdezhen (dont la porcelaine est historiquement l’activité économique principale et qui traverse une crise de l’emploi sans précédent); elle joue avec une métaphore célèbre de Mao Zedong où le peuple chinois devait se tourner vers lui comme les tournesols vers le soleil. et était initialement installée sur 1000m2 du hall sur lesquelles pouvaient se déplacer les visiteurs.
Ai Weiwei veut raconter, à travers cette oeuvre, que la force des individus est incroyable. Il paraît que les graines sont toutes petites, mais que chacune a ses propres particularités. Cette oeuvre a fait une allusion à la situation présente de la Chine: la production d’envergure pour satisfaire à la mondialisation économique et le faible coût du marché du travail.
Ai Weiwei et internet
En 2005, le portail chinois sina.com invite des personnalités du monde culturel à créer un blog, dont Ai Weiwei qui depuis se prendra de passion pour le support et accumulera les posts plus ou moins engagés et plus ou moins censurés, documentant son quotidien avec des nombreuses photos et variant les formes dans les limites du support.
En juin 2009 par exemple, aux prises avec la censure entourant toute tentative de commémorer le massacre de la place Tiananmen, il met en ligne un poème intitulé ironiquement « Oublions ».
« Les techniques d’internet sont devenues un outil essentiel pour libérer les humains des valeurs et des systèmes anciens, ce qui n’avait pas été possible jusqu’à maintenant. Je suis convaincu que la technologie a créé un nouveau monde car notre cerveau, dès l’origine repose sur la digestion et l’absorption d’informations. C’est comme ça que nous fonctionnons, mais en fait les données commencent à changer et nous ne le savons même pas. La théorie vient toujours après. Nous vivons une époque vraiment fantastique »
Ai Weiwei à Hanz Ulrich Obrist (artpress) alors qu’il tient encore son blog
Aujourd’hui son blog a définitivement été fermé mais Ai Weiwei continue de tisser sa toile sur twitter entre art et provocation. L’un de ses faits d’armes sur Twitter est d’avoir publier publiquement les numéros de téléphones de ses accusateurs.
Vidéos de Ai Weiwei
Enquête sur les victimes du séisme dans la province chinoise du Sichuan
Il y avait beaucoup d’écoles détruites par le séisme, et la qualité des bâtiments a été mise en question. Au mois de mars en 2009, Ai Weiwei a commencé à faire une enquête sur sur les écoliers victimes… Il a été contrecarré par le gouvernement et a été blessé par un fouilleur. Après son travail, il a invité des milliers d’internautes à lire les noms des victimes écoliers et a formé ces noms dans une fréquence d’un son durant plus de sept heures…