Un art contextuel

Paul Ardenne « Un art contextuel »
Création artistique en milieu urbain, en situation, d’intervention, de participation.
Edition Flammarion, 2004.

Un petit mot sur l’auteur

Paul Ardenne est maître de conférences en histoire de l’art et esthétique à l’université d Amiens. Collaborateur régulier des revues Art press, L »il et Archistorm, commissaire d’expositions, il a notamment publié Art, l’âge contemporain (Editions du Regard, 1997), L’Art dans son moment politique (La Lettre volée, 2000), L’Image Corps (Editions du Regard, 2001) et Portraiturés (avec Elisabeth Nora, Editions du Regard, 2003).

Le livre

Au fil du texte, Paul Ardenne explique ce qu’est l’art contextuel. Il décrit cet art par rapport à la réalité, à la vie, à l’artiste, au public, mais aussi par rapport à l’économie. On assiste également à l’évolution de cet art de hier à aujourd’hui ; tout ceci dans des explications simples, pour faciliter la compréhension de cet art au public.

On peut aisément voir trois points principaux (ruptures) de l’art contextuel que Paul Ardenne souhaitent expliquer dans son oeuvre :

1/ Ce n’est plus de l’art classique ; on casse l’image du musée. L’oeuvre est mobile et le médium n’est plus simplement la toile ou autre ; c’est la ville entière et le paysage qui devienne matériaux et atelier.

2/ Autre rupture, le spectateur n’est plus là juste pour regarder les œuvres comme il le ferait dans un musée. L’art contextuel apporte cette nouvelle dimension de l’interactivité où les sens du spectateurs sont mis à contribution (toucher etc.). On pourrait dire que le spectateur devient quasiment acteur dans l’oeuvre.

3/ Enfin, on remarquera aussi que l’artiste n’est plus seul dans un atelier. Il est en mouvement, nomade, dans la ville et au contact des autres. Il s’investit beaucoup plus dans son oeuvre.

En résumé

L’art contextuel c’est « méler l’art à l’activisme social » comme l’écrit Paul Ardenne.
L’art contextuel, comme art s’inscrivant dans une réalité de l’instant est basé sur la présence dudit contexte. Contexte créé à partir de divers éléments antérieurs au moment lambda de la réalisation de l’œuvre ou plutôt expérience artistique ; c’est l’art dans l’instant : art rompant avec le quotidien routinier.

La réalité où vient s’inscrire l’art contextuel est une réalité que l’on pourrait qualifier de brute selon P. Ardenne, brute car il s’agit d’une réalité dont on ne peut maitriser les facteurs et sur laquelle l’artiste viendrait intervenir de manière à bousculer les codes mis en place pour « encadrer » comme on le peut cette réalité. Le XXème siècle est d’ailleurs l’époque qui va révolutionner l’œuvre d’art traditionnelle (celle crée pour des institutions commerciales culturelles comme bien de consommation destiné à répondre à des canons ou exigences esthétiques) à travers divers variantes a but non esthétique (ex : art engagé de caractère activiste, art investissant l’espace urbain ou le paysage comme la performance de rue ou l’art paysager, esthétiques participatives ou actives dans le champ de l’économie, des médias ou du spectacle etc.? ).
L’art contextuel ou art de l’événement se caractérise par ses desseins polémiques dans une continuité visant à bousculer le quotidien ; c’est un art de la présentation plus que de la représentation. Il vise à mettre à distance représentation (art classique), détournement (art d’esprit duchampien) et perspective autocritique où l’art se considère et se dissèque lui même de façon tautologique.

Il y a dans toute forme contextuelle de l’art une importance capitale accordée à la réalité : tout ce qui a « le caractère de ce qui est réel, de ce qui constitue pas seulement un concept, mais une chose », selon Paul Ardenne. Deux critères agissent directement sur cette réalité : l’effectivité, c’est à dire ce qui est et l’actualité, c’est à dire ce qui se fait. Le contexte ajoute à ces deux valeurs ce qu’il s’est passé : les éléments qui nous ont emmenés à en être à tel ou tel endroit et dans telle ou telle situation dans le moment présent (la réalité).
L’artiste contextuel se voit endosser le rôle de celui qui va supprimer les barrières spatio-temporelles entre création et perception de l’œuvre ; il donne à voir le processus de création perçu en direct. Il met fin à l’idéalisme artistique, puisqu’il veut questionner de manière à renverser la réalité, la raison. La question de savoir si ses travaux seront considérés comme art ou pas le concerne peu.
Il existe trois fondamentaux de l’art contextuel : une négation de l’idéalisme, une négation du réalisme, une importance capitale de la réalité contextualisée. Ces trois fondamentaux nous aide en tant que spectateurs à cerner l’essentiel du concept, car en effet, cet art est inconcevable tant qu’il n’y a pas eu le deuil d’une certaine conception de l’art nourrie par la préoccupations de beauté, d’illusion, d’artifice et de spectacle ; il vise en fait à réformer l? « expositio » (=mise en vue). L’exposition doit sortir des musées et galeries et doit investir le réel (la rue’), l’art doit revisiter les voies sensorielles de perception de l’art, L’artiste doit tourner le dos aux abstractions de la sociétés pour se concentrer sur les êtres (corps en présence).
En résumé on peut dire que la société est un langage appris, vécu, transmis? L’art, lui, est une forme de ce langage et suscite contrairement au langage social, une attention beaucoup plus singulière. Dans sa volonté d’agir sur la réalité, l’art, en tant que langage suscitant une attention particulière auprès de la population, se doit d’être contextuel pour interagir avec la réalité. L’art contextuel est un art du monde ouvré et l’artiste plus connecteur que créateur (puisqu’il connecte des éléments ponctionnés dans la réalité pour engendrer une réaction des « autres »), crée des liens avec les spectateurs (« autisme ») afin de, par une simple expérience, « parasiter » la réalité.
On peut également citer que l’art contextuel c’est aussi « Interventions sur la voie publique, l’utilisation de la vidéo, de l’internet, de radio pirate et de matériaux à imprimer ».