imaginaire : Mode d’emploi. Edition : Cercle d’art.
LE NET ART
Le net art est l’hybridation de l’art et d’internet. Avec la monté des nouvelles technologies il paraissait indispensable de ne pas faire entrer l’art dans ces nouveaux univers connectés.
Le numérique permet à l’art d’ajouter un côté interactif avec le public, il permet aussi un grand changement donc un besoin d’adaptation à l’époque qu’est la notre.
Le net.Art est aussi le résultat de manipulations techniques, il ne s’agit plus de supports et d’éléments de matières mais de formes numériques codées. Il permet l’émergence du domaine d’information et de la communication. Pour finir le Net.Art n’est pas là pour remplacer les formes d’art précèdentes mais plutôt pour avancer avec son temps, créer de nouvelles oeuvres avec des moyens différents, ainsi les jeunes générations peuvent s’exprimer avec des outils familiers de nouvelles cultures et s’inscrire dans une forme d’art contemporaine.
ESTHÉTIQUE DE LA COMMUNICATION ET ESTHÉTIQUE DU FLUX
On peut juxtaposer des images venues de lieux différents en les superposant, la fusion des deux représente une image bien réelle et totalement inventée. Ainsi les artistes utilisent les satellites pour échanger des oeuvres et en créer de nouvelles. Exemple avec Hole in Space Galloway et Rabinowitz qui font communiquer deux espaces urbains éloignés et ainsi confronte des passants de deux villes différentes à se voir sur la devanture de magasins en direct mais à des kilomètres les uns des autres. C’est une sorte d’abolition, les espaces ne sont plus des barrières. Le Net.Art utilise le cyberespace, celui-ci étant très vaste la possiblité est infinie.
AVANT INTERNET
En 1957 le ministère de la défense américain créé l’ARPA (agence pour les projets de recherche avancée) ce qui permet à l’armée, par des moyens scientifiques, de télécommuniquer. Ces moyens utilisés ensuite par des universitaires pour communiquer à grande échelle. En effet ces nouveaux moyens permettent de communiquer plus rapidement et plus facilement, on peut désormais envoyer des fichiers, sonores et visuels d’un bout à l’autre du monde beaucoup plus rapidement de par voies postales.. Au niveau de l’art, les artistes peuvent avoir accès à des logiciels (formes, couleurs’) le tout créant un renouvellement artistique. Vient la création de réseaux autonomes à des fins artistiques, le tout premier travail de Net.Art est Bad Information Base par Judy Malloy permet aux internautes d’ajouter des informations sur les sujets qu’ils veulent enrichirs.
PICTURALITE DYNAMIQUE
La picturalité dynamique, soit, a-t’on vraiment besoin d’un support matériel pour en caractériser d’oeuvre ? Non.
A présent on peut avoir de la matière impalpable obtenue par le numérique, des textures, des mouvements dynamiques.
Deux artistes dans ce domaine :
Bernard Demiaux qui en 1990 fonde le Centre de binarisation servant à développer via les réseaux sociaux (et ainsi un échange direct avec le publics, les internautes) des performances artistiques d’artistes. Il questionne ainsi le rôle de l’artiste, le statut que peut avoir l’oeuvre, la création partagée et la réalité virtuelle.
Grégory Chatonsky créé en 2004 l’oeuvre se toucher toi, une œuvre interactive qui permet une forme et une dimension humaine rentrant dans l’image. Le visiteur doit s’approcher d’un socle installé devant l’oeuvre et déplacer sa mainsur celui-ci, ce qui fait apparaitre une main d’homme et une main de femme sur l’écran qui commence à se rapprocher, à se frôler, se caresser. Une technique qui introduit l’expression d’une grande sensibilité.
IDENTITE
L’art ayant déjà beaucoup de questionnement concernant l’identité et la représentation, de plus depuis l’arrivée des espaces numériques et du Net.Art ces questionnements sont mis en avant. Avec les réseaux sociaux, la notion du ?moi? est très présente, tous ces moyens de partager, d’échanger ont créer une forme de très narcissique de nous mêmes, ou bien juste on permis de récolter un tas de données personnelles (volontairement ou non). C’est comme si chacun de nous créer une oeuvre d’art à son effigie. La notion du nom est aussi modifié, l’utilisation massive de pseudos en est la cause.
Le résultat est que notre vie privée est grandement menacée par ces technologies, de par la traçabilité, la localisation, les adresses IP, les données personnelles comme les informations bancaires ou autres.
HYPERTEXTE
L’hypertexte ouvre un large champ de possibilités aux artistes du Net. Art. Il leur donne l’opportunité de murir une réflexion philosophique grâce à de nombreuses ressources encyclopédiques. Natalie Bookchin, sur son site Searching for the Truth, regroupe des liens hypertextes qui renvoient vers des pages relatives à la « Vérit’. La conclusion serait qu’on ne peut pas trouver cette dernière sur Internet et que l’on risque de s’y perdre. Le site « le Territoire des réseaux » est également un exemple de navigation hypertexte. C’est un développement de récit via une multiplicité de liens hypertextes qui permettent de naviguer entre différentes pages. Il y a également le site Images-mémoires, dans lequel est proposée une promenade « sémantique » : tous les mots présents dans le texte renvoient (via l’hypertexte) à des images en ligne. Teleportaciia Olie Lialine Readme. html est une œuvre de Heath Bunting (inspirée d’Olia Lialina). Le texte est composé de mots qui sont des liens vers d’autres sites (sans rapport existant). C’est une mise en scène du principe de « dépossession » qui montre que l’œuvre n’a pas de limites (tout autant qu’Internet). Mark Amerika (emblème du Net. Art) développe sa première version du roman Grammatron dont le thème est le cyberespace. Ce roman image un avenir où les récits seraient créés en temps réel pour un réseau immersif. Internet et le numérique remet donc en question la façon dont un texte est élaboré, publié et distribué.
COMME QUESTIONNEMENT DU MEDIUM
Jodi, travail associant Joan Heemskerk et Dirk Paesmans, est à l’origine d’une œuvre en rapport avec la pratique des hackers. OSS prend le contrôle de l’ordinateur : les fenêtres s’ouvrent, les écrans clignotent et se déplacent, les claviers et souris deviennent incontrôlables. L’idée et de pousser les utilisateurs à prendre de la distance. Le Net. Art devient art de par son contenu critique et ludique.
Les artistes tendent à ouvrir l’esprit des utilisateurs en les envoyant au hasard vers des univers qu’ils ne connaissent pas et qui divergent de leurs habitudes.
Mark Napier, créateur du projet Riot, utilise un browser pour pirater les codes source des pages demandées et ouvrir à la place des pages déchirées, triturées ou déformées. Cela donne naissance des patch-works évoquant collages et cubismes. Il se moque de l’abondance de d’informations qui bloque la capacité des internautes à les intégrer.
Simons Biggs est le créateur de l’œuvre Babel. C’est un navigateur qui récupère les adresses DNS qui constituent les codes informatiques d’acheminement. A partir de là, l’utilisateur qui cliquera sur la fenêtre sera directement redirigé sur le site correspondant au lien. Il constitue une structure hypertextuelle dynamique.
ART GENERATIF
Tout œuvre réalisée à l’aide d’un ordinateur est la traduction visuelle/sonore d’un programme. Elle participe d’un art « génératif », « art du code ». Les œuvres représentants le plus souvent cet art sont les « Reactive Books ». Ce sont des livres interactifs : images, animations. L’artiste construit son propre programme et peut même détourner des applications existantes. Le programmeur est-il un véritable artiste et le programme est-il une véritable œuvre ? Pouvons-nous le mettre au même niveau qu’une partition ou une sculpture ? Témoignage présent de la domination de l’idéologie technicienne. Il y a une confusion des genres qui s’instaure quand on ne centre pas le propos sur ce qui constitue les finalités de l’art. La programmation n’est pas de l’art, même si certaines œuvres prouvent par fois que le Net. Art est de l’art. Les créateurs, comme Antoine Schmitt, sont des artistes avant d’être des spécialistes de la programmation informatique. Considérés comme des médias-artistes, Christa Sommerer et Laurent Mignonneau inscrivent leurs travaux dans le domaine des sciences et de l’information interactive, de l’installation et de la vie artificielle. Ce sont des chercheurs qui ont créé de nombreux écosystèmes virtuels interactifs. Nombre de leurs projets étaient de créer des nouvelles plantes « artificielles » dont ils souhaitaient influencer le comportement.
HYBRIDATION
Le terme hybridation renvoie-t-il à l’évocation de contre-nature de par son origine latine « ibrida » – sang-mêlé ? L’hybridation observée dans la nature a précédé la découverte de la génétique qui consiste à croiser intentionnellement deux espèces pour donner naissance à des êtres « hybrides ». Ces êtres présentent (à différents degrés) des caractères inédits, spécifiques et créés de nouvelles espèces. Le Net. Art peut être considéré comme hybride : union dans des environnements interactifs de formes artistiques variées (images, sons, textes). Cela rend possible la création d’un art total. Nathalie Bookchin, avec son projet The Intruder, propose autour du texte de Jorge Luis Borges « El Informe de Brodie », des jeux participatifs. Le procédé associe son, collages de documents photographiques pour constituer un récit narratif. Pour cela elle a réceptionné des vocables, des fragments de phrases, tout ceci reconstitué par une voix off.
INTERACTIVITE
Il s’agit ici de questionner la sollicitation du public. L’interaction résulte d’une coopération entre plusieurs personnes ou systèmes (naturels ou artificiels). Elle est souvent associée aux technologies par opposition aux échanges à sens unique sans feedback. Le site Audiogame de Marc Ern place le spectateur au centre du dispositif. Il va choisir parmi plusieurs séquences de vidéos et aura la possibilité de les modifier (sons, mouvements…), mais ne maîtrisera pas complètement le résultat. L’artiste reste toujours le « maître du jeu ».
Le problème se pose au niveau de l’archivage des œuvres relevant du Net. Art. Il est lié à la fragilité des supports.
Il existe des participations en temps réel et en temps différé. Cette participation et cette interaction aboutissent à l’abolition de l’espace en temps réel.
ART, RESEAU, UNIVERS PARTAGES, COMMUNAUTES VIRTUELLES
Les Net-artistes agissent dans une perspective numérique et s’inscrivent dans des « perspectives fuyantes ». Elles sont possibles grâce à Internet et conditionnent des mutations formelles et organisationnelles dans les pratiques artistiques, mais aussi entraîne une révolution sur le plan de l’économie politique de l’art. La diffusion de l’art en est la principale cible. L’artiste possède une plus grande indépendance vis-à-vis du marché et des institutions. Le Bras de fer transatlantique est une action réalisée par Norman White (à Paris) et Doug Back (à Toronto) et relevant de l’espace partagé, elle consiste à abolir la notion d’espace. Chacun des deux artistes dans leur ville respective, est assis devant une table et s’efforce de faire ployer de bras de son adversaire grâce à l’informatique.
Ferdinand(corte) voudrait créer une société qui substituerait un esprit « collaboratif » et où ressources et compétences individuelles seraient mises en relation au service de tous. C’est selon lui la seule possibilité d’adapter notre système sociétal aux bouleversements entraînés par l’avènement de l’Ere de la Communication. Il pense que la « sculpture sociale » suppose la mise en place d’univers partagés et distribués.
ART CRITIQUE, ART DE RESISTANCE ET HACKTIVISME
Intellectuels, artistes et écrivains se sont souvent opposés à des pouvoirs qu’ils ont dénoncés. Aujourd’hui, les hackers combattent eux-mêmes des groupes sur le média lui-même, sur le Web. A partir des années 90, l’émergence d’Internet développe les moyens de lutte et d’opposition pour les artistes (pétitions, appels à la manifestation…). Il n’est pas forcément établit que l’art ait un besoin vital des institutions pour exister, mais les institutions elles n’existent pas sans l’art.
« L’hacktivisme » est un refus des modèles institutionnels qui s’est concrétisé notamment dans le domaine de l’informatique.
ART DE L’ADVENIR
Le type d’art qu’est le Net. Art est totalement inédit et sa définition peut être difficile à cerner. Cette difficulté est due à son mouvement, sa mobilité, son instabilité, son imprévisibilité et le fait qu’il se revendique dans le processus, l’éphémère, le non-fini et le devenir. Au moment où des pratiques du Net comme celles de Facebook, Youtube, MySpace, les blogs intéressent davantage la nouvelle génération, l’art « officiel » ne constitue plus qu’un art promu et banalisé par les industries culturelles.
Le blog permet aux internautes de se réapproprier le web car il permet d’échanger, de débattre, de dialoguer et de faire avancer des réflexions et des idées.
Les artistes du Net. Art seront des artistes de l’art, regarder devant soi et marcher avec son temps.