Céleste Boursier-Mougenot est un artiste contemporain Francais. Il nait à Nice en 1961 et vit aujourd’hui à Sète. À partir du milieu des années 1990 alors musicien pour la compagnie de théâtre Side one Posthume (1985-1994), il décide de mener un travail au croisement des arts visuels et de la musique expérimentale, tout en convoquant les codes du spectacle vivant. Il envisage l’espace de la galerie et du musée comme le lieu singulier de ses compositions…
Univers de l’artiste
Céleste Boursier-Mougenot donne une forme automne à sa musique en orientant son travail vers la création d’installations qu’il qualifie de « vivantes» : des oiseaux perchés sur la corde d’une guitare, des gouttes d’eau sur un tambour A partir de situations ou d’objets divers dont il parvient à extraire un potentiel musical, il élabore des dispositifs qui génèrent de véritables formes sonores et mouvantes.
Il déplace donc de manière surprenante, comme nous allons le voir ci-dessous, la question de la performance musicale et de l’interprétation du musicien vers l’instrument lui-même ; c’est une performance sans »performers », puisque les œuvres de l’artiste jouent sur l’illusion du direct.
Œuvres de Boursier-Mougenot
Bird man of paris
Sous la forme d’un parcours sonore et visuel, from here to ear ,invite le public dans une surprenante volière où l’on retrouve une disposition sonore, associant plus d’une soixantaine de mandarins et quatorze guitares électriques et basses Gibson installées aux quatre coins de la pièce. C’est une œuvre vivante où les oiseaux virevoltent librement dans la pièce et se posent sur les instruments pris pour des perchoirs, produisant avec leurs griffes ou leurs battements d’ailes des sons aléatoires. Dans cet ensemble organique où des sonorités punk-rock sont produites par les mandarins, le public est lui aussi convié d’une certaine façon à « participer » à l’œuvre ; par sa simple présence, par son simple mouvement dans la pièce, le public peut lui aussi jouer avec les variations. C’est une œuvre magique et surprenante car totalement immersive.
«Ce sont des oiseaux domestiques. Ils sont élevés par des humains. Les voilà dans une grande volière à participer à un phénomène organique à travers laquelle s’invente une formule où tous les accords s’enchaînent», a déclaré en entrevue Céleste Boursier-Mougenot.
Organisée par le Musée des beaux-arts de Montréal, cette installation immersive est la première canadienne de Boursier-Mougenot, qui de plus a était spécifiquement choisit pour représenter la France à la Biennale de Venise 2015.
Aura
Une fois de plus son œuvre se concentre sur l’écoute, sur ce qu’il va lui même qualifier de «formes sonores vivantes» générées par des dispositifs aléatoires, connectés à l’espace qui nous entoure. Avec Aura l’artiste choisit cette fois ci, non pas des guitares électriques, mais le dispositif de la batterie sur laquelle des noyaux de cerise vont venir frapper les peaux tendues de l’instrument de musique. « Il y a là un détecteur de champ magnétique », explique l’artiste ; « les noyaux sont lâchés du plafond en fonction de l’activité des téléphones portables dans le lieu de l’exposition», de fait à partir de l’aura électromagnétique de chaque possesseur de téléphone portable en visite à la Sucrière détectée en temps réel par un radar tracé au sol, le son produit par la chute des noyaux est totalement aléatoire.
«Chez Céleste Boursier-Mougenot la recherche musicale prend appui sur le réel, sur des objets du quotidien, qu’il investit pour démontrer qu’il existe dans le quotidien une vibration qu’il convient d’écouter»
Les noyaux de cerise deviennent ici des matériaux de percussion.
Boursier-Mougenot ne se contente pourtant pas d’épater le public avec l’originalité des formes sonores vivantes qu’il ait parvenu à créer, une fois de plus il permet au public de participer indirectement à son œuvre comme nous venons de le voir, car la présence de chaque visiteur muni d’un téléphone portable a une incidence sur l’activation de l’œuvre. De façon surprenante et quelque part envoûtante, le public surpris, parvient à fabriquer lui même les sons qui vont résonner dans la salle et c’est à travers cette expérience sensible, sonore et poétique, qu’Aura va mettre en lumière l’immatérialité de nos systèmes de communication.
Aura fait suite à Averse dans laquelle une pluie venait s’abattre sur les peaux d’une batterie au gré de la détection de rayons cosmiques. Pour la Biennale, l’artiste conserve la batterie mais modifie le protocole scientifique et artistique en utilisant les noyaux de cerise comme matériaux et l’aura électromagnétique.
« L’art c’est quand même le moyen d’inventer ses propres outils et d’arriver à ses fins »
Céleste Boursier-Mougenot
Boursier-Mougenot se sert d’instruments et les associe à d’autres objets dont il parvient à tirer un potentiel musical. De ces simples objets, comme il le dit lui même, il parvient à inventer ses propres outils tel que les « oiseaux », « les noyaux »… Ces outils, ces installations, génèrent des partitions musicales, poétiques aléatoires et inattendues. Déployé en relation avec les données architecturales ou environnementales des lieux d’exposition, chaque dispositif constitue le cadre propice à une expérience d’écoute en livrant, au regard et à la compréhension du visiteur, le processus qui engendre la musique. C’est ainsi qu’il parvient à mêler sculpture et musique, pour ainsi créer un art qui lui est propre, emprunt d’une grande poésie.