Charlemagne Palestine

Charles Martin de son vrai nom, né un jour de 1947 à Brooklyn, New York, est un musicien, « performer » et artiste plasticien, sculpteur.
Il expérimente les sons, influencé par les domaines de l’ésotérisme, de la spiritualité, du chamanisme et du mysticisme.


Certaines de ses compositions musicales sont dites minimalistes. Le terme sonne plutôt réducteur, dévalorisant -faussement- car ici il exprime l’utilisation du drone : bourdons, qui s’installent progressivement grâce à une répétition ou maintenance des sons.

Il fut introduit très tôt à la musique, participant à la chorale d’une synagogue de Brooklyn à l’âge de 8 ans. Cinq ans après, il s’inscrit au collège des arts et de la musique de Manhattan. Nombre de ses travaux ont ensuite été sollicités.

Strumming Music

Lors de cette performance musicale, Charlemagne Palestine joue sur deux pianos simultanément. Illustration authentique de l’atmosphère créée par le drone. L’unité sonore devient hypnotique, donne des élans d’élévations.
La virtuosité et techniques diverses de l’artiste on été développés tout au long de sa carrière. Il a pu étudier à l’université de New York, celle de Colombia, dans une université de musique à Mannes, puis à l’institut des arts de Californie.
On sent une proximité de fond artistique avec ses contemporains, tels que Philip Glass, Phil Niblock, Steve Reich, Tery Riley. La recherche dépasse l’approche traditionnelle de la musique.
Un livre (édition limité) a été consacré au parcours de l’artiste, « Sacred bordello », (Bordel Sacré), dirigé par Antonio Guzman.
Adepte de cognac, d’animaux empaillés et de cigarettes au clou de girofle, cet homme nous propose un panel d’expériences dépassant les questions égocentristes que l’occident s’empresse de disperser, pour nous emporter vers un horizon vaste et infini.

A la recherche du « Golden Sound »

Dans les années 1960, Charlemagne Palestine cherche le « Golden Sound » en repoussant les limites du son.
Il expérimente la nuit, au New-York University Intermedia Center, les capacités de synthétiseurs analogiques et manipule des bandes magnétiques. Le tout se faisant au volume le plus élevé possible, dans une pièce complètement insonorisée, dans le but de faire vibrer chaque objet présent. « Four Manifestations On Six Elements » est composé de deux de ces travaux, « two Fiths » et « Three Fifths ».

La dimension hypnotique de cette œuvre prend très vite le dessus sur l’auditeur. En effet, au début de l’écoute, celui-ci se laisse bercer par les mesures très répétitives de Palestine, puis il se retrouve entraîné dans une atmosphère très particulière : il distingue des harmoniques nouvelles, de nouveaux éléments sonores, tandis que la structure rythmique semble inchangée. L’auditeur est, en fait, sujet à des hallucinations auditives, il perçoit des flottements, et la musique crée des images mentales.

« Tom Johnson dit dans un article qu’il est « semblable à l’Op Art en ce sens qu’il traite de la perception, ce qui crée souvent des illusions de mouvement, même lorsque aucun mouvement n’a effectivement lieu. » » souligne Rubin Steiner dans un article pour le blog Gonzaï.

L’idée de « Golden Sound » est omniprésente chez Charlemagne Palestine. Il ne cesse jamais sa quête, à tel point qu’il s’implique physiquement comme nous pouvons le constater dans la vidéo qui suit. Il crée un son puis déambule dans le lieu où il se trouve, il marche, il court, afin d’analyser au mieux les résonances de chaque recoin. C’est donc une quête tridimensionnelle puisqu’elle sollicite l’esprit, l’ouïe et le corps.

Cette sollicitation du corps remonte à la jeunesse de l’artiste. Chantant à la synagogue dans un premier temps, le chant sacré lui apprend à percevoir les harmoniques. Ensuite, étudiant les arts-plastiques, il rejoins les musiciens d’une église épiscopale non loin de Manhattan. Il développe là sa perception du son, sensible et physique. Il découvre que les sons ont des répercutions diverses sur le corps, suivant les notes et la résonance. D’autre part, dans le cadre de ses études il s’intéresse peu à peu à l’art abstrait, notamment en fréquentant le MOMA, qui s’est mêlé à sa réflexion musicale, et a nourri ses expérimentations sonores. Ce sont ces éléments qui guident sa recherche du « Golden Sound ».

Les œuvres majeures de Charlemagne Palestine

  • Schlingen-Blängen – New World (1999)
  • Godbear – Barooni (1987)
  • The Golden Mean – Shiiin (1979)
  • Strumming Music – Shandar (1974)

Sources

  • Rubin STEINER dans un article pour le blog Gonzai.
  • Philippe ROBERT, Musiques expérimentales, une anthologie transversale d’enregistrements emblématiques, Éditions Le Mot et le reste, 2007, p.188

Exposé par Thomas Ait Abdelmalek :

Née en 1947 à New York d’un père et d’une mère russe juifs, Charles Martin alias Charlemagne Palestine commence son approche musicale dans une synagogue de Brooklyn comme choriste. C’est de ce premier contact que née en lui une vision spirituelle de la musique, au début de son adolescence il est élève au collège des arts de la musique de la grande pomme, c’est à cette époque qu’il s’intéresse de près aux sons mécaniques sur différents support comme le cinéma ou son environnement.
C’est en écoutant la musique de Tod Dockstader, et le poème électronique d’Iannis Xenakis et d’Edgar Varese qu’il se forge un caractère musicale et qu’il expérimente l’enregistrement et le collage, en 1963 jusqu’en 69 il devient le carillonneur de l’église saint thomas situé à deux pas du musée d’art moderne New yorkais, cette place stratégique lui a permis de fréquenter le gratin avant-gardiste de l’époque à savoir John cage, pandit pran nath, terry riley ou des peintres comme barnett newman et clyford still .
Il fait connaissance avec Morton Subotnick, fondateur du san francisco tape musique center qui lui offre l’opportunité de travailler avec des oscillateurs électroniques et qui le présente a serge Tcherepnin ou encore don buchla.

Le Son d’or

Ainsi Palestine travaille sur les sons bourdonnants ou en continu, s’impregnant des peintures de rothko et still il recherche un son « coloré » infini, il s’investit alors dans son idéologie du « son d’or » ce servant de toutes les ressources de la structure du University Intermedia Center.
Il faudra attendre 30 ans pour que le label Alga Marghen publie ces travaux dans la collection « golden Research », celle-ci contient 5 morceau de cette période à savoir Sine tone study en 1967, open closing, seven organism study tous deux en 1968, Negative sound study en 1969 et enfin Timbral for Pran Nath en 1970.
En 1967 il s’acharne sur Holy 1 et Holy 2 ou durant des nuits il s’enferme dans une pièce insonorisée avec un son particulièrement élevé de telles sortes que les objets dans la pièces furent secouées, elles sont la base de la variations de vitesse des matériaux sonores dans open closing de 1968 et utilisé à nouveau en 1969 pour Alloy : bande son du film de Tony Conrad intitulé Coming Attractions au côté de la chanteuse Deborah glaser, charlemagne reste aux percussions et carillons alors que le réalisateur joue de son invention le long string done tandis que bob feldman et au saxophone.

Les influences extérieures de Charlemagne Palestine

Les années 70 sont marqué par la volonté de charlemagne Palestine a sondé les mystéres du continuum sonore, en 72 il joue Piano Drone, en 78 Duo strumming for 2 Harpsichord, deux pièces que l’on retrouve sur continuous sound forms, il s’essaye à l’orgue d’église ou sur piano bosendorfer n’hésitant pas à souffrir de ses gestes répétés.
Auprès du grand maitre du drupad Pandit Nath, Charlemagne Palestine étudie la musique du nord de l’inde qu’il n’hésite pas à reprendre lors de ses performances sous forme de chant et qui sont à ses yeux un pas de plus vers le « son d’or ». En 1971 il se rend en Indonésie avec son ami le compositeur Ingram Marshall qui partage son gout pour les tons et rythmiques de ce peuple.
Parallèlement il commence ses travaux vidéos avec les courts et moyens métrages Body Music I (1973), Body Music II (1974), Four Motion Studies (1974), Snake (1974), Internal Tantrum (1975), Running Outburst (1975), St. Vitas Dance (1975), You Should Never Forget the Jungle (1975), Island Song (1976), Island Monologue (1976), Andros (1976) and Where It’s Coming From (1977) et Dark Into Dark (1979).
L’effet minimaliste
Dès la fin des années 1970, le minimalisme ce trouve devenir une véritable tendance sortant ainsi de l’avant-garde et ce spécifiant dans une répétition bien plus facile d’accès instauré par Philip glass et Steve Reich faisant par ailleurs de l’ombre aux travaux de Charlemagne qui s’insurge contre cette tendance trop commerciale et sans âme. C’est alors en 1981 qu’il décide d’abandonner la musique au détriment des arts visuels, il continuera cependant à jouer pour tisser un contexte musical et apporté en atmosphère lors de ses expositions vidéo et de sculptures. En 1987 il s’attèlera à God bear un ours en peluche a 3 têtes et 2 corps de 6 mètres, restant fidèle a son œuvre visuelle à savoir les animaux en peluches toujours présents sur scène lors de ses représentations musicales. Toujours dans les années 80 il devient fondateur de L’ECP : L’Ethnology Cinema Project retraçant les modes de vie traditionnelles du monde entier à partir de ce centre d’archivage ou son diffusé des films.

Le Renouveau

Dans le début des anneés 90, Strumming Music, performance assez longue au piano par Charlemagne Palestine est éditée en cd par le label Newtone, c’est alors son premier cd. Sans suivra en 96 Four Manifestations on six Elements publié par le label Baaroni, celui-ci est une collecte de performances enregistrées dans les années 1970 et 1980, il permettra à l’artiste d’entamer un nouveau souffle dans sa carrière musical. Il arrive à une période où justement le grand public s’intéresse de nouveau au minimalisme, dans ce disque ce cache une perle, un concert de carillon par Charlemagne Palestine en 1982 au New Music America Festival, considéré alors comme un vieux gourou il est repris et remasterisé par Lee Ranaldo de sonic youth. Le succès est alors au rendez-vous puisqu’il n’aura jamais publié de Morceau. Karenina est produite sur le label de current’93, durtro en 1997. La très rythmé Jamaica Heinekens In Brooklyn enregistré lors de la Jamaica Day parade dans les rues de Brooklyn avec un mélange de drones électroniques. Par la suite Schlingen-Blangen, performance sur orgue de 1988. Alga Marghen a également publié Charlemagne at Sonnabend en 2003, qui sont des morceaux de Charlemagne Palestine de 2000-2001, Elle est encore une fois responsable de la publication en 2004 de Bordel sacré / Sacred bordello, un ouvrage de 192 pages et 160 photos reéalisé par Daniel perrier sur l’artiste. Dans ce livre Antonio guzman et d’autres pose leurs analyse de l’œuvre Charlemagne Palestine, ce livre a une édition limité qui s’accompagne d’un Cd contenant March 7, 1975, une conférence livré par l’artiste juste après avoir joué Strumming music au canada. En 2006, The golden Mean apparait sous deux albums, en 2010 Alga Margahen edite Illuminations et enfin Voxorgachitectronumputer titre de l’album de Charlemagne Palestine et Joachim Montessuis en 2011.