
Cindy Sherman est une artiste et photographe américaine qui est connue pour ses séries d’autoportraits. Ses photographies sont déclinées en différentes séries qui révèlent chacune ses préoccupations axées autour de la place de la femme dans la société.
Cindy Sherman est née le 19 janvier 1954 à Glen Ridge, New Jersey, puis sa famille décide de déménager peu de temps après à Huntington, Long Island. Contrairement à de nombreux artistes, son entourage familial ne la plonge pas dans le monde de l’art, mais elle décide tout de même d’entreprendre des études artistiques. Elle étudie la peinture et la photographie, puis elle s’initie à l’art conceptuel à l’Université d’état de New York. Mais comme elle le dit elle-même, elle a vite été frustrée par la peinture : « il n’y avait rien à dire de plus. Je me contentais de copier méticuleusement d’autres œuvres, et j’ai réalisé qu’il aurait alors suffi d’utiliser un appareil photo et de me consacrer à d’autres idées ». Elle se tourne alors vers la photographie, et crée avec d’autres artistes tels que Robert Longo, son compagnon dans la vie et Charles Clough, un espace d’exposition indépendant nommé Hallwalls. Nouvellement diplômée, elle s’installe à Manhattan et se lance dans la création d’autoportraits.
C’est avec une série d’autoportraits en noir et blanc, qui s’inspire directement des films de série B, que Cindy Sherman se met en scène en plagiant les photographies d’actrices de cinéma des années 50 et 60. Dans cette série de photographies, elle joue avec les clichés de la femme américaine moderne allant de la blonde sexy jusqu’à la femme au foyer. C’est ainsi qu’elle scénarise des vies de poupées, vulnérables et grimaçantes en s’inspirant des médias et de la pop culture. Intitulé Untitled Film Stills, ces autoportraits lui permirent de se faire connaitre et de devenir célèbre du jour au lendemain.

A travers ses nombreuses séries d’images, qui sont le plus souvent des autoportraits, elle soulève d’importantes questions sur le rôle et la représentation de la femme dans la société, mais aussi sur les modèles qui façonnent l’identité féminine. Puis, l’artiste passe au début des années 80 à la couleur, où elle continue de détourner l’autoportrait. A travers des séries sur la mode comme Fashion et Sex Pictures, elle s’intéresse aux figures que proposent les magazines et la télévision, et pour la première fois, dans ses séries Fairy Tales et Disasters, elle n’est plus systématiquement le modèle de ses photographies.

Avec les History portraits en 1988 – où elle réapparait en tant que modèle – elle revisite l’histoire de l’art en se déguisant tantôt en personnages figurant sur de la porcelaine de Limoges, tantôt en tableaux de Raphaël ou du Caravage (surnom donné à Michelangelo Merisi). Puis du glamour, ses « personnages » glissent progressivement vers la mélancolie, la disgrâce, l’épouvante et l’horreur, passant parfois par le pathétique. De même, le corps de l’artiste laisse place à des mannequins parfois désossés, pour réapparaître à l’occasion. Proches du fantastique et du grotesque, certaines de ses images sont crues. En effet, on peut retrouver des corps morcelés de poupées ou de prothèses disposées dans des postures très suggestives, qui côtoient de la moisissure, du vomi ou d’autres substances inspirant du dégoût. L’artiste exprime d’elle-même que ses photographies sont conceptuelles et que cela est dû au fait « qu’elle ne porte aucun intérêt à l’art traditionnel».

Cindy Sherman s’est appropriée jusqu’à aujourd’hui bon nombre de genres visuels, tels que les film stills, les centerfolds (pages centrales des magazines qui au départ étaient uniquement utilisé par le magazine Playboy), les photographies de mode, les portraits historiques voir mêmes les images érotiques. Mais elle s’est aussi intéressée au cinéma, et plus particulièrement aux films d’horreur lors de son travail comme réalisatrice du film Office Killer réalisé en 1997.
Sa dernière exposition en date était au Musée du Jeu de Paume à Paris, qui a présenté en 2006 une importante rétrospective sur Cindy Sherman.
Œuvres de Cindy Sherman
Photos

Série d’environ 80 photos en noir et blanc qui reprend le genre des stills, très utilisés par les films de série B dans les années cinquante.

Dans cette série, la première en couleur, Sherman se photographie devant des projections de diapositives et fait référence au monde et aux images de la télévision. Ces images dépeignent pour la plupart des jeunes femmes de la vie réelle, issues des classes moyennes.

Cette série est à l’origine issue d’une commande faite à l’artiste d’un portfolio pour le magazine Artforum. Ce travail n’a finalement pas été publiées car les photographies ont été controversées et considérés comme sexiste. En effet, pour ce travail, Sherman reproduit le cadre horizontal et serré sur des personnages féminins allongés (centerfolds), esthétique propre aux magazines et revues de charme tel que Playboy. Par ailleurs, elle place ses sujets dans des attitudes où transparaît leur fragilité.
Pink Robes, 1982 : Dans cette série elle adopta le format vertical afin de détruire la vulnérabilité du personnage suggéré par le format horizontal, mais tout en continuant d’imiter les postures des modèles pornographiques. C’est une réaction envers les critiques.
Fashion 1983/1984 et 1993/1994: Cette série est issue de quatre commandes: une pour la revue Interview en 1983, une pour le magazine Vogue en 1984, une pour Harper’s Bazaar en 1993 et une pour la « maison de la culture japonaise » ( site internet de la maison de la culture japonaise de Paris : http://www.mcjp.fr/ ): Comme des garçons en 1994. Dans ses photographies, Sherman réinterprète et transforment les codes et les règles de la presse de mode pour créer des images dérangeantes qui transgressent les conventions de cette presse spécialisée.
Fairy Tales, 1985: A partir de cette série, les images de l’artiste devinrent étranges et irréelles. Elle a tout d’abord été conviée par Vanity Fair à présenter des photographies inspirées des contes de fées, mais Cindy Sherman proposa une série de photos qui ne présentaient aucun point commun avec les images que nous associons depuis l’enfance à ce genre.
Disasters (1986-1989)
History Portraits/Old Masters (1988-1999): Constitué de trente cinq éléments, cette série fait appel aux références culturelles du spectateur. En effet, avec les History Portraits, Cindy Sherman dévoile l’aspect artificiel de certaines œuvres dits « majeures ». Ces tableaux sont remplis d’éléments comiques.
Cette série découle d’une commande passée par Artes Magnus en 1988, où une série d’œuvres étaient destinées à la manufacture de la porcelaine de Limoges. Pour cette commande, elle utilisa les moules originaux et produit de nouvelles œuvres ornées de décalcomanies renfermant des images d’elle-même vêtue en costume d’époque.
Civil War (1991)
A Sex Pictures, 1992: Cette série de photographies mettent en scène des mannequins en plastique anatomiquement détaillés, en utilisant des éléments corporels disponibles dans les catalogues médicaux. C’est ainsi qu’elle fabriqua des poupées hybrides exhibant leur sexes et imitant des poses tiré de la pornographie. Par ces images, l’artiste dénonce le fait que la femme soit réduite à un orifice et elle aborde l’obscénité dans le monde de la pornographie.
Horror and Surrealist Pictures (1994-1996)
Masks (1994-1996)
Broken Dolls (1999)
Hollywood/Hampton Types (2000-2002)
Clowns (2003-2004): Pour cette série, Cindy Sherman se sert de déguisements de clown pour tenter de faire tomber les masques de la société. Pour certains, cette série peut être vu comme une réponse aux réactions du peuple américain après les attentats du 11 septembre, qui à consister à adopter un sourire forcée face aux événements.

Vidéos sur l’oeuvre de Cindy Sherman
Documentaire en français fait par la chaine Arte qui retrace certaines œuvres de Cindy Sherman
Vidéo en anglais qui présente des œuvres de Cindy Sherman, exposé à la galerie Métro Pictures à New York
Le film Office Killer de Cindy Sherman
En 1997, Cindy Sherman se lance dans la réalisation d’un film intitulé Office Killer avec pour acteurs principaux Jeanne Tripplehorn, Molly Ringwald et Carol Kane.
Ce film raconte l’histoire de Dorine Douglas (interprété par Carol Kane) qui est une jeune femme introvertie, travaillant comme éditrice pour le Mousey Copie. L’intrigue commence tard dans la nuit, lorsque Dorine reçoit un coup de téléphone, et qu’elle doit se rendre au bureau pour finir des travaux en retard. Mais son ordinateur tombe en panne et elle demande de l’aide à l’un de ses collègues Gary Michaels (interprété par David Thornton), qui est électrocuté en tentant de réparer l’ordinateur. Pour apaiser sa solitude, Dorine décide donc de ramener à la maison le cadavre de Gary Michaels et de le placer dans la cave de la maison où elle vit avec sa mère invalide. Mais Dorine ne s’arrête pas là: elle se lance par la suite dans une frénésie d’assassinat…

Sources
- Sur le site mastersofphotography, vous pouvez retrouver plusieurs séries de Cindy Sherman.
- Interview avec Cindy Sherman.
- Article sur les Untitled Film Stills.
- Article sur le site de la Fondation Louis Vuitton sur Cindy Sherman.
- ABRAMS, The Essential: Cindy Sherman (1999)
- BRONFEN Elisabeth, Cindy Sherman: Photographic Works 1975-1995 (2002)
- CAHUN Claude, DEREN Maya, Cindy SHERMAN, Inverted Odysseys (1999 )
- CRUZ Amanda, SHERMAN Cindy & al., Cindy Sherman: Retrospective (2000)
- GALASSI Peter, Cindy Sherman: The Complete Untitled Film Stills (2003)
- GRUNDBERG Andy & al., Cindy Sherman: Centerfolds (2004)
- SILLS Leslie, In Real Life: Six Women Photographers (2002)
- WILLIAMS Edsel & al., Early Work of Cindy Sherman (2001)
- https://www.instagram.com/cindysherman/