Dan Graham

Dan Graham est un artiste performer, proche du mouvement conceptuel, né à Urbana dans l’Illinois en 1942. Il est aussi un écrivain, théoricien, photographe, critique d’art, architecte, vidéaste. Il fut directeur de la Galerie Daniels et vit actuellement à New York.

Dès ses premiers travaux, Dan Graham a mis le spectateur au centre de l’œuvre, l’intégrant au projet, souvent avec des moyens modestes, mais toujours en prise avec le réel de la culture populaire. Son parcours foisonnant et autodidacte l’a mené de l’art minimal au rock’n’roll et à la contre-culture, en passant par le cinéma, la vidéo, la photographie, l’architecture et l’écriture. Une œuvre dans laquelle convergent les thèmes et matériaux que questionne aujourd’hui Dan Graham : l’espace, l’intérieur-extérieur, voir et être vu, le « passé immédiat » et le présent, les interactions entre miroirs, surfaces de verre et leur perception. Quatre décennies de réflexion, d’actions innombrables, de création, lui ont apporté une reconnaissance internationale.

Avec les performances et les vidéos, il explore les relations entre des corps, la langue et la subjectivité, manipulant souvent l’expérience temporelle d’espace. Graham a aussi produit un certain nombre de documentaires et d’essais qui documentent un certain nombre de sujets sociaux tels que les sous-cultures de la jeunesse américaine.

Parcours de Dan Graham

Dan Graham (né le 31 mars 1942) est un artiste américain ayant une certaine influence dans l’art contemporain, à la fois comme créateur d’art conceptuel, critique d’art et théoricien. Considéré comme l’un des principaux artistes et théoriciens de l’art de l’après-guerre, Dan Graham a développé depuis les années 1960 une recherche sur le statut de l’oeuvre d’art, sa monstration et sa diffusion.

Dan Graham débuta sa carrière en 1964, en questionnant l’art institutionnel de la Galerie (le Pop Art et l’Art Minimal), et l’espace de la galerie comme institution. Il puise son inspiration dans le contexte politique, social et culturel des pays dans lesquels il expose.
Artiste polyvalent, il réalise des travaux qui se déploient dans des champs divers : productions conceptuelles, films expérimentaux, d’essais, performances, photographies, interventions et projets conceptuels dans les magazines, installations dans l’espace public, structures pavillonnaires, écrits critiques, installations vidéos. Tous interrogent les mécanismes de l’œuvre d’art, de la perception, repensent le statut de l’œuvre et son rapport à l’architecture.

Dan Graham a débuté son travail par l’Art Conceptuel. C’est un mouvement qui porte un intérêt à la psychologie de la perception, en mettent en œuvre des dispositifs de vision et de représentation d’espace, en remettant en cause la place et le rôle du regardeur.

En 1964, à l’âge de 22 ans, il ouvre une galerie d’art à New York. Les œuvres qu’il montre alors ont toutes une résonance avec la question de l’art institutionnel de galerie. Il reproche aux artistes de créer leurs œuvres pour l’espace de la galerie et non plus par « nécessité interne ». Afin d’échapper aux contraintes de ces espaces d’expositions, il conçoit à partir de 1965 des travaux destinés à être publiés dans des revues, Schema (1966) puis Homes for America (1966-67).

L’exercice n’est pas sans contrainte, puisque « chaque travail dépend de la structure physique de la revue et de son contenu, de sa typographie, de ses publicités », et que pour exister, les œuvres doivent être accueillies par des revues.
En 1965, il débute avec Sheme (1965) qui était destinée à n’apparaître que dans des revues. Un an après, Homes for America voit le jour. En 1967, après une visite de l’artiste anglais Terry Atkinson, il débute une série de lettres-échanges, qui aboutira sur Schema (March 1966) et qui compte parmi les premières œuvres du Art-langage.


En effet au cours des années 60, période qui marque le début de sa production artistique (notamment entre 1965 et 1969), Dan Graham utilise la photographie, la performance et l’installation. Il se sert également de la presse (Arts Magazine) pour diffuser son travail Homes for America, en 1966. Et c’est en parallèle qu’il exerce une activité de galeriste et expose des artistes minimalistes (Sol Le Witt, Carl Andre, Robert Morris, entre autres). C’est à New York, en 1969, que sa première exposition personnelle est organisée. En Europe, il expose pour la première fois en 1970, à la Lisson Gallery de Londres.


A côté de cela, Dan Graham utilise la photographie de détails de maisons et de bâtiments et achève ainsi un projet quasi-sculptural, en utilisant un projecteur de diapositives pour le présenter. Cet intérêt pour la photographie se termina en 1969, avec une série comptant environ 80 images intitulées Sunset to Sunrise. Il réalise cette même année ses premiers films : Sunset to Sunrise and two Correlated Rotations et il crée ses premières performances :  »Lax/Relax ». Son entrée dans l’art vidéo s’effectue avec TV Camera/Monitor Performance, en 1970.


De 1969 à 1976, par le biais de la performance et de la vidéo, Dan Graham entame une série de travaux sur les miroirs questionnant l’expérience perceptive. Les espaces qu’il crée s’organisent en jeux de miroirs auxquels s’ajoutent des caméras et des moniteurs qui renvoient l’image du spectateur.

Two Viewing Rooms, 1975

Ce dispositif sera repris dans l’espace public, dans des vitrines ou des immeubles et aboutira, à partir de 1977 à sa première série de « pavillons », sculptures en verre et miroir sans tain où le spectateur est de la même façon placé en position ambigüe de voyeur-vu.
A la fin des années 70, Dan Graham présente des projets d’architecture-sculpture, et devient ainsi « artiste-architecte ». Il aborde alors une réflexion plastique sur l’espace muséal et l’espace urbain. Les matériaux de ses œuvres (le verre et le miroir) sont transparents et semi-transparents. Dans un de ses articles, il note : « De façon générale, le but de l’architecture théâtrale du productivisme et du Bauhaus fut de déconstruire la production d’images illusionnistes en révélant la formule : le mécanisme littéral à travers lequel l’image-illusion était produite. »


Cette observation constitue l’une des idées majeures de Cinema 81 (1981), présenté sous forme de maquette. Par la transparence, l’opacité et le reflet des matériaux utilisés, tout est rendu visible par l’incidence de la lumière. Le spectateur regarde, mais il est aussi regardé. Dans ses projets architecturaux, l’artiste joue avec les espaces par la présentation d’une série d’oppositions : intérieur / extérieur, opacité / transparence, espace public / espace privé (Two Cylinder Inside Cube, Children’s Pavilion). Dan Graham fait partie d’une génération d’artistes américains pour qui la réflexion théorique nourrit la production artistique.

« Je suis entré dans l’art en tant qu’écrivain. Tous les artistes sont des écrivains »

Dan Graham

Un autre exemple majeur est la Performance/Public/Miroir (1975), documentant une performance où Graham relate ses mouvements, les apparences de ses visionneurs et sa propre apparition dans un miroir. Dans ses œuvres Graham invoque explicitement les théories de linguistique structurale, particulièrement le travail de Jacques Lacan.

Cette observation constitue l’une des idées majeures de Cinéma 81 (1981), présenté sous forme de maquette. Par la transparence, l’opacité et le reflet des matériaux utilisés, tout est rendu visible par l’incidence de la lumière. Le spectateur regarde, mais il est aussi regardé. Dans ses projets architecturaux, l’artiste joue avec les espaces par la présentation d’une série d’oppositions : intérieur / extérieur, opacité / transparence, espace public / espace privé (Two Cylinder Inside Cube, Children’s Pavilion). Dan Graham fait partie d’une génération d’artistes américains pour qui la réflexion théorique nourrit la production artistique.

«J’ai grandi dans le New Jersey, pas dans Manhattan. Mon travail lui aussi traite de la périphérie. Mes travaux se rapportent à ma jeunesse, à mes quatorze ans. Mon œuvre, ce sont des souvenirs d’enfance comme dirait Lacan.»

Dan Graham

Ces jeux du regard et de l’image sont au centre du travail de Dan Graham. En s’emparant des matériaux (ou autres supports, médiums) et des formes de l’architecture moderne et des volumes simplifiés de l’art minimal, les œuvres jouent entre espace public et espace intime faisant apparaître, dans la multiplicité des images, des manières de voir et de se voir.

INFLUENCES

Lorsque l’on entre dans l’installation on se pose tout de suite des questions sur notre situation, sur l’espace et la disposition des éléments qui nous entourent etc. Ce n’est donc pas un rapport esthétique (le beau dans l’œuvre) que le spectateur est invité à entretenir avec l’œuvre mais un rapport essentiellement intellectuel. Elle pose des problématiques concernant le processus de notre approche de l’art. On peut donc considérer l’installation comme œuvre conceptuelle au sens large du terme puisqu’elle ne nie pas totalement l’aspect matériel de l’œuvre comme l’a pu faire Joseph Kosuth pour qui ce n’est pas la réalisation qui compte ni même les matériaux employés, mais simplement le concept, l’idée : c’est le discours sur l’art qui prime.


Dan Graham, lui, a réfléchi sur le concept et l’a ensuite pensé en tant que réalisation en pensant les matériaux qu’il devait employer pour exprimer l’idée de départ et leur disposition. Avec l’art conceptuel, ce n’est donc plus la contemplation qui est mis en cause mais l’idée qu’on se fait de l’art. Le plaisir ne provient plus d’une chose belle qui se présente a notre vue mais de la découverte d’une idée de l’art a laquelle ont n’avait pas forcément pensé. L’installation est alors comparable à une expérience de mise en situation de nous même dans l’environnement de l’art. Elle nous interroge, nous spectateurs, sur notre position dans le monde de l’art et face à l’œuvre.


Attentif aux systèmes sociaux, tels qu’ils façonnent les comportements dans la sphère publique et privée, il engage ses performances, ses installations vidéo et/ou architecturales dans une relation de dépendance au spectateur-participant. De par son activité de théoricien, un recueil de ses essais est paru en 1993 sous le titre de Rock My Religion, rendant compte de ses premiers centres d’intérêts pour l’art minimal de Dan Flavin et Donald Judd, l’art conceptuel, la vidéo, jusqu’à ses considérations sur la musique punk, l’architecture et l’espace urbain.


Comme avec la performance filmée : Performer / Audience / Mirror (1975), où le public acquiert ainsi un double statut de regardeur-regardé. Deux principes essentiels du travail de Dan Graham sont ici mis à l’œuvre : celui du spectateur comme composante essentielle de l’œuvre et celui de la mise en parallèle de la vidéo et du miroir, selon leur pouvoir à délivrer une information en temps réel.

Performer / Audience / Mirror, 1975

Ou, Rock My Religion (1984) : collage de documents photographiques et audiovisuels, de textes et d’archives télévisuelles, Dan Graham élabore dans cette vidéo une sorte d’extension de ses écrits sur le rock. Il inscrit son propos dans une histoire de l’opposition au puritanisme américain, avec les premières communautés Shakers au XVIIIe siècle. Puis il évalue les enjeux sociaux et économiques qui se dégagent de la culture rock et de son industrie depuis son émergence dans l’après-guerre. Dan Graham avance ici l’idée d’une religion « rock » dont il entreprend d’analyser les codes idéologiques. Dans un entretien accordé au cours des années 1990, Dan Graham affirmait sur son travail Rock My Religion, que c’était « une étude anthropologique sur l’état de la scène musicale pendant les années 1980. »

Dan Graham a beaucoup lu et écrit sur ses propres œuvres (Schéma, Performance / Audience Sequence, Rock my Religion, Pavilion / Sculpture Works). Il a également publié de nombreux articles sur d’autres artistes ; ils s’inspirent notamment de « Donald Judd », Bruce Nauman, ou Sol LeWitt. Il s’est aussi attaché à réfléchir sur les questions philosophiques et esthétiques concernant notamment l’architecture, comme lorsqu’il rendait hommage à l’architecte finlandais Eero Saarinien. Mais il reste avant tout un autodidacte.

«Le livre sur les passages de Walter Benjamin (Paris, capitale du XIXe siècle. Le livre des passages) m’a aidé à construire mon œuvre au même titre que les centres commerciaux. Les miroirs de mes installations proviennent directement de ces lieux de passages qui sont autant miroitiques que cinématographiques. Avec Sol Lewitt nous partageons le même intérêt pour Michelangelo Antonioni, et ne parlons pas de Jean-Luc Godard [‘]. Bercé par votre littérature sur les jardins et par l’art minimal, j’ai compris que mon œuvre se situait entre ces deux influences.»

Dan Graham

L’auteur Brian Wallis a dit que les œuvres de Graham « ont montré une foi profonde en idée du présent, [il] a cherché à comprendre la culture américaine de l’après-guerre par les nouvelles formes imaginatives de reportage d’investigation, factographique analytique et les cartographies quasi-scientifiques de relations d’espace/temps.»

Le travail de Graham a été influencé par le changement social de la Campagne pour les droits civils, la Guerre du Viêt Nam, le Mouvement de libération des femmes aussi bien que beaucoup d’autres changements culturels. Ces événements prolifiques et changements de l’histoire a affecté les mouvements d’art et minimalistes conceptuels. Comme LeWitt, Morris, Smithson et Flavin, Graham a travaillé à l’intersection de minimalisme et de l’art conceptuel. Graham a exposé principalement le minimaliste esthétique à ses photographies précédentes et copies. Ses copies d’ordres numériques, des mots, des graphiques et le graphisme reflètent fortement ses qualités minimalistes. Dont ses références sont citées dans la publication de Sarah Lehrer-Graiwer le Discours d’encouragement en 2009, Graham a donné « Le Travail des Artistes et Architectes qui Influencé sur Moi » : Michael Asher, Larry Bell, Flavin, Itsuko Hasegawa, LeWitt, Roy Lichtenstein, Robert Mangold, Bruce Nauman, Claes Oldenburg, Kazuo Shinohara, Michael Snow, Mies fourgon der Rohe et Robert Venturi.

La production artistique de Dan Graham est donc marquée par une importante réflexion sur des phénomènes contemporains comme la musique punk, le rapport entre le rock et la religion, le lien étroit entre le pouvoir politique et l’architecture, la télévision. Il propose une étude critique sur les formes de médiatisation de l’art dans la société contemporaine, en s’interrogeant sur le système de présentation et de consommation de l’œuvre et sur la dissociation qui s’opère entre l’artiste et le spectateur.

RÉTROSPECTIVE

Sa production artistique pourrait être divisée en deux périodes bien distinctes : le nord et le sud. Les dix premières années de 1935 à 1945, sont constituées d’œuvres conceptuelles, de films, d’essais, de performances, d’installations vidéo et d’espaces-miroirs exposés à la Biennale de Venise en 1976 et à la Biennale de Paris en 1985. La seconde période a vu son travail se concentrer autour de modèles architecturaux et de pavillons.


Les premiers exemples d’œuvres conceptuelles étaient des photographies et des ordres numérologiques, souvent imprimés dans des magazines, par exemple Figuratifs (1965) et le Schéma (1966). Avec le dernier, Graham attire la structure physique réelle du magazine dans lequel il est imprimé pour le contenu du travail lui-même. Comme si un même travail change selon son emplacement physique et structurel dans le monde. Son premier travail révolutionnaire était cependant une série de photographies de style de magazine avec le texte, des Maisons pour l’Amérique (1966-67), que des contrepoints l’effet monotone et aliénant d’ensembles immobiliers d’années 1960 avec leur désirabilité supposée et la géométrie physique d’un article imprimé.

Ces photographies mettent en doute la relation entre l’architecture publique et privée et les façons dont chaque espace affecte le comportement. Certaines de ses premières ?œuvres conceptuelles ont traité les formes différentes d’œuvre d’art imprimée d’ordres numériques. Toutes les photographies prises avaient de maisons seules-familiales, de nouvelles zones commerciales piétonnières, des dépôts de camion et des dîneurs de bord de la route autour de la banlieue américaine. Cette série de photo, une des premières ?œuvres d’art illustratives dans l’espace du texte, a été publiée comme une diffusion de twopage dans le Magazine d’Arts. « L’article » est une assemblée de textes incluant ses photographies. Les photographies ont aussi été choisies pour l’exposition « l’Art Projeté » au Musée d’Université de Pinson d’Art.
D’autres oeuvres se rattachent plus à la notion d’art conceptuel au sens restreint du terme. Poel Schematisation, par exemple, apparaît comme une page vierge, comme une sorte d’inventaire écrit, mais toujours rattachée à un article. Cette ?uvre ne peut être exposée que dans un magazine, plus spécialement dans un magazine d’arts, et ce n’est que dans un second temps qu’elle pourrait être exposée dans une galerie. Chaque variante de schéma est déterminée par l’analyse de l »uvre faite dans le magazine.
Comme il a été dit précédemment, tout son travail interroge les relations entre l’espace privé et l’espace public, toute son oeuvre ne cesse de toucher la perception, et la place du spectateur dans l’art et dans la société.

Cinéma est un exemple de ses projets architecturaux. Il s’agit, comme son nom l’indique, d’une salle de cinéma avec des jeux de miroirs. L’écran est un miroir sans tain ainsi que les côtés de la salle, qui forment un triangle. Lorsque les spectateurs visionnent le film, c’est-à-dire au moment où la salle est plongée dans le noir, les passants, qui sont à l’extérieur, peuvent voir le film projeté sur l’écran mais l’image est inversée. Ils ont aussi la chance de voir les spectateurs regardant le film sans qu’ils puissent être vus : ils peuvent observer cette relation entre le film et le spectateur.
Dans un autre projet, Picture Window Piece , Dan Graham met en évidence son idée que l’espace social publique et l’espace social privé dépend de la convention architectural. En effet il explique que les fenêtres panoramiques qu’on peut apercevoir dans les maisons modernes américaines établissent le rapport entre la famille et l’environnement social car elles donnent à voir à l’intérieur mais tout en empêchant cette vision, mais est aussi une limite entre intérieur privé et extérieur dit public.

D’un point de vue architectural et urbaniste, une œuvre importante s’en dégage par le projet appelé Alteration to a suburban house. Il s’agit d’une maquette d’un pavillon de banlieue semblable à celle des promoteurs immobilier, dans laquelle Dan Graham a remplacé la façade par une grande plaque de verre et a placé un miroir sur le mur du fond. Le passant est ainsi censé pouvoir voir les habitants dans leur salon, mais pas dans leur chambre, dont le mur est aussi couvert d’un miroir. On peut considérer ce projet comme l’intrusion d’une maison moderne, destinée à être construite isolée dans la nature, dans un quartier résidentiel. Le projet fait figure d’utopie négative, dans la mesure où il est destiné à ne pas être construit, et propose une réflexion critique sur les processus d’exposition au sein de l’architecture, où le regardeur se voit en train de regarder et prendre conscience de son propre voyeurisme. C’est la première œuvre dans l’histoire de l’art contemporain où une maquette est placée dans une galerie en tant qu’objet en soi, et non comme projection d’un bâtiment destiné à être construit.

« Dans un de mes articles, Corporate Atrium, j’interrogeais ces nouvelles constructions. Au début des années 1980, la généralisation de ces bâtiments aux vitres sans tain n’était pas sans équivoques. Tours-miroirs, elles interdisaient au regard de pénétrer à l’intérieur des bâtiments. Tours-miroirs, elles reflétaient l’environnement extérieur. Les cols blancs étaient abrités derrière ces murs vitrés, ils pouvaient voir sans être vus. Le piéton n’avait pas cette chance. Reflet pour les uns, transparence pour les autres.
Mais contrairement à vous, je ne projette aucun fantasme sur la ville. Je me contente de m’en servir telle qu’elle est. C’était très important que les sculptures puissent être visibles par le plus grand nombre et que des publics différents se mélangent. Cette idée structure mon œuvre depuis toujours. »

Dan Graham

L’espace de l’installation : Opposing Mirrors and Video Monitors on Time Delay, est aussi un élément fondamental de son discours sur la perception avec la participation du spectateur.

Le spectateur participe de différentes manières dans cette œuvre. D’une part, il agit dans l’espace et dans le temps et d’autre part il interroge le concept d’art, c’est-à-dire ce qui fait de l’installation une œuvre d’art. Ici, l’importance du lieu, de l’espace occupé par l’installation doit être prise en compte : « J’éprouve toujours le besoin de concevoir des lieux utilitaires ». En effet, l’oeuvre ne se présente pas à nous de la même manière qu’un tableau ou qu’une sculpture. Ceux-ci pourraient être exposés dans n’importe quel lieu, ils garderaient toujours plus ou moins d’autonomie dans l’espace, qui est séparé d’eux. La peinture par exemple, présente un espace artificiel et elle-même s’expose dans un espace réel qui n’est pas en continu avec l’espace qu’elle représente.

Au contraire, chez Dan Graham, l’espace fait partie intégrante de l’installation. Le spectateur entre dans l’œuvre et a désormais un rôle participatif puisque ici il est filmé. Il est donc acteur de la vidéo et devient ensuite spectateur de lui-même, de son propre environnement espace/temps, à savoir de son «passé immédiat».

En ce qui concerne les miroirs, ils semblent être ici plus une métaphore qu’un simple jeu de reflets. Lorsque l’on se reflète dans un miroir on établit une certaine distance avec lui. Ici on retrouve le même système : on se recule pour se voir, car collé au miroir il est impossible de saisir notre reflet et cette distance renvoie à la distance critique du moi, distance qu’on établit entre ce que l’on pense de nous-mêmes et le reflet que nous renvoie la réalité. Quant à la vidéo, Dan Graham la différencie du film en ce qu’elle est un médium du temps présent. En effet, il explique que la vidéo est l’enregistrement direct du temps et de l’espace réel en continu, c’est-à-dire sans le découpage de scène dont a recours le film. Le film nous détache de la réalité présente et que la vidéo, qu’il compare à un miroir, peut procéder par une auto réflexion sur nos actes. Cependant il distingue quand même la vidéo et le miroir puisque le miroir est lié au temps et a l’axe spatial de celui qui perçoit alors que la vidéo peut être retransmise dans un autre espace temps et de ce fait établir une plus grande distance critique avec le sujet.

L’année 1974 est particulièrement riche dans la production vidéographique de Dan Graham, puisqu’il réalise une dizaine d’installations dénommées de manière générique Time Delay Room. Celles-ci proposent selon divers dispositifs, des images enregistrées en direct puis rediffusées sur des moniteurs avec un léger décalage.

Present Continuous Past(s)

Present Continuous Past(s) est la première du genre et est d’ailleurs le modèle de la plupart des œuvres mettant en scène les interprétations spatio-temporelles dans des salles recouvertes de miroirs et dans lesquelles le spectateur est simultanément sujet et objet de perception.

A partir de Present Continuous Past(s), Dan Graham quitte la scène et laisse le spectateur faire, seul dans des boîtes tenant de la vitrine. Ici, deux murs sont recouverts de miroirs (le présent) tandis que le troisième comporte une caméra filmant la pièce et un moniteur qui en diffuse les images avec 8 secondes de décalage (le passé). Il y a d’un côté le reflet discret, au présent et sans mémorisation possible, de l’autre l’enregistrement et la retransmission en différée (l’effet feed back). Le miroir et le moniteur se réfléchissant l’un l’autre produisent une mise en abyme qui suggère un espace creusé à l’infini. A cette perturbation de l’espace s’ajoute un jeu sur le temps : les 8 secondes de décalage sont doublées à chaque duplication de l’image dans le reflet. Le dispositif ne prend véritablement son sens qu’en présence d’un ou plusieurs visiteurs qui perturbent l’harmonieux fonctionnement en circuit fermé. De multiple transformations s’opèrent à leur entrée : en s’introduisant dans l’image, ils donnent une origine au temps qui jusque-là se déployait dans l’absolu et, ce faisant, ils révèlent les pouvoirs de l’image et en font l’expérience de l’intérieur.

Tout d’abord, il leur faut se dédoubler en spectateurs de leurs propres personnages (qui évoluent dans le miroir et dans l’écran); l’artiste féru de psychanalyse, rejoue-là le stade du miroir de Lacan, ce moment où l’enfant, se reconnaissant dans son reflet, prend conscience de son existence autonome. Mais par la multiplication des reflets, Graham complique la situation, lui conférant une dimension sociale, voire politique; en cela, il dépasse la mise en scène de la simple perception qu’il observe et rejette chez les minimalistes. Car cette oeuvre engage le spectateur non pas seulement comme sujet percevant, mais davantage comme une personne prise dans un réseau de relations : à se regarder en train de regarder, on porte sur soi le regard de l’autre (expérience du cadre social), et le dispositif, empruntant à la vidéo-surveillance, suggère jusqu’au contrôle que la société exerce sur les individus et leurs comportements.

Present Continuous Past(s) porte en outre une profonde critique de la civilisation médiatique. Celui qui pénètre dans la pièce perçoit très vite le pouvoir de la caméra et de l’écran autour desquels s’organisent l’espace vide et sur l’axe desquels se règlent les comportements. Ils montrent ainsi leur capacité à réorganiser le réel, jusque dans le déroulement du temps : par la retransmission en différé, l’image vidéo entretient l’illusion qu’elle ne fait qu’enregistrer l’histoire alors qu’elle la construit, qui plus est, suivant un schéma préétabli (les intervalles de 8 secondes).

Mais Dan Graham ne reste pas au stade du constat et suggère ici « trois familles de stratégies par lesquelles les individus et les groupes peuvent lutter contre la prétention des médias à être l’énonciateur exclusif d’une histoire uniquement enregistrée, jamais faite ». La première est celle que l’artiste met ici en oeuvre : révéler le médium en le retournant sur lui-même. Au regardeur, le dispositif propose deux issues, deux dispositions politiques : boucher la caméra, oblitérer l’image et effacer l’histoire; regarder le miroir latéral et s’engager dans le présent de l’action.

Chose assez rare dans l’Oeuvre de Dan Graham, le titre de l’oeuvre laisse entendre différentes interprétations quant aux imbrications temporelles présentes et passés : il peut s’agir d’un présent continuellement passé, d’un passé continuellement présent, ou encore d’un présent continuellement présent dans le passé, ou d’un passé continuellement passé dans le présent. Tout cela est parfaitement possible par le fait que les images rediffusées avec leurs 8 secondes de décalages, sont perçues dans le temps présent par le spectateur, que celui-ci se reflète en temps présent dans les miroirs, mais qu’en même temps, une grande partie de ce qu’il perçoit est déjà du passé.

Le dispositif mis au point par l’artiste ne contient pas toutes les possibilités d’agencements spatio-temporelles, puisque la mémoire du spectateur contribue également à la composition et à la recomposition de son expérience de l’espace et du temps.

Dans cette oeuvre, et dans les autres apparentées, Graham ne nous propose pas seulement d’être le sujet de notre expérience, il nous pousse en quelque-sorte vers l’exploration d’autres manières de se concevoir et de s’appréhender en tant que sujets. Il nous montre que ce que nous sommes ou croyons être n’est jamais clos et défini, mais plutôt mouvant et inachevé.

Les installations extérieures de Dan Graham

Après avoir élargi son développement de pratique conceptuel avec la performance, le film, la vidéo et la sculpture. Ses installations ont inspiré son mouvement aux pavillons intérieurs et extérieurs. Beaucoup de ses pavillons conceptuels incluant Deux Façons, Le Miroir avec le Labyrinthe de Haie (1989), Le Miroir et l’Écran En bois Ouvert le Pavillon (1990) ont augmenté sa popularité comme artiste.

Comme avec Le Triangle de miroirs sans tain avec un côté incurvé (1996), Dan Graham n’intervient plus dans l’environnement policé d’un parc, ni d’un paysage plutôt domestiqué comme l’est celui de Nordhon, mais dans la grande solitude des îles Lofoten. Le reflet de la paroi des montagnes déchiquetées qui bordent le fjord évoque quelque paysage de Friedrich. Une porte sur un côté permet de pénétrer dans la cage de verre, d’où l’on peut observer tout autour de soi, à travers les cadres d’acier et de verre, dans un monde cristallin et glacé, la nature souvent enneigée et les maigres arbrisseaux qui poussent autour du pavillon.

Ou encore, « Deux surfaces anamorphiques différentes », installé dans le parc suédois de Wanas. Comme pour tous ses habitacles, la hauteur des parois est telle qu’elle domine largement le spectateur, l’ensemble étant toujours à l’échelle humaine, avec de légères variations dans les dimensions. Lorsque le plan d’eau, avec ses propres reflets, se réverbère à son tour dans la paroi incurvée et surimpose son image virtuelle à celle, réelle mais un peu troublée dans la semi-transparence du verre, de la pelouse, la sculpture engendre des configurations fragiles et féeriques, telle une « bulle de savon » géante.

Ses oeuvres architectoniques sont, pour la plupart constituées de verres, de miroirs et de glaces sans tain, aux courbes anamorphiques tirées du néo-baroque. Dan Graham les combine pour multiplier les perspectives et les points de vues : instruments d’une vision indirecte, jeux de reflets et de transparence, de réfraction, de mise en abyme, qui construisent des discours sur la participation du spectateur dans l’oeuvre.

Au caractère rural de la cabane, initialement associée à la survie, s’oppose la fonction récréative du pavillon, de la gloriette ou du belvédère, dévolus à l’agrément ou à la rêverie. Là encore, on verra que l’art d’aujourd’hui (tout comme Dan Graham) a puisé librement dans les exemples du passé, tout en réinterprétant des objets dont la vocation à abriter l’exercice contemplatif ne s’accordait pas toujours avec l’inquiétude contemporaine.
Depuis les années 1980, Graham a travaillé sur une série en cours d’objets indépendants, sculpturaux appelés donc des pavillons; ils représentent un hybride entre un espace quasi-fonctionnel et une installation qui sert pour exposer les processus de perception et de certaines espérances.

Le spectateur des pavillons de Dan Graham ne saurait éviter les apparitions, disparitions et réapparitions incessantes de sa propre image, qui le placent dans une sorte d’autosurveillance continuelle et instaurent, dans sa relation au paysage, une distanciation forcée. Ainsi s’établit un rapport à la nature, plus ou moins domestiquée, que l’on pourrait qualifier «d’anti-romantique».

«Je pars toujours du site, je travaille toujours à partir de lui. [‘] Mon pavillon rend compte de ces changements climatiques et des heures qui passent. Au couché du soleil il se transforme.»

Dan Graham

Les pavillons créent une expérience unique pour le visionneur. Ses pavillons sont créés pour l’expérience publique, ils combinent l’architecture et l’art. Les œuvres de pavillon de Dan Graham ont été comparées à Ryue Nishizawa et le travail de Kazuyo Sjima sur le Musée Kanazawa. Le mur de verre de la structure reflète et déforme la lumière beaucoup comme des sculptures Graham (les structures sont semblables dans leur étude d’espace et la lumière).

SYNTHÈSE

Ses œuvres figurent dans les collections les plus importantes d’Europe et des États-Unis (au Centre Georges Pompidou à Paris, au Moderna Museet de Stockholm, à la Tate Gallery de Londres, au Museum of Modern Art de San Francisco, etc.). Des expositions rétrospectives de son travail ont été réalisées par diverses institutions en France, en Hollande, en Espagne, en Allemagne, en Suisse, aux Etats-Unis et en Australie. Il a également participé à des manifestations internationales telles que les documenta de Cassel (Allemagne), la Sidney Biennal (Australie), la Biennial Exhibition au Whitney Museum of American Art (Etats-Unis).
A partir des années 70, tout en poursuivant des questionnements d’ordre phénoménologique relatifs au système culturel contemporain, Dan Graham commence à exploiter le film 16 mm (Sunset to Sunrise, Roll, Body Press, etc.) et le dispositif vidéo (Past Future Split Attention). Il emploie la vidéo comme médium, soit pour réaliser des installations, soit comme partie intégrante de ses performances.
Dans ses installations, le spectateur, absorbé par le dispositif vidéo qui transforme la perception qu’il peut avoir de lui-même, devient spectacle. Les artifices que l’artiste utilise (le décalage entre l’image du présent et l’image du passé, la reproduction à l’infini de celle-ci et sa mise en abyme, le système de surveillance) mettent en évidence les possibilités de manipulation de l’image par le biais de ce médium, comme dans Present Continuous Past(s), Two Rooms / Reverse Video Delay. Dan Graham fait preuve d’un usage critique du dispositif de la représentation et de son idéologie. Ses installations vidéo, ses pavillons et son esthétique architecturale jouent sur la dissociation entre la présence physique et l’image temporelle que le spectateur peut avoir de lui et, de fait, l’artiste le livre à lui-même. Le spectateur, pris dans une position d’objet, est conduit à prendre conscience de son statut de sujet perceptif.
Finalement, Graham et ses formes d’art observent les changements de croyances et des superstitions, socio-économiques, culturelles, urbaines, etc. Il analyse les implications sociales (comme de cette sous-culture avec le Rock My Religion), le traitant « comme un rite tribal, un catalyseur pour la violence et la frustration de son public principalement masculin, adolescent. ».

CITATIONS

  • « Mon travail engage souvent une parodie teintée d’humour. Ici le titre pourrait s’appliquer à moi-même lorsque j’ai commencé à faire de l’art : à moitié carré, à moitié fou. Mais cela pourrait aussi faire référence au carré – de la place – sur laquelle il siège, ou encore à la Casa elle-même et à ses deux côtés déformants jusqu’à ses reflets délirants. J’essaie d’ajouter à des formes simplifiées; pour reprendre les mots de Robert Venturi, « complexité et contradiction ». J’essaie toujours d’associer les opposés dans mon travail… Le Duomo ainsi que la Casa del Fascio sont les monuments centraux à Como. Je voulais que les deux bâtiments se superposent optiquement : les côtés courbes font écho au Duomo, alors que les deux côtés rectangulaires su pavillon reflètent l’extérieur de la Case »
  • « J’ai découvert les miroirs sans tain et (…) j’ai pensé à les utiliser dans mon travail et en architecture. Le miroir m’intéressait aussi parce que je faisais toujours des choses doubles. Ce qui est hybride, entre une chose et l’autre. Et je m’intéressais beaucoup à l’image »
  • « Chaque travail dépend de la structure physique de la revue et de son contenu, de sa typographie, de ses publicités »
  • « De façon générale, le but de l’architecture théâtrale du productivisme et du Bauhaus fut de déconstruire la production d’images illusionnistes en révélant la formule : le mécanisme littéral à travers lequel l’image-illusion était produite. »
  • « Je suis entré dans l’art en tant qu’écrivain. Tous les artistes sont des écrivains »
  • « J’ai grandi dans le New Jersey, pas dans Manhattan. Mon travail lui aussi traite de la périphérie. Mes travaux se rapportent à ma jeunesse, à mes quatorze ans. Mon ?uvre, ce sont des souvenirs d’enfance comme dirait Lacan. »
  • « Le livre sur les passages de Walter Benjamin [Paris, capitale du XIXe siècle. Le livre des passages] m’a aidé à construire mon ?uvre au même titre que les centres commerciaux. Les miroirs de mes installations proviennent directement de ces lieux de passages qui sont autant miroitiques que cinématographiques. Avec Sol Lewitt nous partageons le même intérêt pour Michelangelo Antonioni, et ne parlons pas de Jean-Luc Godard [‘]. Bercé par votre littérature sur les jardins et par l’art minimal, j’ai compris que mon ?uvre se situait entre ces deux influences. »
  • « Dans un de mes articles, Corporate Atrium, j’interrogeais ces nouvelles constructions. Au début des années 1980, la généralisation de ces bâtiments aux vitres sans tain n’était pas sans équivoques. Tours-miroirs, elles interdisaient au regard de pénétrer à l’intérieur des bâtiments. Tours-miroirs, elles reflétaient l’environnement extérieur. Les cols blancs étaient abrités derrière ces murs vitrés, ils pouvaient voir sans être vus. Le piéton n’avait pas cette chance. Reflet pour les uns, transparence pour les autres.
    Mais contrairement à vous, je ne projette aucun fantasme sur la ville. Je me contente de m’en servir telle qu’elle est. C’était très important que les sculptures puissent être visibles par le plus grand nombre et que des publics différents se mélangent. Cette idée structure mon œuvre depuis toujours. »
  • «J’éprouve toujours le besoin de concevoir des lieux utilitaires.»
  • « Je pars toujours du site, je travaille toujours à partir de lui. [‘] Mon pavillon rend compte de ces changements climatiques et des heures qui passent. Au couché du soleil il se transforme.»

OEUVRES

  • «Scheme» 1965
  • «Home For America» 1966
  • «Schema (March 1966)» 1966
  • «Benefit Sale : Two Housing Projects», New York City 1966
  • «Brutalist-Still Apartment Building, N.Y.C.» 1966
  • «Newly Constructed Houses In A Development, Bayonne», N.J. 1966
  • «Children Looking Through Fence» 1966
  • «Family In Highway-Restaurant», Jersey City, New York 1969
  • «Sunset To Sunrised» 1969
  • «Sunset To Sunrised And Two Correlated Rotation» 1969
  • «Performance 1» 1970
  • «Lax/Relax» 1970
  • «TV Camera/Monitor Performance» 1970
  • «Present Continuous Past(s)» dans «Time Delay Room» 1974
  • «Bathroom Mirror, Model House», Staten Island, New York 1974
  • «Video Piece For Shop Windows Located In A Modern Shopping Arcade» 1976
  • «Apartment House», Hamburg 1977
  • «Video Projection Outside Home» 1978
  • «Clinic For A Suburban Site» 1978
  • «The Hague», Holland 1977-1980
  • «Building», Frankfurt 1980
  • «New House In Staten Island», New York City 1981
  • «Cinema» 1981
  • «Office Building», Toronto, Canada 1981
  • «Rooftop Urban Park Project» pour Dia Arts Center, New York 1981-1991
  • «Chan Marshal With Cat (Cat Power), «Sweet Face» Kim Gordon/Thurston (Moore’s Cat) Meets My Cat On Fire Escape» 1982-2005
  • «Rock My Religion» 1984
  • «Outdoor Theatre Pavilion» 1986
  • «Triangular Enclosure, The New Urban Landscape» , World Financial Center, New York 1988
  • «Pavilion Influenced By Moon Windows» 1989
  • «Skateboard Pavilion Model» 1989
  • «Model For Triangular Pavilion With Circular Inserts» 1989
  • «Gift Shop/Coffee Shop» 1991
  • «Two-Way Mirror Triangle With One Side Curved» 1996
  • «New Housing Development Under Construction» , New Jersey 1996
  • «Two Fences» , Staten Island, New York 1997
  • «House Guilford Conn.» 1997
  • «Swimming Pool/Fish Pond» 1997
  • «Liza Bruce Boutique Design» 1997
  • «Yin/Yang Pavillon» 1997-2002, MIT, Cambridge, MA (Dortoir Steven Hall)
  • «Girl’s Make-Up Room» 1998-2000
  • «Café Bravo» pour le Kunst Werke, Berlin 1998
  • «Parking Lot» , Messe, Hanover, Germany 2000
  • «Two Half Cylinder Off-Aligned» 2000
  • «Rooftop Pavilion» , Munich 2002
  • «Bisected Triangle Inside Curve» , Madison Square Park, New York 2002
  • «Two V’s» 2002-2005
  • «Waterloo Sunset» , The Hayward Gallery, London, 2002-2003
  • «Fun For Kids at My Work In A Park In Manhattan» 2003
  • «Curves For E.S.» 2005
  • «Homage To Vilanova Artigas» 2006
  • «Antique Store» , Bornton, New Jersey 2006
  • «Flouts And Hammock, Highway Store» , New Jersey 2006
  • «From Boullée To Eternity» 2006
  • «20x Structures Asbury Park», New Jersey 2006
  • «From Mannerism To Rococo» 2007
  • «One Straight Line Crossed By One Curved Line» 2007-2008
  • «Water Play For Terrace» 2008
  • «Half Cylinder/Perforated Steel Triangular Enclosure» 2008
  • «Two-Way Mirror Hedge Labyrinth For Korea» 2009
  • Crazy Spheroid Two Entrances (2011), originally designed for the New York Botanical Garden, now at DeCordova Museum and Sculpture Park, Lincoln, MA
  • Kaleidoscope/Doubled (2010), La Rochelle, France
  • Half Cylinder/ Perforated Steel Triangular Enclosure, Kortrijk, Belgium
  • Two V’s and 2 Half-Cylinders off-Aligned, Brussels, Belgium
  • One Straight Line Crossed by One Curved Line (2009) Novartis HQ, Basel, Switzerland
  • Two Half Cylinders (2008) at Bob Rennie’s Rennie Collection, Vancouver, BC
  • Half Square/Half Crazy at Casa del Fascio, Como, Italy
  • From Mannerism to Rococo (2007)
  • Homage to Vilanova Artigas (2006), the São Paulo Biennial 2006
  • Bisected Triangle, Interior Curve (2002), Inhotim, Brumadinho
  • Bisected Triangle Inside Curve (2002), Madison Square Park, New York
  • Waterloo Sunset (2002’2003), Hayward Gallery, London
  • Yin/Yang Pavilion (1997/2002), MIT, Cambridge, MA (in Steven Holl’s dormitory)
  • Two-Way Mirror / Hedge – Almost Complete Circle (2001), K21 Ständehaus, Düsseldorf, Germany
  • S-Curve for St. Gallen (2001), Hauser & Wirth Collection, St Gallen
  • Rivoli Gate Pavilion (2000), Castello di Rivoli, Brescia, Italy
  • Curved Two-Way Mirror Triangle, One Side Perforated Steel (2000), Museum of Contemporary Art, Tokyo, Japan
  • Two Different Anamorphic Surfaces (2000), Wanås Castle, Sweden
  • Walkway for Hypo-Bank (1999), Bayerische Hypotheken und Wechselbank AG, Munich, Germany
  • Star of David Pavilion (1999), Tel Aviv Museum of Art
  • Elliptical Pavilion (1995/1999), Vattenfall Europe, Michaelkirchstrasse, Berlin
  • Café Bravo (1998), Kunst-Werke Institute for Contemporary Art, Berlin
  • Two-Way Mirror Curved and Straight and Open Shōji Screen Triangle (1998), Museum Ludwig, Cologne
  • Argonne Pavilion II (1998), Argonne National Laboratory, Argonne, Illinois
  • Triangular Solid With Circular Insert (1997), Chiba City Museum of Art, Hikari, Areba
  • Two Two-Way Mirrored Parallelograms Joined with One Side Balanced Spiral Welded Mesh (1996), National Galleries of Scotland, Edinburgh
  • Two-Way Mirror Curved Hedge Zig-Zag Labyrinth (1996), Middlebury College, Middlebury
  • Two-Way Mirror Triangle with One Curved Side (1996), Vågan, Norway
  • Two-Way Mirror and Punched Aluminum Solid Triangle (1996), originally created for the garden of the Royal Shooting Club in Copenhagen, now at the Arken Museum of Modern Art
  • Parabolic Triangular Pavillon I (1996), Nordhorn
  • Two-Way Mirror Punched Steel Hedge Labyrinth (1994-1996), Walker Art Center, Minneapolis
  • Star of David Pavillon for Schloss Buchberg (1991’1996), Gars am Kamp
  • Double Exposure (1995/2003), initially proposed for a 1995 exhibition in Germany, later installed at Serralves Foundation, Porto
  • Cylinder Bisected by Plane (1995), Benesse House Museum, Naoshima
  • Double Cylinder (The Kiss) (1994), San Francisco Museum of Modern Art
  • New Labyrinth for Nantes (1992-1994), Place Commandant Jean l’Herminier, Nantes;
  • Triangular Bridge Over Water (1990), Laumeier Sculpture Park, St. Louis
  • Star of David Pavillon/Triangular Pavilion with Triangular Roof Rotated 45° for Hamburg (1989-99), Hamburg
  • Triangular Solid with Circular Inserts, Variation D (1989), Carnegie Museum of Art, Pittsburgh
  • Triangular Solid with Circular Inserts (1989), Peggy Guggenheim Collection, Venice;
  • Triangular Pavilion with Circular Cut-Out (1989-2000), various places
  • Skateboard Pavilion (1989), various places
  • Octagon for Münster (1987), Münster, Germany
  • Two-Way Mirror Pergola Bridge I, Fonds Régional d’Art Contemporain des Pays de la Loire, Clisson, France
  • Pavillion Sculpture II (1984), Moderna Museet, Stockholm, Sweden
  • Rooftop Urban Park Project (1981/91-2004) for Dia:Chelsea (interwiki inconnu), New York
  • Two Adjacent Pavilions (1981), Rijksmuseum Kröller-Müller, Otterlo, Netherlands
  • Pavilion / Sculpture for Argonne (1978-81), Argonne National Laboratory, Argonne, Israel
  • Gate of Hope (1993), Leibfriedscher Garten, Stuttgart, Germany.

BIBLIOGRAPHIE

  • BROUWER Marianne,  »Dan Graham, oeuvres 1965-2000 », 2001, Musée d’art moderne de la ville de Paris, Allemagne
  • CHARNE Alain, MACDONALD Marie-Paule, PERELMAN Marc,  »Dan Graham », 1995, édition Dis Voir, Paris
  • DE MEREDIEU Florence,  »Arts et Nouvelles Technologies », 2003, Larousse, coll Comprendre Reconnaître
  • EWIG Isabelle, MALDONADO Guitemie,  »Lire l’art contemporain », « Dans l’intimité des oeuvres », 2005, Larousse, Paris
  • L’artiste contemporain et la nature, parcs et paysages européens, éditions Hazan, Paris (2007)
  • Dan Graham : Beyond, The MIT Press, éditions Simpson and Iles, Etats-Unis
  • Dan Graham works, and collected writings, Gloria Moure, éditions Poligrafa (2009)
  • A ciel ouvert, L’art contemporain à l’échelle du paysage, Christophe Domino, éditions scala, Paris (2005)
  • Dan Graham, Anamorphoses et jeux de miroirs, Espace d’art contemporain et musée des Beaux-Arts, La Rochelle (2011)
  • Dossier de Presse, Exposition Espace d’art contemporain et musée des Beaux-Arts, La Rochelle (2011)
  • Article Wikipedia sur Dan Graham.

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