
Né à Paris en 1930, il réalise son premier film en 1954. Suivront des films majeurs du cinéma français comme »A bout de souffle »(1959) ou encore »Une femme est une femme »(1961).
Il s’inscrit dans le courant de la Nouvelle Vague. Il se rend vite compte des possibilités qu’offrent le matériel et les techniques de la vidéo. Il est cinéaste avant tout mais son travail influencera grandement les vidéastes contemporains.
Jean-luc Godard est un expérimentateur hors pair et invente de nouvelles formes d’expression
En 1967, il jette un premier pavé dans la mare en réalisant »Le gai savoir ». En effet,il met la forme au service d’une contestation de l’ordre établi. Pendant 91 minutes, les deux personnages débattent de philosophie. Selon l’historien du cinéma Wheeler Winston Dixon, « en apparence Le gai savoir parodie un long-métrage alors qu’en réalité, il attaque de front le système marchand du cinéma spectacle ».
Le passage à la vidéo
En 1968, il se dote d’une caméra vidéo. Il fait partie des pionniers à utiliser les caméras sony 2100 1/2 pouce noir et blanc. Débute alors toute une série d’expérimentations qui seront pour la plupart diffusées à la télévision. Cette même année, il met en place un projet à l’usine Renault de Flins. Il confie aux ouvriers des caméras afin qu’ils filment leur travail. Il s’agit de mettre en valeur le travail ouvrier et la classe ouvrière en les présentant comme des sujets cinématographiques dignes d’intérêt. D’autre part il montre la monotonie des tâches.
Son travail vidéo
Un art télévisuel
Godard se renouvelle grâce aux nouveaux outils qui apparaissent. Il réalise des tracks bruts diffusés dans le magazine Vidéo 5.
En 76, il entame une collaboration avec Anne-Marie Miéville.Antenne 2 leur commande »Six fois deux/Sur et sous la communication », douze émissions de douze minutes diffusées en 1976, qui mêle des commentaires des images de la télévision commerciale, des interviews d’ouvriers et un montage de sons et d’images abstraits .De même,ils vont réaliser en 1978 »Tour Détour Deux Enfants » pour cette même chaine.La télévision les invitent à manipuler l’outil éléctronique,leur offre une totale libérté et une certaine visibilité du fait de la diffusion.Cela dit,Les artistes ont un discours très critique sur l’image et l’industrie télévisuelle.
La réappropriation de l’image
Les œuvres de Godard, de par leur contenu poètique et philosophique, font écho au surréalisme et au néo-dadaisme bien sûr. Mais il a inventé son propre langage filmique, poético-politique. Dans la lignée de l’avant-garde, il transforme notre perception de la realité en élaborant un autre mode de compréhension du monde. Par le biais du médium vidéo, il redéfinit le sens de l’image, du son et du texte. Il extrait l’image de son environnement commercial. L’accumulation calquée sur le modèle de la publicité et de du film hollywoodien enfante la création. Les images banales et uniformes qui inondent les foyers sont séléctionnées, juxtaposés et montées. Elles sont transformées. Le résultat est un questionnement du rôle de l’art et de l’artiste dans la société.
Vidéo, création et cinéma
Mettre en scène la création
Dans Scénario du film passion réalisé en 1982, il montre comment le cinéaste Godard travaille. Il est assis face à un écran vierge, dos à la caméra tout en tenant un cigare puis des images apparaissent sur l’écran, des images, des mots et des sons qu’on a du mal à identifier. C’est une sorte de métaphore du processus de Création. Il explique «Tu te trouves devant l’invisible, la fameuse page blanche de Mallarmé… avoir un blanc, on dit avoir un trou de mémoire… tu te trouves tout au fond de ta mémoire.» les mécanismes du film et de la vidéo sont des outils dans sa quête absolue de vérité et de pureté.
Montrer le cinéma
De 1888 à 1898, Godard choisit la vidéo pour l’hybride « histoire(s) du cinéma ». D’une durée de 5 heures, à raison de huit chapitre, cet ovni audiovisuel mêle des plans empruntés à une multitude de films, des tableaux et des cartons de texte. En bande-son des citations sont lues par le réalisateur. Il se montre parfois au travail, devant sa machine à écrire par exemple. Le cinéma est représenté statiquement avec des images fixes et pourtant Godard leur donne vie en faisant le lien entre des évocations à priori sans rapport aucun. Il insiste sur le lien, l’entre-deux. C’est sans doute la spécificité de son cinéma. Le montage rapide et la décélération sont des procédés qui relient, rapprochent et confrontent les différentes images. Tous ces films deviennent un nouveau film, celui de Jean-Luc Godard. Il nous livre ainsi sa cinémathèque personnelle.
Brève filmographie
- A bout de souffle, 1960
- Une femme est une femme, 1961
- Vivre sa vie, 1963
- Le Mépris, 1963
- Pierrot le fou, 1965
Sources
- Françoise PARFAIT, »Vidéo: un art contemporain », Regard, 2001
- Stéphanie MOISDON, Christine VAN ASSCHE, Rachida BOUAISS et Fabrice BOUSTEAU, »Qu’est-ce que l’art vidéo aujourd’hui »’, Broché, 2008