Une « eat artiste » du monde
Dorothée Selz est sculpteur et peintre. Elle est née en 1946 à Paris et y vit et y travaille actuellement. Curieuse et passionnée, elle expose un peu partout dans le monde (Italie, Argentine, Etats-Unis, Espagne, etc.) depuis 1967.
Dorothée Selz est adepte du « Eat Art », courant artistique apparu dans les années 60 avec Daniel Spoerri, artiste suisse d’origine roumaine né en 1930. Ce courant a pour vocation de mettre l’aliment au c’ur de la création artistique, ce qui permet de renverser l’idée d? « œuvre immuable » grâce au caractère éphémère et périssable des œuvres.
Daniel Spoerri a même ouvert le Restaurant Spoerri en 1968 afin de mettre en valeur l’art culinaire. Plusieurs artistes collaborent à ce projet. Ils réalisent notamment plusieurs dégustations originales (dégustation cannibale, etc.).
Dorothée Selz collaborera notamment avec Daniel Spoerri en 1977 au centre Pompidou à l’occasion du projet
La boutique aberrante de Daniel Spoerri
.
Elle admire Nikki de Saint Phalle pour sa création féminine percutante, tel
La Hon
a 27 m de long, 9 m de large et 6,5 m de haut, qui représente un
grand corps de femme allongé, jambes écartées. Le public y entre par le vagin et visite l’intérieur comme un musée et un centre d’attraction.
http://images.google.fr/imgres’imgurl=http%3A%2F%2Fcafe-geo.net%2Fwp-content%2Fuploads%2Fniki-de-saint-phalle-5.jpeg&imgrefurl=http%3A%2F%2Fcafe-geo.net%2Fniki-de-saint-phalle%2F&h=840&w=1024&tbnid=e7HqR0_8WLyHtM%3A&docid=HUuuzdhITaEnbM&ei=Scl2VoycGYqoa63Ep_gO&tbm=isch&iact=rc&uact=3&dur=560&page=1&start=0&ndsp=20&ved=0ahUKEwjM5JHH4OrJAhUK1BoKHS3iCe8QrQMIIzAB La Hon (1966)]]
Sculpture
Dorothée Selz réalise des sculptures comestibles éphémères, qui seront dégustées lors de l’ouverture de l’exposition. Le public, bien souvent formaté à « toucher avec les yeux », est invité ici par la sculpture offrande à « goûter ce qu’il voit ».
Les habitudes sont bouleversées. L’exposition prend ainsi une posture festive, vivante et participative. Le but est que cet art éphémère marque les esprits, reste dans la mémoire par son originalité. L’enjeu est triple : on mêle le visuel avec le gustatif et le ludique.
Les sculptures sont conçues en fonction du contexte architectural, de l’événement à célébrer et du nombre d’invités. Les artisans qui veulent se prêter au jeu sont les bienvenus.
Exemple du projet Chassé croisé (2013),
pour le Salon de la Littérature Jeunesse à Narbonne.
Sculpture comestible éphémère, composée de 11 cylindres d’environ 6m de haut, évoquant 11 mondes imaginaires différents. L’on y trouve tant bien des origamis, des photographies que des aliments sucrés et salés (pains spéciaux, fruits et légumes, etc.).
Les principaux matériaux pour la structure sont le polystyrène expansé et la pâte à sucre.
http://www.dorothee-selz.com/fr/sculptures/Narbonne_album.php Chassé croisé (2013)]]
Peinture
Dorothée peint en utilisant comme point de départ une imagerie populaire, c’est à dire des images banales. Son défi est de mettre en valeur des images dites « banales », sans intérêt.
Pour cela, elle utilise un style de peinture très dynamique et graphique. Elle ravive ses œuvres d’absurde, d’humour et d’excentricité.
Engagée et délicate, elle aborde des thèmes divers sans aucun tabou, tel que le féminisme, l’érotisme (1997), l’enfance (projet écolier avec ses propres livres datant de 1950-1960), les hommes et les femmes, le coloriage, la science-fiction, etc.
http://www.dorothee-selz.com/fr/peintures/Art-populaire.php Mineur avec brouette et têtes de mort (2003)]]
Concluons.
Dorothée Selz se distingue tel une artiste bouleversante du XXIème siècle, tant par sa vivacité que par son excentricité. Néanmoins, il est dommage qu’elle n’ait répondu favorablement à mes sollicitations afin d’en savoir plus sur elle.
Toutefois, nous pouvons nous interroger sur la portée du eat art dans l’art écologique car après tout, « nous sommes ce que nous mangeons ». A l’âge où la consommation rime avec consommation de masse, nous sollicitons inconsciemment des géants productivistes nocifs, au détriment des petits producteurs, pourtant plus soucieux de l’environnement. Ainsi, il serait grand temps de faire passer des idées en mettant l’art sur la table et pourquoi pas dans nos assiettes !