
Eleanor Antin, née Eleanor Fineman le 27 février 1935, est une artiste connue internationalement dans le milieu de l’art: photographie, performance, vidéo, installation, film, dessin et écriture depuis les années 60.
Elle étudie à The High School of Music & Art et au City College de New York et reçoit un B.A. (équivalent de la licence française) en écriture créative et art au cours de l’année 1958. Puis, elle rencontre le poète David Antin qui deviendra son mari en 1961. C’est à ses côtés qu’elle étudie l’interprétation et aura plusieurs rôles dans le milieu du théâtre. En 1969, elle emménage à San Diego. C’est à l’Université de Californiequ’elle découvrira son métier d’enseignante en 1974. Cinq ans après, Eleanor Antin deviendra professeure d’arts visuels à l’Université de Californie, métier qu’elle exerce toujours aujourd’hui.
Dans une interview en 2009, Antin décrit son chemin pour devenir artiste « Quand j’étais enfant, je ne savais pas quel genre d’artiste j’étais. Je savais que j’étais une artiste, je ne savais juste pas si j’étais une actrice, je ne savais pas si j’étais une écrivaine, je ne savais même pas si j’étais une peintre. J’étais chanceuse car j’ai grandit comme une artiste dans le temps où les barrières tombaient. C’était le moment de l’invention et de la découverte.»
Inspiration & Oeuvres
C’est à New York City que débute la carrière artistique d’Eleanor Antin, en tant que peintre. Peu de temps après, elle décide de faire des assemblages. En 1960, elle prend la direction de l’art conceptuel qui deviendra son centre d’attention. La première œuvre réalisée par Antin est Blood of a Poet Box (1965-1968) dans laquelle on trouve des échantillons de sang de poètes qu’elle a mis sous forme de diapositives. Son travail est inspiré du film de Jean Cocteau, Blood of a Poet, qui date des années 30.
Son œuvre conceptuelle la plus connue au XXIème siècle est le projet 100 Boots. Dans celui-ci, elle prend 100 bottes en caoutchouc et les mets en scène dans des situations diverses : alignées devant l’océan, semblant marcher vers l’église, etc. Elle les photographie et conçoit 51 cartes postales. Ensuite, elle les envoie par la poste à une centaine de personnes partout dans le monde, entre 1971 et 1973. Cela crée une sorte de journal photo parodique débutant à l’Océan Pacifique et terminant à New York, où le voyage a été présenté dans une exposition au Musée de l’art Moderne. C’est un travail humoristique puisqu’elle montre des expériences humaines à travers des bottes.
http://www.laboiteverte.fr/wp-content/uploads/2013/03/100-Boots-Eleanor-Antin-02.jpg Extrait 100 Boots]]
http://www.laboiteverte.fr/wp-content/uploads/2013/03/100-Boots-Eleanor-Antin-06.png Extrait 100 Boots]]
http://www.laboiteverte.fr/wp-content/uploads/2013/03/100-Boots-Eleanor-Antin-07.png Extrait 100 Boots]]
http://www.laboiteverte.fr/wp-content/uploads/2013/03/100-Boots-Eleanor-Antin-10.jpg Extrait 100 Boots]]
__Quelques photographies extraites de
100 Boots// __(collection complète sur : http://www.sfmoma.org/explore/collection/artists/3135/artwork’artwork=129742)
http://www.lesaventuresdunemontpellieraine.fr/wp-content/uploads/2014/10/DSC_0669.jpg LaPanacée]]
__Exposition
100 Boots// à La Panacée, Montpellier__
En 1972, elle photographie son corps nu en 148 étapes successives pendant un mois de régime draconien, sous le nom de Carving : A Traditionnal Sculpture. En écho à ce projet, elle crée The Eight Temptations dans lequel elle pose dans des gestes théâtraux parodiques, résistant à la tentation de grignoter, ce qui violerait sa diète.
Antin a écrit, dirigé et produit beaucoup de bandes vidéos et films, avec parmi eux Man Without a World (1991). Ce film est basé sur les lettres d’amour de l’artiste à sa mère, ancienne actrice du Yiddish Theater of Poland, qui souffrait de la maladie d’Alzheimer au moment où le film a été crée. Il confronte le spectateur aux stéréotypes de la société, au sujet du féminisme, de la politique et des cultures. Antin crée une collision, entre le passé et le présent qui demeurent dans le futur et peuvent le changer, comme à son habitude.
http://cdn.shopify.com/s/files/1/0150/7896/products/ManWithoutWorldDVDCover_1024x1024.jpg’v=1332344247 Man Without a World (affiche)]]
Plus récemment, elle crée deux séries de photographies à grande échelle inspirées de l’histoire romaine et de la mythologie : The Last Days of Pompei (2002) et Roman Allegories (2005). Dans beaucoup de ses œuvres, on peut voir l’accent qu’elle met sur l’histoire, Antin réinvente le passé dans le présent. Elle adore creuser dans le passé et l’histoire ?l’ancienne Rome, la Guerre de Crimée, les salons du XIXème siècle en Europe ainsi que dans son propre héritage juif et sa culture Yiddish (langue germanique dérivée du haut allemand)- comme moyen d’explorer le présent. Elle injecte généralement des épisodes historiques dans des scènes contemporaines pour que ces œuvres traitent de l’actualité.
Antin s’attarde derrière la caméra sur la scène finale, les jours catastrophiques de Pompéi dans les riches collines de la Jolla, en Californie. Dans The Golden Death, extrait de cette série, les ressortissants imaginés de Pompéi se sont noyés dans l’excès de leur propre richesse ? une parabole ironique avec la culture américaine, dans les affres de la surconsommation.
http://www.feldmangallery.com/media/antin/antexh_02/antin2002-01.jpg LastD]]
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The Last Days of Pompei, 2002
En 2007, elle expose Helen’s Odyssey à la Ronald Feldman Fine Arts in New York. Dans la vidéo qui suit, Antin discute de la figure féminine historique qu’est Helen de Troie et comment elle est devenue son inspiration pour ces photos :
Antin a produit un nouveau livre, Conversations with Stalin (2013), dans lequel la narratrice n’est autre qu’elle-même. Plus précisément, la version plus jeune d’elle-même. C’est un mémoire de son enfance et de ses années d’adolescence, quand elle a grandit à New York pendant et après la seconde guerre mondiale.
http://ecx.images-amazon.com/images/I/410CUM5RoiL._SL500_AA300_.jpg CWS]]
Une des forces principales d’Antin est qu’elle porte une grande attention aux détails (comme les costumes), ce qui fait que le travail est riche et impressionnant. Elle utilise des personnages fictifs, l’autobiographie et la narration pour inventer des histoires et explorer ce qu’elle appelle « the slippery nature of the self » (littéralement, « la nature glissante de soi »). Dans sa performance basée sur des vidéos de travail, Antin utilise les jeux de rôles et artifices comme dispositifs conceptuels, en adoptant des personnes archétypales ? une ballerine, un roi, une infirmière ? dans ses représentations théâtrales dramatiques de l’identité.
Son travail est apparu dans la saison 2 de la série, sur la chaine PBS : Art21.
Les personnages fictifs
C’est une des premières artistes a avoir réintroduit l’autobiographie, la narration et la performance dans l’art international entre 1960 et 1970. Elle a crée un théâtre imaginaire de personnes et personnages mythologiques. De la vie emblématique de ses trois personnages ?Roi, Ballerine et Infirmière- à l’ancien monde comme un filtre pour comprendre notre propre monde, elle s’est retrouvée au premier plan des aventures postmodernes.
Dans les années 70-80, elle est différentes personnes, parmi lesquelles on trouve : un homme barbu (le Roi de Solana Beach), une ballerine romantique noire contemporaine nommée Eleanora Antinova (ci-dessous en photo), et Eleanor Nightingale (l’infirmière de la Guerre de Crimée), personnage qui est la combinaison de Florence Nightingale et de l’artiste elle-même.
http://pacificstandardtimefestival.org/wp-content/uploads/2011/12/Antin-Before-the-Revolution.jpg Antinova]]
__Eleanora Antinova au Santa Barbara Museum of Art, en 1979__
Eleanor Antin est un « caméléon culturel », elle prétend être quelqu’un d’autre dans des rôles au théâtre, sur scène pour exposer ses différents visages. Son personnage le plus connu est Eleanora Antinova, une célèbre ballerine tragique faisant partie du Sergei Diaghiley’s Ballets Russes qui aimerait briller dans le Lac des Cignes mais n’a été autorisée qu’à jouer des rôles ?’ethniques’? comme Pocahontas.
Apparaissant en tant qu’Antinova dans des performances écrites et non-écrites pendant plus d’une décennie, Antin a troublé la distinction entre son identité et celle de son personnage. Dans le processus, elle a crée un riche corpus de travaux, détaillant les multiples facettes de sa bien-aimée Antinova, en incluant un mémoire fictif et de nombreux films, photos, installations, performances et dessins.
Par exemple, le film The Man Without a World est crédité sous le nom de Yevgeny Antinov, et datant de 1920. Mais ces informations sont totalement imaginaires puisque Antinov est une invention d’Eleanor Antin et que dans les années 20, elle n’était même pas née.
Dans son art, Antin explore l’histoire à travers les yeux de personnages variés? Elle a aussi publié plusieurs livres tels que Being Antinova, Eleanora Antinova Plays au sujet des différents rôles qu’elle endosse dans sa vie.
Sa position dans l’art Contemporain
Le travail d’Antin concerne en grande majorité les questions d’identité et le rôle de la femme dans la société : « J’étais déterminée à présenter la femme sans prétention et impuissance. Mes différentes facettes (incluant mon absurde partie masculine) ont toutes choisies un style de vie indépendant des hommes. C’est vrai que certains modes de vie se sont avérés plus efficaces dans la pratique que les autres, mais ils étaient tous intéressants et assez complexe pour valoir la peine d’être essayés. Finalement, j’ai délibérément choisis un style dont la linguistique et les structures étaient ambiguës parce qu’un puzzle est plus difficile à apprécier qu’un fait. Et nous les femmes avons assez d’humour. Frank O’Hara a dit autrefois qu’il aimait Marilyn Monroe. Protégez-nous d’un tel amour ! Si Monroe avait eu des dents jaunes et si son corps avait été déformé, l’aurait-il aimé alors ? » a-t’elle écrit dans un communiqué sur le statut de la femme pour le Brooklin Museum.
Son travail a été conçu à l’origine comme un argument contre les écrivains qu’elle aimait : Flaubert, Tolstoï, Dostoyevski, etc.
Elle développe aussi de grands thèmes sociaux dans ses films comme le féminisme et l’exploration de soi-même, particulièrement l’identité des femmes et le rôle des genres.
Antin, ses expositions et ses prix
– Antin a fait des dizaines d’expositions seule comme au Musum of Modern Art (New York), Whitney Museum of American Art (New York) ou encore une grande rétrospective au Los Angeles County Museum of Art qui a voyagé jusqu’à St. Louis (Missouri) et fait le tour de l’Angleterre.
– Elle a aussi été dans d’innombrables expositions groupées tel que Hirshhorn Museum (Washington), Los Angeles Museum of Contemporary Art, parmi tant d’autres.
– Son travail est une collection permanente de l’Art Institute of Chicago, Whitney Museum of American Art, Museum of Modern Art, Los Angeles County Museum of Art, Jewish Museum ainsi que plusieurs autres endroits reconnus de l’art contemporain.
– Tout récemment, elle a été honorée avec plusieurs rétrospectives de son travail, incluant « Multiple Occupancy : Eleanor Antin’s Selves » au Wallach Art Gallery, Colombia University (New York) en 2013.
– Une enquête sur le travail d’Antin a été exposée au Los Angeles County Museum of Art en 1999 ainsi qu’au Washington University Gallery of Art in St. Louis (Missouri) en 2000.
– Antin est représentée par Ronald Feldman Fine Arts, à New York.
Eleanor Antin a reçu un certain nombre de prix dont notamment la Bourse Guggenheim offerte à des artistes, des scientifiques ou des universitaires pour encourager l’innovation, la recherche et la création sous toutes ses formes. Elle est décernée par la Fondation John Simon Gugghenheim) en 1997.
Deux ans plus tard, elle reçoit le prix de la meilleure réalisation par la fondation nationale pour la culture Juive.
En 2003, Antin reçoit le prix du meilleur spectacle pour « The Last Days of Pompei » par l’AICA (Association Internationale des Critiques d? Art). Il s’agit d’une association française crée dans le but de renforcer mondialement la libre expression de la critique d’art et d’en assurer la diversité.
De plus, elle a reçu le Lifetime Achievement Award (littéralement traduit comme « récompense pour l’accomplissement d’une vie ») par la WCA (Women’s Caucus for Art) pour qui le but est de créer une communauté à travers l’art, l’éducation et l’activisme social, en 2006.
__Bibliographie__
L’ABCdaire de l’art contemporain
, Catherine Francblin et Damien Sausset et Richard Leydier. Ed. Flammarion, 2003.
La question principale posée dans ce livre est : « Qu’est ce que l’art contemporain ? ». L’auteure, dans l’introduction de son ABCdaire explique à l’avance, que la réponse qu’elle tentera d’apporter sera subjective car celle-ci varie selon les personnes, les cultures ou encore les années. Elle a donc décidé de le présenter sous forme de petit dictionnaire qui traite de tout ce qui touche à l’Art Contemporain, de toutes les notions variées qui le composent : les grands mouvements de l’histoire de l’art depuis les années 60, les artistes français et étrangers qui se distinguent par une pratique spécifique ainsi que les notions plus abstraites qui permettent d’éclairer certains phénomènes de l’Art Contemporain. Catherine Francblin a choisit dans cette liste non-exhaustive de débuter ses recherches au début des années 60, car d’après elle, c’est le « moment où le système artistique international bascule définitivement dans une esthétique dont aujourd’hui nous sommes tributaires ». Ainsi, elle va aborder un grands nombre de notions allant de la photographie à l’abstraction, ou encore de l’intime au son. Chaque mot abordé a son importance et est accompagné d’un texte plus ou moins long selon le besoin de précisions. De plus, ce livre est ouvert aux différents artistes de l’art contemporain et un très grand nombre est présenté, ainsi qu’une ou plusieurs de leurs œuvres. C’est donc un index enrichissant qui amène à mieux comprendre le milieu de l’art ainsi qu’à découvrir de nouveaux artistes, de nouvelles œuvres et de nouveaux contextes historiques pour se modeler une idée personnelle.