Franck Scurti

Franck Scurti

Né à Lyon en 1965, habite et travaille à Paris. Au départ il envisageait de travailler dans la publicité, dans la décoration et se tourne vers une école d’art appliquée de Lyon avant d’étudier aux Beaux Arts de Saint Etienne et de Grenoble. Dans les années 1990, il a fait une quinzaine de vidéos, la plupart de rue, intéressé dans un premier temps par le fait de capter des perceptions comme Heineken Vision (filmée à travers un verre de bière), Sprite Spirit et Drunk. Il est aujourd’hui artiste photographe, vidéaste et plasticien français qui a un véritable intérêt pour le regard porté sur chaque chose, chaque élément. Il travaille autour de l’acuité du regard, de sa finesse et de la sensibilité extrême de celui-ci « Ponge m’a appris à regarder les objets, à les analyser, à les perdre en eux-mêmes, puis à les réévaluer » s’exprime-t-il dans sa bibliographie Sept à sept en 2005. « Je défends un art concernant le monde des idées et non pas un art conceptuel » proclame-t-il dans Parisart. Franck Scurti s’interroge sur la place de l’individu dans la société, à différentes échelles. Son activité est basée sur le quotidien, d’un individu puis de façon plus universelle, il sort les personnes et les objets pour les replacer dans une dimension nouvelle. Pour lui tout est source d’expérience aux choses, à la création artistique : des déchets aux articles dans le journal il cherche à diversifier ses travaux par la pluralité plastique. Il entretien un rapport critique à l’objet, aux médias, aux idéologies et à la société de consommation en s’intéressant à ce qu’ils sont vraiment, loin de ce qu’ils semblent être. Nous diffusons l’intérêt d’objets qui nous permettraient l’arrivée à des buts sociaux et économiques. Cependant qu’en est-il vraiment ? C’est la pensée organisée autour de l’usage d’objets qui l’intéresse dans son travail. Son travail est marqué par de nombreux symboles qui déterminent une pensée, caractérisent la psychologie d’un individu et de la société. L’une de ses œuvres majeures qui met en avant cela est La Quatrième Pomme.

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La Quatrième Pomme Située boulevard de Clichy, dans le 18 e arrondissement de Paris, cette œuvre s’est construite autour d’une anecdote concernant Charles Fourier un socialiste du XIXéme siècle. Un jour, alors qu’il était le matin même en Province, il commande une pomme à Paris. L’artiste s’interroge : il semble que la pomme est bien plus chère à Paris, alors pourquoi la commander alors qu’il aurait pu l’apprécier en province ? Franck Scurti met en avant ce paradoxe rendant ainsi hommage à Fourier ; il use de la pomme pour l’élever au statut de symbole. Puis il lui accorde une universalité par l’adage de différents éléments intégrant son œuvre : la pomme, par sa forme ovale, ressemble à un globe et comporte un planisphère gravé. La pomme est faite en inox poli miroir, reflétant ainsi la rue. Le monde physique autour de l’œuvre se reflète dans le monde microscopique de la pomme. Sur la base d’une histoire pourtant anodine Franck Scurti élabore un monde multidimensionnel qui porte le défaut dans la pensée de Fourier et le transpose à l’échelle mondiale. Cette anecdote serait-elle si anodine ?L’histoire autour de cette œuvre précise la valeur des différents symboles et l’artiste s’amuse avec le passage du macro au micro à plusieurs niveaux. Dans la continuité de cette pensée holistique il met le socle en avant puisqu’il l’expose en vitrine, comme lors d’une exposition.En 2010 est publié son livre Home Street Museum, une monographie présentant les installations emblématiques de l’artiste et une vue d’ensemble de ses œuvres. L’art participerait à l’émancipation des déterminismes de l’individu dans le monde socio-économiques contemporain. Il développe une idée de curseur : celui-ci se déplace entre l’atelier et l’endroit de la réception du spectateur. La séparation entre la rue et le musée est plus fine. Dans son travail Trottoir Gris, mur Blanc, il représente des évènements de la rue exposés dans un musée.La série Empty World est composée de pots simples et ordinaires que l’artiste va ceinturer fortement ; il intervient sur la création habituelle de l’objet. Il passe par une dévalorisation et une revalorisation d’éléments. A partir de cette œuvre le spectateur projette sa vision des divers symboles, l’artiste tend à s’éloigner de toutes choses formelles, des idées préconçues que nous possédons. Il réalise de nombreuses œuvres qui déjouent la logique de production de marché, pour lui c’est l’étonnement qui compte lorsque nous regardons ses œuvres, cherche la perte dans l’observation, dans nos projections et notamment dans le rêve.Cette perte dans le rêve est illustrée dans N.Y. 06:00 AM représentant une boîte à sardines à la taille et à l’usage d’un lit. Cette œuvre surdimensionnée a été réalisée en 2000. Elle s’accompagne d’une peinture murale Just donuts, comme on peut le voir en arrière plan de la photo, qui illustre un paysage onirique comportant également une modification de la taille réelle des éléments qui le composent. Ceci créé une parallèle avec le lit en conserve, emballé et surréel, passé de l’état de micro à macro dans lequel l’humain dort. C’est son rêve du petit-déjeuner qui est représenté au mur dans un monde où le désir de consommation déborde et s’inscrit jusqu’à l’inconscient de l’humain. L’influence du monde socio-économique contemporain se formule dans les tréfonds de l’inconscient humain où son lieu d’expression est le rêve. Le travail de Scurti explore la notion d’hybride ; un homme poisson vendu et consommé de la même manière qu’il consomme. Là aussi il joue avec les contradictions et la complexité de signes universellement reconnus auxquels il ajoute de nouvelles fonctions. Il joue avec le regard du spectateur et les diverses interprétations possibles.Mobilis in Mobilis (1996) La boîte de conserve était déjà utilisée dans Chairs en 1994 où elles se métamorphosent en chaises dysfonctionnelles et prennent taille humaine. Lorsque nous sommes mis à la même échelle, sommes nous si différents du produit ? Ces objets sont qualifiés comme des « appâts » par Scurti. Egalement, dans Mobilis in mobilis une brique de lait lors de son état de micro semble anodine, puis lorsqu’elle grandie évolue ici en mobile-homme dont tout l’intérieur est recouvert d’une couche d’asphalte en 1996. Une baguette de pain se transforme en poignée de porte dans Sandwich en 1998.Dans son travail Les Reflets l’artiste se réfère au symbolisme du signe commercial en les déformant, il fige une vision déformée par une sculpture en néon, celle d’une perception à travers une flaque d’eau. Ainsi les enseignes deviennent les sous-titres inversées, distordues de leurs modèles, elles sont vues « au travers de? ». Ils illustrent un sentiment de trouble, de vertige, comme si nous étions en état d’ébriété notamment.Exposition « Néon, Who’s afraid of red, yellow and blue' » à La Maison Rouge.Ainsi chacune de ses œuvres développent leur propre langage, mêlant plusieurs idées et représentations, mais aussi matériaux pour sa création plastique. Ses œuvres ont pour but d’étonner, de surprendre et de façonner le regard que nous portons sur les choses qui nous entourent sans le limiter à nos projections. Un regard du « micro » c’est-à-dire l’individu qui ne peut se passer de son « macro », c’est-à-dire du monde qui l’entoure, la société les individus et les choses l’entourant. Il est influencé par de nombreuses références tel que Roland Barthes, Francis Ponge, Baudelaire, Gilles Deleuze ou encore Michel de Certeau, mais s’intéresse aussi à des artistes POP.Ses Expositions principales:1996 Mobilis in Mobili, Espace Jules Verne, Brétigny-Sur-Orge, France.1998 Street Credibility, Centre d’art contemporain Le Parvis, Pau, France.1999 The City is not a Tree, Affichage sauvage, Paris, France.2002 Before and After, Palais de Tokyo, Paris, France. Before and After, Centre National de la Photographie, Paris, France.2003 Trottoir Gris / Mur Blanc, Galerie Jacky Strenz, Berlin, Allemagne. Before and After, Kunsthaus Baselland, Muttenz/ Basel, Suisse.2005 Who? What? Why? How? When? Where’, Galerie Anne de Villepoix, Paris, France.2008 Empty world, Galerie Anne de Villepoix, Paris.2011 No snow no show , Galerie Michel Rein, Paris. Works of Chance , Musée d’Art Contemporain de Strasbourg, France. Liverpool Jackpot , Queen Elizabeth Hall Riverside Terrace, London, UK2012 My Creative Method, Galerie Michel Rein, Paris.Sitographie : http://www.paris-art.com/franck-scurti-2/ http://www.lesabattoirs.org/expositions/franck-scurti-les-reflets-la-gare-matabiau http://www.lesabattoirs.org/enseignants/dossiers/2007/horslesmurs/scurti.pdf https://www.centrepompidou.fr/cpv/rechercher.action http://critiquedart.revues.org/1497#ftn3 http://www.gibertjoseph.com/franck-scurti-h https://www.youtube.com/watch’v=Gb_se2edKwwome-street-museum-489140.html https://www.youtube.com/watch’v=efYH8ceKDVE