Friedensreich Hundertwasser

Pour lire la biographie de Hundertwasser cliquez ici : article sur Hundertwasser. Cet article est principalement dédié au livre sur Hundertwasser écrit par Pierre Restany.

Ouvrage de Pierre Restany

Cet ouvrage de Pierre Restany réunissant de nombreux écrits et discours d’Hundertwasser lui-même, édité en 2008, nous permet de comprendre la pensée et les idées d’Hundertwasser en matière d’art, d’architecture et d’écologie.

Hundertwasser et l’architecture 

Le manifeste de la moisissure contre le rationalisme dans l’architecture

Ce discours commence avec la notion de liberté énoncée comme la condition de toute création artistique. Cependant en architecture, cette liberté n’existe pas car il faut un diplôme pour pouvoir exercer, ce qui fait que les projets architecturaux ne sont pas des œuvres d’art. Il relève qu’en Union Soviétique, l’art et l’architecture sont soumis à la censure.
« Chacun doit avoir la possibilité de construire. » Il s’agit pour lui de dire qu’ainsi les locataires peuvent développer un regard plus critique sur les habitations dans lesquelles ils vivent et les prochaines.
Hundertwasser souhaite améliorer les logements sauvages, car pour lui l’architecture a 30 ans de retard. Afin de développer leur rapport à l’architecture, les locataires devraient avoir la possibilité de s’exprimer sur leurs murs. Ils pourraient monter leur singularité et s’approprier les lieux parce que ni l’architecte, ni le maçon n’ont pensé le bâtiment par rapport aux futurs habitants. Il faudrait que l’architecte, le maçon et l’occupant ne soient qu’une seule et même personne.
La ligne apparaît comme interdite, et l’utilisation de la règle et de l’équerre est criminelle. Cela signifie pour lui un déclin de l’architecture et une prison de lignes droites, les barreaux, dans laquelle nous nous enfermons. Il dresse donc la liste des architecture saine de l’époque, qui est courte, on retrouve notamment les édifices de Gaudi, des constructions du Jugendstill, quelques anciennes maisons ou cabanes, ?

La vraie liberté

Les maisons rectilignes décrites par Hundertwasser sont des prisons dans lesquelles nous entrons par nous-mêmes. Nous serions plus heureux dans une maison que nous aurions construite seul. Il développe ainsi une critique du capitalisme qui nous prive de nos libertés et nous donne envie d’avoir ce que notre voisin possède.
Il évoque aussi le côté néfaste sur la santé des occupants de cette architecture qu’il qualifie de « maisons d’assassins ». Cette production standardisée pousserait au suicide ses occupants. C’est pour lui un exemple d’oppression et de non-liberté.

Le droit à une troisième peau

Chaque personne a le droit de choisir sa façade, ses fenêtres, Hundertwasser ne supporte pas que tout soit identique. L’architecture, pour lui, ne permet par la croissance, au contraire elle enferme les gens dans la similitude. Il se trouve en opposition avec l’architecture de Le Corbusier et ses lignes droites, qu’il décrit comme « stérile et criminelle ». 
L’emménagement dans un nouvel appartement est décrit ici avec toutes les contraintes que cela comporte, pas le droit de d’installer des décors extérieurs et des vitres en couleurs. Son conseille aux gens d’être comme ils sont et de se révolter afin de lutter contre la similitude qui est pour lui ennuyeuse.

Manifeste du boycott de l’architecture

Hundertwasser évoque au cours de ce discours le manifeste Ornement et Crime écrit par Adolf Loos en 1908, auquel il a répondu en 1958 par le Manifeste de la moisissure contre le rationalisme dans l’architecture. Il fait ainsi passer ses idées et découvre qu’il n’est plus seul. 
On retrouve aussi toutes ses idées fondamentales, comme la ligne droite anti-créatrice qui est impie, son incompréhension des hommes qui ne se révoltent pas. L’individu est en capacité de modifier l’architecture par sa présence, alors u peu de peinture, de la mosaïque cela changerait tout. Sans intervention des occupants l’architecture va nous rendre malade, malheureux. 
La façade doit aussi être en harmonie avec la nature, avec des couleurs choisies par les occupants pas seulement par l’architecte dictateur. Les façades lisses et sans relief sont sans vie, il faudrait que la lumière lui donne des effets afin de rompre la monotonie.
Il propose donc une révolte qui serait un boycott de l’architecture qui permettrait l’acceptation de la modification architectonique par le visiteur. Le seul endroit où il reste des vestiges de la création individuelle, ce sont les toilettes, «ce dernier lieu de liberté».

Ton droit de fenêtre, ton devoir d’arbre

A travers ce texte, nous saisissons à quel point Hundertwasser se sent étouffer en ville par manque d’air et à cause de la pollution. Il ne voit la ville que comme une succession de façades grises et stériles, dans laquelle nous sommes emprisonnés. Afin de lutter contre cela il propose de faire pousser des plantes, des arbres, partout, afin de sentir la forêt dans la ville.
Cette proposition s’accompagne d’un droit à la fenêtre qui est mal perçu par les habitants eux-mêmes. La personnalisation de la façade par les habitants est un droit et cela passe par la personnalisation de la fenêtre avec des matériaux et des couleurs naturelles pour plus de caractère.

La couleur dans l’architecture

Pour Hundertwasser l’architecture et la nature doivent se compléter cependant la couleur est un élément extérieur à l’architecture. Pour une maison il faudrait prendre en compte les couleurs de la nature, c’est-à-dire le vert et le brun. Le blanc de la chaux est une couleur minérale naturelle aussi mais pour lui l’utilisation du béton et du blanc traduisent le manque de courage des architectes.
Il condamne ainsi l’application régulière de la couleur. Le côté lisse des façades est pour lui une catastrophe, il pense qu? «il faut donner vie à cette surface» en s’exprimant comme on le souhaite mais si c’est laid. 
«Il faut briser la notion selon laquelle ce qui est lisse et monochrome est beau», à travers cette citation il exprime son incompréhension des pratiques de l’époque, il ne comprend pas que personne ne se révolte car pour lui cela correspond à une condamnation à mort.

Utopies concrètes pour une ville verte

Hundertwasser souhaite conclure un traité de paix avec la nature qui s’organise en plusieurs points : 
– Apprendre le langage de la nature te communiquer avec elle 
– Rendre à la nature les territoires que nous lui avons pris
– Tolérer la végétation spontanée
– Réunifier la création de l’homme avec celle de la nature
– Vivre en harmonie avec les lois de la nature
– Nous ne sommes que des hôtes de la nature et nous devons nous comporter comme tels
– La société humaine doit redevenir une société sans déchet
Ainsi en s’adaptant aux cycles de la nature, on pourrait construire des maisons en harmonie avec la nature pour les hommes en incluant la végétation spontanée, c’est un grand défi pour la nature. 

Le sol

Dans cet écrit nous retrouvons l’idée que le béton et les surfaces planes ont des conséquences catastrophiques sur la santé physique et morale de l’homme. La stérilité rendrait les hommes handicapés, la solution se trouverait dans le sol. Un retour au sol naturel serait une contribution essentielle à la construction. 

Beauté perdue et retrouvée

L’architecte est décrit ici comme un criminel qui en utilisant des éléments standardisés ou préfabriqués ne répondent pas aux exigences esthétiques de l’homme et de la nature. Il pense que dans les bâtiments industriels il n’y a pas d’activité créative et les hommes qui y travaillent sont sujet à la dépression.
Il souhaite donc lutter contre l’anonymat au sein des villes qui conduirait à la fin de l’homme. En effet les hommes passent plus de temps dans ces bâtiments industriels dans lesquels ils travaillent que dans leur propre logement. 

Création de forêts sur les toits

Les bâtiments sont construits sur des terrains volés à la nature pour Hundertwasser, il propose donc d’installer ce qui est du sur les toits. Ainsi la créativité de l’homme et celle de la nature seraient réunies. Il place l’homme sous la nature pour la préserver et ne pas l’écraser. 
Les avancées technologiques pourraient être mises au service de la protection de la nature car les projets de «maisons vertes vues du ciel» ont eu un grand succès en Nouvelle-Zélande et à Vienne.

La dictature des fenêtres et le droit de fenêtre

Pour Hundertwasser, les maisons sont composées de fenêtres mais il existe plusieurs races de fenêtres. Chacune existe par elle-même et doit pouvoir être modifié par l’occupant. Ainsi toutes les fenêtres ont la possibilité d’être différentes de celles du voisin. Il souhaite ainsi faire prendre conscience de la nécessité de la personnalisation dans le but d’éviter sa standardisation.

Le médecin de l’architecture

Hundertwasser se fait le médecin de l’architecture, il pense que les maisons sont malades. Pour lui elles donnent l’illusion de la fonctionnalité mais dépriment l’occupant et le passant. Il compare même ces maisons à des camps de concentration. 
Avec la création de ce nouveau métier, le Médecin de l’Architecture, il souhaite rétablir la dignité et l’harmonie avec la nature. La démolition n’est pas nécessaire dans tous les cas, quelques arbres locataires ou sur le toit pourraient redonner une âme à un bâtiment.

Les stations-service

Le principe évoqué ultérieurement sur les territoires volés que nous devons lui rendre s’applique particulièrement selon Hundertwasser aux stations-service car ce sont des territoires pris pour l’ennemi le plus dangereux de la nature, la voiture. Ainsi il n’y a pas de meilleur endroit que le toit d’une station-service pour planter des arbres. 
Cette idée a été le précurseur de la notion de réparations que nous devons à la nature, cela a initié le traité de paix avec la nature.

La troisième peau

La troisième peau représente pour Hundertwasser la maison, les murs dans lesquels nous vivons. Elle vient après la première peau, notre épiderme, puis la deuxième peau qui correspond à nos vêtements. 
Nos murs extérieurs sont des murs de prison sans la liberté de se les approprier, le même travail avec la fenêtre est possible. Cette troisième correspond pour lui à un enjeu majeur entre la maison elle-même et l’espace public. La diversification des architectures au sein d’une ville la rend plus intéressante, c’est pour lui une ville où on a envie de rester.

Les arbres locataires sont les ambassadeurs des forêts libres dans la ville

Cette idée très novatrice pour l’époque est pour lui un moyen efficace de compenser la prise illégale des territoires naturels. Cela consiste à disposer 1m² de terre devant la fenêtre afin que l’arbre puisse pousser. L’arbre grandira et sortira par la fenêtre pour venir verdir la façade. 
Il voit ces arbres comme des purificateurs d’air dans la ville, avalant les poussières toxiques et réduisant les échos de la ville. L’arbre devient alors un rideau, un meuble dans le logement, il fait totalement de la famille et du logement dans lequel il se 
trouve.

Hundertwasser et l’écologie

Hundertwasser, étant avant tout un peintre il a réalisé de nombreuses toiles, principalement des aquarelles, depuis ces 14 ans, sur sa vision de l’écologie. Il a aussi écrit de nombreux textes, manifestes sur ce sujet dont le premier écrit en 1971 s’intitule «Reboisement de la ville». A travers ces écrits, l’artiste veut dénoncer les pratiques de l’Homme (énergie nucléaire, construction, etc.), en essayant de faire prendre conscience aux société qu’il faut réagir. La plus part de ces textes dans lesquels il fait la critique, le procès de l’Homme tout en essayant d’intégrer des solutions écologiques et environnementales datent des années 80-90. C’était un grand précurseur dans ce domaine. 

Reboisement de la ville (Texte écrit en Mars 1971)

Dans ce texte, il rappelle tout d’abord l’état initial de la Terre, qui était un désert de gaz et limon, ensuite la végétation, les forêts, rivières qui sont apparues petit à petit mais que l’Homme par sa multiplication et la surexploitation de la Terre a détruit et a fait remonter à la surface le gaz et le limon que le processus naturel avait mis des milliers d’années à enfouir dans la couche terrestre du globe. 
Au vue de ce comportement, Hundertwasser a formulé une critique sévère sur l’Homme «Ainsi la terre ressemble à nouveau à un enfer, dans lequel l’Homme est en train de se suicider» insistant sur le fait que nous sommes en situation de guerre. Pour lui, la solution est de redonner la place à la végétation, et que par exemple, les toits et les routes doivent devenir des forêts vertes. 
Une de ses idées fondamentales en matière d’aménagement est de laisser le sol à la nature et de construire sur la hauteur (immeuble) avec de la verdure sur les toits «L’horizontal appartient à la nature, le vertical à l’Homme». Mais que l’on se retrouve dans une situation d’urgence car cet équilibre est fortement perturbé, l’Homme cherche à s’étendre, à montrer son expansion il vole donc des territoires à la nature.

En contrepartie, nous devrions réaliser des couches de végétations superposées, en étages sur le sol. Car l’oxygène manquant ne peut être produit que par la végétation et non par manipulation chimique. Mais que ceci est un processus lent, responsable et long et qu’il faudrait 1 000 ans pour réparer les dommages de ces 10 dernières années. 
Dans ce texte il propose plusieurs solutions hormis d’un point de vue purement architecturale. Comme la récupération des déchets pour en faire du compost, engrais, pour la mise en place de la végétation afin de faire des toits verts. L’utilisation des excréments humains, dans le but que la solution cité précédemment. Il estime aussi que chaque famille devrait avoir le droit à 100 m3 réservé à la végétation, et 100 m² pour ses déchets et ses excréments afin de cultiver de la nourriture. 

L’érections du sol de futurs stations essences, églises, gares, bâtiments officiels et usines ne peuvent être effectives que si tous les toits, routes d’accès, alentours du bâtiment sont plus verts que les bois de Vienne, Autriche (son pays). Les usines ne doivent fonctionner que si leurs cheminées rejettent 3 fois le volume d’air vicié en oxygène pur, si elles émettent des toxines, elles doivent être fermées. 
Il met un point d’orgue à la relation Homme-arbre, elle doit avoir une dimension religieuse et remplacer l’adoration pour le Christ ou Dieu. Si la végétation est adorée comme un dieu alors il y aura une amélioration progressive de l’environnement.

Volte-face (Texte écrit pour le discours à Washington DC en Novembre 1980)

Depuis quelques années on voit apparaître un changement des compétences, car les personnes qui avaient du pouvoir n’en ont plus, le véritable pouvoir n’appartient pas à ceux qui ont de l’argent ou des armes. Il le dit lui-même «Tous les principaux acteurs de notre monde sont déchus de leurs responsabilités» que se soit les architectes, prêtres, scientifiques, paysans, médecins ou les professeurs. Même les premiers concernés sur la végétation :

Les agriculteurs empoisonnent les ressources vitales de la Terre, le sol, les forêts, les prairies, les ruisseaux, les insectes (cf. abeilles) à cause de leurs engrais et pesticides. Leurs méthodes agro-alimentaires sont destructrices pour notre Terre.
Les jardiniers/botanistes, sont aujourd’hui incapables de connaître réellement quelles sont leurs missions à accomplir. Ils travaillent contre et non pas avec la volonté de la nature, ils font pousser des plantes en plastiques, pratiquent la monoculture, la beauté superficielle et inutile. 
Les architectes sont des trouillards comparés à des criminels dociles qui ne font qu’exécuter des ordres. Ils construisent des bâtiments cancéreux dans l’ âme qui engendrent la mort. L’utilisation du béton anéanti la nature. Les folles illusions deviennent une réalité en béton armé qui font d’elles des structures criminelles indignes de l’Homme. 

Les personnes qui agissent en fonction des lois des plantes et des arbres ne peuvent pas échouer dans leur accomplissement personnel et leur vie future. Dans ce texte il met en relief le fait qu’il faut seulement 5 minutes pour abattre un arbre qui aura mis 50 ans à pousser. Il y a donc une opposition entre le processus facile et rapide de la destruction et le processus lent et fastidieux de la création de la nature. Cette différence est dû à la technologie. 
Pour Hundertwasser «Seul celui qui crée est en vie», dimension de liberté dans la création car pour être heureux l’Homme n’a besoin que de la richesse intérieure de l’âme et d’une énergie créative, sincère et profonde. Non d’argent et d’énergie mécanique.

L’Homme est devenu le parasite le plus dangereux que la Terre ait connu, car il possède une quantités énormes d’Energie, poisons et armes mortelles alors qu’il gaspille tout aveuglément en détruisant son environnement et en tuant ses propres frères. Il dénonce ainsi le comportement de l’Homme et pense que «La consommation insensée et injustifiée d’énergie devrait être proportionnelle à la quantité d’intelligence responsable » L’Homme est avare, il en demande toujours plus alors que le vrai comportement écologique serait de traiter avec un esprit créatif en accord avec les lois de la nature.

La solution amenée dans ce texte par Hundertwasser, serait une nouvelle révolution avec des gens créatifs pour changer cette mentalité. Dans le but entre autre d’abolir les maisons préfabriquées car elles sont sans c’ur pour lui. L’Homme est l’hôte de la nature, on doit donc la respecter, lui restituer la végétation et lui laisser de la place (toits maisons). 

L’Energie nucléaire est un jouet dangereux (Texte écrit en Novembre 1980) Pour la présentation de l’affiche antinucléaire «Plantez des arbres» pour la campagne écologique de Ralph Nader.

L’énergie nucléaire est caractérisée de jouet dangereux, utilisé à outrance et sans réel nécessité, juste une distraction pour l’Homme. Dans ce texte il la compare aussi à la roulette russe car peu importe quel moment il peut y avoir une catastrophe naturelle. Actuellement, les déchets atomiques et leurs conteneurs représentent une bombe à retardement car il n’y a pas d’endroits sûres où les cacher dû fait que sur Terre rien n’est statique à cause des guerres, bombes, séismes. Il rappelle qu’il faut 500 000 ans pour qu’un déchet nucléaire disparaisse. Hundertwasser se demande à travers ce texte qu’elle Terre allons-nous laisser aux générations futurs’ 

Les hommes politiques et scientifiques proclament des mensonges criminels sur l’énergie nucléaire en déclarant qu’elle est durable et inoffensive. Pour lui, les scientifiques sont aveuglés par cette idée permanente de progrès. L’énergie nucléaire se résume pour lui à un désastre économique car certes à court terme, elle répond aux besoins d’énergie mais à long terme, elle entraîne de nouvelles séries de catastrophes. Notre expérience actuelle ne nous permet pas d’imaginer toutes les conséquences de cette situation imprévisible.

Hundertwasser avance l’idée qu’avec un tel comportement «Notre fin à tous est proche» car nous sommes trop dépendant de choses mortellement dangereuses.
Et il compare cette énergie à un chaos technocratique qui agit comme un cancer et que pour le soigner, nous devons utiliser des moyens créatifs écologiques. Si nous mettons en place une réflexion inventive avec une connaissance des lois de la nature nous pourrons maîtriser écologiquement cette situation mal gérée sans avoir besoin de l’esprit de progrès industriel. 

La culture contre l’énergie nucléaire

Aujourd’hui nous en arrivons au fait qu’avec l’imagination de l’homme il n’y aurait plus de gaspillage énergétique et donc pas de crise énergétique. Mais qu’il faut d’abord remettre l’Homme derrière les limites écologiques pour que la Terre se régénére. Depuis toujours l’Homme est persuadé d’avoir besoin de dépenser des quantités astronomiques en énergie, temps, argent pour persuader les gens qu’ils ont besoin de choses inutiles et les poussent à vivre dans un bonheur matériel alors qu’il s’agit en fait d’une tristesse spirituelle. Alors que l’Homme n’a besoin que de sa richesse d’âme pour être heureux, il en est réduit à être une machine à consommer car il demande et veut toujours plus. 

Pour Hundertwasser, les personnes qui soutiennent l’énergie nucléaire sont soit excessivement inconscientes, soit tendancieusement mal informées ou soit consciemment criminelles. Et le rôle du gouvernement est de prendre ses responsabilités en informant la population des éventuels dangers. Car le principal danger de l’énergie nucléaire réside dans les toxines que nous ne pouvons pas voir, sentir ni entendre. Elles tuent lentement et nos sens sont inefficaces contre elles. La culture de l’Homme veut qu’il attende qu’il y ait une grosse catastrophe chez lui ou dans un de ces pays voisins, pour qu’il prenne conscience des dangers possibles. Alors qu’il est en réalité déjà trop tard. 
L’énergie nucléaire se résume donc d’après Hundertwasser, à une catastrophe écologique et un désastre économique. Dans ce texte, l’auteur liste le coût de l’énergie nucléaire en 31 étapes. Cette liste montre le montant total des pertes financières, faramineuses, si énormes qu’elles en deviennent abstraites. Si cet argent avait été mis dans la recherche pour l’énergie solaires, aujourd’hui il n’y aurait pas de problème. 

Dans cet écrit, il dénonce la position de son propre pays, l’Autriche, vis à vis de l’énergie nucléaire. L’Autriche est au c’ur de la culture Européenne, c’est un vrai représentant de la culture, il veut donc la mettre en garde et empêcher cette dernière de s’impliquer dans le développement dangereux du nucléaire. Dans son pays, une centrale nucléaire a été installée dans la région de Tullnerfeld, le berceau de l’Autriche, là où le petit Ostmark est né. Le gouvernement autrichien veut tuer l’Autriche à l’endroit même où elle est née, c’est comme un coup de poignard enfoncé dans le c’ur. L’Autriche est peut-être une petite nation mais n’en reste pas moins intellectuellement vaste et libre, et elle se doit de montrer l’exemple aux pays voisins et au monde entier. Il en appelle à la responsabilité de l’Autriche, puissance mondiale morale et culturelle. 

Il demande aussi la mobilisation de l’élite intellectuelle autrichienne, en urgence. Elle doit élever sa voix pour affirmer sa position pour une Autriche sans énergie nucléaire. Il veut que l’élite culturelle, intellectuelle et créative de l’Autriche arrête d’endurer des machinations dangereuses, d’être prise pour un jouet et de garder le silence. Elle impérativement prendre ses responsabilités et suivre sa conscience pour devenir une autorité éminente. 
Dans le livre blanc d’Hundertwasser «La culture contre l’énergie nucléaire», des personnalités distinguées autrichiennes affirmeront leur position et soutient. 

Manifeste Sainte Merde (1979-1980)

Dans ce manifeste, il rappel tout d’abord que les villes actuelles sont des formations cancéreuses, les œuvres de l’Homme moderne représentent un cancer sur Terre. L’Homme a fait remonter à la surface tout ce que la nature avait mis des millions années à enfouir sous Terre pour qu’il puisse y vivre en toute tranquillité. 

L’alimentation est faite principalement d’aliments qui ne poussent pas près de chez nous, même idée pour nos excréments, «on ne garde pas notre merde pour nous», elle est emportée dans des stations d’épurations où entre-temps, elle pollue les rivières et lacs. Ces mêmes stations qui coûtent très chères et qui sont sophistiquées, au lieu de les envoyer dans une usine de compostage centralisé. Il résume cette idée par cette citation «Cycle de la nourriture à la merde marche bien mais cycle de la merde à la nourriture est interrompu.» Lorsque nous tirons la chasse d’eau, c’est un geste de rupture avec le monde, geste immoral, qui représente la mort. Pour Hundertwasser, ces mêmes toilettes représentent une frontière qu’il ne faut pas franchir. L’Homme a honte et peur donc il s’enferme à clef dans ces toilette, et élimine sa «merde» en la faisant disparaître de sa vue et de son existence. 

Il explique aussi que pour lui les excréments sont beaucoup plus importants que la nourriture. L’ Homme est devenu un danger de mort pour la Terre, et la nourriture soutient le genre humain, complice de l’Homme. Et les Hommes qui utilisent des toilettes à humus, n’ont pas peur de la mort car leurs excréments sont préparés à une vie future. Et ainsi prépare à notre renaissance possible. Il faut pour cela vénérer notre «merde», la transformer en humus, en honneur à Dieu et au monde sinon nous perdons le droit d’être présent sur Terre. Il définit l’humus comme le véritable or noir, son odeur est plus sacrée, proche de dieu, une odeur de résurrection, de la vie éternelle. 

Un traité de paix avec la nature (Texte écrit en 1983) Extrait du texte Utopies concrètes pour une ville verte.

Il définit la nature comme la seule puissance supérieure dont dépend l’Homme, il faut donc établir un traité de paix afin de rétablir un équilibre. 
1) Apprendre langage de la nature pour pouvoir communiquer avec elle.
2) Lui rendre des territoires usurpés et dévastés. 
3) Accepter la végétation spontanée (mousse, mauvaises herbes,..).
4) Réunifier création de l’Homme et création de la nature, car leurs désunions peut avoir des conséquences fatales pour la nature et l’Homme.
5) Vivre en harmonie avec ces lois.
6) Ne pas oublier que l’Homme est l’hôte de la nature et qu’il doit se comporter ainsi.
7) Devenir une société sans déchets.
La folie du nettoyage (Texte écrit en Décembre 1980)

Un symptôme type de notre société, d’après Hundertwasser est notre psychose du nettoyage. Au tout début de notre ère, la maladie et la mort ont été amenées par le manque d’hygiène et la saleté mais maintenant à notre époque, c’est la stérilité abusive la phobie de la propreté qui provoque ces dernières. De plus, l’industrie du détergent et le lobby des sprays toxiques pratiquent une publicité abusive remplacée par exagérée à la télévision ou à la radio avec des messages frauduleux et un lavage de cerveau comme une propagande politique. 

Ces messages en appellent aux instincts les plus bas des gens simples et des enfants, traduit par cette phrase d’Hundertwasser «Votre chemise doit être plus blanche que celle de la voisine jalouse» et attisent une certaine émulation malsaine entre les personnes. Nous vivons dans des villes satellites, laides et stériles car sur une fenêtre sur cinq, une femme est «armée» d’un chiffon pour nettoyer sa fenêtre déjà propre pour la rendre parfaitement propre. 
Avec ces deux exemples, il veut montrer que l’Homme est poussé à la consommation et qu’il y a un effet de concurrence entre les gens qui peut être nuisible.

Il dénonce aussi le comportement de l’Homme face aux tâches, lorsqu’il y en a une qui se forme sur le mur, c’est toute la façade que l’on repeint pour qu’il ne puisse y avoir d’enrichissement de la façade grâce à cette tâche, elle devient monotone et stérile. Idem pour une tâche sur notre chemise, l’Homme devrait se reéjouir de ce cadeau car sa chemise ressort, se différencie par rapport aux autres chemises semblables et il ne faudrait surtout pas la relaver avec des poisons (=détachant) encore plus dangereux. 

Pour l’auteur, c’est le symptôme typique de notre société. Elle est pervertie dans la stérilité abusive ce qui engendre sa mort. Alors que l’Homme a besoin d’obstacles esthétiques, qui représentent des irrégularités non réglementées qui sont nécessaires à la survie de l’Homme pour sortie de ce cadre dont il s’est laissé enfermer et changer sa mentalité. 

Une société sans déchets (Texte écrit en Décembre 1989) A partir du manifeste «Sainte merde».

L’Homme doit prendre conscience qu’il est l’hôte de la nature et qu’il doit se comporter ainsi, en mettant en place une société sans déchet. Car une société qui rejette cette idée et agit de manière contraire ne sera pas acceptée par la nature. Nous sommes responsables de nos ordures, et devons les déclarer auprès de la nature, sinon nous passons pour des criminels. Il faut d’après l’auteur de ce texte, punir lourdement les producteurs d’ordures, les industries d’emballages et tous les «faiseurs d’ordures ou déchets».
Pour Hundertwasser, les déchets sont beaux et sont voués à être triés et réintégrés. Pour l’homme c’est une occupation belle et gaie, qui peut lui permettre de se retrouver dans la créativité écologique. 
Notre dépendance du tuyau (Texte écrit en Janvier 1990)

Dans cet écrit, il dénonce notre dépendance à outrance aux tuyaux et compare un bâtiment à un service médicale de réanimation. En effet, il le décrit comme un service hospitalier où tout est apporté via des tuyaux ou tubes avec ses transfusions sanguines, son alimentation amenée et diluée , élimination et l’oxygène. Cette image est affreuse mais nécessaire pour que l’Homme reste en vie certes mais il est maintenu en vie artificiellement, contre nature. 
Dans la même idée, à l’intérieur d’un bâtiment, on retrouve des canalisations pour l’eau, les réseaux d’électricité, les lignes de télécommunication, les conduites de gaz… Là aussi un enchevêtrement de tuyaux ou conduits nécessaire à l’Homme, une dépendance à une «gigantesque divinité distributrice», qui est accentuée à chaque fois qu’ un tuy au, un câble ou une conduite se rajoute. Pour Hundertwasser, encore une fois les médias (télévision, radio, publicité) jouent un rôle important car ils accroissent cette dépendance aux tuyaux par un lavage de cerveau permanent. 

Hundertwasser prône l’idée que l’Homme doit retrouver sa liberté, dignité humaine, autonomie et doit se séparer de ces tuyaux même s’il est conscient que c’est très difficile dans notre société actuelle mais qu’il n’existe aucune autre solution pour survivre. 

Pensées et réflexions (Texte écrit en Décembre 1980)

Nous vivons dans une société de consommation ce qui n’apporte pas notre salut, car la technologie qui a été développée est un danger pour l’Homme. Il devient dépendant à des choses mortellement dangereuses produites par l’Homme. Notre dépendance aux tuyaux est la pire forme d’exclavage inventée et endurée par l’Homme. 

Les temps ont évolué, les compétences ont changé, nous sommes tous coupables. Les docteurs ne guérissent plus, les professeurs produisent une incapacité à créer, les politiques sont comme des mouches, ne vivent qu’un jour, sont impuissants et incapables. Les architectes sont des lâches, criminels qui ne construisent que des structures criminelles, leurs folles illusions de jeunesse sont en réalité construites en béton armé. Ils ne font qu’exécuter des ordres et agir contre leurs consciences, leurs structures cancéreuses en béton qui détruisent la nature et l’Homme. 
Au nom du rationalisme, nous construisons, nos maisons ressemblent à des sites industriels. Notre société est tellement lobotomisée que ces constructions nous paraissent normales voire progressistes. 

L’architecture est devenue le terrain de jeux de l’endoctrinement intellectuel, les architectes et urbanistes considèrent l’Homme comme un cobaye. Ils lui font subir des expériences, exercices dogmatiques et éducatifs. 

Hundertwasser explique clairement que nous pouvons se défendre contre la musique dissonante, il suffit de couper la radio. Pour la peinture, il suffit de ne pas accrocher un tableau que nous n’aimons pas et nous évitons les expositions de ce genre d’artistes. Mais il nous est impossible de fuir l’architecture oppressante, même pour les personnes sourdes et muettes. Ces structures laides et dissonantes nous barrent le chemin. Nous avons l’obligation de vivre, travailler, passer devant elles car sont partout et protégées par la loi. Car l’architecte a un diplôme, il est qualifié donc le crime qu’il commet avec ces œuvres est légal. A contrario, la «belle architecture» celle «faîte à la main» à vue d’oeil, sans plan, n’a pas de permis, n’entre pas dans les lois de constructions. D’ailleurs il n’y a pas de maisons «faîtes à la main !». On ne laisse pas la place à la créativité de l’Homme et on se laisse mourir dans le conformisme.

L’envie des gens devrait être de construire en cachette, dans des coins perdus où ils seraient protégés par les arbres. Ce sont souvent les rêves des jeunes architectes, l’espoir de la nation, mais qui ne correspondent pas aux normes et dogmes, alors ces rêves sont détruits par ce que nous enseignons aujourd’hui en écoles d’architectures. Le long des routes nous retrouvons des structures criminelles et laides qui bénéficient de permis de construire alors que l’architecture «exemplaire et belle» est cachée comme une hors-la-loi. Pour l’auteur, se devrait être l’inverse. 

Pour lui les architectes et urbanistes doivent mettre en place trois lois primordiales:
La première, restituer à la nature les territoires que l’Homme a illégalement détruits et occupés.
La deuxième, combat contre la ligne droite, règle et équerre. La ligne droite est pour lui une utopie humaine, ligne lâche, fausse ligne. Car dans la nature il n’existe pas de lignes droites, les cristaux, rayons du soleil, la gravitation ce ne sont en aucun cas des lignes droites. 
Cette ligne conduit au dévoiement de l’Homme.
La troisième, c’est le droit à l’Homme d’habiter dans une maison créée par lui-même en fonction de ses besoins et envies. L’Homme doit être son propre architecte et maçon. 

Les architectes doivent reconnaître la maison comme un être vivant, qui grandit, change de couleur. La construction ne s’arrête pas lorsque l’architecte remet la maison aux utilisateurs. La construction et transformation de la maison commencent à ce moment. Il doit y avoir une harmonie croissante avec les besoins réels de la nature et de l’Homme. Interrompre cette croissance c’est comme stopper la croissance d’un enfant. L’architecte doit la respecter et la traiter avec la nature mais aussi avec les toits verts car ils présentent plusieurs points positifs. 

Avantages des toits verts : 
1) Procurent de l’oxygène.
2) Récupèrent la poussière, saleté de la ville nettoyées dans l’herbe avec la pluie.
3) Sentiment de protection corps et âme sous toit vert.
4) Production de «calme», crée de la tranquillité et absorbe l’écho.
5) Moins de dépenses pour la climatisation en été, régulateur de température naturel.
6) Excellente protection contre les radiations solaires, retombés radioactive et contre le feu.
7) Permet de purifier l’eau, nettoyée, filtrée par les plantes sur le toit.
8) Production de nourriture, avoir son propre jardin.
9) Lieux idéal pour déposer son humus, sol humifère.
10) Biodiversité, les papillons et autres insectes reviennent en période de reproduction.
11) Améliore le climat des villes.
12) Procurent de la nourriture pour les papillons, oiseaux, coccinelles, insectes utiles et amis de l’Homme.
13) Toit vert = toit vivant, car il y a de la vie dessus (organismes vivants).
14) Les toits verts représentent le premier vrai pas dans le traité avec la nature, même les façades peuvent être rendues à la nature. 

Le plus grand défi des architecte de nos jours est de ramener la nature dans la ville. Hundertwasser explique que ce processus ne peut passer ou doit passer par la plantation d’arbres locataires dans les appartements pour permettre le reboisement de la ville. C’est un moyen très voyant et positif de voir un arbre locataire dépasser de la fenêtre du 4 ou 10 ème étage. Ils sont un symbole, ils touchent les gens par rapport à la vue de 100 arbres dans un parc. 
Nous avons besoin d’obstacles à la beauté, ces obstacles sont des irrégularités non réglementées, mais grâce à eux, nous pourrons gagner la guerre contre les lignes droites et l’angle droit, et revenir à une vie où l’Homme est en harmonie avec la nature. Sur ces «obstacles à la beauté», il insiste sur le fait que «Si vous et votre voisin êtes créatifs, vous n’avez pas besoin de voyager loin, car le paradis est tout près.» 

Les cadeaux de la nature (Texte écrit en Mai 1990)

Pour accepter un cadeau de la nature il faut avoir du courage, de la tolérance et la bonne attitude. Il en faut aussi pour accepter la créativité individuelle spontanée de la nature comme la mousse, les mauvaises herbes et les arbres qui poussent à des endroits où l’Homme n’avait pas prévu que la nature s’installerait. Ces manifestations de la nature sont des cadeaux, l’Homme doit se montrer reconnaissant, l’honorer et ne pas les détruire comme de simple «vandales ingrats». 

Hundertwasser compare le fait de recevoir une couronne en or par le Roi, elle ne se refuse pas par pure ignorance. 
La nature nous donne des tâches spontanément, nous devons les accepter avec respect. Lorsque que nous construisons nos villes cancéreuses, nous imposons notre volonté à la nature, nous détruisons la beauté, la vie, l’univers riche qu’il y avait avant. Sur les endroits où l’Homme construit il doit y avoir plus de nature qu’avant son intervention. 

Le nain de jardin (Texte écrit en Avril 1990)= Il symbolise pour Hundertwasser le droit au rêve et la nostalgie d’un monde meilleur et plus juste. C’est un rempart contre la dictature nihiliste et sans âme de l’époque actuelle. Le nain de jardin, est comme l’ail ou le crucifix pour chasser Dracula, c’est un symbole que tout le monde devrait avoir chez lui. Il fait aussi référence à notre image du monde avant  les dieux Romains et Grecs. l’Homme avait ce don de parler avec les animaux, plantes, arbres, et il était compris car il pouvait communiquer avec eux. Aujourd’hui le nain de jardin est notre dernier vestige de cette lointaine ère primitive, il parle dans notre jardin à notre place, car l’Homme a oublié le langage de la nature. Et d’après la façon de penser d’Hundertwasser, le nain de jardin demanderait pardon à la nature pour le mal que nous lui faisons, il sert d’intermédiaire pour régler le conflit entre l’Homme et la nature. 

Il n’y a pas d’anomalies de la nature. Il y a seulement des anomalies de l’Homme (Texte écrit en Mai 1990)

Pour Hundertwasser, à chaque fois que l’Homme à cru devoir corriger la nature cela c’est traduit par une faute irréparable. Il explique cela se joue déjà à l’échelle des communes. Elles doivent se faire un point d’honneur à protéger le plus possible les paysages naturels parce que c’est l’état qui a été voulu par Dieu, ces paysages doivent être sacrés et tabous pour nous.
La régularisation ou régulation forcée des ruisseaux par l’Homme est un mal qui nous coûte cher, car nous baissons le niveau de la nappe, nous limitons l’expansion de la forêt jusqu’à 100 mètres, nous transformons les grandes zones en steppe, les marécages ne remplissent plus leur fonction d’éponge. Les ruisseaux régularisés canalisés deviennent donc des égouts et les poissons meurent. Seul les ruisseaux avec des eaux hautes et irrégulières et des arbres sur leurs rives peuvent produire de l’eau pure. Régulariser le régime d’eau et maintenir des poissons et des animaux au profit de l’Homme et de son agriculture phrase incomplète. 

La création détient les droits d’auteur (Texte écrit en Novembre 1999)

Sur chaque document produit nous retrouvons les droits d’auteurs qui indiquent que toute création est protégée contre les différentes copies, retouches. Enfreindre cette règle est une violation des droits d’auteurs, c’est une infraction criminelle. 
Les droits d’auteurs d’une création de la nature dont laquelle dépend l’humanité, s’ils sont violés alors l’enjeu est beaucoup plus important car il en dépend la vie sur terre et l’humanité. Pour l’auteur le génie génétique et le comportement de l’Homme sont les plus criminels et insidieux périls que la terre ait porté.

Il dénonce le fait qu’au lieu d’être protecteur de la vie et des richesses sur et de la terre, l’Homme joue à l’apprenti sorcier avec l’énergie nucléaire, les hormones, le poison. L’Homme devrait respecter les limites de l’écologie afin que la terre se régénère. Il est assez arrogant pour manipuler la nature et les organismes vivants qui dépendent les uns des autres alors que c’est un système entremêlé, équilibré, fonctionnel qui fonctionne depuis des millions d’années. L’Homme est venu détruire ce processus. Les êtres humains ne devraient pas transformer l’essence de la vie en ignorant les conséquences sur le long terme de ses actions, et les répercussions sur les générations futures. Nous détruisons à la fois nos origines et notre propre avenir. 

Pour Hundertwasser, chaque être vivant est une manifestation de vie sur Terre. Papillons, fleurs, arbres, du microbe à l’éléphant, tous ont une fonction bien supérieure et précise à celle de l’Homme, et cela dépasse la compréhension de ce dernier. Il ne se rend pas compte que par excès d’égoïsme il n ‘est pas tout seul à vivre sur terre. L’Homme est vaniteux car il ne réfléchit qu’en termes d’exploitation, pour ses propres intérêts. Il est entrain de tuer la puissance qui le maintient en vie, il vandalise le trésor qu’est la nature, qui rend sa vie sur terre possible. L’Homme se détruit lui-même. 

Fragments concernant mes réflexions sur l’écologie (Texte écrit en Février 1990)

Avec le texte précédent se seront les deux derniers de Freindsreich Hundertwasser avant son décès en 2000. Ce texte est en quelque sorte un résumé de tout ce qu’il a pu dire sur sa vision de l’Homme et de l’écologie. Un dernier manifeste qui ferait office d’héritage à conserver pour l’humanité et à appliquer au plus vite. Car avec le recul des années nous nous rendons compte qu’il était un précurseur, en avance sur son temps.

Pour lui, les techniciens d’aujourd’hui ainsi que les scientifiques et les experts nous conduisent vers un monde plein de problèmes, qu’eux-même ne comprennent pas et ne pourront gérer voir solutionner. L’Homme est dépendant des désastres meurtriers qu’il provoque. L’ingénierie génétique viole les lois de la nature en ignorant la fonction de la beauté des manifestations spontanées de celle-ci.

Dans notre société, il réside un mépris pour la beauté et la variété de la création alors qu’elles sont essentielles pour la survie de l’Homme sur terre. La pollution visuelle est la plus dangereuse, elle tue l’âme et l’Homme ne fait rien. Maintenant que l’Homme semble être arrivé aux limites de la croissances, pour être sauvé le seul moyen est la décentralisation, la réflexion et un ralentissement de l’évolution de la production en harmonie avec la nature. Lorsque nous nous retrouvons au bord du gouffre, la seule chose qui puisse nous sauver c’est un pas en arrière.

Nos ennemis ne sont plus les mêmes, la ligne de front de notre combat n’est plus le long des frontières politiques, religieuses ou ethniques mais bien entre les consommateurs cruels, la société de gaspillage, la nature détruite et exploitée et l’âme meurtrie des Hommes.
Le nouveau type d’esclavage réside dans notre dépendance au pouvoir central, à la monoculture, à la pollution, au gaspillage, à l’énergie nucléaire et à l’ingénierie génétique. Aujourd’hui, nous nous retrouvons devant un vide esthétique, un désert uniforme, une incapacité à créer une stérilité meurtrière. Pour Hundertwasser, le véritable illettrisme c’est de ne pas savoir créer, seule la nature peut nous enseigner la création et non les Hommes.

Pour régler ces problèmes, l’Homme doit déjà mettre un terme au conflit entre lui et ses frères et conclure un traité avec la nature qui est la seule à représenter un pouvoir supérieur dont dépend la race humaine. L’artiste compare les gouttes de pluie à un baiser du ciel et l’Homme doit rendre l’eau à la nature aussi propre qu’elle nous l’a donnée car c’est un cadeau divin. Enfin Hundertwasser termine ce texte par cette phrase qui résume ces pensées et sa vision: «Nous vivons au paradis et nous le détruisons.»