Gilles Clement

Gilles Clément est un jardinier, paysagiste, botaniste, biologiste, ingénieur horticole, écrivain et enseignant à l’École Nationale Supérieure du Paysage à Versailles. Il est le créateur de plusieurs concepts comme le «  Jardin en mouvement », le « Jardin planétaire » et le « Tiers paysage ».

Biographie

Né en 1943, il se passionne dès l’adolescence pour le jardinage. Et trouve sa vocation de paysagiste dès le lycée. En exerçant le métier il s’est rendu compte qu’il se tournait plus vers le jardinage, en étant fasciné par la nature et l’écologie, plutôt que vers l’architecture et la sculpture, comme la plupart des paysagistes.C’est à partir de 1979 qu’il enseigne à l’École Nationale Supérieure du Paysage à Versailles. Néanmoins il continue son activité de concepteur de parcs, jardins, espaces publics et privés et voyage énormément afin d’étudier la flore.

En 1986 il intervient au parc André-Citroen. Son inauguration en 1992 l’a rendu célèbre. Ainsi que l’exposition sur Le Jardin Planétaire et ses écrits réédités à plusieurs reprises, comme « La Vallée » et « Le Jardin en mouvement » font de lui un paysagiste reconnu du grand public. En 1998 il reçoit le Grand Prix du Paysage. Puis en 2012 il devient titulaire de la Chaire annuelle de Création artistique au Collège de France.

Réalisation de Gilles Clément au parc André Citroën

Travaux théoriques de Gilles Clément

Gilles Clément est l’auteur de plusieurs concepts qui ont marqué les acteurs du paysage. Ses idées découlent de l’observation qu’un paysage naturel n’est jamais figé, que les espèces et les gènes doivent circuler. En effet, Clément travaille au XXème siècle, période où l’on prend conscience de l’impacte de l’homme sur l’environnement, notamment avec la notion de « finitude », qui met en exergue le caractère « fini » de la biomasse planétaire, de son caractère épuisable, sur la manière d’aller vers un jardin écologique.

Sa pensée s’articule en trois mouvements, premièrement « le jardin en mouvement », deuxièmement « le jardin planétaire » et enfin le « tiers-paysage ». Il définie le jardin comme « une fabrique du paysage » et le jardinier comme ayant un rôle triple : l’organisation de l’espace, la production et l’entretien dans le temps. Il part du constat que jusqu’alors le jardinier était seulement un architecte du jardin, mais qu’aujourd’hui, du fait de cette prise de conscience concernant la finitude de la planète, il devient le « responsable du vivant », « le garant de la diversité dont l’humanité entière dépend ». Quant au paysage il le définie comme « tout ce qui se trouve sous l’étendue de notre regard » ou pour les non-voyants les autres sens. Le paysage c’est « ce que nous gardons en mémoire après avoir cessé de regarder. »

Le Jardin en Mouvement

Le terme de « jardin en mouvement » apparaît pour la première fois dans l’article « La friche apprivoisée » paru en 1984, mais il n’est réellement fixé qu’en 1991 sous les éditions Sens et Tonka. En effet celui-ci s’inspire de la friche. Il s’agit de laisser l’espace de vie se développer librement et d’ainsi garder toutes les espèces qui s’installent, plantes comme animaux.

Ce concept est directement inspiré de la Vallée, son propre jardin dans la Creuse.
C’est ici qu’il entame sa phase d’expérimentation, par laquelle il fait trois grandes observations qu’il lui serviront plus tard que sa conception du jardin en mouvement.
Premièrement, la nécessité de prévoir les chemins, et autre endroit n’étant pas prévu pour recevoir des plantes, dans l’optique de la possibilité de l’implantation de celles-ci. Deuxièmement, la possibilité de plantes qui peuvent apparaître sans qu’on ne le sache, du fait d’un changement dans les conditions vitales du jardin. Clément parle d’un « jardin en permanence, riche mais invisible ». Et troisièmement la capacité des espèces dites « ligneux » à survivre des accidents et des inattendus.

La nature, pour Gilles Clément, est comme un corps, et pour comme tout corps, tout être vivant, elle a besoin du mouvement. Ce mouvement c’est la « réalité du jardin » qui se forme dans « le vide architectural qui contient un plein biologique ».
Dans le jardin en mouvement, il n’y a pas de « bonnes » ou de « mauvaises » herbes, qui sont de notions attachées aux plantes par l’homme dans un but de marchandisation.

Mais le mouvement c’est également le changement du jardin au cours du temps, qui évolue en fonction des aléas de la nature. Mais ces aléas ne concernent pas que les plantes mais également toute la biomasse que contient le jardin. Ce gestion de celui-ci est élaboré de manière à maintenir et enrichir cette diversité. Pour cela il faut étudier les « modes comportementaux des végétaux considérés comme facteurs-clés au sein des écosystèmes ». Ceci s’accomplit par le biais d’une grille d’analyse comportementale, le « spectre biologique de raunkiaer », de Christen Chritansen Raukier, un botaniste danois, ce qui permet d’identifié cinq principaux types, qui sont classés par rapport à leur résistance au froid durant l’hiver.

Les deux premiers dont les ligneux, c’est-à-dire les arbres, les arbrisseaux, les arbustes etc. Ce sont des phanérophytes, des plantes « visibles » ou encore des chaméphytes, des plantes « naines ». Ces plantes là habitent l’espace de manière continuelle et sont pas conséquent fondamentale dans la conception d’un jardin.

Jardin en mouvement à Lille

Les trois suivantes sont les plantes herbacées, temporaire. Elles donnent la « dimension événementielle » du jardin. Les plantes dites « vivaces », des hémicryptophytes, elles, sont là durablement mais n’ont pas système de reproduction particulièrement actif. Il y a ensuite les plantes dites « bulbeuses » qui, elles, apparaissent peu ou sous la terre. Elles sont extrêmement résistante. Le dernier type étant les plantes « annuelles », c’est-à-dire celle qui ont un cycle court. Elles ont un « pouvoir d’animation de l’espace ».

Les plantes ne poussent que lorsque les bonnes conditions sont réunis pour que cela se fasse. Dans un jardin traditionnelle, le jardinier réuni ces conditions de manière calculer pour construire son espace comme il la prévu de le faire, selon un certain de nombre de besoin esthétique ou autre. Dans le jardin en mouvement, cela n’est le cas. Les aléas du jardin, les graines portaient par le vent ou les animaux, les plantes qui poussent au hasard du temps n’est pas un problème. Il intègre « cette dynamique naturelle, et par extension «  toutes les autres dynamiques naturelles offertes gratuitement par les « habitants » du jardin ».

Le jardin est dirigé par l’évolution constante des interactions entre toutes les espèces au cours du temps. Le jardinier doit observer plus et intervenir moins. Ce n’est pas à lui de dessiner le jardin qu’il veut mais il doit faire en sorte d’aider le mieux possible les plantes à se développer et à s’installent là où elle le décident. Pour cela il doit accroître la diversité biologique des plantes, la qualité des substrats (eau, terre, air) et éviter que ses actions soient trop visibles sur le jardin. « Faire le plus possible avec, le moins possible contre » est le principe porteur du jardin en mouvement.

Le Jardin Planétaire

Le Jardin Planétaire, vise a combiner la diversité de la faune de la planète et la responsabilisation de l’homme comme gestionnaire de celle-ci. Le jardinier doit mettre en place des plantes d’origines diverses. Ce concept est basé sur le principe de finitude écologique qui consiste à prendre conscience de la préciosité de la vie et du processus d’évolution difficile que subissent les plantes et de leur mise en péril par l’action de l’homme. Le jardin planétaire est aussi basé sur l’idée de brassage planétaire qui correspond au mélange des différentes écosystèmes et des interactions entres des espèces supposées vivre dans des habitats différents. Il fait aussi appelle à la notion de couverture anthropique : la surveillance de l’homme sur la nature. Il s’inspire de la philosophie du jardin en mouvement qui consiste a aider la nature à suivre ses capacités naturelles en la contraignant le moins possible.

La conception du « jardin planétaire » est exprimé pour la première fois dans le roman-essai Thomas et le voyageur, publié en 1996, et sera le sujet d’une exposition à la grande Halle de la Vilette entre 1999 et 2000.

Le flux qui forme qui parcourt les différents jardins du monde forment l’index planétaire. Les plantes sont liés les unes par rapport aux autres du fait de l’échange du vivant qui s’opère, que cela soit par fait via les oiseaux, les insectes, l’eau etc la terre est lié en elle-même par sa végétation. Cependant, ce flux est parfois aussi l’objet de l’homme, et plus précisément de multinationales qui marchandise le vivant. C’est cela qui est mortifère, car elles ne réfléchissent pas, ou pas assez à l’impact sur la biodiversité qu’un tel partage pourrait avoir.
Par la conception du jardin planétaire, Clément cherche à trouver un moyen « d’exploiter la diversité sans la détruire ».

Gilles Clément sur le jardin planétaire et le jardin en mouvement.

Le Tiers Paysage

Le Tiers Paysage, se sont les espaces délaissés par les hommes et dans lesquels la flore s’est développée naturellement. Ils sont, selon Gilles Clément nécessaire à la vie sur terre. Il concerne les lieux délaissés urbains ou ruraux, les espaces de transition, les friches, marais, landes, tourbières, mais aussi les bords de route, rives, talus de voies ferrées etc. De plus viennent s’ajouter les territoires en réserve. Il est nécessaire de prendre conscience de l’importance de ces tiers paysages, car l’on constate une population d’espèces beaucoup plus élevés que dans un lieux géré comme un champ. Il s’agirait de « l’espace du futur ».

Le terme « tiers-paysage » ne fait non pas référence au tiers-monde mais au tiers-état, explique Clément dans le Manifeste du tiers-paysage. Il renvoie à l’Abbé Siéyès « Qu’est-ce que le Tiers-Etat ? Tout ? Quel rôle a-t’il joué jusqu’à présent ? – Aucun ? Qu’aspire-t-il à devenir ? Quelque chose. » Il fait référence à un système « n’expriment ni le pouvoir ni la soumission au pouvoir ».
Clément vient à créer ce concept après une analyse de site de Vassivière dans le Limousin pour le Centre d’Art et du Paysage en 2003.

Le Tiers paysage est désigné par Clément comme « un fragment indécidé du Jardin Planétaire » est désigne les espaces abandonné par l’homme et laisser à leur état de nature. Les « délaissés urbains ou ruraux » tels que les bords de routes, les marais, les landes, les friches, les voies ferrées etc. Tout les espaces qui ne sont pas entretenu par l’homme et qui sont eux-même des sortes de réserves naturelles miniatures.
Mais ceci désigne aussi les réelles réserves naturelles telles que le sommet des montagnes, les déserts, les « lieux inaccessibles », ces lieux qui forment une « série d’écosystèmes libres ».

Le Tiers-paysage est réellement un projet politique. Il ouvre la porte vers une construction pédagogique à l’intention de tous qui permettrait à chacun d’accueillir une connaissance de la nature qui l’entour. D’après Clément « la façon dont on imagine le monde a une répercussion immédiate sur la façon on s’en occupe ».

L’île Derborence au parc Henri-Matisse de Lille

Principales réalisations

  • Parc André-Citroën à Paris,
  • Jardins de l’Arche à la Défense,
  • Parc Matisse à Euralille
  • Jardins de Valloires à Argoules
  • Jardin du château de Blois
  • Jardin du domaine du Rayol
  • Jardin du musée du quai Branly à Paris
  • Jardin de l’École normale supérieure de Lyon
  • Parc du Château de Châtenay-en-France
  • Jardin du lycée d’enseignement agricole Jules-Rieffel à Saint-Herblain

Bibliographie

  • « La friche apprivoisée », Urbanisme, n° 209, septembre 1985
  • Le Jardin en mouvement1991
  • La Vallée,, 1991
  • Le Jardin en mouvement, de la Vallée au parc André-Citroën 1994
  • Éloge de la friche 1994
  • Le Jardin romantique de George Sand 1995
  • Contributions à l’étude du jardin planétaire. 1995
  • Re-Cueille : L’enclos et la mesure , 1996
  • Thomas et le Voyageur,1997
  • Traité succinct de l’art involontaire 1997
  • Les Libres Jardins de Gilles Clément 1997
  • Une école buissonnière 1997
  • Le Jardin planétaire 1997
  • Les Portes 1998
  • La Dernière Pierre, 1999
  • Terres fertiles 1999
  • Les Jardins planétaires 1999
  • Les Jardins du Rayol, 1999
  • Voyage au Jardin planétaire,1999
  • Eloge des vagabondes. Herbes, arbres et fleurs à la conquête du monde 2002
  • Herbes ou ces plantes qu’on dit mauvaises 2003
  • La Dernière Pierre 2003
  • La Sagesse du Jardinier 2004
  • Manifeste du Tiers-paysage,2014
  • Jardins de lettres 2004
  • Euroland 2005
  • Le Dindon et le Dodo, 2005
  • Les Nuages, Éditions Bayard Culture, février 2005
  • Manifesto del Terzo paesaggio, 2005
  • Gilles Clément, une écologie humaniste 2006
  • Où en est l’herbe ? Réflexions sur le jardin planétaire . 2006
  • Environ(ne)ment. Manières d’agir pour demain 2006
  • Le Belvédère des lichens 2007
  • Nove Giardini Planetari, 2007
  • Toujours la vie invente, 2008
  • Il Giardino in movimento. Dalla vallata al giardino planetario,mai 2008
  • Neuf jardins. Approche du jardin planétaire 2008
  • Planetary Gardens. The Landscape Architecture of Gilles Clement 2008
  • Il giardiniere planetario 2008
  • Sur la marge (avec François Béalu), Paris, Michèle Broutta, 2008
  • Le Salon des berces,2009
  • Dans la vallée. Biodiversité, art, paysage 2009
  • Elogio delle vagabonde. Erbe, arbusti e fiori alla conquista del mondo, 2010
  • Une brève histoire du jardin 2011
  • Breve storia del giardino, Macerata, Quodlibet, 2012
  • Jardins, paysage et génie naturel,2012
  • Belvédère. Points de vue sur le paysage, 2013
  • Les Imprévisibles 2013
  • L’Alternative ambiante 2014

Sources