Le mot « Harshnoise » se compose des mots anglais « harsh » (qui veut dire dur, cassant, sévère…) et « noise » (le bruit), c’est donc un bruit qui se veut encore plus violent que le bruit lui-même.
La harshnoise est un sous-genre musical qui se voit comme l’héritier de la musique bruitiste des années 20, décrite par Luigi Russolo dans son manifeste L’Art des Bruits publié en 1913. La harshnoise est une réinterprétation moderne du mouvement bruitiste. Russolo prônait l’utilisation des bruits de l’environnement de son temps (machines, industries…), la harshnoise suit le même chemin mais utilise ce qui a été inventé depuis lors : l’électronique, les nouvelles technologies, les nouveaux instruments, afin d’ouvrir son champ sonore plus loin encore que Russolo.
Dans les années 80, la musique industrielle se développe dans les milieux underground.
Il suit un chemin parallèle aux mouvements industriels, dans sa recherche innovante de nouvelles sonorités, et la prise d’importance du bruit.
La Harsh Noise en général est le pan le plus extrême de la musique bruitiste (la noise), comportant des bruits particulièrement saturés. La Harsh Noise se veut aussi comme une épreuve, un défi lancé au spectateur. La démarcation de la harsh noise d’avec les autres styles de musique expérimentale (comme l’électroacoustique ou le drone par exemple) vient de la saturation extrême, qui donne un son carrément violent, à la limite de l’audible . Il n’y a généralement pas de partie rythmique discernable, de même qu’il n’y a pas réellement de structure pré-établie.
Au niveau des instruments le « performer » peut utiliser à peu près tout ce qui fait du bruit, autant des instruments dits « classiques » (basse, guitare, percussion…) que des pédales d’effets, des machines, des thérémines, et toutes sortes d’objets (caddies, marteau piqueurs, marteau…et bien d’autres).
La scène pionnière du mouvement : le Japon
De toutes les scènes Harsh Noise, celle du Japon passe pour être la scène mère du mouvement, ayant même donné son nom au sous-genre qu’elle représente : la Japanoise. Elle a rayonné à partir des années 90 partout dans le monde, portée par des groupes fondateurs tels que Hanatarash, Hijokaidan et Incapacitants
Chaine du Harshnoise
https://www.youtube.com/@harshnoisechannel7090/videos
Pour Hiroshige, le frontman/leader de Hijokaidan, la noise est comme du free jazz où le bruit devient musique. Il a tourné en dehors du Japon, sur la plupart des continent. Il différencie ses fans qui ont écouté Hijokaidan chez eux et ceux qui ont assisté aux performances, les live ont une importance toute particulière dans ce sous genre musical, l’improvisation et la présence scénique y prennent une place cruciale, les lives ne se ressemblent pas et sont d’une richesse inégalée. Les performers peuvent se rouler à terre , vomir, ou même uriner, projeter de la nourriture et des projectiles en tout genre (d’ailleurs ont été retrouvées des factures destinées à Hanatarash après qu’ils aient cassé la scène, de lourds dégâts ont été causés et la plupart des salles refusaient de les laisser jouer). A noter que certains groupes sont aussi complètement figés. On remarque donc un lien fort entre performance sonore et performance scénique.
La scène française
On retrouve cependant de la harshnoise partout dans le monde, et en France notamment. La scène française est représentée par des formations comme Vomir, Ecoute la Merde ou encore Clougnioule. Bien sur, en tant que mouvement underground et généralement mal accepté par les médias de masse, la scène française reste discrète pour le commun des mortels, avec assez peu de lieux de représentations et de publicité, mais qui existent tout de même.
Près de Montpellier, outre Vomir qui est un pionnier du mouvement harshnoise en France (le leader a d’ailleurs publié un ), on retrouve le duo explosif F.A.S.P.
Les sous-genres
De plus il y’a des subdivisions au sein même du genre, donc des sous-genres qui ont émergé au fil du temps. Déjà des sous-genres d’origine géographique, et même si cela n’influe pas clairement sur le son, il y’a tout de même une patte reconnaissable, tels la japanoise, la coreanoise, etc… Comme sous-genres, on retrouve aussi le « cut up », qui est de la harshnoise réalisée de manière épileptique, avec des cassures hyper rapide, et aussi on trouve la Harsh Noise Wall (abrégée en HNW) : inventée et popularisée par Vomir (qui est de Montpellier), elle se définit comme un mur sonore indestructible, c’est de la harshnoise statique, il y’a un bruit continu et très peu de variations. D’ailleurs le groupe Vomir a rédigé un Manifeste du Mur Bruitiste, où il explique sa démarche.
L’influence de la harshnoise dans le paysage « musical »
La harshnoise a eu une influence à la fois notable mais difficilement discernable sur certains autres style de musique. Il y’a tout de même eu apparition de genres hybrides : l’exemple le plus parlant est le goregrind-harshnoise (appelé gorenoise ou noisegrind). Ce style mélange les instruments et les structures classiques de la musique grindcore (sous-genre extrême à la croisée du metal et du punk hardcore) et couple ceci à un son volontairement « noisy », ce qui noie l’ensemble dans une violence difficilement supportable. Le représentant le plus emblématique de ce sous-genre reste Last Days Of Humanity, accompagné d’autres formations importantes comme Urine Festival ou encore Biocyst…
https://www.youtube.com/watch’v=QBP8imm03Mo
La harshnoise est-elle musique ‘
On peut rapprocher la harshnoise de la musique, dans la mesure ou elle en suit les fonctionnements classiques : ainsi on parle de groupes, ou de formations, qui délivrent des performances, autant dans des concerts (donc des tournées) que sur support physique (avec une préférence pour la réalisation de cassettes, qui suivent le fonctionnement album/démo/single). Ces groupes sont produits par des labels indépendants et généralement très spécialisés (Zombi Attack Records, Décimation Sociale Production…). Il existe même des festivals accueillant des formations harshnoise, on peut penser notamment au « HNW Fest » de Montreuil, au « Bruitisme » à Nancy, au « Zasavje Noisefest » en Slovénie…
Ce microcosme permet aux artistes d’interagir souvent entre eux, généralement l’éthique de non-profit est suivi par tous, et l’échange de cassette est fortement pratiqué, à l’instar des scènes punk et des styles les plus underground du rock et du metal. Mais légitimer la harshnoise en la faisant coller aux conceptions populaires que l’on se fait de la « musique » serait premièrement rabaissant (cette discipline peut très bien s’apprécier sans qu’on ait besoin d’y chercher des parallèles systématique avec des domaines préexistants admis du grand public) et demeurerait également un désaccord idéologique avec de nombreux groupes et protagonistes de la scène harshnoise, qui déclareront volontiers composer du bruit, mais pas de la musique. Il ne peut y avoir une définition claire de ce style, ce serait beaucoup s’avancer.
https://www.youtube.com/watch’v=L7p_C9OlN40