Lygia Clark

Lygia Pimentel Lins est une artiste brésilienne née le 23 octobre 1920 à Belo Horizonte et décède à Copacabana en 1988.

Peintre et sculptrice contemporaine, elle s’installe à Rio de Janeiro en 1947 et s’initie à l’art avec Burle marx.
De 1950 à 1952, Lygia Clark vit à Paris où elle étudie avec Arpad Szènes, Dobrinsky et Fernand Léger.
De retour au Brésil, elle est l’une des fondatrices du « Grupo Frente » dont Ivan Serpa est à la tête.
En 1959, elle intègre l’exposition du « Grupo Neoconcreto » qui signifie en français « Groupe Néo concret », dont elle est également la fondatrice.

Il faut dire que l’art contemporain est très bien accueilli au Brésil, ce qui lui vaut une renommée auprès du public. La dictature de 1964 met fin à ce cadre intellectuel fécond.

Elle quitte la peinture peut à peut et se livre à des expériences avec des objets tridimensionnels. Nous pouvons envisager sa démarche artistique comme un détachement progressif du « cadre ». Le cadre du tableau mais aussi le cadre mental, celui qui fixe les limites de l’art plastique.

Les séries des Contra-relevos (contre-reliefs) et des Casulos (cocons), sortes de peintures dépliées, marquent le passage à la troisième dimension. Les Bîchos (bêtes ou animaux), nouvelle série de travaux datant du début des années 60, ne sont plus fixés au mur et n’ont ni face ni envers.
Ces sculptures sont composées de plaques de métal articulées par un système de charnières. Le Bicho n’est pas destiné â être exposé sur un socle.

Caranguepo, Lygia Clark

Le spectateur est invité à le saisir et à lui donner des formes chaque fois différentes par le jeu des charnières. Le nombre de positions possibles semble à première vue illimité. L’artiste le décrit ainsi, « C’est un organisme vivant, une oeuvre essentiellement active, dans la relation qui s’établit entre vous et l’animal, il n’existe pas de passivité, ni de votre part, ni de la sienne. » Elle repense donc la place du spectateur dans le musée, il n’est plus passif mais actif. Lygia Clark met en avant un aspect ludique de ces sculptures et refuse de voir son art immobile, mystifié comme cela pourrait être le cas dans un musée traditionnel.

Bicho de bolso, Lygia Clark

Les même années elle enseigne les arts plastique à l’Institue National d’Education des Sourds, elle travail essentiellement sur l’exploration sensorielle dans des travaux comme « A casa é o corpo » qui signifie  » La maison est le corps ».. Il s’agit d’une rupture majeure avec ses travaux précédents et l’histoire de l’art contemporain: la mise en place des propositions.
L’accent mis sur l’activité et la participation du spectateur, la volonté de réaliser une oeuvre qui ne révélerait toute sa signification que lorsqu’on la touche et la manipule, voilà des idées qui resteront à la base du développement ultérieur de l’oeuvre de Lygia Clark.
Elle compromettra l’objet à sa manière: en ouvrant l’objet d’art au monde environnant et à l’expérience du sujet, et en questionnant sa valeur fétichiste.
En effet, les objets, masques et costumes que crée Lygia Clark durant les années 60 sont composés de matériaux communs que chacun peut se procurer à peu de frais (cailloux, plastique, élastiques etc.), sont faciles à faire et destinés à de simples expériences corporelles.
Ainsi, Pedra e ar (Pierre et air, 1966), le spectateur est invité à prendre entre les mains un sac en plastique légèrement gonflé sur lequel repose une pierre. Celle-ci suivra les mouvements des mains sur le sac.

Pierre et air, Lydia Clark

Lygia Clark a vécu à Paris de 1970 à 1976 où elle enseignait à la faculté d’Art Plastique, la Sorbonne.
Ses cours étaient de vrais expériences collectives appuyées sur la manipulation des sens, transformant ses élèves en objets.

Lygia Clark transforme le spectateur passif en participant actif, l’objet d’art fétiche n’existe plus pour elle, ni d’ailleurs l’artiste en tant que créateur doté de capacités expressives uniques.
En outre, son travail sur le corps ne s’accorde pas vraiment avec l’art de la performance et le body art, en plein essor à l’époque: Lygia Clark ne veut en aucun cas se voir placée au centre de l’activité artistique et se considère comme une personne offrant des situations et des propositions à d’autres, en vue d’expériences sensorielles et psychiques.

C’est peut-être ce radicalisme qui a fait passer Lygia Clark, vers la fin des années 70 et après son retour au Brésil, en marge du monde de l’art.
Ses activités évoluent vers la psychothérapie, sans susciter pourtant beaucoup d’intérêt auprès des psychologues et psychiatres.
Sa dernière série d’oeuvres, les Objetos relacionais (objets relationnels) a été conçue en vue de rencontres thérapeutiques individuelles.
Lors de celles-ci, Clark impose au corps du patient le contact de ses objets relationnels (différents coussins, sacs en plastique, pierres…) ou de ses propres mains, afin de déclencher chez lui un retour Imaginaire à un stade préverbal, à une forme de connaissance incarnée qui resterait verbalement indécelable. Finalement le but artistique est mis de côté face à la recherche psychologique dans ses oeuvres.

Lygia Clark poursuit une quête plastique, poétique, philosophique et psychologique à travers les différents supports explorés, en repoussant constamment les limites institutionnelles ou physiques de l’art.

Après la mort de l’artiste, l’oeuvre de Lygia Clark a bénéficié d’une revalorisation progressive.
Notre pays a sensiblement contribué à faire reconnaître Lygia Clark comme l’un des personnages-clé de l’art contemporain international: en 1992 déjà, le public a pu voir certaines pièces lors de l’exposition América.
Plus récemment, quelques oeuvres ont été présentées dans le cadre de l’exposition L’informe (Paris, 1996) et de la Documenta X (Kassel, 1997). L’exposition présentée au Palais des Beaux-Arts est la première grande rétrospective qui lui soit consacrée.
Elle a été organisée par la Fundacio Antoni Tàpies à Barcelone et présentée ensuite à Marseille et à Porto. Elle donne un aperçu complet de l’oeuvre de Lygia Clark des premiers tableaux et reliefs aux Objetos relacionais.
Les visiteurs sont invités à manipuler les objets ainsi qu’à assister ou à participer aux diverses expériences. Des visites actives sont prévues pour les groupes d’enfants et d’adultes.