Mike Kelley est un artiste Américain multiformes, né en 1954 à Detroit et décédé en 2012 à Los Angeles, devenu un incontournable du XX et XXI siècles, sur la scène artistique américaine comme internationale.
« J’aime lorsque l’interprétation devient un problème »
Mike Kelley
Le travail artistique de Mike Kelley passe par une diversité de moyens d’expression, notamment les performances, les installations, la vidéo, la photographie et la peinture. L’artiste affectionne tout particulièrement l’utilisation d’objets récupérés, qui peuvent être chargés de significations diverses. Il intègre par exemple régulièrement des peluches dans ses créations.
Ce qui ressort dans son approche artistique, c’est la fusion habile de différents supports. Kelley mélange de manière ingénieuse performances, vidéos et sonorités captivantes pour créer des expériences artistiques qui stimulent à la fois les sens et l’intellect. Ses œuvres se déploient dans une multitude de formes, allant des peintures aux sculptures, en passant par les photographies, les éléments sonores, les vidéos et les performances en direct.
Ses explorations artistiques prennent leur source dans des thématiques variées et riches. À travers son approche « maximaliste », Mike Kelley cherche à rendre son art accessible à un large public. Il intègre souvent des éléments biographiques personnels, créant ainsi une connexion émotionnelle avec le spectateur.
Parmi les sujets centraux abordés par Kelley, on retrouve le traumatisme, la remise en question de la conformité sociale et une réflexion sur le rôle de l’éducation dans la formation de l’individu. Ces thématiques sont abordées de manière comique et tragique, et parfois avec un soupçon subtil de sarcasme. Cette combinaison crée des œuvres qui invitent à la réflexion tout en suscitant des émotions et des réactions variées chez les spectateurs.
Biographie et caractéristiques du travail de l’artiste
Mike Kelley débute une formation artistique, entre 1972 et 1976, à l’Art School (Université du Michigan) et s’imprègne ainsi de différents courants artistiques et de la culture underground de sa ville natale. (Bandes dessinées, musique alternatives etc.) IL créera par ailleurs un groupa artistique « anti-rock » nommé Destroy all Monsters avec Jim Shaw, Cary Loren et Lynn Rovner.
Son parcours artistique le déplace vers Los Angeles vers les années 1970 puisque il étudie dorénavant au « Californiat institut of arts » ou il rencontrera d’autres jeunes artistes bouillonnant comme Raymond Pettibon, Paul McCarthy , Catherine Opie, Jennifer Pastor, Charles Rayou encore Jason Rhodes. La rencontre avec Tony Oursler, avec qui il fonde le groupe The Poetics (en 1977) une œuvre protéiforme (mêlant peintures, sculptures, photographies, sons, vidéos et performances), lui apportera ce coté multiforme qui lui sera bien personnel jusqu’à la fin de sa vie. Déjà, cette œuvre s’interrogée sur des thèmes récurrent dans le travail de Kelley comme l’anticonformisme, les troubles sexuel et psychologiques.
Petit à petit il développe alors son travail personnel, d’abord autour de la performance et de la production de pièces musicales puis élargit ensuite ses mediums vers le collage l’assemblage, l’installation, la peinture, la sculpture ou la vidéo.
Destroy all Monster
Il instaure un système esthétique fondé sur l’assemblage d’éléments contraires, impopulaire, ramassés, trouvés, industriels ou artisanales. Les objets en tout genre disposent alors de toute son attention ce qui crée une confusion dans ses œuvres. Le désordre que crée se fourmillement d’objets vas à l’encontre des artistes conceptuels Californiens de l’époque. Un changement que souhaitait l’artiste puisqu’il refusait lui-même cette conception de l’art qu’il considérait « réductrice ». En ce qu’il le concerne l’art ce devait « Maximaliste », c’est-à-dire ouvert à tout les pans de la culture. Il faut aussi savoir que Kelley glissait régulièrement au sein de ses œuvres une dimension autobiographique mais qu’il ne voulait pas « prédominant », disait il, les traitant de manière « égal à la fiction, mélange d’éléments fictifs ou d’éléments historiques ».
Chaque œuvre de l’artiste évoluent autour d’un thème, d’un univers, avec différents mediums, jusqu’à ce que celles-ci deviennent personnelle et créent bien souvent un visuel chaotique et brouillon. Celles-ci sont en quelque sorte emblématiques de notre société, ou l’individu doit se conformer sinon se perdre, tout cela dans un visuel souvent brutal, désinhibé, violent, en proie aux pulsions face aux réflexions théoriques, philosophiques, politiques ou sociales.
Ont peut parler de Mike Kelley comme un artiste omniprésent, puisqu’en plus d’être un artiste reconnu il est commissaire et enseignant. De plus il a envahit la scène américaine et toutes les nouvelles générations d’artistes en créant des ponts entre arts, artisanat, travail, et code culturel. Il livre, entre anarchie et tradition populaire, des œuvres complexes, chaotiques, riches mais déroutantes, de l’ordre de « l’esthétique du ratage » mêlant humour et mélancolie.
Parcours et thématiques abordées
Le langage des objets :
Mike Kelley se fait connaitre dans les années 70 par ses nombreuses performances-installations ou la dimension sonore est omniprésente. Il met en scène différent objet aux formes élémentaires et sans connotations particulière jouant le rôle d’amplificateur du langage, ou l’on retrouve une fois de plus cet intérêt pour le son et la musique. Monkey Island est une autre des ses performance-installations, né suite a l’observation de singe enfermé dans les cages d’un zoo. En 1977, Kelley propose une performance-installation appelé Performance Related Oject dans laquelle il fait intervenir création sonore et humour notamment par le biais d’installation d’objets intriguant sur une scène en bois. Cette œuvre construit alors un paysage de science fiction étonnant établissant de nouvelle relation entre les éléments.
En 1978, il crée d’autres objets-sculptures comme Birdhouse ou Catholic Birdhouse et Title Drawing, ici sur le thème du nichoir pour oiseaux décalés à forte teneur humoristique, sarcastique et moqueur sur la création artistique de son temps. (Moqueur face au minimalisme).
Des œuvres composites
Plato’s Cave – 1985-1996
Au début des années 80, Kelley s’intéresse à l’appartenance, par le « s » utilisé dans le langage anglais pour formuler l’idée de possession. Ainsi s’explique les œuvres Plato’s Cave, Rothko’s Chapel, Lincoln’s Profile, conjuguant textes, installations, peinture, objets, et performances. Ces travaux lui permettent de s’attaquer à la grande histoire des Etats Unis et à la question du pouvoir. Par ailleurs, on retrouve ici l’influence de la bande dessinée et la culture populaire, par la superposition de textes et des peintures.
Des peluches et des hommes
Une autre série d’œuvres, des années 1990, rendra célèbre l’artiste. Half a Man marquera les esprits car l’œuvre dénoté à coté des autres genres artistiques de l’époque. Cette série était consacré à l’association d’objet divers, cette fois beaucoup plus connoté que la série des années 70, comprenant des peluches, des poupées, des sacs poubelles et des dessins de partie du corps comme le cœur, les poumons ou les intestins. Cette série introduit un nouveaux registre chez Kelley, celui de l’univers de l’enfance mais proposer aux adultes et non aux bambins. Ces mises en scène tragique et comique, laisse place a un certain malaise, car la peluche est peut être l’un des objets les plus connoté, surtout par une valeur affective. Cette confusion entre humain et non humain, enfance et adulte fut certainement l’élément déclencheur du scandale en 1990 de l’opinion public.
Education et traumatisme
D’autres thèmes très chers à l’artiste se développent au cours des années 90. L’éducation et le traumatisme prennent petit à petit place dans son travail. Educational Complexe de 1995 regroupe ces deux thèmes, dans une maquette blanche de 1 m 46 sur 2 m 44 représentant la somme des établissements fréquentés par l’artiste. Certaines parties de celle-ci laissent apparaitre trou et surface lisses, mise en image de la perte de mémoire, du « non souvenir ». Témoignages de souvenirs refoulés, concernant des lieux ou se sont produites des expériences traumatisantes. Cette mise en 3D permet a Kelley de donner a voir ce fonctionnement de la mémoire. C’est aussi l’une des ses œuvres qui met les plus en avant son autobiographie, même si il le revendique comme relevant du collectif. Dans les années 2000 Mike Kelley développe un nouveaux corpus, un « sous-thèmes » autour des activités extrascolaire. Il s’agit pour lui de s’attaquer à ces spectacles pour enfants, de marionnettes, de fêtes déguisées et autres rituels collectifs qui sont pour lui autant de zones traumatiques potentiels.
La grande installation Nativity Play nait ainsi d’une photographie de trois jeunes enfants déguisés en petits anges pour ce qui est sans doute un spectacle de fin d’année proposé par l’école. Mike Kelley refait la photographie en video avec une bande son étrange qui nous transmet le malaise certainement perçu par les enfants qui vivent ici, dans l’indifférence générale, ce que l’on pourrait appeler un traumatisme ordinaire.
L’humour noir est au rendez-vous, mais ne permet pas d’échapper à l’angoisse qui s’installe à mesure que la fiction progresse.