Pierrick Sorin est un artiste vidéo, metteur en scène et scénographe français. Il est né à Nantes en 1960. Après le lycée, en 1983, il entre à l’Ecole Régionale des Beaux Arts, puis obtient en 1988, son diplôme de l’Ecole Nationale des Beaux Arts de Nantes.
Plus jeune, il était déjà passionné par l’art de façon générale : bande dessinée, photographie, écriture, théâtre, mais en particulier par le cinéma et surtout celui des années 1920. C’est ainsi qu’à l’âge de quatorze ans, il réalisa son premier court-métrage en Super 8, avec la caméra de son père, où il met en scène un suicide.
Depuis ses débuts dans les années quatre-vingt, Pierrick Sorin, après s’être essayé à la bande dessinée et à la photographie, choisit l’image animée et le son, se mettant en scène dans des petits décors de sa fabrication et dans les situations les plus burlesques et fantasmatiques. Pierrick Sorin manie la vidéo en jetant un regard caustique et poétique sur les travers de la société.
L’univers de Pierrick Sorin est peuplé de références aux arts de la scène et du spectacle qu’il récupère et détourne au profit de son univers amusant et grinçant. Il est un de ceux qui popularisent la vidéo au début des années 90. Il sait multiplier les niveaux de lecture de ses films et dispositifs vidéo, ce qui lui permet d’être visible par un large public tout en conservant un point de vue critique et désabusé sur le monde contemporain. Au delà de l’abord plaisant, ludique et cocasse de ses oeuvres, qui constitue sa marque de fabrique, il détourne les images dont est peuplé notre imaginaire commun.
Il a donc eu souvent recours à un savoir faire, et à des instruments ; dans l’ouvrage de Pierre Giquel, Pierrick Sorin, de la collection Hazan (page 12), il nous explique justement ses débuts, et son engouement pour l’art vidéo : » Un jour, à Noël, on m’a offert un Micinex : un projecteur en plastique vert pomme, avec lequel je pouvais visionner des petits films en actionnant une manivelle. J’avais des « Charlot », des « Laurel et Hardy », des extraits de Western avec des cow-boys qui se tapaient sur le museau dans des saloon. L’appareil répondait aux mouvements de ma main : je pouvais à ma guise, accélérer les séquences, les ralentir, les projeter en marche arrière. C’était bien, » (Propos que Pierre Giquel a repris du Catalogue de la XXIVe Biennale de Sao Paulo en 1998).
Pierrick Sorin met en jeu dans son travail le regard du spectateur qui alterne entre éclat de rire et prise de conscience inquiète. Il passe à la moulinette de sa caméra vidéo la banalité du quotidien, les nouvelles technologies, le cinéma et la télévision, la psychanalyse et avant tout l’art contemporain et la figure de l’artiste. Il se met lui-même en scène dans les situations les plus improbables dans ses « auto filmages ». Il utilise et manipule les codes et les stéréotypes de la production audiovisuelle dans ses vidéos. Le cinéma muet burlesque ou les films de Jacques Tati, de même que les émissions d’aujourd’hui sont pour lui des sources d’inspiration ou de répulsion. Scénariste, metteur en scène, acteur, décorateur, caméraman, il joue tous les rôles dans ses productions à petit budget.
L’artiste est donc au centre de la représentation et se livre aux occupations les plus intrigantes et dérangeantes. On retrouve les ingrédients classiques du produit de divertissement : les déguisements, le comique de répétition et le gag de music-hall. Tout cela concourt à une impression de familiarité que renforce le caractère extrêmement ordinaire des situations (la vie quotidienne, l’espace domestique réduit à sa plus simple expression).À la manière d’un acteur burlesque du cinéma muet, il interprète des actions malchanceuses (renverse un bol de chocolat sur le scénario de son prochain film), subit des agressions « tartes à la crème, aïe aïe aïe », ou en commet (botte les fesses des visiteurs de ses installations), il fait comme il dit « le sorin », un personnage qui rate tout, sauf ses attaques perfides contre ses partenaires dans le milieu de l’art : le critique, le visiteur, le galeriste, le confrère.
Pierrick Sorin a su créer un univers profondément personnel et humain. Pour piéger l’oeil du spectateur, il s’est fait une spécialité de l’utilisation des techniques vidéo, qu’il met en scène dans ses « petits théâtres optiques », dispositifs de sa fabrication qui permettent l’apparition, tels des hologrammes, d’images virtuelles au milieu de décors miniatures et d’objets réels. Ces installations mettent le spectateur devant de petites scènes où se déroule l’existence tragi-comique du personnage qu’il s’est inventé, décliné en de multiples tailles et formats.
Il est une sorte de anti-héros confronté aux contraintes domestiques et sociales, une sorte d’inadapté. Le trucage utilisé par Sorin est toujours pris dans une double fonction : produire de l’illusion et montrer ses principes de production. Offrir simultanément de l’enchantement et du désenchantement.
Cet effet visuel est obtenu par l’utilisation d’un miroir sans tain qui reflète une image dont la source est hors de vue du spectateur. Le miroir permet de voir simultanément le reflet de cette image et le décor réel situé derrière ce miroir.
Afin de définir cet artiste, je reprendrais une citation de son court-métrage « Pierrick Sorin by himself », dans lequel il présente l’une de ses expositions : 261 boulevard Raspail, Paris XIVe : « Pierrick Sorin, artiste vidéaste qui réalise des vidéos pleines d’humour, et d’ironies, mais des vidéos qui sont également sous tendues par des sentiments plus sombres».
Analyse de son travail à travers plusieurs œuvres
Pierrick Sorin, un auto-vidéaste particulier
Nous allons tout d’abord essayer d’analyser le travail de Pierrick Sorin, à travers plusieurs de ses œuvres. Dans un premier temps, nous verrons que Pierrick Sorin, est un auto-vidéaste particulier.
En effet, nous pouvons voir qu’il est à la recherche de soi, à travers sa solitude, puisque Pierrick Sorin est le seul objet et sujet au centre de ses vidéos, comme par exemple dans « C’est mignon tout ça », vidéo qui possède toutes les caractéristiques de l’auto-filmage : on ne voit qu’un seul écran, un scénario qui dévoile l’intimité du personnage, de l’artiste que l’on est en train de regarder, ainsi qu’une répétition de la vidéo.
On peut voir Pierrick Sorin qui porte une paire de bas et des chaussures à talon haut, il est à quatre pattes, le nez collé à l’écran qui diffuse en direct l’image de ses fesses et de sa main en train de les caresser. Cette installation lui permet de voir ce qu’il ne pourrait pas voir en tant normal. Puis on voit un autre plan : l’artiste qui regarde par un trou, qui est en fait son pouce et son index refermés en rond. Et ce montage se répète en boucle, sans arrêt.
Cependant il est loin du narcissisme, comme le dit Jean Marc Huitorel, dans l’ouvrage »Pierrick Sorin » de Pierre Giquel ( collection Hazan, page 15) : « Solitaire Sorin, mais paradoxalement pas narcissique, ou si l’on veut être plus précis, pas narcissique pour lui-même, plutôt narcissique collectif, de notre narcissisme à tous. » En effet, cette image de soi qu’entretient Pierrick Sorin, nous amène à nous interroger sur soi, dans une quête identitaire, où le spectateur est lui aussi amené à s’interroger sur lui-même. Son œuvre est donc une sorte « d’ autoportrait collectif « , où il nous dévoile son intimité, mais aussi à travers un second corps, à travers ses doubles, qu’il interprète donc lui-même. En effet il s’attribue des rôles pour mieux se comprendre, se chercher, s’analyser, comme une sorte de schizophrène, qui l’aide paradoxalement à mieux se définir.
Par exemple dans son court-métrage « Pierrick Sorin by himself », ou il présente l’une se des expositions : 261 boulevard Raspail, Paris XIVe, ou il est le lui-même le présentateur, et donc « interviewé »; et dans « Cinq rêves dans un joli parc », où il joue le rôle de ses parents et de lui-même. Mais les vidéos qui dévoilent le plus cette ambiguïté, c’est lorsqu’il se met en scène avec son frère Jean loup, qui au final, se révèle être Pierrick Sorin. L’exemple de la vidéo « Pierrick et Jean Loup font de la musique« , le montre bien, dans laquelle on peut voir ces deux personnages essayant de créer une composition musicale avec leurs corps et des instruments de cuisine.
On peut les retrouver aussi dans la vidéo « Pierrick et Jean Loup et les jeux vidéos », où tout deux fabriquent un jeu vidéo de façon simpliste mais inventive : après s’être filmés, ils visionnent cette vidéo sur une télévision et essayent de toucher leurs têtes en balançant des œufs sur leurs images.
L’image de soi, dans les vidéos et courts-métrages de Pierrick Sorin est assez complexe, certains parlent de « fragilité » de soi dans la solitude, comme le fait Mathilde Roman dans son essai « Art vidéo et mise en scène de soi ».
Par ailleurs dans son travail Pierrick Sorin inscrit aussi la difficile gestion du double, qui comme le fait son « faux frère » Jean loup qui le malmène, tout en s’interrogeant sur la pluralité de soi. L’image du corps est donc elle aussi remise en question, on peut voir dans ses œuvres des « petits Sorins », qui sont des hologrammes qui subissant un effet de miniaturisation, et représentant ainsi des petits clones de l’artiste, et paraissant incontrôlables.
On peut les voir prendre une douche, dans l’installation vidéo « Les Douches », où les « petits Sorins » sont donc sous forme de projection vidéo, ou bien encore en train de danser dans un aquarium avec des poissons rouges, dans son installation « Chorégraphie d’aujourd’hui ». Il manipule alors sa propre image, dans une quête introspective produisant néanmoins une certaine étrangeté, ainsi qu’une certaine démesure.
Comme nous pouvons le constater dans son installation vidéo « It’s really nice », qui comporte trente deux écrans, où l’on peut voir des visages déformés, il a surement du utiliser la technique du morphing, ces visages ont de plus des énormes yeux complètement exorbités. Ces visages regardent le spectateur, qui est lui-même en train de les regarder, créant ainsi une certaine mise en abîme, un effet de miroir, afin peut être de mieux prendre conscience de notre condition de spectateur; et plus généralement d’humain, dans un souci d’identification peut-être.
Tout cela suggère ainsi un travail d’expérimentation, un travail novateur, où Pierrick Sorin pose de nombreuses questions, notamment sur la place de l’artiste, qu’il fait évoluer, se plaçant en tant que artiste de la performance, puis que ces œuvres sont des sortes de performances, réussissant à jouer plusieurs rôles, plusieurs personnes, ayant des caractères différents, ré interrogeant ainsi les codes de l’art vidéo. C’est dans son court-métrage « Pierrick Sorin by himself » qu’il se définit en tant que performer ; cependant ce statut limite la rupture entre l’art et la vie, et en les réconciliant en quelque sorte dans une recherche du vrai, où la place de l’artiste et celle du spectateur sont redéfinis.
Par exemple dans les séries de vidéo qu’il réalise avec Jean loup, on a l’impression qu’il est réellement son frère, certes la ressemblance est frappante, mais ils n’ont pas les mêmes habits, la même allure, alors le spectateur est lui aussi amené à réfléchir sur la réalité à travers des situations absurdes, et souvent dans une volonté de mise à distance, qui cependant ne nous aide pas de suite à séparer le vrai du faux. Et au final, avec toutes ces images, tous ces personnages, nous arrivons de moins en moins à cerner le vrai du faux, et le spectateur reste à la recherche de la vérité, dans un souci de réalisme où il ne sait plus où il se trouve.
Une représentation théâtrale, entre réalité et fiction
En effet, le travail de Pierrick Sorin est une sorte de représentation théâtrale, se plaçant ainsi entre fiction et réalité.
Tout d’abord nous pouvons constater que dans ses vidéos, nous nous retrouvons dans une représentation du quotidien détourné. Il filme son quotidien de façon autobiographique, et plus précisément des événements qui semblent banals et habituels, qu’ils explorent comme nous pouvons le constater dans son installation vidéo « Les douches », ou comme nous l’avons vu précédemment, des « petits Sorins », sur fond de miroir, prendre leur douche dans une fontaine à eau intégrée. Le fait que les « petits sorins» soient sous forme de projection vidéo apporte à la dimension autobiographique, une dimension réaliste, « vrai », les personnages sont réels, de plus on voit l’eau qui coule, et on entend même le bruit de l’eau.
Tout comme dans sa vidéo « Réveils », où il se filme pendant son réveil, tous les matins, durant une période donnée. Ou bien dans sa vidéo « L’incident du bol renversé», où l’on voit Pierrick Sorin qui nous raconte une mauvaise journée, il nous dit qu’il a renversé son bol de chocolat, et qu’après il n’a rien fait de très intéressant. Ainsi que dans « Une vie bien remplie », où il opère une sorte de critique du quotidien, on le voit lire un journal, manger un yaourt, s’habiller, se raser, et tous ces éléments sont répétés à l’infini.
Par ailleurs, plusieurs questions apparaissent au spectateur : Est ce que ce qu’on voit est réel ? S’agit-il réellement de sa vie ? Peut-être est-ce une volonté de l’artiste, qui souhaite que le spectateur s’interroge sur une réalité ?
Le spectateur est en effet confronté ici, à une illusion théâtrale, à travers, la notion de mimésis, la volonté de reproduire, d’imiter le réel. Nous nous apercevons que Pierrick Sorin nous plonge dans un univers de simulacre. Comme nous pouvons le constater dans la série de vidéos « Jean loup et Pierrick », puisque comme nous l’avons vu précédemment. On s’aperçoit qu’en fait Jean loup, est Pierrick Sorin , et notamment dans sa vidéo « Pierrick Sorin, instituteur », où il évoque ici ses débuts dans la vie professionnelle en tant qu’instituteur, il nous dit que maintenant il est dépressif , et que du coup il est en séjour de repos. Et dans certains de ses travaux, on peut constater un certain mal-être intérieur, que l’art pourrait « soigner », comme une sorte de thérapie contre ses maux.
Il est vrai que Pierrick Sorin évoque souvent ses troubles face à la vie, ses doutes, mais aussi ses échecs. Comme par exemple dans sa vidéo « Réveils », ou il se met en scène lorsqu’il se couche et se réveille tous les soirs et tous les matins, c’est pareil, il est fatigué, il a les traits de son visage de plus en plus tirés, et tous les soirs, il dit qu’il va se coucher plus tôt, mais ne le fait jamais. Le moindre événement du quotidien mène à un échec, à une déception ; dans sa vidéo « J’ai même gardé mes chaussons pour aller à la boulangerie », on peut voir Pierrick Sorin qui tente de se faire lui-même une psychanalyse, il est filmé en gros plan, il nous regarde et en s’adressant à nous, spectateur, mais plus profondément à lui : « J’ai des problèmes, je en sais pas exactement pourquoi. Mais j’ai pas tellement envie d’en parler. Avant quand j’étais petit, je lisais beaucoup. Ça fait quelques années? J’ai du mal maintenant ? Et puis aussi des fois je regarde la télévision et puis je me dis que je pourrais lire un livre, mais j’ai du mal ». Se posant ainsi des questions sur son existence, comme s’il était perdu, qu’il ne savait plus trop où il en est. Ici, on voit donc l’évocation d’un mal-être intérieur.
Tout comme dans « C’est mignon tout ça », où il se filme a quatre pattes, se caressant les fesses, le nez collé à un écran qui lui permet de voir de regarder cette image, qu’il ne pourrait pas voir directement. Cette vidéo certes provoque le rire, mais à néanmoins une dimension psychanalytique, puisqu’ici il se remet en question, et opère la aussi une analyse psychologique de lui-même, où il prend conscience de ses problèmes, de ce qu’il ressent : « Faudrait que je change…Faudrait que je devienne quelqu’un d’autre… moins replié sur lui-même. Faudrait que je m’ouvre aux autres. Mais je ne sais pas si ce s’rait mieux. » Ici, en se remettant en question, il nous fait aussi réfléchir sur l’existence humaine, nous interpelle. Une forte dimension apparait ainsi dans son travail, on peut dire qu’en quelque sorte, il se sert de l’art pour se guérir de son mal-être, de sa dépression.
Comme nous pouvons le constater dans sa vidéo« Pierrick Sorin, instituteur », que nous avons vu précédemment, ou il nous raconte qu’il était instituteur, et qu’il a fait une dépression, du coup il est allé à la campagne dans une structure de repos. Après s’être filmé, il se visionne à la télévision, et se bombarde d’œufs crus. Il se défoule et se détruit en quelque sorte puisque son visage n’est plus visible, les jaunes d’œufs recouvrant la télévision et donc son visage, cela dans le but peut-être de mieux se reconstruire par la suite.
De plus, dans l’ouvrage Pierrick Sorin de Pierre Giquel (Collection Hazan, page 17), ce dernier évoque une réflexion à prendre en compte : « Pierrick Sorin devient comme l’archétype d’une génération au chômage, sida, effondrement de toutes les utopies entrainant repli, solitude et désespérance », comme si il représenté en quelque sorte l’évolution de l’Homme dans les sociétés occidentales. Malgré une forte dimension imaginaire et fictionnelle, apparait une dimension dans certains de ses travaux que l’on pourrait qualifier de pathétique, par ailleurs ce qui surprend c’est que cette dimension est lié à une dimension comique, le rire étant une sorte d’échappatoire en utilisant la moquerie, l’auto dérision.
C’est pourquoi nous allons ici, nous interroger sur le rôle du comique qui joue un rôle fondamental dans les œuvres de Pierrick Sorin, qui dévoile premièrement le fait que l’art vidéo est un art critique, contestataire.
Comme nous pouvons le constater dans un film vidéo documentaire réalisé par Pierrick Sorin « Nantes, projets d’artistes » ou il met en scène des artistes fictifs, qui sont évidemment interprétés par Pierrick Sorin, il y présente leurs projets artistiques qui sont complètement fous, voir irréalisables, par exemple on peut voir un artiste qui souhaite projeter sur un écran situé sur la façade de la faculté de médecine de Nantes, des opérations chirurgicales en direct. Un autre souhaite réaliser une énorme goutte d’eau en suspension au dessus de la ville de Nantes. Ici, Pierrick Sorin opère tout d’abord une critique des documentaires que nous pouvons voir sur les chaînes de télévisions. De plus, il se moque des stéréotypes en les parodiant : les remarques du présentateur, son costume, les journalistes, les artistes contemporains, et s’auto-critique ainsi lui-même.
Par ailleurs, on peut voir une critique des médias et des institutions culturelles, comme nous pouvons le voir aussi dans « C’est mignon tout ça », ou il dévoile peut-être une critique des médias qui ont souvent tendance à montrer la vie intime des gens. Cependant dans ses vidéos, on peut voir qu’il se moque de la production contemporaine, qu’il juge trop « élitiste », ce qui est le cas dans la vidéo « Pierrick et Jean loup font du foot », ou on les voit construire des buts pour jouer au foot dans un jardin et s’aperçoivent qu’en fait ils ont crée une œuvre d’art.
Mais il s’auto-critique aussi avec dérision, comme il le fait dans son travail « It’s really nice », qu’il expose en 1998 à la Biennale de Sao Paulo, c’est Pierrick Sorin qui représente la France avec cette œuvre , ou l’on peut voir 30 visages, ayant des yeux exorbités, à l’aide de procédés numériques, qui bougent dans tous les sens, on entend de plus des bruits de déglutition qui sortent des bouches et qui susurrent de temps en temps « It’s really nice. I like this work so much ». Dans ses œuvres, on s’aperçoit que l’art vidéo est un moyen d’expression, témoignant d’une certaine désinvolture, tout en déclenchant le rire avec la volonté de s’auto-critique, et un fort sens de l’auto-dérision, rendan ainsi cet art ludique et amusant, à travers l’influence du cinéma des années 1920.
Notamment avec « Titre Invariable n°2 », ou il se met en scène de façon absurde, avec l’utilisation de vidéo en 3D, ou on le voit marcher, gesticuler sur le plateau d’un phonographe, devenu une piste de danse, qui semble immense pour lui, étant en hologramme miniaturisé, (en « Petit Sorin ») alors qu’il est déjà réduit. Cette technique a été empruntée au cinéma muet, provoquant ainsi une forte dimension burlesque.
Dans ses vidéos, il rappelle Georges Méliès (1861-1938), réalisateur français qui contribua à l’invention des effets spéciaux, mais aussi Buster Keaton (1895-1966), qui était un humoriste célèbre du XXe siècle. Avec son installation vidéo « Une vie bien remplie », ou il expose vingt actes du quotidien sur vingt téléviseurs, qui avec l’utilisation de l’accéléré et de la répétition, évoque le cinéma des années 1920. Que l’on peut retrouver dans son installation vidéo crée pour la fondation Cartier « La bataille de tartes », ou un personnage qui se trouve être Pierrick Sorin, est à moitié nu, et est agressé par des lanceurs de tartes, la situation en elle-même appartient au cinéma burlesque.
Mais pas seulement le fait qu’il n’y est aucune voix off, et aucune voix de personnages, sauf le son des tartes à la crème qui s’écrase sur le visage de Pierrick Sorin, ce procédé fait aussi référence à ce cinéma. On peut retrouver cette technique dans une vidéo de la série « Pierrick et Jean loup », notamment celle ou ils créent un jeu vidéo : ils se filment chacun à leur tour, en faisant semblant d’éviter des projectiles, ils rapportent ensuite cette vidéo sur une télévision et jettent des ?ufs crus en essayant de toucher leur tête. Ici, comme dans la vidéo précédente, on entend seulement les bruits des ?ufs crus qui exposent sur l’écran. Le bruit des chocs est amplifié, transformés, décalés. Par ailleurs, le fait que tous ces échecs s’accumulent, que Pierrick Sorin se fait toujours avoir à son propre jeu, qu’ils e tourne lui-même en dérision, sans se prendre au sérieux, apporte une forte touche comique. Étant donc toujours en train de se moquer de lui-même, de l’art, de la réalité, des autres.
Son rapport aux autres, au réel, et au spectateur
Et nous allons justement ici, nous questionner sur son rapport aux autres, au réel, et au spectateur.
Tout d’abord nous allons interroger sur sa vision de la réalité, qui paraît peu commune, voir extravagante, selon la doctrine philosophique du Solipsisme, qu’il explique clairement dans sa vidéo « Pierrick Sorin by himself » : « Il n’y a de réalité qu’à travers la perception du moi, et les émotions du moi, et que finalement le monde extérieur n’existe pas, il n’existe que par une production de notre imaginaire à chacun, et on est finalement condamné à une solitude absolue ».
Le solipsisme, du latin « solus »qui signifie seul, et « ipse », soi-même, désigne une conscience propre qui aurait son unique réalité. En effet le Solipsisme est « une conception selon laquelle le « moi », avec ses sensations et ses sentiments constituerait la seule réalité existante »(Le Petit Larousse illustré).
Mais alors ou se trouve la réalité ?
On peut voir dans le travail de Pierrick Sorin, une réflexion sur le « moi » face au monde extérieur, sur sa propre réalité, avec néanmoins une forte dimension imaginaire. Son travail bouscule donc notre relation à la réalité, au monde qui nous entoure, avec des créations « de mondes virtuels », comme le dit Jean Louis Froment dans Films, Vidéo et installations (Collection Capc Musée d’art contemporain de Bordeaux, page 11), dans lesquels, il est seul, mais représente toujours une multitude de personnages, de caractères dans des univers assez spéciaux, et pourtant dans des situations communes.
Jean Baptiste Barrière, compositeur et artiste multimédia français dit que : « La dimension artistique de la simulation consiste à créer des moments qui renvoient sans cesse à la réalité, et la prolongent, instaurant une dialectique entre la mémoire, et la création, entre le réel et le virtuel. Je trouve que cette citation reprend de façon explicite le travail de Pierrick Sorin, qui se crée des souvenirs artificiels, et prolonge sa propre réalité. Tout en utilisant des dispositifs et des techniques qui se confondent, comme par exemple dans sa vidéo « Dance with me », ou l’on voit Pierrick Sorin, seul qui réalise des vidéos-clips, dans sa cuisine, en jouant plusieurs rôles grâce à des techniques de l’art vidéo, arrivant ainsi à se dédoubler.
Dans l’ouvrage de Pierre Giquel, »Pierrick Sorin’‘ (Collection Hazan, page 11), Pierrick Sorin nous décrit en détails, comment et à l’aide de quels moyens, il a monté sa fameuse vidéo « Réveils » : « la caméra est installée près du lit pour l’auto-filmage. Je serais cadré en plan rapproché, poitrine. Réglage, mise au point, exposition, Marche branchée solidairement avec les lampes : 1500 Watts sur un programmateur de tension. Déclenchement du programmateur est réglé selon les jours entre sept et huit heures du matin. » Toutes ces techniques et bien d’autre ont pour but de ne pas être visible et perceptible, ainsi on ne sait plus très bien ou se « placer » face à l’œuvre, en se posant de nombreux questionnements sur la question de l’illusion, de la désillusion. C’est pourquoi nous nous interrogerons ici sur la place du spectateur dans le travail de Pierrick Sorin.
Tout d’abord nous pouvons constater que le spectateur a une plus grande liberté, avec l’art vidéo, au niveau de son corps dans l’espace, se sa position critique. En effet, l’art vidéo est vécu comme une expérience du corps dans un lieu donné, ou entouré d’images, ses sens sont décuplés. Mais malgré une plus grande liberté, le spectateur est plus sollicité, et dès fois plus ou moins malmenés dans le travail de Pierrick Sorin. Comme nous pouvons le constater, par exemple dans une installation vidéo « Sans Titre », crée au Musée d’art contemporain de la ville de Paris, ou le spectateur est amené à regarder dans une sorte de boîte, dans laquelle se situe une télévision, et l’image montre un spectateur en train de recevoir un coup de pieds aux fesses ; provoquant ainsi chez le spectateur un trouble. Tout comme l’installation vidéo « De la peinture à l’hygiène », ou derrière une porte visible, est placé un moniteur, lorsque le spectateur regarde par le « juda » de la porte, il voit Pierrick Sorin entrain de cracher de la peinture de couleurs différentes. Dans « La belle peinture est derrière nous », installation vidéo ayant un dispositif vidéo avec caméra cachée et bande enregistrée, ou lorsque le spectateur regarde par le tuyau, l’artiste le regarde et lui demande de se pousser afin de regarder la peinture qui se trouve derrière le spectateur.
Comme nous pouvons le constater ici, avec l’utilisation de l’installation-vidéo, le spectateur prend une nouvelle place dans l’Art, il se trouve plus impliqué dans l »uvre, et pris à parti, en introduisant ainsi un nouveau rapport à l’image. Qui est aussi dû à la mondialisation, au fait que nous sommes dans une société de communication, et de consommation de l’image, ou le spectateur est sans cesse confronté aux publicités, mais aussi à un partage, à une transmission de vidéos, avec Internet notamment. La place est donc amenée à évoluer. Notamment avec l’apparition de musées et de galeries virtuelles, comme par exemple le Musée d’Orsay, ou l’approche de l’œuvre est plus abstraite, posant ainsi de nombreux questionnements.
En définitif, comme le dit Pipiloti Rist : « Les installations-vidéos peuvent tout contenir, comme un sac à main : peinture, technique, paroles, musique, mouvements, images, moches et fluides, poésie, vitesse, pressentiment de la mort, ses cru-alités, ses gentillesses.» Qui nous interroge sans cesse sur des questions existentielles, sur le rapport au réel, , nos relations aux autres, et nous même, et chez Pierrick Sorin, sur la place de l’artiste dans la société, qui selon lui n’est peut-être qu? « un amuseur », comme il le dit dans sa vidéo « Pierrick Sorin by himself ». Cependant, on peut constater dans son travail et plus généralement avec l’apparition des nouvelles technologies, « il n’existe plus de frontières dans l’Art » comme le dit Florence de Méredieu, dans son ouvrage Arts et nouvelles technologies, (Édition Larousse, page 222) , et parle maintenant de « sphères esthétiques », on peut donc dire que le travail de Pierrick Sorin qui tout en faisant évoluer l’Art, le redéfinit.
Filmographie et expositions majeures:
One man show – Performance visuelle, 2011
« 22h13 (ce titre est susceptible d’être modifié d’une minute à l’autre) »
Pierrick Sorin vous invite dans son atelier ; la pièce raconte la journée type d’un artiste à la recherche d’une idée.
Descriptif : 22h13 est une pièce de théâtre écrite et mise en scène par Pierrick Sorin. C’est un récit autobiographique, porté sur son oeuvre et sa vie d’artiste, laquelle n’est pas toujours aussi palpitante qu’on pourrait le supposer pour une telle vocation. En effet , celle-ci nous apparaît au grand jour, comme un méli-mélo de pensées et de contradictions dans les essais et autres projets du vidéaste.
La scène reproduit son atelier. Il y a beaucoup d’espaces filmés en permanence par des caméras installées préalablement, et lorsque l’acteur les entreprend, les voilà retranscrits sur un grand écran en guise de fond, fenêtre dans l’obscurité de la salle de théâtre, représentant ainsi ses actions vues de plusieurs angles de vue au même instant, et lui permettant de jouer ainsi en va-et-vient réflexion/expériences.
La pièce se veut réaliste et par suite logique chez Sorin, comique et un rien malchanceux, amusant dans l’humilité, voire la pitié : un artiste vidéaste passe ses journées enfermé dans son « labo », il crée petit à petit , mais réfléchit beaucoup à ce qu’il fait, voire trop : il se critique , se dénigre, se trouve bête, il y a des jours où à force, il n’a même pas essayé une seule chose et procrastine, à la manière d’un adolescent…
Aucun élan narcissique ni aucune fausse philosophie : le texte, le plus souvent en voix-off , outre les séquences de performance vidéo, est vrai et sans détour bien qu’il explique les idées et démarches d’un réel créateur.
Malgré les angoisses et doutes évoqués et relatés, la pièce reste dynamique de par les diverses interventions de multimedia, les actions et essais loufoques de l’acteur (Nicolas Sansier) qui a su formidablement saisir l’esprit et l’humour dont fait montre Pierrick Sorin dans ses vidéos.
Le cadre unique de l’action, c’est l’atelier. On y trouve aussi bien des pots de peintures, du matériel de bricolage, des ordinateurs, des caméras, des vidéoprojecteurs, un poste de radio, un vieux répondeur téléphonique, des éponges et des balais-brosses. Sous forme d’un journal de bord, exprimé principalement en voix off, l’artiste, interprété cette fois par un acteur autre que moi-même, nous fait partager les réflexions et les doutes qui accompagnent, jour après jour, son travail. Il démysthifie, au passage, la noble image du créateur. Pierrick Sorin
Du 7 au 9 Février 2012 au Théâtre des 13 vents à Montpellier: « durée 1:30 »
Ecriture, mise en scène, scénographie et vidéo de Pierrick Sorin
Comédien : Nicolas Sansier
Lumière : Pierre Peronnet (Peyo)
Son : Franck Morel
Régisseur vidéo et trucages directs : Eric Perroys
Montage vidéo : Karine Pain
Photos : Brigitte Enguerand
Production Théâtre du Rond-Point / Le ROnd-Point des tournées, Théâtre National de Toulouse,
Coproduction La Bâtie – Festival de Genève, le grand T
Les avis de la presse :
- « Sous ce titre un peu incongru se cache un spectacle hors norme. c’est à la fois un one man show et une performance artistique. Comme quoi l’humour peut se nicher partout, même dans l’art conceptuel. » Marie-Céline Nivière, Pariscope, 9 Juin 2010
- « Pierrick Sorin au théâtre, c’est toujours aussi beau consulter. » Le Monde
- « C’est un plaisir dont il ne faut pas se priver : parce que c’est beau, parce que c’est drôle, parce que c’est ludique, et vraiment fin, mine de rien. » Fabienne Darge 5 juin 2010
- « Il est un « vrai » illusionniste de l’image et de ses infinis bidouillages qui mérite qu’on aille visiter son laboratoire. » Fabienne Pascaud,Télérama, 16 juin 2010
- « C’est d’une cocasserie irrésistible et cela donne lieu à mille et un effets magiques. La personnalité de l’interprète ajoute au charme. » Armelle Heliot, blog du Figaro, Mai 2010
- « Il y a du fatras, l’oeil, l’oreille, l’intelligence sont sans cesse sollicitées, comme la sensibilité. » Armelle Heliot, Figaroscope, Juin 2010
Extrait du spectacle:
Exposition « Pierrick Sorin : Théâtres optiques »
Salle Miklos, Oyonnax
Du 25 novembre 2011 au 4 février 2012.
Exposition «Dialogue Martine Aballéa»
Centre Régional d’Art Contemporain Languedoc-Roussillon, Sète.
Du 27 janvier au 31 mars 2012
2006
Co-mise en scène ( fondée sur l’usage de la vidéo ) de l’opéra « La Pietra del Paragone » de Rossini.
Collaboration avec Georgio Barberio Corsetti , metteur en scène et Jean-Christophe Spinozi ( Chef d’orchestre).
Commanditaire et Producteur : Théâtre du Châtelet.
Représentations publiques : Théâtre du Châtelet , janvier 2007. Paris.
2005
Créations
Réalisation d’un court-métrage: « C’était bien du coulis de tomate» . Commande de la compagnie Royal de Luxe pour un grand spectacle de rue dans le cadre de l’année Jules Vernes. Diffusion en extérieur à Nantes et Amiens.
Expositions personnelles
« Petits théâtres optiques », Théâtre du pays de Morlaix.
« Petits théâtres optiques et vidéo comédies », Musée d’art ancien et contemporain, Epinal.
Diffusions
Projection sur façade d’immeuble de « J’aime la peinture, mais j’ai du mal à la digérer »
(mono-bande) dans le cadre de « Art St germain des prés ». Quartier St Germain, Paris.
Festival de cinéma 1er Plan, Angers.
2004
Créations (commandes)
Peoples’corners » : ensemble de trois triptyques vidéo pour l’exposition « City corners » dans le cadre du « Forum international des cultures , Barcelone 2004 «
2003
Création (commandes)
« Quelques inventions remarquables », ensemble de 7 théâtres optiques pour l’espace publique.
Diffusion dans le cadre de « Lille 2004, capitale européenne de la Culture ».
Expositions personnelles
« Pierrick Sorin » Salla Rekalde, Bilbao.
« Pierrick Sorin » Fondation la Caixa, Palma de Majorque.
2002
Créations (commandes)
Création de 5 installations video pour le magasin « shoesbar ». Nantes.
Création in situ en extérieur dans le cadre du festival de Hué. Vietnam.
Production : ATC international.
Création de la structure de production « Pierrick Sorin production ».
2001
Création (commande)
Nantes : Projets d’Artistes, court-métrage vidéo. Diffusion dans le cadre de la manifestation ; les mondes inventés.
Commanditaire : Ville de Nantes.
Exposition au Centre des arts d’Enghien-les-bains, Val d’Oise.
Réalisation d’un film, sous forme d’un documentaire, dans lequel sept artistes européens (tous interprétés par Pierrick SORIN grimé) présentent, l’un après l’autre, leurs créations les plus folles, des créations purement irréelles, mais qui, cependant semblent être tout à fait réalisable en vrai.
Expositions personnelles
Exposition itinérante dans les centres culturels ?Sa Nostra? de Palma, Ibiza et Minorque
‘Pierrick Sorin, 261 Bd Raspail, Paris XIV’, Fondation Cartier pour l’Art Contemporain. Paris.
- 2000
Créations (commandes)
Création d’un théâtre optique pour le lancement du « sac-cage » de Cartier.
‘Minis Sorins’, Galerie Jacqueline Moussion, Paris. - 1999
Création
‘L’homme qui a perdu ses clefs’, Installation vidéo . Production : FRAC de Basse Normandie. Diffusion FRAC , Caen. - 1998
Création ( commande)
« It’s really nice », installation vidéo. Production : Centre Georges Pompidou. Paris. - Expositions personnelles
XXIVème Biennale de Sao Paulo, représentation française. Sao-Paulo.
Galerie de l’école des Beaux-Arts, Nantes. - 1997
Expositions personnelles
Musée Picasso, Antibes.
‘Le creux de l’enfer’, Centre d’Art Contemporain, Thiers.
Le Confort Moderne, Poitiers. - 1996
« Un spectacle de qualité », théâtre optique. Production CRDC, Nantes.
« Un mauvais rêve », théâtre optique. Production Shiseido, Tokyo.
« 5 rêves dans un joli parc ». Commandes publique.
Création pour le musée d’art contemporain de Lyon - 1995
Expositions personnelles:
CACP, Bordeaux.
Espace croisé, Lilles.
Théâtre de Verdun.
Sonje Museum of Cotemporary Art, Kyongju . Corée. - 1994
Création (commandes)
« Pierrick et Jean-Loup » série de 4 courts-métrages pour l’émission de télévision « Rapptout » conçue par Bernard Rapp. Production : France 3.
« La Bataille des Tartes », triptyque vidéo. Création pour l’ouverture du nouvel espace de la Fondation Cartier. Diffusion : Fondation Cartier, Paris.
« Une vie bien remplie «, installation vidéo. Production : Frac des pays de la Loire.
Diffusion : Chapelle de l’Oratoire, Nantes. - 1993
Création (commande)
Réalisation d’un vidéo-clip : « Un après-midi à Paris » (Plilippe Katerine) . - 1992
Exposition collective:
Ateliers de l’ARC, Musée d’Art Moderne de Paris
Château des Ducs de Bretagne, Nantes. - 1989 – 1990
Diverses expositions collectives à Nantes.
Premières diffusions des ?auto-filmages? ( France 3 Nationale)
Réalisation d’un documentaire sur la pêche aux requins ( Thalassa, France 3 ).
Correspondant-reporter-image (France 3 Région). - Exposition personnelle
« La Belle Peinture est derrière nous » , installation vidéo à la Zoo Galerie’, Nantes. - 1987 – 1988
Réalisation des premiers « auto-filmages » (cinéma Super 8).
Exposition collective
« Ils créent pour demain », espace Graslin, Nantes.
« Diplômés 88 « DRAC des Pays de la Loire, Nantes
Citations de Pierrick Sorin
- « J’ai fait mon premier film à 14 ans : je ne savais pas cadrer, c’est mon père qui tenait la caméra. Je lui ai fait cadrer la mise en scène de mon suicide sur une plage bretonne. Depuis lors, je me mets moi-même en scène. » Libération, 14 juin 1993
- « Je suis l’artiste qui permet de donner des points de repères à un grand public en jouant sur l’humour et les effets magiques. Aussi peut-être parce que j’ai créé un personnage attachant : il y a beaucoup de conservateurs qui aiment bien le personnage Sorin. » Paris Match, mai 2000
- « Je réagis plutôt bien [au qualificatif de Buster Keaton et de Méliès des arts plastiques] car je reste très attaché au cinéma burlesque américain, que j’ai connu enfant. Et Méliès est pour moi un modèle d’inventivité. Mais s’arrêter à ces seules étiquettes est un peu restrictif : cela élimine le côté philosophique et dramatique de mon travail. Sa dimension plastique aussi. » Paris Match, mai 2000
- « La création c’est stressant, on est seul et dans le doute. » Télérama, 1er mars 2000
- « Je suis vraiment gagné par un certain désabusement vis-à-vis de mon propre travail et de la production artistique des autres. En 1988, mes premiers auto filmages exprimaient déjà ce sentiment. » Le Monde de l’éducation, juillet-août 2003
- « Il y a aussi un côté caméra invisible qui me plaisait assez quand j’étais gosse. Parfois, c’est un peu bête, voire cruel, mais j’essaie justement de ne prendre que le bon coté. » Technikart, mai 1997
- « Quand je réalise des saynètes holographiques, je suis de toute façon tellement dans la primauté du visuel et dans la référence au cinéma muet que la parole y serait malvenue. » Le Monde de l’éducation, juillet-août 2003
- « Je joue avec des notions comme la disparition de la peinture sans forcément y croire profondément. Je fais partie des gens qui n’ont plus énormément de valeurs, mais qui sont prêts à faire semblant d’en avoir, simplement parce que cela constitue un matériau avec lequel on peut jouer. » Le Figaro, 1993
Peinture contemporaine
- 2010 : Pierrick Sorin – Rétrospective / Prospective – Le lieu unique, scène nationale de Nantes – Galerie Mélanie Rio, Nantes
- 2009 : « Cabanes et chansonnette » – Musée des Beaux-Arts de Nantes
- Cabanes et chansonnette a été réalisée en 2004 dans le cadre d’une commande pour l’entreprise Renault. Ce « divertissement artistique » se compose d’un ensemble de 4 installations de type « théâtres optiques ».
- « Il m’a semblé intéressant, ou simplement plaisant, à l’occasion de la période de Noël, de montrer de nouveau cette œuvre en la détachant du contexte d’origine de la commande et en l’adaptant à l’espace de la salle Blanche. Le projet n’a pas pour moi la prétention de constituer un évènement artistique « majeur » mais simplement de s’inscrire, avec un brin d’ironie, dans l’actualité des « décorations de noël », thème dont le caractère généralement pauvre et conventionnel attire assez peu les artistes contemporains et n’est guère attendu dans un Musée des Beaux-Arts. » Pierrick Sorin
- 2005 : la Visite du Sultan des Inde sur son éléphant à voyager dans le temps, Nantes
Auto-présentation de l’artiste par lui-même
A partir de 1987 , Pierrick Sorin réalise une série de courts Auto-filmages. Seul, sous l’unique regard d’une caméra Super 8, il dévoile des instants – parfois très intimes – de sa vie, sous forme de petits récits faussement naïfs et particulièrement ironiques où humour et gravité font bon ménage.
Les plus connus parmi ces Auto-filmages sont : Réveils et Je m’en vais chercher mon linge. Dans le premier, Sorin se filme, chaque matin, pendant un mois, au moment même où il est réveillé par son poste de radio. A chaque fois, il prend la caméra à témoins et déclare qu’il se sent fatigué, qu’il faut vraiment qu’il se couche plus tôt… Apparemment, son intention n’est jamais mise à exécution car on le retrouve chaque jour aussi fatigué. Le film est ici utilisé comme l’outil d’un simple constat sur ces petits échecs du quotidien que tout le monde connaît. La répétition des Réveils crée un effet comique derrière lequel transparaît un drame plus profond: celui d’une incapacité à appréhender correctement une relation au monde. Dans ?Je m’en vais chercher mon linge’, Sorin utilise un authentique enregistrement d’ une chansonnette qu’il avait improvisé à l’âge de 4 ans. Sur cette voix d’enfant, il chante en play-back, retrouvant avec son corps d’adulte, des mimiques enfantines. Là encore, un effet comique est produit par la rencontre de la voix fluette égrenant des paroles absurdes et de de ce visage beaucoup plus grave. Mais c’est aussi l’idée du temps et de la mort de l’enfance qui s’affirme et, subrepticement, nous émeut.
A partir de 1989, Pierrick Sorin se tourne vers la vidéo. Il réalise des installations à caractère narratif (L’incident du bol renversé – 1993, J’ai même gardé mes chaussons pour aller à la boulangerie 1993, Une vie bien remplie – 1994.) Parallèlement il crée des dispositifs-pièges où, au moyen de caméras cachées, il implique l’image même du spectateur dans des situations drôles et provocatrices. Ces dispositifs surprennent et mettent en question tantôt la peinture, tantôt les espaces de présentation de l’art, musées ou galeries. Avide de toucher un public plus large que celui de l’art contemporain, il réalise encore en 1994 quelques autofilmages pour la télévision française. C’est la série des Pierrick et Jean-Loup où, toujours en ne filmant que lui-même, il s’invente un double, son frère Jean-Loup avec lequel il commet quelques gags relevant autant du cinéma burlesque que de la critique sociale et culturelle.
Dés 1995, il expérimente une autre piste en créant des petits spectacles pseudo-holographiques. Avec des moyens très rudimentaires, il fait évoluer des personnages filmés parmi des objet réels: maquette en volume d’une chambre , dans L’Homme fatigué (1997 ) , véritables douches en fonctionnement dans La toilette du peintre (2001). La magie visuelle s’ajoute au comique. Toujours par la pratique de l’auto-filmage, Sorin exprime la profonde lassitude d’un être dont la vie semble n’être remplie que par l’accumulation d’actes manqués, par la répétition de gestes dérisoires et parfois pervers. Le caractère étonnant et séduisant de ces dispositifs magiques conduiront toutefois de grandes marques de l’industrie du luxe, telles que Cartier ou Chanel, à faire appel à l’artiste pour des créations destinées à accompagner le lancement de nouveaux produits.
En 2000, grâce au traitement numérique de l’image, Pierrick Sorin réalise Nantes, projets d’Artistes : un faux reportage montrant, avec toutes les apparences du sérieux, une série d’œuvres créées pour des espaces publics extérieurs. Habilement déguisé, il joue le rôle de plusieurs jeunes artistes européens. Tous présentent des projets plus ou moins crédibles, que l’on voit inscrits dans la réalité de paysages urbains. Ici, la poésie côtoie, avec une certaine ambiguïté, une critique des ambitions politiques dont l’art est le vecteur.
Ces expériences diverses sont traversées par des thèmes récurrents. En particulier par ce doute absolu sur la valeur des objets artistiques, sur celle de toute activité humaine. L’enfermement insoluble dans des problèmes existentiels et le repli sur soi qui conduit jusqu’au dédoublement de la personnalité, comptent aussi parmi les idées qui fondent son travail. Ce texte de présentation tend une fois de plus à le prouver car Sorin lui-même parle ici de lui à la troisième personne du singulier. Comme s’il était un autre, comme si de toute manière dire je ou faire appel à une voix extérieure à soi-même n’avait guère d’intérêt et d’importance. »
P. Sorin. Août 2000
Sources
- Pierre GIQUEL, Pierrick Sorin, Edition Hazan, Coédition Centre National des arts plastiques et le Département des affaires internationales et l’AFAA, avec le Concours de la division de l’écrit et des médiathèques, 2000
- Patrick LOUGET, Sensibles proximités les arts aux carrefours, Série Cinémas Artois Presses Université, Collection Lettres et civilisations étrangères, pages 328 et 329
- Florence de MEREDIEU, Arts et Nouvelles Technologies, Art Vidéo, Art Numérique, Édition Larousse/ VUEF, 2003, pages 89, 103, 180, 198, 215, 218, 222, 223, 224
- Catherine MILLET, L’art contemporain en France, Édition Flammarion, 2005, page 289
- Françoise PARFAIT, Vidéo : Un art contemporain, Éditions du Regard, 2001, pages 161,163, 188, 200, 201, 234, 235, 240
- Mathilde ROMAN, Art vidéo et mise en scène de soi, ESSAI, Histoire et idées des Arts, Édition l’Harmattan, 2008, pages 21, 29, 69, 70, 71, 72
- Pierrick SORIN, Films, Vidéos et installation 1988-1995, Collection Capc Musée d’Art Contemporain de Bordeaux, Exposition du 17 Mars au 14 Mai 1995
- Le petit Larousse illustré, Édition Larousse, 1999
- Article Wikipédia sur le Solipsisme.