Pipilotti Rist de son vrai nom Elisabeth Charlotte Rist est née le 21 Juin 1962 à Rheintal en Suisse. Elle étudie le commerce de l’art, le photographie et l’illustration dans l’institue d’Arts Appliqués de Vienne en Autriche de 1982 à 1986. Puis elle étudie les communications audio visuel à l’Ecole de Design à Bâle en Suisse 1986 à 1988. De 1988 à 1994, elle fait partie du groupe expérimental post-punk Les Reines Prochaines pour qui elle réalise ses premières vidéos. Rist éprouve une subversion, vis à vis des clips vidéos, et explore ainsi les différentes voix du féminin et du corps dans représentation lié à la pop culture. Le motif principal de ces vidéos est sa personne. En 1997, elle obtient le prix 2000 à la Biennale de Venise pour sa vidéo Ever is Over All .
Ever is Over All, 1997
De 1997 à 1999 elle devient la directrice artistique de l’Exposition national de Suisse. En 2000,
Le Public Art Fund de New York lui commandé une œuvre qui fut projetée entre les panneaux publicitaires de Times Square.
Open My Glade, 2000
De 2005 à 2009 elle produit son premier film Pepperminta. Depuis 2004 elle vit et travaille à Zuroch avec son fils. Pipilotti Rist est dans une haine du tabou et du stéréotypes.
Démarche artistique
Le travail artistique de Pipilotti Rist se nourrie d’influences diverses et profondes telles que la pop culture, l’expérience psychédélique, le symbolisme, et le romantisme. Ses installations vidéos qui combinent des éléments d’art performance, poésie, musique et sculpture, plongent le spectateur dans un environnement baigné d’enchantement, d’émerveillement, et de spiritualité.
L’artiste déclare que son propos au début « était de considérer , sous plusieurs angles, ce qui fait la différence entre les sexes. » et déclare être « persuadée que la manière dont chaque être humain vit son identité sexuelle détermine l’évolution de la subjectivité de l’individu et constitue la base de son comportement social et politique ». Elle questionne les attributions sociales traditionnelles du corps et de l’identité.
Son travail interroge en profondeur le statut féminin, et pour ce faire, elle met en scène et filme ce corps, généralement le sien, sans tabou. La femme, pour Pipilotti Rist, incarne les dérives dangereuses de la beauté. En effet, la beauté peut être dangereuse au sens où elle édicte des normes à suivre, asservissant ainsi l’ensemble de la société dans laquelle on vit. La femme se retrouve dans la ligne de mire de cet asservissement de la beauté, vu que de nombreux diktats lui sont adressés.
Dans son œuvre
Open my glade, projetée sur les panneaux publicitaires de Times Square, elle veut renverser les diktats et les canons de beauté; ainsi on la voit le visage collé à une vitre, complètement déformé, s’affranchissant de tout artifice.
Pour traiter de l’image de la femme, l’artiste entreprend tout un travail sur l’esthétique des cheveux, des formes, de la silhouette, des vêtements et accessoires, et nous offre un résultat très sensuel et érotique où la nudité est dépeinte comme innocente et vecteur de confiance en soi ; ce qui contraste avec l’instrumentalisation péjorative qui est faite de cette nudité dans la société contemporaine.
Pipilotti Rist conçoit ses œuvres comme des « poèmes en mouvement ». En effet, ce qui ressort de ses vidéos, c’est le foisonnement des couleurs, des formes et des sons. L’artiste introduit de façon récurrente des éléments de dérapage, comme les rayures, les barres de balayage, les couleurs violentes et baveuses, les flous et les tremblés dans l’image, la saturation et les dissonances pour les bandes son.
Elle met à profit son expérience musicale et compose elle même les musiques des vidéos dans lesquelles on reconnaît, la plupart du temps, sa voix interprétant des titres connus.
L’artiste attache beaucoup d’importance à l’installation de ses œuvres car selon elle l’installation n’est pas une simple organisation de l’espace. Chaque élément doit être un être un catalyseur des émotions et encourager l’imagination, la rêverie et les associations psychiques.
Lors d’une exposition à la fondation miro de Barcelone en 2010, où est projetée son œuvre Sip my ocean, le spectateur est amené à s’allonger pour contempler l’œuvre se trouvant au plafond et se retrouve ainsi hypnotisé par les images mêlant l’univers humain, marin et végétal.
Les oeuvres dominantes de Pipilotti Rist
I’m Not The Girl Who Misses Much, 1986
Dans I’m Not The Girl Who Misses Much (1986), une jeune fille à moitié nue se trémousse à travers de violents mouvements en effectuant des contorsions, des danses et tout en chantant le titre de John Lennon jusqu’à épuisement. Dans cette vidéo qui est fondatrice, on est dans un dysfonctionnement de vidéoclip. On y retrouve le vocabulaire de Pipiotti Rist à travers le recentrement du regard et du désir sur un seul corps qui est celui de la femme, un jeu de transformations et de travestissements de la figure de l’artiste, l’omniprésence de la voix comme vecteur de subjectivité et les éléments violents portés par l’artiste ne sont pas sans nous rappeler un rapport infantile et désinhibé avec la caméra et l’écran. Elle considère cette oeuvre comme un poème audiovisuel exorciste qui évoque l’hystérie positive, l’énergie.
Pickelporno, 1992
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www.youtube.com/watch%3Fv%3D2Fn-NlD4GhU]]
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A travers cette vidéo, l’artiste fait revivre au spectateur les sensations sexuelles. Une petite caméra est attachée à une tige et promenée sur les corps d’un couple en train de faire (semblant de faire) l’amour. Les paysages corporels sont marqués par de petits objets et des vêtements qui renvoient métaphoriquement à l’universalité symbolique de l’imagerie érotique (coquillage, fleurs). La bande est construite sur une trame narrative: un couple se rencontre ; on le retrouve, dénudé, couché sur des draps blancs. Après une série de caresses, un montage d’images métaphoriques primaires (volcan en éruption, plongée en eaux profondes) suggère l’orgasme. Des parties du corps, comme le pied, symbole du fétichisme traditionnel, ou l »il, miroir de l’âme, deviennent des objets visuels à part entière. La beauté des corps est désacralisée, graphiquement rendue à sa fonction d’usage direct dans la recherche d’un plaisir de contact charnel libéré de toute entrave. La musique, omniprésente, structure la progression érotique.
Pipilotti Rist a souvent mentionné que cette bande était une tentative de fonder une imagerie culturelle érotique de femme, de faire du corps de l’homme un objet de désir positif et créatif. Les corps sont exhibés, mais de manière si inventive qu’il n’y a de place ni pour la gêne ni pour le voyeurisme. L’humour reste omniprésent, notamment dans l’usage des plans de coupe métaphoriques de l’orgasme qui sont des clichés, mais dont la qualité visuelle transcende la banalité, et parvient à représenter la jubilation.
Sip My Ocean ou Schürfle meinen Ozean, 1996 image, audio et vidéo de 8 minutes