Serge Renaudie est né en 1952 à Paris. Il est architecte, urbaniste et paysagiste. Il étudie l’architecture et sort diplômé de l’École Nationale des Beaux Arts. Il travaille au Ministère de l’Équipement depuis 1992 et au Ministère de la Culture, à la Direction de l’Architecture et du Patrimoine, de 1999 à 2003
Dans les années 1970, il fait de nombreux séjours en Italie, dans la ville de Bologne et travaille aux côtés de Pier Luigi Cervelatti. Il tente alors de comprendre cette ville et d’imaginer un processus d’évolution urbaine qui réaménagerait la ville tout en sauvegardant son patrimoine culturel.
» A Bologne, j’ai appris à appréhender les différentes strates de la ville, à regarder son évolution et à saisir que son passé regorge toujours de nombreuses possibilités. J’y ai aussi appris à écouter les échos profonds du social et de la mémoire. »
De 1973 à 1981, il travaille chez Jean Renaudie, son père. (architecte et urbaniste français né le 8 juin 1925 et mort le 13 octobre 1981 à Ivry-sur-Seine. L’essentiel de sa production portant sur le logement social et l’aménagement urbain et a été un des premiers opposants aux méthodes de production des grands ensembles et des premières villes nouvelles des années 1950-1960). Au décès de celui-ci, en novembre 1981, il crée, avec Nina Schuch, Hugues Marcucci et Geronimo Padron-Lopez, la SARL
« Atelier Jean Renaudie » dont il est le gérant jusqu’en 1985. En 1986 il crée l’atelier d’architecture urbaine qu’il renommera en 2007 « ville paysage ». Parallèlement, il s’est impliqué dans l’art et la peinture jusqu’à éditer, de 1977 à 1980, une revue, «RAGILE», qui accueillit notamment Daniel Buren, Lauwrence Weiner, Antonio Semeraro, Tadeuz Kantor, Viallat, Dezeuze, etc’
« Cette activité tournée vers la recherche artistique mais également vers la théorie et l’histoire de l’art continue à me nourrir et à accompagner mon activité d’urbaniste et de paysagiste »
Il a également travaillé en Californie, au cours d’un premier voyage en compagnie d’Henri Lefebvre (Henri Lefebvre, né le 16 juin 1901 et mort en 1991, est un universitaire français, sociologue, géographe et philosophe, auteur de nombreux ouvrages comme Le Droit à la ville, Espace et politique, Du rural à l’urbain, La Révolution urbaine.. Serge Renaudie dira de cette expérience: « C’est à Baltimore que je vérifiais pour la première fois que la réflexion et l’analyse urbaines, le projet et la réglementation pouvaient coexister grâce à une prise en compte de l’environnement. La situation était devenue tellement catastrophique pour l’eau potable et l’irrigation des champs que les autorités du County avaient élaboré, à la fin des années 80, un « Master Plan » et des documents de réglementation urbaine et environnementale, extrêmement documentés. »
Une prise de conscience du vide, une nouvelle approche de concevoir l’habitat urbain
Dès lors, l’architecte va mettre en place une nouvelle manière de considérer le logement en ville. C’est dans le cadre de cette recherche d’un autre type d’habitat qu’il réalise 72 « maisons superposées », réellement superposées jusqu’au 3ème étage, à Saint Martin d’Hères dans une opération nommée« La Cerisaie ». Chaque pièce du logement possède sa propre « forme-maison » et le logement est le résultat d’une agglomération de ces différentes pièces disposant alors de mezzanines, de vides sous toiture, de greniers et de grandes serres.
A Coulanges lès Nevers, il crée 34 logements superposés deux par deux et bénéficiant d’immenses greniers et de doubles hauteurs sous les toitures courbes, à Tours, il met en place 100 logements associant individuels superposés dans un ensemble proche d’une cité-jardin. Dans ce contexte, il unit ses préoccupations concernant les déplacements piétonniers, les espaces partagés, le parc habité et la présence structurelle du végétal.
En 2004, l’Établissement Public d’Aménagement Plaine de France lui confie une étude : « L’eau, élément structurant de la trame urbaine, enjeu du renouvellement et de la valorisation du patrimoine urbain » qui lui permet, en association avec Christian Piel, d’abord d’analyser la présence des cours d’eau sur un périmètre assez vaste, puis d’évaluer en quoi ce réseau pouvait promouvoir un nouvel usage de ce territoire fortement urbanisé.
Son attachement à réunir paysage et urbanisme l’a conduit à réaliser un «écoquartier» à Auxerre où la présence des espaces vides et plantés crée le lien entre des aires résidentielles, créant ainsi un nouveau type de paysage urbain:// »Depuis toujours je me suis senti plus à l’aise avec le vide qu’avec le plein, avec « l’espace libre » qu’avec l’espace bâti. Ce vide me met en empathie physique et spirituelle avec la ville et le paysage,
avec ses formes minérales et végétales, humaines et animales. Mon souci du « vide » dans les analyses urbaines comme dans les projets d’aménagements urbains et mon attachement au « corps de la ville » m’ont progressivement rapproché des démarches paysagères. »
En travaillant avec les éléments naturels, soleil, vent, eau, avec la faune et la flore, le paysagiste ré-invoque l’ensemble du vivant, et se décentre de ce qui était exclusivement humain. L’aménagement d’une ville ou d’un quartier retrouve alors des mesures et des dimensions plus complexes que la fonctionnalité ou l’esthétisme. Dès lors, le projet d’aménagement ne concerne plus les seuls humains mais également le monde végétal et le monde
animal.
« Je ne réalise donc plus de projets uniquement pour les humains, et quand je plante, je plante pour les plantes elles-mêmes. »
Publications
– « Sur l’urbain » dans « Du contrat de citoyenneté » dirigé par Henri Lefebvre, Editions Syllepse,
juillet 1991
– « L’urbain c’est l’autre » dans « Ecologie Urbaine » dirigé par François Séguret et Henri Pierre
Jeudy, Editions de La Villette, janvier 2000
– « L’individu, l’architecte et l’architecture » dans « Ethique, architecture, urbain » dirigé par Chris
Younès et Thierry Paquot, Editions La Découverte, octobre 2000.