Wolfgang Laib

BIOGRAPHIE

Wolfgang Laib est né le 25 Mars 1950 à Metzinger en Allemagne. Il commence des études de médecine à l’université de Tubingen en 1968. Il entreprend une thèse sur l’hygiène de l’eau potable qui le conduit à passer six mois en Inde du sud. Parallèlement à ses études de médecine il étudie le Sanskrit, le Hindi et Tamoul. C’est au retour de ce voyage qu’il réalise sa première sculpture : une grosse pierre noire qu’il taille avec un marteau et un ciseau pour lui donner la forme d »uf parfaitement poli, cette forme rituelle que les indiens appellent Brahmanda. Mais son diplôme en poche, sa décision est prise, il n’exercera pas la médecine et se consacrera entièrement à l’art, et plus spécifiquement à la sculpture.


Ses périples en Inde, en Turquie, en Afghanistan ou en Iran, son enfance au côté de parents voyageurs, l’ont marqué à jamais. Nourri de culture orientale, Wolfgang Laib fabrique des œuvres à base de matières naturelles : lait, riz, pollen ou cire d’abeille. De leurs formes, simples et archaïques, de leurs couleurs, pures et naturelles, émane un étrange pouvoir. Parcourir l’oeuvre de cet artiste hors du commun relève ainsi de l’expérience sensorielle – voire métaphysique.


En quête de spiritualité, d’extrême pureté, de non-violence, il veut exprimer les rapports originellement harmonieux qu’ entretiennent l’ homme et la nature, représenter les cycles des saisons, rendre hommage à la terre nourricière.
Pour Wolfgang, l’art et la vie sont intimement liées et ne peuvent être envisagées séparément. Son but est aussi de changer le rapport aux choses, aux êtres, au monde.

Il partage son temps entre son Allemagne natale et l’Inde, son pays d’élection, où il possède depuis peu un atelier. Il est très proche de la nature : « Je vis très isolé à l’extérieur d’ un petit village -un peu comme sur une île- isolé des gens, de la société, mais aussi de l’ art et des artistes. Pour moi, c’ est très important d’ être indépendant et d’ être obligé de faire mes propres affaires. J’ essaie de me protéger de la pensée normale de la société, par exemple de la société Allemande. Les moines au Moyen-Age vivaient dans des monastères ou comme des ermites dans des endroits reculés, ou dans d’ autres endroits du monde ; les ermites et les ascétiques vivaient dans les forêts ou dans des cavernes dans les montagnes, ils faisaient ça même beaucoup plus extrêmement mais avec les mêmes intentions. Les arbres et les forêts, les rochers et les collines qui m’ entourent sont si intemporels, si indépendants et toujours si nouveaux chaque jour. »

Loin des esbroufes du marché de l’art – mais très apprécié des collectionneurs – Wolfgang Laib, petit homme discret aux allures de moine, ne revendique aucune appartenance religieuse.

Il aurait pu embrasser la carrière de médecin. Mais c’est la voie de l’art qu’il a empruntée, préférant la guérison des âmes aux soins des corps.

SES ŒUVRES

A partir d’ un nombre limité d’ éléments naturels, son œuvre illustre le sens du recueillement, de la concentration, de l’ effort humain et de la sérénité, de la beauté des ressources de la terre. La découverte direct de ses œuvres est une véritable expérience sensorielle et organique. Objet de contemplation, tant au sens esthétique que mystique, l’ œuvre de Wolfgang Laib est une invitation toujours renouvelée à la méditation et à la perception de la beauté.


En 1975, il réalise les premières  »Pierres de lait », bloc de marbre blanc poli, dont la surface, légèrement incurvée, reçoit du lait chaque jour renouvelé dans un geste qui tient de l’ offrande et du rite. Vidées, nettoyées, de nouveaux remplies, dans un rituel quotidien, elles réclament la patience et la vigilance d’ un organisme vivant et fragile.
En 1977, il récolte pour la première fois du pollen et réalise des monochromes à la beauté lumineuse, au sol, qui deviennent des lieux de détente et de méditation.
En 1984, il conçoit ses premières  »Maisons de riz ». Ce sont des constructions de bois recouvertes de minces feuilles d’aluminium qui contiennent du riz.

En voici un exemple :

En 1988, il réalise une première  »Chambre de cire » à l’aide de cire d’abeille, intitulée  »Pour un autre corps ». La cire d’abeille renvoie à une dimension sacré car inexplicable, c’est un matériau unique, utilisé seulement par les abeilles.

En 1995, il expose les premiers bateaux et en 1998 les premières ziggourats monumentales en cire d’abeille.
En 2000, il inaugure  »La chambre des certitudes » au Roc del Maure dans les Pyrénées.
En 2002, il travaille pour la première fois avec la laque de Birmanie.
En 2004, il réalise une deuxième  »Chambre de cire » dans la nature, près de son atelier, intitulée  »Sans lieu, sans temps, sans corps. »

Wolfgang Laib use de matériaux symboliques pour réaliser des installations. Que ce soit avec la réalisation de ses monochromes en pollen ou de ses maisons de riz, la pratique de l’art est lié pour lui à une ascèse. Sa fascination pour les traditions et les religions orientales le conduit à laisser sa pensée s’ accomplir dans des matériaux naturels, fragiles, à l’ image de l’ homme et à mener une réflexion sur le temps et l’ éphémère :

« Le lait ou le pollen sont extrêmement beaux -comme le soleil ou le ciel. Pourquoi être effrayé par la beauté ? Récemment, beaucoup d’ artistes, notamment des artistes allemands, semblaient penser que l’ art devait être aussi laid et brutal que possible. La beauté est bourgeoise ? Quelle drôle d’ idée ! J’ ai essayé de participer à la mise en forme de belles choses… Et c’ est ma plus grande fortune. »

Wolfgang Laib utilise des matériaux naturels mais ne les transforme pas, il les présente tels quels. La pureté de chaque matériau est préservée.

Il faut imaginer le temps qu’à du passé l’artiste pour polir le marbre ou récolter le pollen…c’est un temps à la fois plein et vide, un temps de méditation et de partage avec l’universel. Aussi, la pierre de lait demande un entretien quotidien, consistant à laver la pierre et à verser du lait frais. Il dit lui même que la pureté est fragile et éphémère et qu’elle doit être l’objet d’une attention constamment renouvelée.

Guy Tosato écrivit ceci au sujet de Wolfgang : « Le maître mot de cet univers est pureté. Pureté des formes, pureté des matériaux, pureté des couleurs. Cette pureté se traduit, dans le domaine formel, par le recours à des figures géométriques et des structures architecturales archaïques. Rectangle proche du carré pour Les Pierres de lait et les Pollens ; reliquaire médiéval ou tombe musulman pour les maisons de riz ; cellule funéraire de l’Égypte ancienne pour les Chambres de cire ; escalier et ziggourat pour les œuvres homonymes… (…) Il y a en effet dans ces œuvres quelque chose de très ancien et de très nouveau. Quelque chose fait de proximité, d’intimité même, une sorte de mémoire retrouvée, que traverse la fulgurance d’un absolu : le sacré. L’artiste ne s’en cache pas et revendique une démarche où la spiritualité a pleinement sa place. Une spiritualité qui ne s’attache pas à une religion en particulier, mais les embrasse toutes. »


Ainsi, ses pyramides de riz ou de pollen représenteraient des montagnes, lien entre le ciel et la terre.
Le pollen revient à chaque printemps et symbolise la vie et le temps cyclique.

Par ailleurs,dans ses œuvres il semble renverser les fonctions et bouleverser les sens.
Ainsi, dans ses Pierre de lait, il semble opposer la vie et la mort, mais qui ici peuvent se marier pour ne former plus qu’un.
Ses  »Maisons de riz », dont la forme évoque les tombes de la religion bouddhiste, seraient raviver par le riz, qui est une semence, le transformant en maison de vie. Par ailleurs, dans les représentations bouddhistes, le corps est associé à la maison. Le riz est ici mit en rapport direct avec le sang.
Les bateaux de cire quant à eux évoquent des maisons renversées, et le bateau le voyage.

Ainsi Wolfgang essaye à travers ses œuvres étonnantes de changer notre regard scientifique et logique du monde.

SOURCES

  • http://www.waxroom.fr/
  • https://www.lexpress.fr/culture/art-plastique/l-alchimiste-wolfgang-laib_540828.html
  • « Without place – without time – without body » de Wolfgang Laib
  • « Wolfgang Laib » de Jean Frémon, entretien avec Necmi Sonmez