Les Yes Men sont deux activistes du canular (Jacque Servin et Igor Vamos, connus sous les pseudonymes de Andy Bichlbaum et Mike Bonanno), qui dénoncent le libéralisme par la caricature qui tourne en dérision des multinationales, des hommes politiques et toutes sortes d’organisations en mettant en scène de faux événements, de faux sites Web ou de fausses conférences de presse. Ils sont habitués à piéger les médias, en se faisant passer notamment pour des responsables d’Exxon Mobil ou de l’Etat américain, et rodés à la création de fausses « unes » des journaux annonçant la « fin de la guerre en Irak »ou l’imminence de désastres naturels à New York.
Biographies
Andy Bichlbaum
Andy Bichlbaum, 41 ans, Américain. Altermondialiste doté d’humour, il pousse à bout la logique absurde des décideurs du marché, à coups de canulars médiatiques.
Famille d’origine juive, grands-parents fuyant la Pologne d’avant-guerre, parents déboulant aux Etats-Unis via le Canada. « Mondialisé » avant l’heure, internationaliste par nature, Andy Bichlbaum a toujours baigné dans la contre-culture, le bouillonnement minoritaire. A 28 ans, il débarque à San Francisco dans « la communauté gay » la sienne et l’activisme antisida. Là, se réinvente « l’esprit des années 70 », dit Andy. « On n’avait pas besoin d’être triste tout le temps, même si les sujets étaient graves. » Premier boulot, premier faux : un CV bidonné pour attraper un boulot d’informaticien. Préférable quand, comme lui, on a étudié la musique, l’acadien et les sciences… Cela durera trois mois. « J’en pouvais plus », dit-il. L’intermittence tient du mode de vie. Il alterne les périodes de boulot, « trois mois par an en moyenne ». A Paris, à New York. A l’occasion, il sera embauché chez Maxis, la firme à l’origine des jeux vidéo cultes SimCity et, maintenant, The Sims. Censé plancher sur une simulation de guerre, il torpille le jeu. Les virils soldats se roulent des pelles, avec drag-queens pour égayer l’écran. Scandale interne, il est viré. Mais des micros lui sont tendus : « J’ai dû inventer, trouver une rationalisation. » Il justifie, dénonce le machisme du jeu, transforme sa bidouille de potache en acte politico-subversif. « Je donnais une interview, et je me suis dit : « Pourquoi ne pas le faire exprès, choisir sa cible, pondre des communiqués de presse ? » »
« En 1996, il travaille pour Maxis, une société californienne de création de jeux vidéos, qui a produit The Sims. Avant le lancement du jeu Simcopter, il insert un bug : deux hommes en maillot de bain sortent d’une piscine pour s’embrasser. La société n’apprécie pas. Pour Andy, ce n’est que le début d’une longue « carrière ».
Mike Bonanno
Igor Vamos, né le 15 avril 1968, est un artiste multimédia de réputation internationale, membre de premier plan de The Yes Men (en utilisant l’alias Mike Bonanno), et un professeur agrégé d’arts médiatiques à Rensselaer Polytechnic Institute. Il est aussi co -fondateur de RTMark et le recipint d’une bourse Guggenheim 2003, accordée pour un projet qui utilise Global Positioning System (GPS) et autres technologies sans fil afin de créer un nouveau média avec lequel «vue» de son documentaire à la terre, sur une base militaire abandonnée en Wendover, Utah. Il est professeur au Rensselaer Polytechnic Institute de New York. Artiste et culture jammer.
Vamos a obtenu un baccalauréat en Studio Art à Reed College à Portland, en Oregon. Alors que chez Reed, Vamos a organisé un groupe d’étudiants appelés Guerilla Théâtre de l’absurde. Ils ont effectué et documenté « culture jamming » actes de protestation, notamment Reverse Peristalsis Peintres, où 24 personnes en costumes étaient en dehors du lieu de centre-ville de Dan Quayle l ‘activité de financement pour l’Oregon Bob sénateur Packwood ipéca et buvaient, se forcer à vomir le rouge, blanc et le bleu reste des pommes de terre en purée et de colorant alimentaire, ils avaient consommé plus tôt, et un milieu de la nuit de contribution au débat sur la re-dénomination de Portland Martin Luther King Jr. Boulevard, où la ville se réveille et constate que toutes les plaques de rue et issues de l’autoroute pour un autre grand boulevard a été modifié comme suit: « Malcolm X Street.
Un autre projet au début du succès a été la «Barbie l’Organisation de libération», où Vamos et ses cohortes acheté trois cents Barbie et GI poupées Joe, ont échangé leurs boîtes vocales électroniques, et puis eux sont retournés dans les magasins, les soldats a fini par dire des choses comme « Let’s go shopping! « , tandis que les Barbies s’est exclamé: » Vengeance est à moi! « . C’était un projet à petite échelle et peu de gens se sont effectivement trouvés en possession des poupées commuté, mais cela a néanmoins attiré l’attention des médias nationaux.
Happenings
Utilisé pour la première fois par la langue française en 1963, ce substantif est emprunté à l’anglais (participe du verbe to happen). Durant la fin des années 1950, un happening était une performance (représentation), un événement ou une situation qui pouvait être considéré comme un art. Une traduction possible en français serait une intervention artistique. Le happening se distingue de la simple performance par son caractère spontané et le fait qu’il exige la participation active du public. Ainsi, pour : « Structurellement et philosophiquement, c’est la même chose » mais « la performance est en réalité un évènement artistique, et il se produit devant un public » contrairement au happening qui lui n’a « pas de public. Seulement des intervenants » et qui ne comporte « pas de références à la culture artistique. Pas de références à la musique, au théâtre, à la littérature.»
Leurs cibles
L’OMC
Pour ridiculiser le libéralisme, les Yes Men sont prêts à tout. En 2001, ils créent un faux site internet de l’ OMC (Organisation mondiale du commerce).
Ils se font passer pour des représentants de l’organisation et lors de la conférence Les Textiles du futur, en Finlande, Andy se présente sur scène en costume cravate.
Pour dénoncer les dérives du néolibéralisme et la convoitise des entreprises il joue, comme toujours, sur les registres de l’absurde. Il traite Gandhi d’«idiot protectionniste » et dénonce l’esclavage comme une perte de temps, une étape inutile avant l’exploitation des pays du tiers monde. Mais dans la salle tout le monde ne comprend pas l’ironie. Pour réveiller les invités les moins perspicaces, Andy enlève alors son costume pour se retrouver en maillot moulant doré avec un phallus gonflable géant.
Les interventions sont filmées, et distribuées commercialement.
Lors de sommet de l’OMC de mai 2000, à Salzbourg, en Autriche, Andy Bichlbaum, intervient sous le nom de Andreas Bichlbauer et fait un exposé alarmiste. Il s’est fait passer pour Hank Hardy Unruh au « Textiles of the Future » à Tampere en Finlande (janvier 2001) pour une intervention spectaculaire.
Lors d’une présentation dans un amphithéâtre, ils distribuent des hamburgers puis énoncent la thèse suivante : la famine dans le tiers monde est un problème pour l’OMC car les personnes qui meurent de faim travaillent mal et produisent peu de richesses. L’OMC propose donc une solution économique : munir les pauvres en filtres permettant de recycler les excréments pour en faire de la nourriture. Ils expliquent qu’un partenariat s’est fait avec McDonald’s et qu’il pourrait être judicieux de construire des pipelines important des pays riches la matière première.
Cette fois-ci, l’assemblée réagit, d’autant plus qu’elle apprend que les hamburgers qu’elle mange sont ces produits expérimentaux. Les Yes Men se font huer, quelqu’un élève la voix : « Monsieur, je ne nourrirais même pas mon chien avec ça, et c’est à des êtres humains que vous voulez donner ça ! »
Les Yes Men concluent de ces expériences que les étudiants sont plus intelligents que les précédents parterres de gens qu’une éducation néolibérale a rendu dociles ou inattentifs à n’importe quelle idée qui leur est proposée.
Les Yes Men, voyant que le canular des excréments est trop gros, décident de le remplacer par un autre, dans la conférence de Sidney qu’ils préparent. À Sidney, ils expliquent que l’OMC a compris que la mondialisation qu’elle voulait avait pour conséquence majeure de fragiliser les plus faibles. Par conséquence, l’OMC va être dissoute pour laisser la place à un organisme qui contrôlera que les entreprises soient responsables envers tous les citoyens du monde.
Dow Chemicals
Depuis, les Yes Men n’ont jamais arrêté leur activisme. Canular après canular, ils se sont fait passer pour des délégués de McDonald’s, en proposant un modèle de développement économique pas très durable, de Dow Chemicals, l’entreprise responsable de la tragédie de Bhopal, et du United States Department of Housing and Urban Development, pour dénoncer la planification urbaine de la Nouvelle Orléans après le passage de l’ouragan Katrina.
Le 28 avril 2005, lors d’une conférence à Londres devant environ 70 professionnels de la banque, Erastus Hamm, un soi-disant « représentant de Dow », dévoile un calculateur de risque acceptable et la mascotte du risque acceptable, un squelette doré grandeur nature nommé Gilda. Il explique alors que la mort de certains employés est une composante nécessaire de la gestion des intérêts de leur entreprise.
Bush
En 2004, les Yes Men, « déguisés » en groupe indépendant appelant à la réélection de George W. Bush, « Yes, Bush Can! » (oui, Bush peut le faire !), ont parcouru les États-Unis dans une camionnette colorée pour, entre autres, encourager les gens à signer un « gage de patriotisme » par lequel ils se portaient volontaires pour accueillir près de chez eux un site de stockage des déchets nucléaires, à envoyer leurs enfants faire la guerre à l’étranger et à abandonner une partie de leurs droits constitutionnels, etc.
En 2005, après le passage de l’ouragan Katrina, Andy se fait passer pour un membre important du ministère du logement et annonce la réouverture de tous les logements sociaux.
Patrick Balkany
Les Yes Men ont également piégé Patrick Balkany, le député des Hauts-de-Seine en novembre 2005. Il croyait être interviewé en direct par une chaîne de télévision américaine, affirme alors qu’il n’y a pas de misère en France et que les pauvres vivent très bien.
L’interview n’a pas été diffusé dans son intégralité mais à pourtant fait le tour du web.
Ecologie
Employant leur tactique habituelle, les Yes Men ont monté un faux site Web ressemblant à celui d’Halliburton, et ont reçu par cet intermédiaire, de la part de personnes confondant ce faux site avec l’officiel, une invitation à une conférence de professionnels de l’assurance se déroulant le 9 mai 2006. Les Yes Men s’y sont rendus en se faisant passer pour des porte-paroles d’Halliburton et ont commencé par mettre en garde leur auditoire contre le réchauffement de la planète avant de présenter une prétendue invention d’Halliburton, la SurvivaBall (boule de survie), un dispositif gonflable enveloppant destiné à protéger ceux qui l’utilisent des conséquences du réchauffement de la planète. L’auditoire n’a pas tiqué devant l’aspect ridicule de l’objet.
Aujourd’hui, ils persistent à vouloir refaire le monde, en proposant à des assureurs américains les SurvivaBalls. Ce sont des costumes énormes censés protéger (les plus riches d’entre nous, car le Survivaball est cher) contre les attaques terroristes, les armes chimiques et les catastrophes naturelles. Un projet absurde, que les acheteurs ont pourtant pris au sérieux, alors que la vidéo est assez explicite !
En mars 2007, les Yes Men se sont fait passer pour des journalistes politiques ultra-réactionnaires d’une télévision de Washington et ont interviewé plusieurs personnalités politiques françaises. Chaque fois, le présentateur, qui simule un duplex transatlantique (mais se trouve en fait dans une pièce voisine), présente au politique un reportage factice dans lequel de grands industriels américains menacent de cesser d’investir en France si le pacte écologique de Nicolas Hulot venait à être mis en œuvre. Outre une menace sur 500 000 emplois, les journalistes américains proposent un plan industriel de transport de glace par avion vers le Groënland, faisant au passage miroiter le fait qu’Airbus pourrait être impliqué dans ce projet de pont aérien.Trois hommes politiques français ont accepté de participer à l’interview : le député UMP de Paris Claude Goasguen, porte-parole de Nicolas Sarkozy, le député socialiste de Seine-Saint-Denis Claude Bartolone, soutien à Ségolène Royal, et enfin Jean-Marie Cavada, de l’UDF, qui soutenait (à l’époque) François Bayrou.
Jean-Marie Cavada, sans éventer le canular, soulève l’absurdité du projet de pont aérien de transport de glace et explique plutôt fermement à ses interlocuteurs américains les devoirs des États-Unis en matière d’écologie. Claude Bartolone de son côté pense que la France doit tenir tête aux Américains en la matière mais n’est pas choqué par le projet de transport de glace. Claude Goasguen ne tique pas sur le plan américain de refroidissement du Groenland, notant au passage que l’industrie parvient à inventer des solutions rémunératrices pour réparer ses propres bévues, et sous l’insistance du pseudo-journaliste, concède seulement que Nicolas Hulot n’est pas tout mais seulement une partie du futur, et tente de rassurer les hommes d’affaires américains en expliquant que Nicolas Hulot est un journaliste et non un homme politique.
Le pacte Hulot vu par Goaguen
Le 14 juin 2007, les Yes Men se font passer pour des représentants de Exxon Mobil et du National Petroleum Council (NPC) lors de la plus grande conférence sur le pétrole du Canada (GO-EXPO)[11]. Devant plus de 300 représentants pétroliers, le NPC doit faire part de ses conclusions quant à une étude proposée par le secrétaire américain à l’énergie, Samuel W. Bodman. Le NPC est dirigé par l’ancien président de Exxon Mobil, Lee Raymond, qui est également à la tête de l’étude. Lors de la présentation, le représentant de NPC annonce que les politiques actuelles américaines et canadiennes (notamment l’exploitation massive des sables bitumeux d’Alberta et le développement du charbon liquide) augmentent les risques de catastrophes planétaires. Mais il rassure l’audience, en expliquant que dans le pire des cas, l’industrie pétrolière pourrait continuer son activité (keep fuel flowing) en transformant les milliards de personnes qui meurent en pétrole.Ce projet, appelé Vivoleum fonctionnerait en totale synergie avec l’extension continue de production de pétrole fossile. Ils proposent alors à leur audience d’allumer des bougies fabriquées à partir d’un ancien employé d’Exxon Mobil. Le public écoute avec attention, allume les bougies et ce n’est que lorsqu’apparaît une vidéo de cet employé, expliquant qu’il voulait être transformé en bougies après sa mort, qu’un responsable de l’événement intervient et les somme de quitter la scène.
Les Yes Men mettent le feu à Exxon :
Le 19 octobre 2009, les Yes Men, se faisant passer pour des représentants de la chambre de commerce des USA (US Chamber of Commerce), ont tenu une conférence de presse annonçant le revirement de l’organisme en faveur des politiques de lutte contre les changements climatiques. »
Publications
The Yes Men rules the world.
Film déjà disponible en DVD depuis le : 3 juin 2008.
Synopsis :
Les « Yes Men », un petit groupe d’activistes, créent un faux site internet affilié à l’Organisation Mondiale du Commerce. Leur ruse fonctionnant au-delà de leurs espérances, ils parviennent à intégrer les rangs de l’OMC, alors qu’ils sont politiquement opposés à la dite organisation. Se rendant de conférences internationales en conférences internationales, ils profitent alors de leur nouveau statut pour défendre leurs « points de vue » et égratigner les manières du libre-commerce mondial.
The Yes Men le livre.
http://img264.imageshack.us/i/9782707145833.jpg/
« Comment démasquer (en s’amusant un peu) l’imposture néolibérale! »]]
Paru en 04/2005, Editions La Découverte.
Les Yes Men : derrière cette étrange appellation se cachent deux guérilleros américains des temps modernes, deux bluffeurs de génie qui ont décidé, un beau jour, de mettre leur grain de sable dans la belle mécanique de la globalisation.
L’aventure commence en 1999 quand, deux semaines avant l’ouverture du sommet de Seattle, les deux amis fabriquent un vrai faux site officiel de l’OMC et? répondent aux questions qui leur sont adressées par les ministres et les juristes de tous les pays, qui n’y voient que du feu ! Imposteurs professionnels, ils vont alors se débrouiller pour se faire inviter dans des colloques très officiels en tant que représentants de l’OMC. Avec le plus grand sérieux, ils multiplient les allocutions les plus délirantes, poussant jusqu’à l’absurde les principes néolibéraux qui gouvernent l’économie mondiale, devant des parterres d’officiels? qui les applaudissent ! À coups de communiqués de presse et de participations à des talk shows très sérieux sur les chaînes de télévision, ils tournent ainsi en dérision la « novlangue » du néolibéralisme.
Ce livre raconte, en images, les aventures de ces deux militants facétieux qui pratiquent ce qu’ils appellent la « correction d’identité » ou l’art de caricaturer et de détourner le discours des vrais imposteurs qui nous gouvernent.
FILM
The Yes Man Fix The World Documentaire
Date de sortie cinéma : 2015
Synopsis : Les Yes Men, guérilleros de la com’, sont partis à l’assaut du néolibéralisme. Le 3 décembre 2004, vingt ans après la catastrophe industrielle de Bhopal, en Inde, qui a causé plus de 18 000 morts, un porte-parole de la société Dow Chemicals annonce en direct sur BBC World que la firme va indemniser ses victimes indiennes à hauteur de 12 milliards de dollars. Les actions de Dow dégringolent immédiatement, jusqu’au démenti embarrassé de l’entreprise, quelques heures plus tard, contrainte de clamer à la face du monde son indifférence totale pour les 100 000 malades et le site contaminé. Cette action spectaculaire des Yes Men est retracée dans ce document, qui brosse également le portrait de ces pourfendeurs de la mondialisation.
Liens externes
http://theyesmen.org/ Site officiel des Yes Men
Democraty now http://www.democracynow.org/2006/5/12/the_yes_men_strike_again_group
LeMonde http://www.lemonde.fr/planete/article/2009/10/20/climat-les-yes-men-s-invitent-dans-la-bataille-legislative-americaine_1256177_3244.html
Poptronics https://poptronics.fr/Les-Yes-Men-poussent-le-hoax-jusqu